[image-devinette] juillet 2017
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[image-devinette] juillet 2017

Envoyé par Emmanuel Bigler 
Re: [image-devinette] juillet 2017
dimanche 2 juillet 2017 13:03:20
L'électricité dont sont pourvues les tours sert-elle à faire bouger une mécanique, à émettre un signal lumineux, à transmettre des données à l'observateur, à émettre des ondes radio? A faire chauffer quelque chose? DU CAFE? ça y est chuis énervé! M'énerve cette devinette ptin.

.
Re: [image-devinette] juillet 2017
dimanche 2 juillet 2017 14:00:34
Mesure des equinox? Duree de jour et duree de nuit?

T.L.
Re: [image-devinette] juillet 2017
dimanche 2 juillet 2017 15:18:10
Sténopé périscopique construit lors de la genèse du film "Les Chtis". Les personnes savaient d'expérience qu' au nord, c'étaient les corons - La terre c'était le charbon - Le ciel c'était l'horizon - Les hommes des mineurs de fond… Alors qu'au sud, y'a les cigales, la grande bleue, tout çà quoi .

C'est sur, je n'ai pas fait avancer le schimilimilimiliblik, tant pis.

Bon dimanche.

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Re: [image-devinette] juillet 2017
dimanche 2 juillet 2017 15:56:33
de Nestor Burma :
Le problème des systèmes du XIXème c'est qu'ils sont finement inventés et très peu technologiques, ce qui nous les rend facilement illisibles dans notre ère hyper-technologique.

Oui, absolument, c'est très exactement ce qui rend, pour partie, cette devinette difficile.
L'ingéniosité des savants et de leurs assistants, au XIXe siècle, est admirable.
L'autre raison est que ces édifices sont les outils d'un métier disparu, et que même à l'époque où l'on se servait de ces outils régulièrement, le nombre de personnes au courant de l'affaire, en France, ne dépassait pas la cinquantaine !

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de MarcN :
Est-ce que nous pourrions considérer ces deux tours comme un système "optique", qui permettrait par exemple de procéder à l'observation de notre astre solaire, genre heure de lever et du coucher ?

Bonjour Marc. Oui, l'optique est la science première qui permet à ces édifices de remplir leur fonction, mais leur fonction est fort modeste par rapport à l'ensemble de l'observation, et l'observation ne se limite pas au soleil. Et sans la mécanique, point d'observation non plus dans notre affaire. Je dirais même : une mécanique de précision, mais ça, tu t'en doutais ;-)
Après leur construction en 1887, très vite l'électricité est installée sous ces petits toits : en 1889, l'année de la Tour Eiffel !
Mécanique, électricité et optique, toutes matières que nous enseignons à l'ENSMM depuis 1902, seules l'informatique et l'automatique d'aujourdhui sont absentes en 1889 lors de l'électrification des petits toits !

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de Jean :

Puisqu'il y a 2 tours qui jouent dans le process,

... comme disait l'actuel président à ses collaborateurs pour les rassurer entre les deux tours ...

... peut-on parler de mesure "stéréo"?
Non, le fait qu'il y ait deux tours permet d'améliorer la précision du travail, mais il n'y a rien de stéréoscopique dans l'affaire, on regarde l'une, puis l'autre tour, l'une après l'autre et pas simultanément.

L'observateur au milieu des 2 tours (est-il strictement et obligatoirement au milieu?)
Non, l'observateur n'est pas au milieu, pour les édifices de la photo-mystère, l'une des tours est à 100 m de distance, l'autre à environ 50 m de l'observateur. La distance n'a qu'une très faible influence sur le travail.

... récolte-t-il les données tous les jours, mois, ans?

Je ne sais pas à quelle fréquence les opérateurs devaient viser ce qui était installé sous les petits toits. J'essaierai de le savoir.


Ses conclusions qui portent sur le mouvement des étoiles permettent-elles de mesurer les heures, les jours, les mois, les années ou le temps de déplacement de la terre dans le système solaire, ou le déplacement de notre système solaire lui-même dans notre Voie Lactée?

Une partie des observations avait un but proprement chronométrique, au sens de l'établissement et du maintien d'une échelle de temps, mais il y avait une autre fonction, les observations ont continué jusque vers 1980.
Mais tout ceci ne nous dit toujours pas quelle était la modeste, mais indispensable, fonction de ces petits toits au-dessus de ces colonnes, et ce qu'il y avait dessous.

