Quand je vois que le 2 juillet 2020 à 10:06:41, Pierre L a posé une question simple sur le Dye Transfer (et pas Dye Transfert, M. Burma, puisque vous avez, semble-t-il, une propension certaine à pratiquer avec les drosophiles des choses que ma « morale à deux balles »réprouve), et qu’il s’est aussitôt (1/4 heure ) gentiment fait renvoyer à son bac à sable par Nestor, à l’affut:
Je cite:
« Achète un bon bouquin … »
« Le Glaf » (ça fait initié de dire ça, hein? On peut aussi dire Glafkidès pour partager son savoir au lieu de râler. Les partageurs de savoir sont de quel côté, Nestor ou les salauds de labos pro?)
« Et le Vocabulaire technique de la photographie »
« Et le manuel "Dye Transfert" édité par Kodak dans les années 60 »
Puis, le très méprisant « Quand on ne veut pas comprendre, à quoi bon expliquer un point de vue. »
Pourquoi tant de mépris, frisant la haine, versé à la face de gens à peu près comme vous, qui ne demandent qu’à échanger, pas ces enc……. de patrons ?
Consternant…
Drôle de monsieur, le Nestor.
J’avais eu, il y a un certain temps (2012 je crois ) l’occasion de découvrir Nestor et sa délicate prose sur le blog de Thierry Dehesdin. [
blog.dehesdin.com]
Les réponses ont disparu, il semblerait qu’il y a eu un bug, mais en substance on avait ses réaction du genre « Si les professionnels de la profession racontent ce genre de bêtise, où va-t-on? Moi je scanne avec un Howtek drumscanner «
(qui n’est plus fabriqué depuis longtemps, et ça valait assez cher. De plus le montage à l’huile, indispensable, demande un tour de main, du temps, peu propice à la numérisation de fonds de diapos, ce qui était le but de Thierry, semble-t-il). Bref, il s’est fait écharper, alors qu’il voulait échanger gentiment une expérience.
Remember Nestor?
J’ai retrouvé de temps en temps notre charmant Nestor à l’occasion de visites de forums sur lesquels je n’interviens que très rarement .
Toujours haute couture.
Pour en revenir au sujet qui nous occupe, le Dye Transfer, je rappellerai à la victime « discriminée « par tous les labos » ( 2 quand même, on peut comprendre son « aigritude »), que 2 semaines de stage en photogravure, c’est un peu court, jeune homme, comme formation. D’autant que faire de la sélection de couleurs photogravure en CMJN avec UCR/GCR, choix du noir, engraissement, % de couverture, trames, et j’en passe, c’est très différent des sélections pour le Dye, procédé photographique à tons continus, CMJ, courbes parallèles, comme une diapositive couleur. C’est peut-être plus simple à gérer, mais ça reste délicat.
Mais ça, Nestor le sait, normalement.
Ensuite, j’ai l’impression que Nestor vit dans un autre monde. Celui de ce qu’il est convenu d’appeler « L’art » (Art moyen, un art qui imite l’art, comme disait Bourdieu, mais là je vais me faire assassiner !). Pour ça, on a (avait) les solutions alternatives, et les seules utilisées par la publicité étaient, à la rigueur le « charbon Fresson » TRÈS artisanal, qui donnait de « jolis » résultats « artistiques » mais assez incompatibles avec les délais imposés par les clients, d’une part, et l’exigence de la qualité et fidélité de reproduction des produits vendus, en général. Et il fallait à peu près 15 jours/un mois, entre l’obtention d’un créneau, et le résultat final. Pour une agence qui arrivait chez vous en disant: « c’est très urgent, c’était pour hier! » ça ne le faisait pas trop…
Et le Dye Transfer
La matrice était un support gélatiné sensible à la lumière, gélatine ensuite tannée par un révélateur tannant, les parties dépouillées et éliminées à l’eau chaude en fonction de la lumière reçue, et enfin offrant des reliefs plus ou moins prononcés, permettant leur absorption de colorant proportionnellement à la lumière reçue, qui ensuite étaient donc TRANFÉRÉS sur le support final.
