Photos de Nuit Brassai

Bonsoir

Je regarde les photos de Brassaï faites la nuit et j'aimerais comprendre.

Apparemment il photographie au minimum au 125 ° voir plus

donc supposons qu'il utilisait des pellicules 400 asa

A votre avis à combien "poussait-il" ses pellicules 3600 ? 4200 ? + ?

Mais son rolleiflex ne montait que jusqu'à 1600 asa et je pense qu'il n'avait pas cellule et encore moins de spotmètre

Bref comment faisait il ?

PS Je rate assez souvent mes photos d'intérieur (sans flash)

Il travaillait à la clope ( boyard) tout simplement
Jacky

Bonsoir,
BRASSAI avait deux temps de pose pour la photo nocturne : la "pose gauloise", c'est-à-dire le temps de fumer une gauloise, et la "pose Boyard", presque deux fois plus longue. »

Brassaï, qui utilisait une chambre Voigltänder... :)



Modifié 1 fois. Dernière modification le 24/07/20 19:36 par fred4gp.

bonsoir,

vous trouverez quelques éléments de réponse en écoutant cette émission, notamment sur ses prises de vue sur Paris la nuit. invité : Brassaï lui même.

[www.franceculture.fr]

cordialement

o7 philippe

Il ne serait pas mieux de supposer des films de 100 ASA voir moins?
La cigarette devait être longue à fumer....

pils écrivait:
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> Il ne serait pas mieux de supposer des films de
> 100 ASA voir moins?
> La cigarette devait être longue à fumer....

Il n'existe pas de film de 100 ISO ASA qui tienne leur sensibilité sur 10 mn de pose ...
Ni aujourd'hui, ni hier ...

D'aprés ce que j'ai pu lire il photographiait à la chambre, sur plaque de verre et flash (vers 1933) même dans les bordels et bistrots (sympa l'ambiance du flash pendant les "câlins")

D'où je suppose une pose longue pour avoir des détails dans les fonds;

Puis peut être un éclair de flash au magnesium (voir de la poudre) pour les personnages; les flashs étaient moins violent (j'ai regardé des photos de famille prise au Kodak dans les années 50; ce n'est pas le flash d'aujourd'hui)

Egalement peut être un double révélateur une fois pour les ombres et une fois pour chercher le détail des HL (il développait lui même)

Certaines images me laissent perplexe et je pense qu'il y a une mise scène pour mettre les sujets dans la lumière et la "complicité" des personnages qui tiennent la pose.

Pour la Photographie à la chambre sur plaque de verre, cela n'a pas du durer longtemps;

Il s'est équipé successivement de 3 Voigtländer Bergheil (2 cassés par des "apaches" )

Et bien je ne suis pas trompé de beaucoup en cherchant à Voigtländer Bergheil photo de nuit

j'ai trouvé une explication cohérente: flash et complicité des personnages

[books.google.fr]

Traduction du lien précédant

Les scènes d'intérieur de Brassai sont le nec plus ultra du réalisme en satisfaisant les fantasmes de chacun sur le demi-monde de Paris.
J'avais hâte de pénétrer dans cet autre monde", écrit-il, "ce monde marginal, le monde secret et sinistre des mafieux, des parias, des durs, des proxénètes, des putains, des drogués, des invertis". Mais ses techniques ne permettent pas à ses images de devenir de véritables documentaires, au sens où elles capturent quelque chose qui existe indépendamment de la caméra qui l'enregistre.
Les clients actuels des maisons closes n'apprécieraient pas d'être photographiés, aussi pour les photos de chambre, Brassai a-t-il persuadé un ami de jouer le rôle masculin. L'appareil photo Voigtlander Bergheil de Brassai nécessitait de longues expositions : pour les photos de nuit en extérieur, il chronométrait souvent son exposition en fumant une cigarette. La pellicule était si lente qu'il pouvait découvrir son objectif et se mettre lui-même en scène : c'est l'homme qui sort d'une pissotière dans Paris de Nuit, et le clochard couché par terre dans une autre.
Pour ses clichés d'intérieur de cafés et de bordels (recueillis dans Paris Secret), il était impossible de prendre des photos sans la coopération des sujets :
Brassai avait une technique pour prendre des photos dans lesquelles son sujet savait qu'il était photographié, mais pas exactement quand. Il y a quelque chose comme de la complicité... Pour les sujets délicats que j'ai photographiés, je devais connaître les gens et c'était difficile à l'époque. Je n'avais pas beaucoup d'argent et je devais me faire des amis et acheter des boissons. Techniquement, c'était aussi difficile. Il ne pouvait pas devenir invisible ... J'ai dû inventer une technique pour que les gens ... ne sachent jamais quand j'allais les prendre en photo, ou quand ils savaient, je ne les prenais pas".
Après avoir choisi un sujet ... il a installé son appareil photo et son trépied, et a placé son assistant avec le flash sur le côté. Il était peu probable qu'une telle activité passe inaperçue, et certainement pas après la première photo car Brassai a utilisé des flash à la poudre de magnésium. Les explosions de magnésium sont brillantes, bruyantes et odorante. (Ces aspects offensifs du flash au magnésium ont conduit Picasso à surnommer Brassai "Le Terroriste")

Nestor B. écrivait:
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>Il n'existe pas de film de 100 ISO ASA qui tienne leur sensibilité sur 10 mn de pose ...
>Ni aujourd'hui, ni hier ...


