Pour être tout à fait complet, signalons qu'il existe au moins un mécanisme de conversion de la lumière infra-rouge vers le visible dans une couche luminescente, le principe physique de fonctionnement
(que je ne connais pas, voir plus bas quelques infos) est mis à profit dans ces cartes de visualisation pour faisceaux infra-rouges.
https://www.laser2000.fr/Photonique/Instrumentation-Optique/Viewers-Cartes-de-visualisation-UV-IR/Cartes-de-visualisation-IR/Cartes-de-visualisation-Infrarouge.htmlOn place la carte dans le trajet du faisceau invisible, et la carte s'illumine d'une tache visible correspondant à l'impact du faisceau invisible.
C'est utilisé en routine pour l'alignement des faisceaux sur toutes les manips d'optique où il y a des faisceaux infra-rouges potentiellement dangereux.
De fait, certaines de ces cartes ont besoin d'être « rechargées » en les éclairant avec une forte lumière visible. Une fois « rechargées », elles vont fonctionner et permettre de visualiser un faisceau infra-rouge pendant ... un certain temps.
Si on les laisse dans l'obscurité pendant ... quelques semaines, la carte ne fonctionne plus sans avoir été « rechargée » avec de la lumière visible.
Donc en résumé, pour être complet, la règle générale dans une couche luminescente purement passive, est qu'une grande longueur d'onde ne peut pas créer de courtes longueurs d'ondes, les exceptions sont les mécanismes à deux photons (qui demandent une excitation avec un laser puissant) et ces étranges cartes de visualisation pour l'infra-rouge.
Le verre dépoli et le plastique opalin obéissent à la règle générale.
Ajoutons quelques mots concernant l'utilisation d'un système actif : si on passe par une conversion photon -> électron dans une photocathode, on peut créer des électrons secondaires par des tensions accélératrices, et pour un seul photon à l'entrée, fabriquer 1000 électrons d'énergie bien plus élevée que le photon incident.
En repassant ce faisceau d'électrons sur un « phosphore », c'est à dire une couche de conversion électrons->visible comme dans un tube cathodique traditionnel, on ré-émet de la lumière de longueur d'onde plus courte que celle du photon incident.
Mais on est passé par un système amplificateur d'énergie des photo-électrons, dans la conversion photon->électron, puis électrons secondaires->photons, la particule ré-émise ne peut pas avoir une énergie plus élevée que celle de la particule incidente, l'exception étant les processus à deux photons qui ont une faible probabilité mais qui sont aujourd'hui mis à profit dans un grand nombre de dispositifs.
Les intensificateurs d'images permettant la vision infra-rouge fournissent donc une conversion d'une longueur d'onde longue vers des longueurs d'ondes optiques plus courtes, via une machinerie électronique compliquée et une fourniture d'énergie externe. Les modèles anciennement militaires et aujourd'hui déclassifiés se trouvent à des prix abordables, il y a une diode infra-rouge qui éclaire, et on voit la scène sur un écran luminescent derrière un amplificateur photo-électronique.
C'est un système purement analogique qui permet de voir dans un labo photo « au noir complet » sans voiler les films dont la sensibilité s'arrête en général vers 750 nm.
Mais on n'arrête pas le progrès : les capteurs d'image silicium étant sensibles au proche infra-rouge, il n'est même plus nécessaire de passer par un étage d'amplification des photo-électrons ; si on est capable de détecter et de numériser une image dans le proche infra-rouge, une fois le fichier exporté, on peut le visualiser comme on veut !
Un appareil numérique avec son écran de visualisation, débarrassé de ses filtres coupant l'infra-rouge, remplit donc la fonction d'un amplificateur de luminance convertisseur de longueur d'onde sensible de l'infra-rouge proche vers le visible !!!
E.B.Modifié 1 fois. Dernière modification le 03/05/18 11:08 par Emmanuel Bigler (modérateur).