La construction de ces tours a-t-elle été commandée par l'Etat ou à l'initiative d'un chercheur?

Par l'État, mais parfois un savant (comme on disait à l'époque), fût-il provincial, pouvait avoir une certaine influence pour faire débloquer des fonds de l'État pour son laboratoire.

L'observation elle-même se fait-elle pas un seul observateur ou à plusieurs?

Je pense qu'un seul observateur pouvait suffire, mais j'imagine qu'à la fin du XIXe siècle il y avait plusieurs personnes qui travaillaient en parallèle aux observations, ne serait-ce que parce qu'il n'y avait aucune acquisition automatisée des données. Papier, crayon, peut-être stylographe ou plume gauloise, et tables de log !

Procède-il tour par tour ou son instrument permet-il de juxtaposer et de comparer les données des deux tours?

On procède en séquence, une tour, puis l'autre. On ne les vise pas simultanément.

L'observation se fait-elle de jour ou de nuit, ou entre chien et loup ?

Bonne remarque. A priori, dans toutes ces conditions, d'où l'installation de l'électricité très rapidement pour pouvoir travailler la nuit.


L'instrument d'observation est-il purement optique, faut-il les deux yeux pour observer?

L'instrument d'observation est une magnifique pièce d'optique et de mécanique, mais c'est un instrument monoculaire.

Dans les tours, les instruments sont-ils optiques, orientés vers le ciel, ou de simples miroirs, ou les deux?

Point de miroirs, on se contente de pointer ce qui est sous le petit toit.

Sont-ils réglés définitivement ou réglables?

Réglables au départ, mais a priori fixés très solidement, une fois pour toute, par la suite.

Pour résumer: l'information venue du ciel est-elle "stéréo", captée donc différemment par chaque tour et "réunie" au poste d'observation qui en tire des conclusions de déplacement spatial des astres?

Non, rien de stéréo. Mais les conclusions de l'observation sont en relation avec le placement précis des astres sur la sphère céleste.

L'électricité dont sont pourvues les tours sert-elle à faire bouger une mécanique, à émettre un signal lumineux, à transmettre des données à l'observateur, à émettre des ondes radio?
Ça servait juste à ce qu'il y ait de la lumière la nuit sous le petit toit. Point de moteur électrique. Point d'émetteur radio en 1889. Mais le progrès avançait très vite, dans ces années-là !

de phomatom :
Mesure des équinoxes ? Durée de jour et durée de nuit ?

C'est l'une des conséquences des mesures effectuées, mais pas la seule.
Et on ne sait toujours pas pourquoi on a construit ces « nichoirs » à 100 m et 50 m du point d'observation !

-----------

d'Armand :
Sténopé périscopique
Point de sténopé dans ce travail.
Que de la belle optique de haut de gamme. De beaux verres. De belles montures avec de l'acier et du laiton. Mais le tout placé au point d'observation, pas sous les petits toits au sommet des colonnes ;-)

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Voilà, amis lecteurs, la devinette est presque trouvée.

Après la pause méridienne, je dois à nouveau m'absenter, mais rassurez-vous, la solution dont nous sommes très proches, sera donnée dès mon retour !

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 02/07/17 16:06 par Emmanuel Bigler.
Re: [image-devinette] juillet 2017
dimanche 2 juillet 2017 16:43:15
donc faire une méridienne, cad relever la hauteur d'un astre sur l'horizon artificiel qui est à l'ombre du petit toit, mais éclairé, pour régler les chronographes et autres montres jurassiennes de la plus haute précision
Re: [image-devinette] juillet 2017
dimanche 2 juillet 2017 16:59:47
Cette magnifique pièce d'optique monoculaire et de mécanique d'acier et de laiton pourrait être un sextant.
Dès lors on pourrait croire que sous le petit toit il y a une cible, dont on mesure la position.
Positions de référence ?

C'est assez obscur cette affaire !! Merci Emmanuel :):)

Jean-Yves, ignorant pragmatique
Re: [image-devinette] juillet 2017
dimanche 2 juillet 2017 17:01:44
oui, un sextant qui peut simultanément (ou presque...) viser des deux côtés, et qui donne l'heure, la latitude étant connue
Re: [image-devinette] juillet 2017
dimanche 2 juillet 2017 18:04:12
Ce pourrait être un principe de sextant mais inversé.
Le sextant sert à connaître sa position (sur mer essentiellement) depuis un bateau qui, lui, est mobile sur la mer.
Ici le sextant est immobile, mais il regarde des étoiles "qui bougent" et de fait, c'est la Terre qui se déplace par rapport à elles.
Cette mesure permettrait donc d'établir le mouvement de la Terre.

