Bonsoir !
Il est très difficile de répondre à cette question.
Tous ces appareils d'avant 1960 souffrent du même défaut de conception, propre aux appareils pliants, qui est la difficulté de maintenir un bon parallélisme entre la platine porte-objectif et le film.
L'autre défaut de ces appareils est la petitesse du viseur, lequel n'est, par surcroît, pas fait pour les porteurs de lunettes ...
Parmi les Bessa et les Ikonta, les modèles de base font la mise au point par déplacement de la lentille frontale, c'est valable pour les formules triplet [qui sont hors du champ de cette discussion] et les formules (4/3) Tessar ou Skopar. Mais le haut de gamme dans ces modèles fait la mise au point par translation de l'ensemble de l'objectif. Cela concerne certains modèles Tessar ou Skopar ainsi que les modèles Heliar et Apo Lanthar.
Donc déjà pour commencer : entre Tessar et Skopar, il n'y a pas de différence.
Sachant que le premier Tessar Zeiss fut breveté en 1902, puis recalculé dès 1907 et plusieurs fois par la suite, et sachant que la durée de validité d'un brevet est de 20 ans environ, dès les années 1920, tous les constructeurs sont libres de reprendre une formule (4/3) de type Tessar sans payer de redevance chez Zeiss.
Le cas de l'Heliar Voigtländer, est intéressant. Il n'a pas eu autant de succès que le Tessar. Breveté en 1901-1902, et malgré sa lentille supplémentaire, il n'arrive pas à avoir un angle de champ plus grand que le Tessar et la seule réelle amélioration d'après guerre est l'Apo Lanthar qui a la même structure (5/3) que l'Heliar.
Néanmoins la formule Heliar fut reprise par certains constructeurs comme Boyer dans l'Apo Saphir, une optique de repro de très haute performance, mais très spécialisée.
Après la 2e guerre mondiale, tous les brevets allemands et japonais furent annulés. Donc quiconque était libre de copier en toute légalité tous les produits allemands des années 1920-1930. Les bureaux d'étude allemands ont donc travaillé dur après 1945 pour passer de nouveaux brevets, le Skopar fut recalculé et appelé « color-Skopar », l'Apo Lanthar fut introduit en utilisant des verres nouveaux de chez Schott qui n'existaient pas avant la guerre. Lanthar évoque le lanthane, l'un des composants des verres nouveaux. Je ne sais pas si les Tessar des Ikonta furent recalculés après guerre. Il faut voir que, suite à la partition de l'Allemagne, Zeiss fut coupé en 2 alors que Voigtländer, situé à Braunschweig en zone d'occupation britannique, n'a pas ce lourd handicap lors de son redémarrage.
Il y eu très peu de Bessa-II avec l'Apo Lanthar fabriqués, donc ce modèle est franchement sur-coté.
Le Bessa-II avec Skopar est moins cher que le modèle avec Apo Lanthar.
En 1956, Voigtländer qui était déjà partiellement contrôlé par la
Zeiss Stiftung passe entièrement sous le contrôle de Zeiss, même si les deux marques et les usines (Stuttgart / Zeiss Ikon et Oberkochen / Carl Zeiss et Braunschweig pour Voigtländer) continuent leur activité en parallèle, mais pour Voigtländer, c'est la fin du développement des Bessa et de tous les appareils à bobine 120. Idem chez Zeiss Ikon.
Par la suite, Zeiss Ikon et Voigtländer se concentrent sur le 24x36, sans beaucoup d'appui mutuel des deux marques, sortent alors des produits concurrents et incompatibles alors qu'il y a « le feu à la maison » sous l'effet du désintérêt grandissant du public pour les appareils à bobines 120/620, et bien entendu sous l'effet de la concurrence japonaise !
In extremis les deux marques fusionneront en 1969, mais tout sera liquidé abruptement dès 1972 !
Donc Super Ikonta ou Bessa d'après guerre, je choisirais l'un ou l'autre à volonté sans chercher à classer, et je résisterais certainement à la tentation de l'Apo Lanthar.
L'Heliar en 6x9 ne m'a jamais franchement convaincu de sa supériorité vis à vis d'un Tessar ou d'un Skopar, mais c'est parce que j'ai un Bessa 6x9 d'avant guerre avec Heliar dont la platine est un peu faussée et dont les images ne sont pas à la hauteur de mes attentes ;-) mais ceci est une autre histoire
(chez moi, le Rolleiflex bi-objectif est passé par là, sa conception mécanique est supérieure à celle de tous les appareils pliants).Ce qui fera la différence au moment de la décision d'achat, c'est donc l'état de l'appareil, en particulier : Compur gommé ou pas ? Platine d'objectif faussée ou pas ?
Bien entendu, aucune moisissure ou aucun défaut n'est acceptable dans l'objectif.
Préférer les modèles avec translation de l'objectif en un seul bloc.
Mais hélas cela ne suffit pas à donner des images nettes !
Bonne réflexion !
E.B.Modifié 1 fois. Dernière modification le 07/04/19 23:36 par Emmanuel Bigler.