Bonjour à tous !
Félicitations à Meudon pour cette superbe machine !Un peu d'histoire.
Au début des années 1980, il avait à Meudon (FR-92) un scanner à tambour qu'on appelait « MAMMA ». Mais il ne passait évidemment pas les plaques.
Du coup, lorsqu'il y avait des plaques à numériser, en particulier chez les astrophysiciens, on venait à Orsay (FR-91) à l'Institut d'Optique, au service qui s'appelait le CDSI, Centre de Dépouillement et de Synthèse des Images, service qui était équipé avec une machine PDS Perkin Elmer un peu comme celle-ci :
https://www.pdsmicrod.com/microdensitometer-repairOn n'appelait pas cette machine un scanner, mais un microdensitomètre.
Cette machine était équipée d'une source permettant de flasher des surfaces sensibles en se servant de la même table croisée que pour l'analyse des images.
La table croisée de ce Perkin Elmer devait avoir une course de 250 ou 300 mm dans les deux sens, la résolution d'adressage de la table devait être de l'ordre du micron. La précision de positionnement était réalisée par des règles optiques analogues à celles qu'on trouve sur les machines-outils.
La fente la plus fine pour l'analyse au microdensitomètre était de 5 microns. Il s'agissait d'une fente mécanique projetée à travers un objectif de microscope, selon le principe du microdensitomètre à fentes conjuguées. On pouvait bien entendu sur-échantillonner largement, c'est à dire prendre un pas de numérisation avec la table croisée plus fin que la largeur de la fente, mais les temps d'acquisition devenaient prohibitifs.
Rappelons que l'échantillonnage théoriquement raisonnable avec une fente carrée consiste à prendre 2 échantillons par largeur de fente, donc pour une fente de 5 microns, prendre des échantillons tous les 2,5 microns.
La raison vient de la courbe FTM correspondant à l'analyse d'une image analogique avec une fente carrée de côté "a", cette courbe FTM présente un premier zéro à la fréquence "1/a". La période de coupure de cette FTM est donc "a", et comme il faut deux points par période, il faut en principe échantillonner avec un pas "a/2".
Notions étranges quand on ne connaît que les capteurs d'images où la période de grille des pixels est toujours plus grande que la largeur des pixels elle-même ! Sauf dans certains capteurs, où grâce à une cale piézoélectrique, on peut bouger l'ensemble du détecteur d'une demi-période dans les deux directions.
En revanche sur un scanner à plat d'amateur, dans la direction du balayage, on peut échantillonner deux fois plus fin que la largeur du pixel d'analyse.
Mais revenons-en à ces machines sérieuses que j'ai eu le bonheur d'utiliser il y a 40 ans.
Le photodétecteur du PDS Perkin Elmer était un photomultiplicateur. Je pense que la D
max était assez élevée, je dirais : 4, il faut dire que dans le microdensitomètre à fentes conjuguées, la réjection de la lumière parasite est excellente, je pense que c'est cette disposition optique de l'éclairage, les fentes conjuguées, qui est reprise sur les scanners film de photogravure de la fin du siècle dernier.
Concernant les tables croisées à coussin d'air, j'ai eu par la suite l'occasion de travailler avec une machine équipée de telles tables, un générateur de photomasques optique. Dans cette machine, exactement comme pour le PDS Perkin Elmer utilisé en mode synthèse d'images, on projette l'image d'une fente à travers une optique de course, sur un support sensible qui est soit une plaque gélatino-bromure haute résolution, soit une plaque chrome sur verre recouverte de résine ; ce type de plaque au chrome sur verre ayant définitivement renvoyé les plaques photo au musée pour cette application de fabrication de photomasques à partir des années 1980.
Un déplacement X-Y croisé permet de balayer la surface du photomasque. La table de ce générateur de masques était à coussins d'air, et le positionnement réalisé par des asservissements assez raffinés pour l'époque (machine conçue dans les années 1970-1980). La résolution d'adressage était limitée par celle d'un interféromètre laser, à 0,3 micron - 300 nanomètre (lambda sur 2 ; c'était un laser hélium-néon 632,8 nm stabilisé). Dans ce genre de machine, la précision dimensionnelle était critique, d'où le laser stabilisé, l'ensemble de la machine étant dans un caisson climatisé avec une compensation logicielle pour la pression de l'air (l'indice de réfraction de l'air et donc la longueur d'onde dans l'air varient un peu avec la pression météorologique, de un millionième en valeur relative pour une variation de pression de 10 hPa ; donc les 0,3 micron bougent un peu selon la météo si on ne compense pas !!! )
Bref, tout cela pour dire que je me réjouis de voir mettre en oeuvre à Meudon une machine moderne qui combine un peu des différents principes des machines précédemment citées, avec des progrès impressionnants dans la table à coussins d'air permettant une résolution d'adressage X-Y meilleure que 100 nm.Une autre remarque est que ces archives analogiques sur plaques de verre se sont sont sans doute conservées toutes seules sans intervention humaine !
En astrophysique, la durée des études peut être vraiment très longue du point de vue du commun des mortels.
J'ai eu le plaisir d'assister à une conférence d'un astrophysicien du radio-télescope de Nançay qui a évoqué l'archivage et l'évolution des logiciels pour l'étude des « pulsars millisecondes », sur presque un demi-siècle. Mais là, avec le radio-télescope, j'imagine que les enregistrements analogiques du siècle passé ont été numérisés, que tout est évidemment stocké numériquement, avec recopie régulière des données d'un support à un autre ...
(qui se souvent des bandes magnétiques 1/2 pouce ? C'était le support de stockage pour mes données issues du microdensitomètre Perkin Elmer au début des années 1980 ! C'était le support-mémoire d'entrée des données pour notre générateur de photomasques qui a tourné jusqu'au début des années 2000 !)
... et les logiciels qui ont dû être maintenus et améliorés sur un demi siècle.
Ah, quand j'entends parler de systèmes informatiques qui sont devenus incapables de piloter un scanner vieux de 15 ans ... mais bon, l'amateur n'est pas dans le même monde que celui de l'astrophysique ;-)
E.B.