Ou alors d'étalonner des temps ou des longueurs, comme l'heure, la minute, la seconde, ou le mètre...?

.
Re: [image-devinette] juillet 2017
dimanche 2 juillet 2017 22:42:38
Bonsoir,
Si les tours sont bien ancrées dans le sol, c'est peut être pour mesurer des mouvements de la croute terrestre ?
Mesurer les déplacements de part et d'autre d'une faille ?
Photographiquement,
Philippe T
Re: [image-devinette] juillet 2017
dimanche 2 juillet 2017 23:59:20
C'est pour mesurer l'amplitude des "marées" terrestres, comme on le fait maintenant en pointant des lasers dans le grand anneau du Cern?
Re: [image-devinette] juillet 2017
dimanche 2 juillet 2017 23:59:42
Bonsoir à tous !

Merci de votre participation, et pour paraphraser Maurice Thorez à propos des grèves en 1936, je dirais : « Il faut savoir terminer une devinette dès que la satisfaction a été obtenue. »

Les observations liées à ces étranges édifices sont des pointés de précision de la position angulaire des astres, à l'aide d'un instrument très spécialisé appelé :
lunette méridienne, ou cercle méridien.

L'instrument en question, classé monument historique, est celui de l'observatoire de Besançon, et les étranges édifices de la devinette sont d'humbles serviteurs dévoués à la détermination avec la plus grande précision possible des angles de hauteur (haut / bas ) et d'azimut (droite / gauche) avec ladite lunette.

Voir cet article de François Vernotte, professeur à l'université de Bourgogne-Franche-Comté, ancien directeur de l'observatoire, à propos des instruments historiques de l'observatoire de Besançon

Voir également l'inventaire du patrimoine régional, la lunette méridienne de B'zançon et ses accessoires.

Mais me direz-vous, ami lecteur, ces édifices et leur petit toit, quelle est donc leur fonction, le suspense est insoutenable !

Eh bien leur fonction est si modeste qu'elle en est impossible à deviner.

La lunette méridienne, comme son nom l'indique, ne peut bouger que de haut en bas dans le plan méridien, lequel est orienté nord-sud.
Mais la perfection n'étant pas de ce monde, et la précision demandée à cet instrument étant si élevée, les astronomes doivent mesurer par un pointé sur des mires solidement ancrées dans le sol, les écarts résiduels entre le plan effectif de la lunette et le plan méridien idéal. La lunette elle-même repose sur un socle séparé des murs du bâtiment, et va chercher son assise profondément sous le sol, jusqu'à la roche.

Donc les petits toits ne font qu'abriter une mire de repérage du zéro pour l'azimut.

Pour la hauteur, le zéro angulaire est donné par un bain de mercure qui donne une référence de plan horizontal.

Les mires nord (à 47 m de distance) & sud (à 100 m) furent installées en 1887 et reçurent une alimentation électrique dès 1889 !

Donc en 1889, une ampoule électrique à filament y est placée sous les petits toits. Je ne sais pas si l'objet visé est le filament lui-même, ou si l'ampoule éclaire une mire de forme judicieusement choisie, vers laquelle on vise.

En plus des deux tours dont nous parlons, il y a, à côté du bâtiment de la lunette méridienne, d'autres édifices du même genre que ceux de la devinette, portant des collimateurs, placés entre la lunette et les mires distantes, mais la procédure a changé au cours du siècle pendant lesquels les mesures ont été faites, jusqu'en 1980, du moins pour le pointé des astres, et pas pour la chronométrie.

Officiellement à partir de 1967, l'étalon primaire de temps n'est plus la rotation de la Terre mais une certaine fréquence de résonance d'un atome de césium. C'est la fin de la lunette méridienne pour la mesure du temps.


Mais revenons à notre lunette. Si on connaît la position d'un astre sur la sphère céleste, le pointage de l'instant où passe l'astre au méridien donne une mesure de la période de rotation de la Terre, et permet de recaler sur le long terme une horloge secondaire. Jusque vers 1940-1950, les horloges secondaires étaient le nec plus ultra de l'horloge à balancier, avec une horloge sous vide placée dans un puits, qui envoie des impulsions électriques à une horloge répétitrice placée dans le laboratoire en surface. La stabilité de ces horloges est bien meilleure que celle de votre montre à quartz, elle est de l'ordre de la milliseconde par jour, mais à long terme elle reste nettement moins bonne que la stabilité de votre réveil radio-piloté à 3,99 euro acheté chez l'épicier allemand du coin, lequel réveil est remis à l'heure atomique chaque nuit par le signal horaire DCF 77.

