Souvenir de Bâle, juin 2017
Souvenir de Bâle, juin 2017
lundi 19 juin 2017 12:56:11
Souvenir de Bâle, juin 2017

Cette année je suis allé à la foire d'art de Bâle (BS-CH) (Art Basel pour les intimes) avec la bande GP Grand Est. Certes, ce n'est pas, et de loin, une foire dédiée à la photo (promis, j'irai à Paris-Photo une prochaine fois), mais nous avons tout de même vu quelques belles choses qui méritaient le voyage.


Tout d'abord, dans une galerie nouille-orquaise, Howard Greenberg, il y avait de sublimes dunes de sable de Weston (Dunes, Oceano), une splendeur, format 20x25, peut-être un contact, tirage d'origine, année 1936.

https://www.artsy.net/artwork/edward-weston-dunes-oceano-5

Difficile de décrire la qualité de cette image, entre la netteté absolue, la douceur, la gamme de gris ... bref, stupéfiant pour une image qui a été tirée il y a plus de 80 ans.

À côté il y avait un Mont Whitney avec vergers bien connu de Saint Ansel, même format 20x25, toujours aussi beau (une image qui doit être assez difficile à tirer vu l'écart des valeurs entre ombres et lumières).

Il y avait une série de portraits des artistes célèbres de l'entre deux guerres, dont un Picasso, format autour de 18x24 cm, les prix demandés pour ces portraits étaient autour de 4000 euros.

À voir également de belles photos couleur d'objets de Joël Meyerowitz (oups ! je ne me rappelle plus le nom de la série !)

On n'a évidemment pas échappé à quelques Becher, il y avait des fours à chaux hollandais, mais je ne me rappelle pas avoir vu de grande « Typologie » en vente.


Mais le plus beau était un mur tapissé de tirages originaux d'August Sander, de la série des Hommes du XXe siècle, tirages autour de 30x40 cm. L'ensemble était en vente en tant que collection complète. On serait bien resté plus longtemps à admirer et échanger ...

Parmi ces images, certaines sont très connues comme les trois jeunes gens s'en allant au bal, ou moins connues comme le pasteur luthérien barbu entouré de ses catéchumènes (BBB ne la connaissait pas, j'en fus très surpris, faut-il en trouver la raison dans le fait que BBB a été éduqué chez les Bons Pères, et surtout pas du côté de chez Luther ?), l'une d'elles m'a frappé par sa perfection, c'est le portrait d'un couple de Kleinbürger assis, daté de 1926.

http://www.artnet.fr/WebServices/images/ll00033lld10MJFgpeECfDrCWvaHBOcnD9E/august-sander-kleinb%C3%BCrgerpaar,-cologne%E2%80%99.jpg

http://images.arcadja.com/sander_august-kleinb%C3%BCrgerpaar_cologne~OMca2300~10000_20161111_pf1621_33.jpg

Expression parfaite comme pour tous les portraits d'August Sander (BBB nous explique qu'autrefois en Allemagne du temps d'August Sander, les gens acceptaient de poser sagement, je veux bien le croire) netteté parfaite, tonalité et gamme de gris parfaite, je ne sais pas comment dire, pour une image vieille de 90 ans.

« 13x18 » !! me souffle BBB pour expliquer la qualité de l'image.

N'empêche : 1926 !!


(à suivre)

E.B.



Modifié 3 fois. Dernière modification le 19/06/17 13:13 par Emmanuel Bigler.
Re: Souvenir de Bâle, juin 2017
mardi 20 juin 2017 09:12:22
un peu recadré le 13x18....
Re: Souvenir de Bâle, juin 2017
mardi 20 juin 2017 10:47:38
Philippe M écrivait:
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> un peu recadré le 13x18....


Toi, tu prends des risques inconsidérés en attaquant le dieu de la secte Grand Est. Tu es limite blasphème ;-)
Re: Souvenir de Bâle, juin 2017
mardi 20 juin 2017 14:24:46
Remarque fort à propos de M.Masson. Le grand Mocomme ne l'a pas précisé dans son discours mais quelques photos sont recadrée par rapport aux originaux du moins si l'on compare la littérature et ce que l'on a vu. C'est le choix d'Auguste !!

Nez en moins, c'est une série magnifique.

Disposer en mur comme il se doit aujourd'hui si l'on veut séduire un richissime homme 'affaire qui cherche à habillé le mur de son hall d'entrée de sa datcha californienne pour impressionner les geeks en mal de sensation.

Fini la présentation, défilé du 14 juillet, les cadres les uns derrière les autres comme Sander proposa son accrochage à la Kina. Les temps changent. les cadres restent groupés pour faire écran.

cordialement

o7 philippe
Re: Souvenir de Bâle, juin 2017
mardi 20 juin 2017 22:33:28
À lire dans « le Monde » N°22529 daté du 20/06/2017, en page 24, un article de Harry Bellet intitulé « La foire de Bâle assoit sa puissance ».