Je note!
Mais je m'interroge sur les extérieurs nuits de 1930 sans éclairage d'appoint comme un flash.
Quels films utilisait-il?
Avec des films autour de 25 ASA et les éclairages urbains de l'époque, c'était une cigarette ou le paquet pour le temps de pose?

Pierre L. écrivait:
-------------------------------------------------------
PS Je rate assez souvent mes photos d'intérieur (sans flash)

La photo de nuit intérieur ou extérieur, il est préférable d'utiliser un spotmètre pour interpréter toute son image et notamment les sources de lumière comme les zones sombres par rapport au sujet principal...

pils écrivait:
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> Nestor B. écrivait:
> --------------------------------------------------
> -----
> >Il n'existe pas de film de 100 ISO ASA qui tienne
> leur sensibilité sur 10 mn de pose ...
> >Ni aujourd'hui, ni hier ...
>
>
> Je note!
> Mais je m'interroge sur les extérieurs nuits de
> 1930 sans éclairage d'appoint comme un flash.

Excellente interrogation

> Quels films utilisait-il?

Ce qui était disponible,
Mais ce n'est pas le plus important

> Avec des films autour de 25 ASA et les éclairages
> urbains de l'époque, c'était une cigarette ou le
> paquet pour le temps de pose?

La Boyard Maïs c'est entre 10 et 20 mn

> Pierre L. écrivait:
> --------------------------------------------------
> -----
> PS Je rate assez souvent mes photos d'intérieur
> (sans flash)
>
> La photo de nuit intérieur ou extérieur, il est
> préférable d'utiliser un spotmètre pour
> interpréter toute son image et notamment les
> sources de lumière comme les zones sombres par
> rapport au sujet principal...

Bof Bof Bof

-----------------------

Il y a un facteur déterminant qui n'apparait pas dans cette conversation,
A vous de vous poser la question ...

Si on parle ici de Paris de Nuit il y a beaucoup de photos faites au flash. En regardant l'excellente mono de Arts et Métiers Graphiques (1990), on s'aperçoit aussi de l'importance des interventions sur les négatifs crayonnés pour donner des rehauts dans les hautes lumières et du contraste de contour. Par conséquent il n'utilisait pas qu'une seule technique, ou un seul moyen pour arriver au résultat voulu, par ailleurs certaines images ne sont pas exemptes de flous de bougé, il a également dû et su sélectionner ce qui était acceptable pour ne pas détruire le sentiment d'homogénéité.

Aah, merci, intéressant tout ça !

@Zoran

Judicieux.

@Henri et Pils

Il utilisait le flash et probablement aussi la poudre de magnésium.


"Il y a un facteur déterminant qui n'apparait pas dans cette conversation,
A vous de vous poser la question ..."

Donc, je résume film environ 100 asa pose env 16 mn developpateur (comme dit Pierre Montel) adapté, trépied, retouches, magnésium, ouverture (probablement assez fermée; car il ne vaut cramer les HL)

Ce qui m'interpelle c'est la présence de personnage en faible lumière: même avec un "complice" on ne peut pas le faire poser 16 minutes et sur certaines images il n'y a pas d'echo du flash

Avec le chronomètre entre les lèvres :
[d7hftxdivxxvm.cloudfront.net]

Sans flash significatif :
[i.pinimg.com]
[www.mutualart.com]
Notre Dame depuis l'Ile St Louis, 1933, [www.ac-grenoble.fr]

@Pils

justement avec cette image

[i.pinimg.com]

le type n'est pas resté 1 gauloise dans cette position

Cette image n'a pas dut dépasser qques secondes de pose. (En gros elle revient á photographier des sources lumineuses diffusées par le brouillard, le personnage étant á contrejour).

Gabriel
gabrielramon.com

Capito !

Merci Gabriel

Gabriel écrivait:
-------------------------------------------------------
> Cette image n'a pas dut dépasser qques secondes
> de pose. (En gros elle revient á photographier
> des sources lumineuses diffusées par le
> brouillard, le personnage étant á contrejour).

Pour le temps de pose, je ne m'aventurerais pas à le calculer,
Mais cette proposition contient le facteur déterminant qui permet de faire cette photo.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 25/07/20 17:46 par Nestor Burma.