Si vous avez l'occasion de passer au MIH à la Chaux de Fonds (NE-CH), vous verrez une de ces horloges à balancier sous vide de fabrication russe, qui était encore en service dans les années 1950.

La précision temporelle avec laquelle on peut réaliser le pointé d'un astre avec la lunette méridienne est étonnante, de l'ordre du centième de seconde.

Les documents cités en référence nous disent que dès 1913, l'observatoire de Paris envoie des signaux horaires par radio depuis la tour Eiffel, donc il est moins important (surtout dans un pays centralisé comme la France) que les observatoires de province maintiennent leur propre échelle de temps à l'aide de leur lunette méridienne et de leurs horloges secondaires.

La lunette méridienne de B'zançon, et peut-être ses mires de zéro azimutal (c'est moins sûr) ont néanmoins continué à être utilisées jusque vers 1980 pour établir avec précision la position des étoiles, pour constituer des catalogues. Aujourd'hui, ce sont des satellites spécialisés qui réalisent ces pointés de précision sur les étoiles, mais ceci est une autre histoire.


Concernant les deux mires nord et sud, je pense que le pointé successif des deux mires améliore la précision sur la détermination des zéros angulaires et des corrections d'erreurs à apporter, mais il est possible de retourner la lunette grâce à une espèce de chariot sur rails livré par le fabricant !

L'extravagant chariot de retournement de la lunette méridienne, avec son cric !


Ce que je ne sais pas, c'est si le pointé sur les mires de la devinette doit être fait avant chaque campagne de mesures, ou si on se contente de refaire le pointé, disons, un fois par mois par exemple.

Description de ces mires, inventaire du patrimoine régional.

Les mires nord et sud de la lunette méridienne sont également inventoriées ici.

Et pour terminer, vous avez sans doute remarqué que les commentateurs politiques français utilisent beaucoup l'expression « le maître des horloges » en ce moment.

Pour nous à B'zançon, le maître des horloges, ce fut longtemps cet astronome photographié ici en pleine action !

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 03/07/17 00:37 par Emmanuel Bigler.
Re: [image-devinette] juillet 2017
lundi 3 juillet 2017 00:30:48
Réponses aux interventions d'aujourd'hui !

de philippe_de :

donc faire une méridienne, cad relever la hauteur d'un astre sur l'horizon artificiel qui est à l'ombre du petit toit, mais éclairé, pour régler les chronographes et autres montres jurassiennes de la plus haute précision


Oui, c'est presque cela, sauf que, si j'ai bien compris, l'horizon artificiel n'est pas sous le petit toit, pour le zéro de hauteur c'est un bain de mercure qu'on vise à la verticale sous la lunette. D'après les documents cités en référence, les mires sur leur colonne à distance ne servaient qu'à déterminer les erreurs de zéro dans le plan horizontal (azimut)

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de JyL :

Cette magnifique pièce d'optique monoculaire et de mécanique d'acier et de laiton pourrait être un sextant.

La fonction est effectivement la même mais la lunette méridienne sur son socle robuste et sa monture extra-rigide lui donne une précision bien supérieure. Le sextant de marine donne l'écart angulaire entre l'astre et l'horizon, la lunette méridienne a un repère de zéro pris différemment par visée sur un bain de mercure.

Dès lors on pourrait croire que sous le petit toit il y a une cible, dont on mesure la position.
Positions de référence ?

Oui, c'est cela, le but est un correction de zéro azimutal la plus parfaite possible.

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de philippe_de :

oui, un sextant qui peut simultanément (ou presque...) viser des deux côtés, et qui donne l'heure, la latitude étant connue

Exactement. Sur mer on est obligé d'avoir un chronomètre embarqué pour avoir la longitude avec précision. Problème résolu aujourd'hui par les horloges à quartz, du moins pour ceux qui veulent continuer à travailler à la main à l'ancienne avec le sextant, le chronomètre et les légendaires tables HO-249.

