Bonjour à tous, quelques remarques pour continuer la discussion.
Tout d'abord je salue Stéphane S. et je suis convaincu qu'on fait de très belles choses avec un dos moyen format de 22 Mpix avec de bons gros pixels, du moment qu'on met de bonnes optiques par devant. De même qu'à la fin du siècle dernier, l'arrêt du grand format par les pros permit aux amateurs de s'équiper en occasion, de même pour cette classe de capteurs que les pros semblent délaisser pour les 36 Mpix du D800, le moment serait venu pour les amateurs de s'équiper. Au passage, voilà du grain à moudre pour galerie-photo.info et galerie-photo.com pour les quelques années qui viennent, d'autant plus qu'on essairera de parler de numérique moyen format au congrès de 2015 !
Dès lors qu'en numérique 'on accroît ce nombre de grains (pixels en l'occurence) , peut-on considérer que la diffraction n'intervient pas plus tôt puisque le cercle de confusion devient plus rapidement égal à la taille du grain réduit (pixel plus petit d'un grain) ?Oui, je le pense, mais attention au rapport d'agrandissement auquel l'image est observée. il faut toujours préciser de quoi on parle. à force de regarder les images sur écran agrandies à 4000% on tombe dans des excès qui rendent toute comparaison impossible.
Rien n'interdisait au siècle dernier de faire des images sur du microfilm développé "doux" avec une limite de résolution du film excédant de très loin les performances des optiques. On peut dire avec les grilles de pixels très fines d'aujourd'hui qu'on s'approche un peu de ce qui se passait en prise de vue avec de genre de films très résolvants.
Sauf qu'il n'y avait pas de microfilm couleur, donc les images d'aujourd'hui en couleurs avec 80 Mpix et très peu de bruit sont quelque chose qui n'existait pas à l'époque du film. Et qu'un capteur au pas de grille de 5 microns ne résout rien au-delà de 100 cy/mm donc on reste très en-dessous d'un microfilm.
Ce qui limite le rapport d'agrandissement avec le film, c'est surtout l'apparition de grain, en particulier dans les ciels ; du moins en travaillant avec les très bonnes optiques du siècle dernier. N'oublions pas également que l'amateur tirait rarement ses images au-delà du 10x15 cm ; certes il projetait ses kodachromes en grand, mais pendant 10 secondes et sans aller scruter l'image sur l'écran. Ce qui me ramène à l'écran perlé des années 1960, une vraie calamité pour celui qui utilisait du kodachrome 24x36 ou des diapos 6x6 : c'était le grain de l'écran qui limitait dans tous les cas !!
Avec le plus mauvais des appareils numériques d'hier et d'aujourd'hui, vous pouvez sur vos tirages agrandir vos ciels à volonté par suréchantillonnage d'enfer, sans jamais voir de grain.
Encore un truc inconnu des anciens.
En noir et blanc, en revanche, c'est une joie avec un Rolleiflex T dont le tessar plafonne autour de 70 cy/mm d'exposer et de tirer de l'Agfapan 25 dont la limite de résolution dépasse les 150 cy/mm. Aujourdh'ui les divers microflms disponibles en développement doux assurent la pérennité du "sans grain" en N&B sur film.
Sans parler du papier, un gélatino-broumure est très résolvant également (comme les films lents, les papiers N&B résolvent très au-delà des 100 cy/mm, mais pour l'oeil avec sa limite à 7 cy/mm c'est finalement du luxe que de regarder un gélatino-bromure ;-) ) Et une gomme : c'est encore pire, en photochimie sans argent, la résolution c'est en principe une longueur de molécule !
Mais revenons à la diffraction.
Il se trouve
qu'un récent lecteur pose ici la question du calcul de la diffraction "en moyen format numérique", je lui ai dont répondu, du coup je ne résiste pas au plaisir délicieux de citer Bernard B., un maître ès résolution puisque dans une vie antérieure, non seulement il habitait sous de vaste portiques alsaciens que les soleils vosgiens et rhénans teignaient de mille feux, mais il commercialisait le film Gigabit
MC en Alsace & Moselle et, par faveur spéciale, même vers l'Intérieur.
BBB nous dit :
Le D800e est sujet à diffraction après 5,6 confirmant ce que dit Stéphane S. :
la diffraction pointe le bout de son nez à f 4 f5,6 f 8 suivant les optiques . Lorsque que Haut-Rhin est d'accord avec le Bas-Rhin (ce n'est pas toujours le cas, voir un référendum local récent), le photographe de l'Intérieur ne peut que s'incliner.