Bref, le Dye était utilisé pour la qualité exceptionnelle de son rendu, par des « artistes » qui avaient de quoi payer,Mapplethorpe par exemple, et par la publicité pour la même raison et surtout ses possibilités de retouches très élaborées.
Nos clients nous demandaient des choses précises, pas des délires d’artistes sur du Fresson
Photomontages et retouches pour les cosmétiques demandaient de plus des retoucheurs-retoucheuses de grand talent.
C’est dans cette utilisation qu’on sort du monde de Nestor.
C’est un business, oui, où il faut pouvoir satisfaire les clients, payer le matériel, le personnel, et garder de l’ argent pour investir dans l’avenir. Ce n’est pas de la philanthropie pour « artistes » fauchés ou Musées sans moyen. Si ça générait du fric maintenant, ça se saurait et il y aurait du monde pour se goinfrer sur le marché. Mais la nature a horreur du vide… Demandez aux labos pros si il est très rentable de faire des m2 pour décorer les grilles du Luxembourg? A part l’image de marque, ça leur fait de la pub, mais c’est sacrement négocié.
Mais vu le prix actuel du matériel d’impression, à comparer à ce que valait un Durst 20x25 et une développeuse Hostert, tout le monde peut se lancer, avec une maîtrise correcte de l’image numérique.
Gérer, c’est prévoir, pas s’arcbouter sur la persistance de procédés au devenir obsolète, donc chers à produire et à utiliser, à la fin du compte. À ce moment-là, ça devient un luxe, je n’ai rien contre, c’est juste une question de moyens.
Nestor répond gentiment à Jean-Louis Maignant:
« Pour le moment vous n'avez pas dit grand chose d'intéressant,
Juste des petits griefs personnels ...
A part la magnifique bévue de classer le Dye-Transfert dans les procédés argentiques,
Ah Ah Ah … »
Pour ma part, en relisant ce forum soigneusement, si Nestor a dit quelque chose de plus intéressant, ça m’a échappé, ce serait sympa de le mettre en lumière, que je meure moins béotien, inculte et ignare, sans oublier profane absolu.
Si, il a dit « Mr Régis devrait nous servir un beau PdF de 2-300 pages sur le procédé qu'il a pratiqué,
Un récit d'expérience véçue,
Pour tenter de réparer cette mentalité de petits secrets.
Mais non, il nous sort de la morale à deux balles, »
C’est pas gentil, M’sieur, je vous ai rien fait, moi, je reste respectueux…
Je ne le ferai pas, bien sûr je laisse la primeur au Maître.
Et la faculté de profiter des liens intéressant de quelque forumeurs perspicaces.
Je vais juste témoigner de « mon expérience vécue » sur le terrain sur ce procédé pour satisfaire Nestor. Je ne suis pas un théoricien du Dye
Le Dye, dans un labo pro, c’est une chaîne de « fabrication ». Dans un atelier artisanal, il y a juste le patron qui fait tout, et l’arpette qui touille et se salit les didis, comme au resto.
Recette:
Il faut:
-Un technicien qui fait le ou les masques correcteurs de couleur (TriMask chromogénique ou masque NB filtrés) pour les sélections à l’agrandisseur, et fait les trois sélections sous filtres R,V,B pour obtenir un négatif NB de chaque couche du film couleur C,M,J, en respectant densité et contraste précis.
Développement en cuvette ou en machine à rouleau (Kodak Versamtat)
Je l’ai pratiqué.
-Un autre qui expose les sélections sur les matrices perforées pour le bon repérage sur une barrette Kodak, en contact ou agrandies, les développe dans le révélateur tannant, obtenu en mélangeant les parties A et B au dernier moment ( au bout de 1 mn, il est complètement oxydé, noirci, n’est plus efficace, et est tellement violent qu’en fin de journée, on a les doigts tout marron, bon à passer à l’eau de javel, neutralisée ensuite par du bisulfite de sodium, desséchés, à pommader pour pouvoir continuer à courir la gueuse). 1mn à 20° au 1/2 degré près, pas facile à maintenir dans une cuve 50x60.
On développe soit les 3 matrices en même temps pour qu’elles aient le même développement, et c’est rock’n roll à ce format, soit les unes après les autres, ce qui rend plus délicat un développement parfaitement identique pour éviter les bascules.