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Suite des souvenirs de Bâle 2017

J'ai retrouvé la référence au travail de Joël Meyerowitz exposé cette année à Bâle

« The ordinary sublime », les objets de Morandi
Les tirages vus à Bâle étaient somptueux
https://www.damianieditore.com/en-US/product/521

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La foire de Bâle est organisée dans deux halles distinctes : la grande halle N°1 accueille les installations et les oeuvres monumentales ; la halle N°2, sur deux niveaux, accueille les galeristes pour l'expo-vente. La photo se trouve principalement dans la halle N°2, mais il peut y avoir des installations dans la halle N°1 avec des photos.

Nous avons commencé par la halle N°2. Le nombre d'oeuvres exposées est vertigineux, au bout d'une-demi journée on commence à saturer, on se change alors les idées en finissant la visite dans la halle n°1.

Choses qui m'ont beaucoup plu dans cette halle N°2 :

Un marbre magnifique de Jean Arp

Une machine de Tinguely

Les graines de chardon en coussin de Christine Löhr

Un très beau tableau de fils qui détonnait par son allure sage, classique et élégante ; j'avoue n'avoir vu qu'une minorité d'oeuvres exposées à Bâle dans la halle N°2 que je qualifierais d'élégantes, c'est grave, Docteur ?

Un radiateur en fonte d'allure parfaitement fonctionnelle, bien installé au mur selon les règles ... de l'art, mais en s'approchant on voit que certains éléments sont écartés d'un arrondi d'au moins 15 cm pour tenir un ballon, et donc que très probablement tout le radiateur est un trompe-l'oeil à l'échelle 1 fabriqué dans une matière flexible qui ne peut pas être de la fonte

Une demi-douzaine de hachoirs plantés au mur de façon aléatoire

Un piano « crapaud » soigneusement emballé de fourrure bleue, avec pattes d'ours

Une grande boîte à musique, modèle à l'échelle 20X, tambour en bois de 60 cm de diamètre sur 2m50 de long, dans lequel sont plantés des picots qui appuient sur des leviers terminés par des marteaux, lesquels frappent des tubes métalliques. Actionnement manuel par un élégant mécanisme avec manivelle et engrenages dorés.

Une grande photo panoramique d'une fusée Saturn V, exposée au sol à l'horizontale en plein air dans un musée, avec les éléments détachés et accessibles au public

Un bel agencement de billes transparentes, au mur, arrangées en cercles concentriques, diamètre des billes entre 60 mm à 150 mm, avec fond métallisé renvoyant au visiteur son image inversée et rapetissée

Voilà pour les belles choses.


Bâle ne serait pas Bâle s'il n'y avait pas d'inénarrables F....ges de Gu...e (FdG en abrégé).

En voici un petit florilège, par ordre alphabétique, on croirait lire la description par Georges Perec de la décoration d'un appartement dans « La vie mode d'emploi ».

Bicyclette sans chaîne et sans roue avant, simplement posée au sol sur sa fourche avant
Bidons cubiques en polyéthylène de 25-30 litres, pas propres
Bouteilles « Jägermeister », toutes les tailles, simplement posées sur une table
Carpette format 80cm par 1m60 avec animaux exotiques en plastique (jouets pour enfants) posés dessus
Cartes postales exposées côté texte, mais caviardées à 90% de la surface, laissant voir le timbre
Chariot de supermarché rempli en vrac de volants de voiture (ou de pièces imitant un volant de voiture)
Chaussures de basket de récupération transformées en pots de fleurs avec terre, feuilles et fleurs
Ciseaux entassés en vrac au mur dans une boîte avec couvercle de verre
Combinaisons de moto défraîchies, ouvertes et clouées à plat au mur
Couverture de survie froissée au sol
Journal mis sous verre, agrémenté de quelques tessons de bouteille bleus
Partie frontale d'un pantalon de jean, découpée en triangle
Plaques de polystyrène entassées, sur lesquelles le mot « LIKE » est peint en blanc sur fond noir
Pliages de billets de banque, le bateau traditionnel, bien alignés du sol au plafond dans le sens de la longueur
Portière de voiture sans vitre, accrochée au mur
Poutres de chêne bien équarries, section 10x15 cm environ, entassées au sol avec un peu de désordre savamment pensé
Radio-cassette japonais modèle 1971 en très bon état, simplement posé sur une étagère
Urinoirs de Duchamp en photo, tapissant un mur complet
Vitres soigneusement agencées au sol, puis cassées d'un grand coup de masse asséné au centre
Wagonnet de mine, ou quelque chose d'approchant, rouillé, tordu, mis au mur à la verticale

(À SUIVRE)

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 21/06/17 20:01 par Emmanuel Bigler (modérateur).
Re: Souvenir de Bâle, juin 2017
mercredi 21 juin 2017 07:02:53
Une photographe remarquable par son travail : Dayanita Singh. Deux installations étaient présentes, une dans le hall 1 et une dans le hall 2.

Photos noir et blanc dans un meuble constitué de cadres en bois interchangeables. Les meubles de rangement et une présentation murale complémentaire. Travail soigné en ébénisterie. La série de photos présentée est une série originale composée de vues n&b sur des vues intérieures d'appartements décorés de manière sobre où les chaises, les canapés, les fauteuils sont mis en valeur.