Merci à tous les deux

Alors la merci Le Nono

Je cherchais cet ouvrage que j'avais trouvé à acheter mais un peu cher (60 €)

Malgré quelques heures de recherche je n'ai rien trouvé sur Google

si quelqu'un est intéréssé

Librarie le Gallet Parix XVI°

Titre : ARTS ET METIERS GRAPHIQUES. N° 33. 15 janvier 1933.
Auteur : REVUE
N° de référence : 15713
Prix : EUR 60.0
Description : Paris, Arts et métiers graphiques, numéro 33 - 15 janvier 1933, directeur Charles Peignot. Cette 33ème livraison offre des textes de Francis de Miomandre (D'un texte pur), André Salmon (Hermine David), Brassaï(Technique de la photographie de nuit), Maurice Cloche (Un grand éditeur du XIXe siècle, Léon Curmer), Claude-Roger Marx (Centenaire du voyage d'Eugène Delacroix au Maroc). Pour les illustrations, relevons une aquarelle d'Hermine David, eau-forte d'Eugène Delacroix etc.

Super Merci

pils écrivait:
-------------------------------------------------------
> Avec le chronomètre entre les lèvres :
> [d7hftxdivxxvm.cloudfront.net]
> dth&src=https%3A%2F%2Fartsy-media-uploads.s3.amazo
> naws.com%2FP5NEbIc8Q_hdQfKDIZ8khA%252Fbrassai5.jpg
> &width=1200&quality=80

Et son pied à deux balles ;-)
Mais bon la chambre est minuscule.

le nono écrivait:
-------------------------------------------------------
> [url=https://magazines.iaddb.org/issue/AMG/1933-01
> -15/edition/null/page/36?query=]Technique de la
> photographie de nuit par Brassaï [/url]


Super, c'est toujours un plaisir de lire Brassaï qui savait écrire, même s'il ne livre pas tout ;)
Il travaillait déjà avec une idée essentielle : la suspension de l'incrédulité, toujours opérante 90 ans plus tard ;)



Modifié 1 fois. Dernière modification le 25/07/20 19:18 par Zoran.

Zoran écrivait:
-------------------------------------------------------
> le nono écrivait:
> --------------------------------------------------
> -----
> >
> [url=https://magazines.iaddb.org/issue/AMG/1933-01
>
> > -15/edition/null/page/36?query=]Technique de la
> > photographie de nuit par Brassaï [/url]
>
>
> Super, c'est toujours un plaisir de lire Brassaï
> qui savait écrire, même s'il ne livre pas tout
> ;)
> Il travaillait déjà avec une idée essentielle :
> la suspension de l'incrédulité, toujours
> opérante 90 ans plus tard ;)

Shakespeare déjà utilisait le Joker de la suspension consentie de l'incrédulité, certain avancent même qu'il s'agit d'une des bases des religions ...

Nestor Burma écrivait:
-------------------------------------------------------
> Zoran écrivait:
> --------------------------------------------------
> -----
> > le nono écrivait:
> >
> --------------------------------------------------
>
> > -----
> > >
> >
> [url=https://magazines.iaddb.org/issue/AMG/1933-01
>
> >
> > > -15/edition/null/page/36?query=]Technique de
> la
> > > photographie de nuit par Brassaï [/url]
> >
> >
> > Super, c'est toujours un plaisir de lire
> Brassaï
> > qui savait écrire, même s'il ne livre pas
> tout
> > ;)
> > Il travaillait déjà avec une idée essentielle
> :
> > la suspension de l'incrédulité, toujours
> > opérante 90 ans plus tard ;)
>
> Shakespeare déjà utilisait le Joker de la
> suspension consentie de l'incrédulité

Ce n'est pas un "joker" mais un but à atteindre qui nécessite préméditation et travail.

> certain
> avancent même qu'il s'agit d'une des bases des
> religions ...

L'art et la religion ne sauraient être confondus sur un point essentiel : en art l'esprit critique est sollicité contrairement à la religion où il est banni.@
En religion il faut croire (injonction) tandis qu'en art on se laisse prendre, on accepte l'artifice à condition qu'il soit bien fait.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 25/07/20 19:57 par Zoran.

Zoran écrivait:
-------------------------------------------------------

> > Shakespeare déjà utilisait le Joker de la
> > suspension consentie de l'incrédulité
>
> Ce n'est pas un joker mais un but à
> atteindre qui nécessite préméditation et
> travail.
>
> > certain
> > avancent même qu'il s'agit d'une des bases
> des
> > religions ...
>
> L'art et la religion ne sauraient être confondus
> sur un point essentiel : en art l'esprit critique
> est sollicité contrairement à la religion où il
> est banni.

Il ne s'agit pas de confondre,
Mais de situer l'usage d'un mécanisme ...

Ne pas oublier "Marcel Proust sous l'emprise de la photographie" par ce même (surprenant) Brassai, ce qui permet de briller en société sans avoir lu une seule ligne de Proust.
(je devrais dire plutôt deux lignes si je m'en tiens á la première phrase de "Du côté de chez Swann ").

Gabriel
gabrielramon.com

Gabriel écrivait:
-------------------------------------------------------
> Ne pas oublier "Marcel Proust sous l'emprise de la
> photographie" par ce même (surprenant) Brassai,
> ce qui permet de briller en société sans avoir
> lu une seule ligne de Proust.
> (je devrais dire plutôt deux lignes si je m'en
> tiens á la première phrase de "Du côté de chez
> Swann ").

Existe t'il des gens qui n'ont pas lu Proust ?