Mais reprenons ce 5,6 et regardons ce que serait la période de coupure optique pour un objectif parfait, dans le pire cas, à 0,7 micron de longueur d'onde, la formule simplissime p = N lambda nous donne une période de coupure optique de 4 microns. à échantillonner au pas de 2 microns si on ne veut rien perdre du tout. Une grille de 2 microns couvrant tout un format 24x36 mm c'est, au total, rien de moins que (36/2)x(24/2) = 18x12 = 216 millions de points. Entre 38 et 216, il y a une marge. Même en prenant f/8, on trouve encore 110 Mpix.
Inversement, sans même chercher la doc de l'appareil en question, un autre calcul simple nous dit qu'en 24x36 plein format, le pas de grille "d" s'évalue selon la formule d = 29,4/√M. avec M = 36 Mpix, le pas de grille du D800 est donc voisin de 4,9 microns, un tel capteur est donc capable d'échantillonner sans perte toutes les périodes optiques plus grandes que 10 microns environ, et 10 microns cela correspondrait à la limite de diffraction à f/14 environ.
Donc je m'interroge ? Où est l'erreur ? On accuse la diffraction, certes, mais est-ce bien elle à l'origine des défauts de l'image à f/11 ? C'est déjà ce que l'on disait pour expliquer, sur film, qu'au-delà du meilleur diaph, c'est la diffraction qui fait chuter la qualité d'image. La tentation est grande d'accuser la diffraction, en plus, il y aurait un petit côté "tout est accompli", plus aucun progrès n'est possible ... enfin, après une ou deux décennies de coups de boutoir de l'hydre numérique, nous sommes arrivés à un point de repos, de calme, où on pourrait cesser de compter les pixels... ne serait-ce que pour cette raison, j'aurais bien envie de dire : oui, c'est la diffraction ! On ne bouge plus !
Dans les tests classiques sur mire, s'il n'y a pas de défaut de mise au point, ce qui est une condition assez difficile à réaliser en pratique, on voit clairement avec les bonnes optiques moyen format que la qualité d'image s'améliore jusqu'à f/8-f11 puis qu'elle baisse au-delà, clairement c'est la diffraction qui est en cause.
D'autre part si on prend le meilleur diaph d'un planar-xenotar 2,8 de 80 conçu dans les années 1950, on trouve expérimentalement quelque chose comme 5,6-8 ; au delà, les chiffres de résolution lus au microscope sur les mires commencent à baisser. En 24x36 pour le 50 mm classique on disait couramment que 5,6 était le meilleur diaph. Donc on ne devrait pas s'étonner de voir pointer une baisse de qualité d'image au-delà de 5,6, ce n'est pas un phénomène nouveau. Ce qui est nouveau c'est que c'est très facile à observer en zoomant l'image numérique sur écran !!
Un autre point : il n'est en principe pas possible de récupérer de la netteté au-delà de la période de coupure de diffraction. C'est un point un peu délicat sur lequel il y aurait beaucoup à dire, je n'en sait guère plus.
Donc s'il est possible d'améliorer l'image par un post-traitement numérique, c'est que cette image est affectée d'aberrations résiduelles et de défaut de mise au point (y compris : courbure de champ), lesquels défauts sont corrigeables par post-traitement ; l'exemple emblématique étant les premières images du télescope spatial Hubble, au miroir parfaitement poli, mais selon une surface parfaitement fausse. Une optique de correction montée après coup permit de tirer tout le parti de ce télescope unique, les images obtenues après correction optique étaient tout de même bien meilleures que celles obtenues par correction logicielle.
Je pense plutôt que l'apparente contradiction vient de ce qu'il reste encore moins cher de vendre plus de pixels et des logiciels de correction que de peaufiner encore les optiques.
Autrement dit, l'augmentation du nombre de pixels est toujours parlante commercialement, sans trop grever le budget. Les armées d'ingénieurs développent des codes secrets de traitement de plus en plus raffinés, ils demandent donc beaucoup de petits pixels pour avoir toujours plus de liberté dans leurs calculs. Ils savent que la limite de diffractiion théorique n'est pas encore atteinte. On ne voit pas pourquoi ils empêcheraient leurs collègues de la fonderie de silicium de continuer à mettre plus de pixels. Dupliquer un logiciel coûte moins cher que de dupliquer un objectif.
E.B.Modifié 2 fois. Dernière modification le 17/08/13 18:19 par Emmanuel Bigler.