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de Jean :

Ce pourrait être un principe de sextant mais inversé.
Le sextant sert à connaître sa position (sur mer essentiellement) depuis un bateau qui, lui, est mobile sur la mer.
Ici le sextant est immobile, mais il regarde des étoiles "qui bougent" et de fait, c'est la Terre qui se déplace par rapport à elles.
Cette mesure permettrait donc d'établir le mouvement de la Terre.

Ou alors d'étalonner des temps ou des longueurs, comme l'heure, la minute, la seconde, ou le mètre...?

Exactement, c'est ainsi que l'étalon primaire de temps était défini avant 1967, par une mesure astronomique.

La précision était de l'ordre de la milliseconde par jour en combinant le pointé à la lunette et une horloge secondaire à balancier ou à quartz, recalée régulièrement par le pointé astronomique. L'horloge atomique à jet de césium fait faire un tel bond en stabilité (un facteur 10000 par rapport au pendule sous vide), qu'aujourd'hui, à part la masse (le kilogramme-étalon est encore la référence, mais plus pour longtemps), toutes les autres unités dérivent de la seconde.

Je ne pense pas que les irrégularités de la rotation de la Terre aient été mesurées avant de de disposer d'horloges atomiques, vers 1950-1955, mais peut-être avait-on déjà quelques soupçons, en particulier sur l'effet de lent ralentissement qui oblige a rajouter une seconde dite intercalaire tous les deux ou trois ans pour garder en synchronisme l'heure atomique avec l'heure dérivée de la rotation de la Terre.

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de Philippe T :

Bonsoir, Si les tours sont bien ancrées dans le sol, c'est peut être pour mesurer des mouvements de la croute terrestre ? Mesurer les déplacements de part et d'autre d'une faille ?

Je ne pense pas que les mesures avec cette technologie de 1880 soient assez précises pour voir les déplacements de la croûte terrestre. Le but était de supprimer le plus possible les erreurs angulaires dues à un déplacement du terrain entre les mires et la lunette, ou bien des vibrations transmises à la lunette via le terrain. En 1880, il n'y avait que des voitures à chevaux qui passaient à proximité de l'observatoire, les sources de vibrations étaient assez faibles, mais la précision était de rigueur, d'où les précautions avec le socle de la lunette profondément ancré, séparé du bâtiment.

Aujourd'hui grâce aux horloges ultra-stables, on sait mesurer les dérives des plaques tectoniques avec des vitesses de quelques décimètres par an. Là, il s'agit de géodésie de précision, c'est l'une des applications des horloges ultra-stables.

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de OlivierF :

C'est pour mesurer l'amplitude des "marées" terrestres, comme on le fait maintenant en pointant des lasers dans le grand anneau du Cern?

Même réponse que précédemment, les techniques de 1880 ne permettaient sans doute pas ce genre de mesure. Au CERN on a aujourd'hui à disposition toutes sortes de systèmes de mesure pour déterminer avec précision les mouvements du terrain où sont implantés les accélérateurs. Je n'en connais pas le détail, mais je serais fort étonné s'il n'y avait pas, à la base de ces mesures géodésiques, une horloge ultra-stable ou un laser dont la fréquence est ultra-stable.

E.B.
Re: [image-devinette] juillet 2017
lundi 3 juillet 2017 07:22:28
Merci M. Bigler pour cette excellente devinette.

Et en suivant les liens que vous proposez : "En 1887, l'entrepreneur bisontin Delphin Obscur bâtit dans le parc les piliers sur lesquels sont installées en 1888 les mires..."

Gloire à M. Delphin Obscur...
Re: [image-devinette] juillet 2017
lundi 3 juillet 2017 09:53:39
Question potache: ces tours et la lunette ne sont pas nécessairement placées sur un méridien/étalon (j'ignore le vrai nom) comme celui de Paris ou encore de Greenwich?
Comment alors choisir un lieu particulier pour installer tout cela? Et quelle étoile était choisie?
Les mires étaient donc des genres de guidons de canons de fusils, les "œilletons" placés sur ces édifices secondaires placés entre la lunette et la tour?
Et quel intérêt d'avoir une tour 2 fois plus éloignée de la lunette, l'angle deux fois plus petit avait quelle fonction dans les calculs...?
En tous cas chapeau la devinette, elle nous aura bien occupés :-)

.
Re: [image-devinette] juillet 2017
lundi 3 juillet 2017 13:52:11
de philippe_de :
Gloire à M. Delphin Obscur...

