Le très grand format un monde à part ?
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Le très grand format un monde à part ?

Envoyé par daniel d 
Le très grand format un monde à part ?
mercredi 19 février 2014 21:20:35
Bonjour,

J'envisage des projets en très grand format (11 x 14 ou plus, mais pas au-delà du 12 x 20 pouces), pour pouvoir réaliser des paysages ou des portraits par contact sur papier platine/palladium.
J'ai lu ici, que ces très grands formats sont très différents que le 4 x 5 ou même le 8 x 10. Mais je reste perplexe sur ce qui est vraiment différent.
J'ai imaginé une petite liste et j'aimerais avoir les commentaires de ceux qui ont de l'expérience (la mienne est limitée à quelques années de 4 x 5 pouces)
- on se sent tout petit devant l'appareil de photo
- le négatif est tellement grand et tellement beau qu'on passe des heures à l'admirer, et il devient impossible de se contenter d'un moyen format
- la couleur est définitivement oubliée depuis la retraite de kodak (à part si on se lance dans la trichromie)
- tout ce qui se situe à plus de 10 mètres de la voiture n'est pas photogénique, sauf si on a une pratique sportive intensive
- trouver un objectif implique de faire le tour des antiquaires ou de passer ses soirées sur la baie
- acheter du film, c'est un peu comme attendre les vendanges : il faut que monsieur ilford se décide…
- il faut attendre les journées sans un souffle de vent
- la profondeur de champ est si restreinte que le moindre éternuement à cent mètres à la ronde risque de nous replonger dans la délicatesse du pictorialisme
- il faut étudier la mécanique des fluides pour développer les négatifs sans irrégularité
- la prise de vue devient un choix existentiel sur le point de vue choisi, et permet de toucher à la zénitude la plus profonde
- l'expérience photographique devient une addiction pour laquelle il n'existe pas de traitement
- l'instant décisif devient une rupture prolongée dans le fil du temps
- elle ouvre la porte de mondes anciens et oubliés, comme celui du collodion humide
- les tirages ont une telle richesse de nuances, une telle profondeur, que l'on ne parvient plus à regarder des images obtenues par d'autre procédés.
- mes enfants et petits enfants vont définitivement me prendre pour un fou….

Tout ceci est évidemment dit avec une pointe d'humour, destinée à adoucir ma propre inquiétude face à ce qui pourrait devenir une nouvelle exploration passionnante;

J'attends vos commentaires bienveillants et votre sollicitude.

Merci,

Daniel
Re: Le très grand format un monde à part ?
mercredi 19 février 2014 23:14:38
Vous décrivez à merveille les contraintes du « grand » format. Cela rappelle même les péripéties photographiques d’un Lewis Carroll dans Un Photographe à la campagne !

Voici un certain temps, lorsque j’étais jeune – c’est peu dire –, nous (quelques photographes en lien avec la Galerie 666 à Paris) avions été invités par Polaroid, à Amsterdam, pour effectuer des vues à la chambre 25x20 (pouces). Évidemment des techniciens « maison » étaient en charge des affaires techniques, nous n’avions plus qu’à déclencher. Tout se passait en studio. Mon tour n’est jamais arrivé car j’envisageais déjà des vues en extérieur où je devais figurer… (La chambre se déplaçait sur chariot et ne supportait pas les irrégularités du sol, le budget ne prévoyait pas les HMI, il n’était pas question de gâcher du film, les conditions hygrométriques devaient être favorables, etc., etc.) À vouloir trop augmenter le format implique, malheureusement, une censure drastique des sujets par contraintes techniques. Mais, pour s’amuser, une fois…
Re: Le très grand format un monde à part ?
jeudi 20 février 2014 09:41:35
Il me semble que la couleur soit toujours possible chez kodak, mais par commande de 10000$ à la fois...
Re: Le très grand format un monde à part ?
mardi 25 février 2014 00:08:40
bonjour,
Je pense que la première chose à faire dans votre cas consiste à mettre au clair votre projet. Vous voulez travailler en extérieur (paysage)? peut-être en studio (portrait avec ou sans flash)? avec des films actuels? ou des techniques anciennes (Collodion)?
Le "cahier des charges" au niveau du matériel dans lequel vous allez investir peut être bien différent svt les cas.
Je suis en train de mener une démarche de ce type, puisqu'après être passé du moyen format à la 4x5 et ensuite à la 8x10, j'ai entrepris, il y a un an la construction d'une 40 x 50 qui sera achevée vers la mi-mars. A cette date, il ne me restera que les châssis à fabriquer..
Le fait de la faire moi-même m'a permis et même obligé à réfléchir à chaque détail en fonction de son utilisation future et de l'expérience que j'avais acquise avec les autres formats.
L'UGF, c'est un autre monde que la 4 x 5 ou même la 8 x 10 dans la mesure où tout devient hors standard et potentiellement très coûteux.
La rareté du matériel et donc les difficultés qu'il y a d'obtenir un avis éclairé sur celui-ci peut amener à faire des erreurs.
Si vous le désirez, je peux dans les jours qui viennent vous détailler la démarche qui a été la mienne au cours de cette année de travail et de réflexion.
Si les choix que j'ai faits n'ont de rapport qu'avec mon projet et ses spécificités et n'ont donc pas prétention à l'universalité, les questions qui les ont précédées sont celles qui reviennent régulièrement quand on parle UGF . Beaucoup sont reprises un peu dans le désordre dans votre liste.
Mais surtout, le première chose: Bien détailler votre projet autant que faire se peut.
J.M. Collinet
Re: Le très grand format un monde à part ?
mardi 25 février 2014 04:26:30
Daniel