Je mets un lien sur une précédente série pour illustrer le meuble (Dayanita Singh Hayward Gallery) :

[www.google.fr]:

cordialement

o7 philippe



Modifié 1 fois. Dernière modification le 21/06/17 18:04 par Emmanuel Bigler (modérateur).
Re: Souvenir de Bâle, juin 2017
mercredi 21 juin 2017 19:11:26
Choses vues dans la grande halle N°1

En entrée, une espèce de pieuvre en toile violette (apparemment gonflée, pas certain) et suspendue au plafond, à mi-chemin entre la pieuvre et le yucca. Monumental et très élégant. Otto Piene, « Blue Star, Linz, 1980»

À côté, une espèce de dirigeable captif qu'on aurait bien aimé voir voler avec son ballon à hélium de 12 m de long. Hélas, il est resté au sol le temps de notre passage. Chris Burden, « Ode to Santos Dumont ».

Dans différents cabanons, il y avait des installations sonores ou vidéo qui ne m'ont pas accroché.
Pourtant, il y avait un truc vidéo de Ragnar Kjartansson, étant passionné d'Islande, ce devait forcément être très bon ...

Il y avait aussi quelques trucs vraiment étranges (mais on était venu exprès pour voir des trucs étranges) : dans un cabanon, une toile de parachute à demi gonflée, flanquée de trucs bizarres, un peu comme une bête endormie.
Dans un autre cabanon, une salle de bains complète avec baignoire remplie de mousse, je ne suis pas resté assez longtemps pour voir ce qu'il y avait de spécial.

Vu un tas de gravats gris posés sur une grande tôle ; on incitait les visiteurs à marcher sur ces gravats, mais pas plus de 5 à la fois. Une cohorte de jeunes gens et de jeunes filles en ticheurte orange étaient là pour faire le service d'ordre sur toutes les installations où le public pouvait bricoler ou toucher.

Une plaque de formes ovoïdes blanches au sol, de 2m50 sur 2m50, on invitait le public à marcher sur ces oeufs, mais après s'être déchaussé. Au-dessus de la plaque d'oeufs, une contre-plaque servant de plafond, garnie de balles de fusil de toutes sortes, pointées vers le visiteur. Il y avait nettement moins de volontaires pour marcher sur ces oeufs sous les balles, que pour marcher sur les gravats.

Cela me rappelle une sculpture de Richard Serra vue un jour chez Beyeler : une grand plaque d'acier de 3 cm d'épais, de 3m sur 3m [poids total, dans les 2 tonnes], posée à plat au sol sans barrière de protection. Personne ne marchait sur cette plaque, et je pense que l'une des raisons était qu'il y avait au plafond en vis à vis parfait la contre-plaque du même métal et de mêmes dimensions -du moins en apparence, c'était peut-être du polystyrène imitant l'acier-, prête à tomber tel un piège anti-intrusion.

Une très belle collection de râteliers à sécher les bouteilles, plus une pièce de même forme en verre filé luminescent-néon (Bethan Huws, Forest, 2008-09-2009)

Parmi les pièces les plus intrigantes, nous sommes restés longtemps à tourner autour d'une sculpture de Nick Cave « Speak Louder, 2011 ».
On, peut décrire cette sculpture de la façon suivante : des joueurs de soubassophone dont on ne sait pas s'ils sont en marche car ils regardent dans des directions différentes, sont enchaînés les uns aux autres par une espèce de linceul gris qui les masque entièrement sauf le bout des pieds, et le linceul est cousu de milliers de boutons gris contigus.
Quel boulot ! Une pièce vraiment admirable bien que parfaitement lugubre.

Une belle série de totems en bois de genres ... disons : variés, sculptés à la tronçonneuse, inspirés peut-être par le travail des amérindiens de la côte Pacifique nord-ouest. Peter Regli « Reality Hacking No. 313, 2014 »

Mais le clou de l'exposition de cette grande halle N°1 était probablemant la cabane en ustensiles de cuisson en aluminium. « Cooking the world » de Subodh Gupta.

L'artiste ou ses amis ont patiemment collectionné diverses gamelles, casseroles et autres récipients en aluminium, pour les accrocher au plafond par de fins câbles d'acier. Les ustensiles ne sont donc pas entassés mais ils sont suspendus méthodiquement avec une précision suisse pour reconstituer les murs et le toit de la cabane. L'oeuvre est apparemment aussi une célébration de l'art de la cuisine, puisqu'à l'intérieur il y avait table ouverte où l'on pouvait s'asseoir et manger pour de vrai, mais toujours sous le contrôle ferme et courtois de nos jeunes gilets oranges qui veillaient au bon déroulement des agapes. Heureusement que l'aluminium semble plus léger que l'acier, car il eût été fort désagréable de voir le toit de cette cabane tomber sur les convives. Vue de l'extérieur, c'est une oeuvre magnifique, un agencement parfait qui semblait composé de pièces toutes différentes ...

E.B.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 21/06/17 20:04 par Emmanuel Bigler (modérateur).
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