J'avais vu ce patronyme étrange, que je n'ai encore jamais rencontré dans la région !


de Jean :

Question potache: ces tours et la lunette ne sont pas nécessairement placées sur un méridien/étalon (j'ignore le vrai nom) comme celui de Paris ou encore de Greenwich?

La correction est facile à faire, sachant que la rotation de la Terre c'est 15° d'angle par heure, entre le méridien de Greenwich et celui de B'zançon, il y a un écart de 6° 01′ 19″ vers l'est [selon wikipédia pour Besançon, mais les astronomes connaissent évidemment à la second d'arc près la longitude de la lunette], ce qui nous donne un décalage horaire de 6,02 degrés décimaux, soit 6,02/15 * 60 = environ 24 minutes de décalage horaire systématique.

Et quelle étoile était choisie?

Le collègue F. Vernotte évoque les « étoiles de repère, dites étoiles fondamentales », je ne les connais pas, j'imagine que ce sont celles dont la position est très bien connue et qu'on peut voir facilement dans l'hémisphère nord (donc pas la Croix du Sud, par exemple). D'autre part j'imagine qu'on n'a pas intérêt à pointer des étoiles trop proches du pôle céleste, qui bougent plus lentement, et dont la précision de pointé serait moins bonne une fois l'événement du passage au méridien transformé en « top » horaire.
L'inventaire du patrimoine nous montre un interrupteur grâce auquel lequel l'astronome de service donne le top horaire lors du passage d'une étoile au méridien. Je n'ai aucune idée de la procédure permettant le recalage des pendules secondaires !

Les mires étaient donc des genres de guidons de canons de fusils, les "œilletons" placés sur ces édifices secondaires placés entre la lunette et la tour?
Oui, ces dispositifs sont appelés collimateurs dans les documents que j'ai trouvés, placés sur des colonnes du même genre, proches de la lunette, dans l'alignement entre la lunette et la mire, pour forcer à bien tenir l'alignement ???

Et quel intérêt d'avoir une tour 2 fois plus éloignée de la lunette, l'angle deux fois plus petit avait quelle fonction dans les calculs...?

Je pense que c'est fortuit, mais à vrai dire, je n'en sais rien.
Le parc de l'observatoire est bordé d'arbres pour masquer la lumière parasite, la mire nord est donc placée le plus loin possible de la lunette, en lisière des arbres. Côté sud, il y a une rue qui traverse le parc, la mire sud est placée de l'autre côté de la rue, donc plus loin.
La hauteur des colonnes tient uniquement au fait que le bâtiment de la lunette méridienne est placé en un endroit le plus élevé d'une petite colline ; dès qu'on s'en écarte, le terrain descend, donc pour ramener les mires au niveau de la lunette en position horizontale, il faut une certaine hauteur de colonne pour compenser la pente naturelle du terrain des deux côtés.

Il y a des milliers de personnes qui vivent à moins de 10 minutes de marche de ces étranges édifices, je suis persuadé que seule une infime partie les connaît, le parc est ouvert au public. Je connaissais ces édifices mais je ne m'étais jamais posé la question de leur fonction jusqu'au printemps dernier !!
Il y a également dans le parc de l'observatoire un superbe cadran solaire datant de la même époque, début du XXe siècle, permettant de donner l'heure à quelques minutes près, ce qui serait bien suffisant dans la vie courante ;-)
Mais Besançon n'est pas Briançon avec ses 300 jours de soleil par an, donc ici, pour avoir l'heure autrefois, nous avons nettement plus de pendules de clocher et de pendules comtoises à l'intérieur que de cadrans solaires sur les façades ;-)

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 03/07/17 19:18 par Emmanuel Bigler (modérateur).
Re: [image-devinette] juillet 2017
lundi 3 juillet 2017 14:17:06
J'adore les savants du XIXeme !!!

Même si ...
Re: [image-devinette] juillet 2017
lundi 3 juillet 2017 14:17:24
Bon.
Quand je viendrai chercher ma prochaine Rm3D, j'espère que tu auras un petit moment pour m'y conduire ou m'aider à y aller :-)

.
Re: [image-devinette] juillet 2017
lundi 3 juillet 2017 14:29:33
Quand je viendrai

Avec grand plaisir ! Tu sais déjà venir jusqu'à École-Valentin, c'est déjà beaucoup :-)

E.B.
Re: [image-devinette] juillet 2017
lundi 3 juillet 2017 18:35:29
Bonsoir,

Si l'observateur se trouve entre la tour nord et la tour sud ; comment fait-il pour en voir les faces sud ? J'ai idée que cela pourrait "enduire d'erreur" le lecteur des deux photos.