Parfaitement exact

c'est pourquoi je m'en retourne tout doucement au .................... 24 x 36 après quelques années de voyages photographiques où le monde ayant évolué parallèlement à mes propres errances, je découvre des négatifs (numériques) tellement beaux que je passe des heures à les regarder, des intensités de noir tellement profonds, des tirages d'une telle profondeur que je m'étonne de sortir autant de belles images pour chaque bobine.

Sans aucune critique, loin de là, le MF et encore plus le GF est un monde hiératique, où l'image prend sa beauté en étant figée dans l'instant; c'est un art sépulcrale, marmoréen.

le 24 x 36 saisi l'instant, la vie, l'émotion impromptue, le détour; ce sont des images imparfaites, non académiques, comme les corps des vivants

A part le blad et le rolleiflex, je balancerais tout pour ne garder qu'eux sur l'étagère de mes bons souvenirs et mon Leica monochrome autour du cou.

Amitiés photographiques
Re: Le très grand format un monde à part ?
mardi 25 février 2014 10:13:53
Pour poursuivre sur « un monde à part », le plan-film, déjà, n’est plus dans le rôle de l’« instantané », même s’il peut être rapide d’effectuer une vue à la « chambre » ou qu’il soit possible d’attendre une vue, préméditée. C’est une autre approche.
Le film en rouleau, en 120 comme en 135, reste de petite taille et offre une autre forme de photographie. (En ce qui me concerne, le 135 a été supplanté par la « numérigraphie ».)
Ensuite, le cadre, le viseur (certainement l’outil le plus important de la camera) est, à lui seul, parfaitement sélectif en ce qui concerne le sujet.
Mais, de toute évidence, c’est plus le fait de sortir d’un certain « standard » qui amène des contraintes opérationnelles. Or, deux formats semblent émerger, le 5x4” et le 10x8” (le 13x18 cm est déjà plus confidentiel). Les contraintes techniques grandiront avec le format. Ce qui n’empêchera pas de produire un travail de qualité, en prêtant toutefois attention de ne pas sombrer dans le piège de la technicité. daniel d a parfaitement entendu la chose dans son apologie alors, « il n’a plus qu’à… »
Re: Le très grand format un monde à part ?
mardi 25 février 2014 22:00:46
Peut-être un monde à part, mais finalement il s'ajoute à d'autres mondes à part, qui se réunissent autour des images, de la trace, du temps…

Personnellement, je n'ai pas accroché avec le numérique. Ce qui me manque, c'est la matérialité de l'image, le négatif plus ou moins rare et cher qui conduit à une plus ou moins grande parcimonie, tout le travail artisanal qui implique le corps, les mains, les sens - du toucher à l'odeur - et qui me permet d'avoir un contact avec l'image qui dépasse la vision. J'aime aussi le temps qui s'écoule entre l'instant de la prise de vue et la découverte de l'image : temps d'incertitude, temps où je désire découvrir l'image au risque d'être déçu.
Donc pour le moment, le numérique n'est pas pour moi (indépendamment de ses qualités : dernièrement j'ai vu dans le British Journal of Photography les travaux de plusieurs auteurs sur le paysage. Tous avait une qualité technique époustouflante, que l'on ne trouvait, il y a trente ans que dans la revue éditée par Linhof.)