Lavage, dépouillage de la gélatine, séchage.
Ce n’est pas une sinécure, je l’ai pratiqué. Il n’y a pas vraiment à regretter de ne pas avoir fait ce genre de manip tous les jours, toutes les semaines, tous les mois, toute l’année.
N’est-ce pas Nestor? Si?
-Puis intervient le rouleur de matrices. Coloration des matrices dans chaque couleur primaire (CMJ) en Ph acide, dans des cuvettes en balancement permanent automatisé (bielle électrique) pour une coloration homogène. Mordançage du papier récepteur (gélatine uniquement sur cartoline barytée). Application du papier sur le marbre équipé de la barrette identique lors de l’exposition des matrices, coup de raclette sur le papier pour éliminer le surplus de solution de mordançage (Ph basique).
Application de la matrice sur le papier en repérage sur la barrette avec un rouleau (Kodak) en guise de marouflage de précision.
Attente du transfert colorant/papier (acide vers base) plusieurs minutes par couleur.
Séchage à la glaceuse à tambour gélatine côté toile.
Évaluation du résultat (très rarement au top du premier coup) corrections diverses des densités, contrastes de chaque couleur, correction par modifications des Ph des colorants,
jusqu’à l’obtention du résultat souhaité . acceptation par le responsable.
Mise en retouche, soit d’amélioration locale, soit selon le brief client, ou sa demande. Validation finale client. Validation final du client du client.
Fin.
Voilà la description du Graal auquel aspirait Nestor.
C’était très intéressant à décortiquer, mais très prenant, 12h par jour.
J’ai bon, Nestor?
Pour finir, cette histoire du goût du secret m’énerve pas mal.
Il n’y avait pas ce travers, en réalité.
Mais comme je l’ai déjà dit, un tireur NB, papier couleur, duplicata, repro NB ou ekta, ça se trouvait très facilement. De qualité, moins. Ce personnel, comme les typoniers de ta photogravure, avaient cette activité, à de rares exceptions près, par hasard, pas par vocation. Juste pour gagner leur vie… Quand tout à coup, il y en avait un qui avait fait une école, CE3P, Les Gobelins, ou autre, ça allait déjà mieux.
Pas forcément Vaugirad, mais nous en avons eu 4 ou 5. Tous ne sont pas restés longtemps. Normal, on ne fait pas Vaugirard pour avoir une carrière de tireur couleur. Ceux qui sont restés ont pris des postes à responsabilités (mon cas) les autres ont monté leur boîte sans pleurnicher qu’on ne leur avait pas donné leur chance.
Et pour revenir au Dye, les gars qui s’en occupaient avaient commencé en bas, développement, internégatifs, tirage, etc.
Promotion interne, avec des gens de confiance, j’ai dit. Moi je trouve que c’est une qualité pour une entreprise.
À l’inverse, j’ai eu des tireurs qui sont partis pour être mieux payés, et que j’ai été trop-bon-trop-con pour les reprendre à la demande suppliante de leurs copains un an après.
Pour la retouche numérique de fin 80, avec du matériel hors de prix à rentabiliser, la formation Scitex (et plus tard Barco) se passait à Bruxelles pendant 15 jours, ça coutait assez cher, c’est pourquoi seules les personnes en qui nous avions confiance y étaient envoyées. Normal, non?
Malgré ces précautions, ce qui devait arriver arriva.
Un des retoucheurs (pas le meilleur, heureusement ) nous quitta quelque temps après sa formation, mais pour aller à Bali et faire du business de Batik et autres babiole. pas la concurrence, donc moindre mal, mais ça dégoûte un peu.
Un autre, « jeune homme sensible » comme on dit, plus talentueux, nous a quitté pour la concurrence quelques temps après son entrainement d’un an chez nous. Sympa.
Voila, ce n’est pas le goût du secret, c’est un problème de confiance. Nestor comprendra ça aisément, je pense, mais vu sa littérature, j’ai bien peur que non…
Bon, maintenant c’est Photoshop, et c’est très bien…
Allez, bon vent.
Modifié 2 fois. Dernière modification le 10/04/21 19:02 par Régis.