La devinette aurait-elle été biaisée ?

Si on collectionne ces tours ; pourrait-on considérer que cette collection est vernaculaire ?

J
Re: [image-devinette] juillet 2017
lundi 3 juillet 2017 19:32:34
de Ventdesable :
Si l'observateur se trouve entre la tour nord et la tour sud ; comment fait-il pour en voir les faces sud ? J'ai idée que cela pourrait "enduire d'erreur" le lecteur des deux photos.

Bonsoir Jérôme
Ce sont les photos que j'ai prises qui montrent le côté sud de ces deux piliers : soleil brillant dans le dos, telle est ma devise.
Bien entendu si on vise la mire nord depuis la lunette, on en voit le côté sud, et réciproquement pour la mire sud.

La devinette aurait-elle été biaisée ?
Biaisée, au fond, et tout ça à cause d'un astronome qui fait sa pub en parlant de Saturne ?

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 03/07/17 20:00 par Emmanuel Bigler.
Re: [image-devinette] juillet 2017
mardi 4 juillet 2017 10:02:15
Loin de moi l'intention de contester les particules avec l'astronome, mais l'astronomette regrette que Saturne soit bombée.

.
Re: [image-devinette] juillet 2017
mardi 4 juillet 2017 22:49:16
oups



Modifié 1 fois. Dernière modification le 04/07/17 22:50 par Alex-4x5.
Re: [image-devinette] juillet 2017
vendredi 7 juillet 2017 15:01:29
Emmanuel Bigler écrivait:
-------------------------------------------------------
> [url=http://bigler.blog.free.fr/public/images/2017
> -07-01-mystere-2.jpg] Il s'agit de déterminer ce
> que sont ces étranges édifices. [/url]


Combien de temps s'est écoulé entre le moment de prise de vue de ces deux photographies ?
Quelle est la largeur à la base de ces deux édifices ?
Sont-ils destinés à une observation visuelle depuis le sommet ?
Les deux édifices ont-ils la même orientation ?



Modifié 1 fois. Dernière modification le 07/07/17 15:18 par Luc Peiffer.
Re: [image-devinette] juillet 2017
vendredi 7 juillet 2017 18:30:55
Combien de temps s'est écoulé entre le moment de prise de vue de ces deux photographies ?

Environ 15 minutes.

Quelle est la largeur à la base de ces deux édifices ?

Je dirais entre 60 cm et un mètre, mais je pourrai mesurer cela facilement.

Sont-ils destinés à une observation visuelle depuis le sommet ?

Le sommet de ces édifices, sous le petit toit, portait une mire de visée pour la lunette méridienne de l'observatoire de Besançon.
Donc on n'observait pas depuis le sommet de ces colonnes, qui sont trop petites pour qu'un humain s'y assoie, mais on observait une mire placée au sommet de la colonne, qui avait pour seule fonction de définir avec une très grande précision le zéro angulaire de la lunette, dans le sens horizontal (azimutal) pour compenser les défauts de la monture.

Les deux édifices ont-ils la même orientation ?

Oui, l'observation se fait dans l'axe nord-sud, on vise l'une, puis l'autre mire depuis la lunette qui est située entre les deux.

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Mon collègue F. Vernotte de l'observatoire m'a donné aujourd'hui quelques détails sur la façon dont le pointé permettait de déterminer l'heure.
L'astronome regarde passer une étoile au méridien dans le champ de la lunette, et dans l'oculaire, il y a une série de fils verticaux parallèle et équidistants.
À l'aide d'un interrupteur électrique, l'astronome qui regarde dans la lunette définit un top horaire à chaque passage de l'étoile devant l'un de ces fils.
La précision avec laquelle chaque top est donné manuellement est de l'ordre du dixième de seconde, mais l'accumulation des mesures pour chaque fil équidistant permet d'améliorer grandement la précision du pointé, qui est, in fine meilleure que le centième de seconde ! Mais c'est obtenu au prix de calculs ... astronomiques qui, vers 1890, étaient entièrement faits à la main.
Donc l'heure exacte était connue a posteriori, après calculs, pas au moment de l'observation.