Il y a longtemps déjà, après quelques années de pratique du paysage en noir et blanc et en 4x5, je me suis tourné vers les moyens formats télémétriques pour avoir des cadrages plus libres peut-être. Je crois effectivement que les moyens techniques peuvent avoir un effet déterminant non seulement sur l'approche du projet mais aussi sur la manière de regarder. Avoir un appareil avec lequel on "s'entend bien" me paraît important, en plus de l'avoir choisi adapté au projet. Le moyen format me permet une mobilité et une légèreté irremplaçable. (Tout est relatif : récemment, j'ai essayé à nouveau un 24 x36 pour des photos impromptues, et le fait d'avoir 36 vues m'a donné l'impression de pouvoir mitrailler comme avec un numérique).

Mais j'aime prendre le temps d'installer ma chambre sur un trépied, après avoir imaginé, cherché la photo que je pourrais construire. Cette lenteur là me plaît et j'y retourne régulièrement après mes explorations en moyen format. L'un nourrit l'autre, et la rigueur du grand format n'empêche pas la liberté du regard.

Aujourd'hui, j'ai envie d'aller encore un peu plus loin dans la photo parcimonieuse, et de me tourner vers un plus grand format. J'ai envie d'essayer des tirages au palladium-platine, pour leur sensualité, ce qui implique un plus grand négatif. J'aime l'aspect anachronique, et j'ai deux projets. Photographier des limites de ville, ces endroits précaires qui vont bientôt être bouleversés, et je voudrais opposer la délicatesse du palladium au désordre du paysage. Et je voudrais faire des portraits familiaux, en extérieur, qui aient une valeur d'événement pour s'inscrire dans le souvenir, et qui fassent appel à une technique désuette pour brouiller le temps (si je suis assez déterminé peut-être qu'un jour je tenterai le collodion et les ferrotypes….).

Donc j'ai une envie d'un format assez grand, sans doute du 11 x 14, pour pouvoir faire des tirages par contact de bonne taille. Mais je n'ai pas envie que la taille ou le poids de l'appareil devienne un obstacle majeur à l'exploration et dépasse mon énergie. Le 14 x 17 ou le 12 x 20 me font rêver, mais cela commence à me paraître peu raisonnable, sans compter la difficulté à trouver des objectifs qui couvrent ces formats.

Voilà l'idée que je voulais partager, en ayant le plaisir de lire vos expériences et vos réflexions personnelles.

Merci,

Daniel
Re: Le très grand format un monde à part ?
mardi 25 février 2014 22:04:37
Que dire ?

Pas grand chose ....

Mais ne restez pas au bord de la piscine, plongez sans attendre.

Note : pour la lenteur, vous vous plantez complètement, le grand format c'est le règne de la vitesse ou d'une vie sans image.
Re: Le très grand format un monde à part ?
mardi 25 février 2014 22:12:06
Je pense que l'eau est bonne, et que je vais me décider à plonger… pas trop vite quand même.
Re: Le très grand format un monde à part ?
mardi 25 février 2014 22:17:24
Pour le poids,
Une Canham 11x14 ne pèse que 8,5 Kg
Re: Le très grand format un monde à part ?
mardi 25 février 2014 22:43:32
Assez d’accord avec Nestor Burma, la « chambre » n’est pas synonyme de lenteur ; la photographie, peut-être. Cette problématique peut se rapprocher de celle du peintre. « – Combien de temps pour peindre cette toile ? » ce qui n’a pas de sens, ou implique une réponse qui pourrait être « – Un certain temps. » Par contre, le sujet, lui, m’a demandé toute une vie.

Quant au caractère anachronique pour les portraits, la photographie n’est pas assez vieille pour se poser ce problème. Cent ans n’est rien pour une œuvre. D’autre part, les corps sont déjà datés : un nu du XIXe siècle est immédiatement reconnaissable d’un nu du XXe(1) et vos corps seront vêtus… Si là est votre souhait, ce sera difficile de gommer ce temps.
Mais… assouvissez donc vos envies !

(1) Dans cet ordre d’esprit, il sera bon de lire Georges Vigarello, Le Corps redressé, Histoire d’un pouvoir pédagogique, Paris, éditions Jean-Pierre Delarge, collection Corps & culture, 1er trimestre 1978.

Et plus encore, les trois merveilleux volumes
- Sous la direction de Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello, Histoire du Corps, volume dirigé par Alain Corbin : 1. De la Révolution à la Grande Guerre, Paris, éditions du Seuil, collection L’univers historique, 2005.
- Sous la direction de Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello, Histoire du Corps, volume dirigé par Georges Vigarello : 2. De la Renaissance aux Lumières, Paris, éditions du Seuil, collection L’univers historique, janvier 2005.
- Sous la direction de Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello, Histoire du Corps, volume dirigé par Jean-Jacques Courtine : 3. Les mutations du regard, Le XXe siècle, Paris, éditions du Seuil, collection L’univers historique, janvier 2006.
Re: Le très grand format un monde à part ?
mardi 25 février 2014 22:55:48
Euhhh… merci à vous, daniel d, pour avoir partagé vos projets photographiques avec nous.

Pour la ville et ses « limites », que pensez-vous de l’actuelle exposition de Guido Guidi à la Fondation Henri Cartier-Bresson ?
[www.henricartierbresson.org]
Re: Le très grand format un monde à part ?
mercredi 26 février 2014 20:32:30
pour le ultra grand format la plus part du tem il faut être 2 pour la manœuvre
Re: Le très grand format un monde à part ?
vendredi 28 février 2014 21:23:10
Bonsoir Daniel
Une certaine Deardorff 8x10 m'a laissé mes meilleurs souvenirs photographiques : tirages contact et agrandissements en baryté, contact en gomme bichromatée et papier citrate.... Plus le lent de pratiquer mais elle est passée dans le sac d'un ami qui en retire un très grand plaisir.
Une connaissance possède la 11x14 fantastique elle aussi , toyt à fait utilisable - seul le chassis 11x14 presente l'incovénient de ne permettre qu'un seul plan film contre deux en 8x10, 4x5
Cdt
SR71
Re: Le très grand format un monde à part ?
vendredi 28 février 2014 21:48:59
Bonjour ,
il existe des chassis double dans tous les formats

bonne photo
Re: Le très grand format un monde à part ?
dimanche 23 mars 2014 07:53:56
Bonjour Daniel,
Pour faire par de ma faible expérience mais possédant et pratiquant les deux formats (11X14 et 12X20) il n' y a qu' au pied du mur que vous saurez si vous êtes fait oui ou non à leur pratique.
Cela nécessite simplement de la méthode, mais c' est la même chose quant 4X5. En revanche il y a une chose importante qu' il faut que vous sachiez. Les chambres pour l' argentique et le collodion ne sont pas les même. Le dos, et les châssis sont différents. Si vous optez pour l' argentique, il existe des châssis double, des optiques modernes, des plans films couleurs et NB. Pour développer de la couleurs une JOBO et une cuve 3063 sont nécessaires selon moi. Pour ce faire la main, Adox a une gamme en 11X14 et 12X20. Sinon Ilford via un réseau fait une production l' an. De toute les façons je ne pense pas que vous allez faire 300 films par an.... Il est possible de faire des prises de vue relativement loin de son véhicule avec le concours d' une « chariotte ». Le poids la machine n' est pas le seul facteur. Il y a les châssis, les optiques et le pieds. Pour le vent, je vous laisse juge, mais une 12X20 ce n' est pas Leica. J' ai modifié le dos et le corps avant de ma 12X20 pour pouvoir mettre deux monopods sur les cotés et un sous le corps avant au cas ou. La profondeur de champs ? Juste une question de lumière et de bascule.
Après il y a le plaisir (car nous parlons de çà) de regarder au travers de ce grand dépoli, instants magiques. Je peux vous envoyer par mail des photos de mon équipement en batterie. (votre mail est caché)
Dans quelle région êtes vous ?
Philippe
Re: Le très grand format un monde à part ?
dimanche 23 mars 2014 09:04:18
"L.
Re: Le très grand format un monde à part ? nouveau
mardi 25 février 2014 10:13:53 Membre depuis : 10 mois
Messages: 219
Pour poursuivre sur « un monde à part », le plan-film, déjà, n’est plus dans le rôle de l’« instantané », même s’il peut être rapide d’effectuer une vue à la « chambre » ou qu’il soit possible d’attendre une vue, préméditée. C’est une autre approche."

Ce n'est pas faux, mais ce serait en excluant l'histoire de la photographie de sport et de presse qui exploitait pleinement les plans films en photo d'action durant des décénnies. Il y a même eu des dos à plusieurs vues et quelques dos motorisé pour plan film en 4*5.
Seule l'intention compte comme par exemple, pour celui dont on parle à coté : Arthur Fellig alias Weegee...



Modifié 1 fois. Dernière modification le 23/03/14 09:10 par Blémia.
Re: Le très grand format un monde à part ?
dimanche 23 mars 2014 23:09:45
Blémia,
Il n’est pas question d’exclure l’histoire de la photographie et ses nombreux cas de reportages à la chambre, simplement, certaines camera sont plus appropriées. D’autre part, j’ai toujours dit ou écrit qu’une démarche photographique ce fait avec le matériel dont on dispose ; nul besoin d’attendre l’équipement idoine, même si cela peut s’avérer plus « confortable ».
Re: Le très grand format un monde à part ?
lundi 24 mars 2014 01:14:26
Pour la piscine, j'irais bien nager, mais je n'ai pas encore le budget, d'autres trucs à acheter avant dont le cube que Nestor m'a montré.
Je pense aussi à l'achat d'un 6x9.