Concernant le choix des étoiles à observer, il se trouve que les étoiles peuvent avoir un mouvement propre, par exemple une étoile de notre galaxie est en rotation, et cette rotation n'est pas la même au centre de la galaxie qu'à la périphérie.
Donc pour les pointés chronométriques du siècle passé, on choisissait des étoiles qui « bougent » le moins possible et dont la position était connue le mieux possible.

Concernant la précision du pointé, la lunette en question a un objectif de 180 mm de diamètre, sa limite théorique de pouvoir séparateur est de 0,6 secondes d'arc, mais cette valeur infime n'est atteinte que lorsque l'atmosphère est très calme.
Le repérage des angles de la lunette méridienne s'effectue en regardant avec plusieurs microscopes deux limbes gradués de part et d'autre de la lunette, pour pouvoir descendre à la seconde d'arc !
Le sextant de marine, si bon soit-il, n'est jamais aussi précis ... mais on le tient à la main, le but est différent.

Concernant le ralentissement de la rotation de la Terre, la tendance à long terme est de l'ordre de 2 millisecondes par jour.
À cela se rajoutent des fluctuations à court terme, dont on avait déjà idée dans les années 1930, dès qu'on a su fabriquer des horloges de laboratoire à quartz.
À l'époque des dinosaures, la durée du jour était de 20 heures actuelles.
Depuis 1972, date depuis laquelle les échelles de temps aujourd'hui en vigueur sont maintenues internationalement, l'échelle de temps basée sur rotation de la Terre a perdu 37 secondes par rapport la marche des horloges atomiques qui sont devenues l'étalon primaire de temps ; on a donc dû rajouter 37 secondes intercalaires pour que l'échelle astronomique et l'échelle atomique restent parfaitement synchronisées.

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 08/07/17 10:56 par Emmanuel Bigler (modérateur).
Re: [image-devinette] juillet 2017
samedi 8 juillet 2017 01:25:53
La partie basse est constituée d'un appareillage de pierres inégales ayant été vraisemblablement crépies, voire peintes, alors que les pierres de la partie supérieure sont soigneusement ajustées.
Ceci n'est pas un hasard.
Quant à la solution, je sèche ...
Re: [image-devinette] juillet 2017
samedi 8 juillet 2017 11:08:19
La partie basse est constituée d'un appareillage de pierres inégales ayant été vraisemblablement crépies, voire peintes, alors que les pierres de la partie supérieure sont soigneusement ajustées.

Appareillage ... est le mot qui convient pour le support d'un instrument scientifique ;-)

... soigneusement ajustées ...

Normal, quand on est dans le Temple de la Chronométrie de Précision !

Quant à la solution, je sèche ...

Avec la chaleur qu'il fait à B'zançon aujourd'hui (dans les 30°C à l'ombre, je plains les gaillards du Tour de France qui vont monter aux Rousses depuis Dole cet après midi), ça va sécher très vite !

(Les linges qui sèchent mouillent les cordes)


Tout est expliqué dans les messages précédents
http://www.galerie-photo.info/forumgp/read.php?4,138311,138502#msg-138502

http://www.galerie-photo.info/forumgp/read.php?4,138311,138503#msg-138503

http://www.galerie-photo.info/forumgp/read.php?4,138311,138535#msg-138535

http://www.galerie-photo.info/forumgp/read.php?4,138311,138738#msg-138738

À votre disposition pour toute information complémentaire !
Bonne lecture !

E.B.
Re: [image-devinette] juillet 2017
samedi 8 juillet 2017 20:29:07
J'avais envie de poser une autre question (esskilsagit dunecheminéedebarbeukiou), les réponses de Monsieur Bigler m'en ont retiré la motivation.

Je demande encore quelques précisions.
Les trois ouvertures supérieures ont-elles la même fonction ? (laisser voir une mire) ?

Ces constructions n'ont pas été montées dans le but d'émettre un signal ? (autre que la reflexction [fr.wiktionary.org] de la lumière sur une mire) ?
Re: [image-devinette] juillet 2017
samedi 8 juillet 2017 20:55:19
Les trois ouvertures supérieures ont-elles la même fonction ? (laisser voir une mire) ?

Probablement, oui, mais je n'en sais pas plus.

Ces constructions n'ont pas été montées dans le but d'émettre un signal ?

Non. C'est uniquement un support de mire, le plus stable possible, pour étalonner et corriger les défauts de la monture de la lunette méridienne.
Nous sommes en 1889, il y avait de l'électricité pour éclairer les mires, dès cette époque !

E.B.
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