Pour les 10 mètres.
Moi je dit que c'est un peu pipo.

Je réfléchi à l'achat d'un vélo cargo type VTC mais en quadricycle.
Pour info : [pariscargobikes.org] pour ceux qui sont en RP.

Ceci permettant l'usage de l'ULF sur pas mal de chemins.
Si en plus le vélo est du type VTT alors le transport à travers champs est aussi possible.
Re: Le très grand format un monde à part ?
vendredi 4 avril 2014 09:56:42
Nestor Burma écrivait:
-------------------------------------------------------
> Pour le poids,
> Une Canham 11x14 ne pèse que 8,5 Kg

Suite à l'achat d'une claie de portage et de la fabrication d'un casier en contreplaqué de bouleau 5 mm,
Je vais pouvoir affronter le boulot ;-))

Pas encore de photo du dispositif,
Mais l'ensemble en ordre de marche (Chambre 11x14 + 3 chassis chargés + 1 optique + 1 posemètre + jeu de clés allen US (la Canham se démonte facilement avec les vibrations),
Pèse moins de 20 Kg

Le pied sera porté à la main, un carbone No 5 sans rotule, juste une boule à niveau.
Re: Le très grand format un monde à part ?
lundi 23 juin 2014 22:51:58
J'ai fait le pas…
Je découvre d'autres territoires…
J'ai acheté une Wisner technical field 11 x 14 (plus sa conversion en 12 x 20)….
Et oui, le très grand format me semble un monde à part. Par un tas de petites choses, qui me donnent d'autres vécus.

La taille de l'appareil, évidemment. La sensation est particulière, et liée au fait qu'on entre dans des dimensions qui se mesurent directement par rapport au corps humain. L'appareil en impose, et impose un corps à corps. Il occupe réellement l'espace. Avant de le déployer, je dois prévoir un dégagement suffisant pour voir le dépoli, tenir compte de l'allongement du soufflet. Rien à voir avec le 4 x 5 , qui a l'air de se faufiler, de se glisser dans les interstices.
Quand je photographie un paysage avec des éléments proches, en 4 x 5, je peux à tout moment regarder à côté ou au-dessus de l'appareil, j'aurai quasiment la perspective saisie par l'objectif. Ici non, l'appareil me cache le paysage, n'accepte de le dévoiler que sur le dépoli.

Et quel dépoli ! Il faut reculer de deux pas pour le saisir en entier. L'image a une singularité, donnée par la faible profondeur de champ. Au premier coup d'oeil, elle est surprenante, déroutante : j'ai l'impression d'une fine tranche de réalité soigneusement isolée et posée sur un tableau.

Je n'en ai pas l'expérience, mais peut-être que le très grand format se rapproche un peu de la peinture sur chevalet. Il y a la lenteur. En 4 x 5, je peux facilement mettre le châssis, retirer le volet, prendre la photo à l'ombre d'un nuage, si je veux une lumière douce Ici, je dois choisir le bon nuage, suffisamment étendu pour me laisser le temps d'agir avec lenteur.
Et évidemment, je fais moins de photos. Plus qu'en 4 x5, je préfère un lieu familier, j'imagine l'image, je tente de me la représenter avant d'installer l'appareil. Il ne s'agit pas simplement d'avoir conçu un projet, d'avoir une intention, mais la lenteur et la rareté me poussent plus encore qu'avant à rêver l'image avant de tenter de la réaliser;

Et tout cela vaut la peine, par la richesse des sensations. Et je ne parle pas encore de l'attente un peu anxieuse, en chambre noire, de ce moment où je sors le négatif de la cuve, et où je me perds dans sa contemplation.

Voila, de nouvelles aventures en perspective.
Et je remercie ceux qui m'ont aidé à découvrir ce monde là.

Daniel
Re: Le très grand format un monde à part ?
mardi 24 juin 2014 16:19:21
Belle prose et sensations, on s'imagine à marcher dans vos pas...
Re: Le très grand format un monde à part ?
mardi 24 juin 2014 16:45:39
Voila, de nouvelles aventures en perspective.

Bravo ! Ça mériterait un article dans galerie-photo.com.

Le très grand format, à consommer avec passion, mais avec modération.

E.B.
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