Trop de bonnes Images

Bonsoir à tous

Nous sommes envahis par l'excellence photographique; toutes les images, même celles prises par "mémé" de retour de son pèlerinage de Lourdes sont bonnes; voir très bonnes, voir excellentes si on les compare aux critères d'excellence d'il y a 20 ans.

Entre ceux qui photographient avec des ardoises et ceux qui utiliseront leurs lunettes de soleil, le monde est envahie d'images et sur les quelques 60.000.000 d'images prises à l'heure de par le monde, il y en a bien 10 qui feront le tour de la planète sur fesse-book et gogol cloud.

Mes images sont tellement sublimes que je ne sais plus si je les ai prises moi même ou si je les ai découpées sur geo ou arrachées honteusement du magazine gratuit qui se fripe les pages dans la salle d'attente du médecin.

J'en viens donc à considérer que ma production, au sommet de son art en piqué, pixel, courbe en S, dynamic range est totalement chiante et va bientôt mériter la poubelle que me tend opportunément le crash du cloud ou plus vraisemblablement celui de mon NAS à quadruple disques raides.

Cette remarque est plutôt salvatrice, puisque, à moins faire des tirages géants pour occulter la tribune Neuilly du Parc des Princes, je vais enfin me consacrer à l'image et je n'en ai donc plus rien à cirer des nouveautés technologiques.

Passé les 21.000.000 de pixels, c'est un peu comme développer 500 ch sous le capot pour tourner à 90 sur le périphérique.

Pour se consacrer à l'image, il y a deux options:

le contemplatif: celui qui prend le temps, qui déplie sa chambre, qui hume le vent, les odeurs, qui s'imprègne comme un peintre sait le faire pour restituer son émotion, pour restituer la beauté qui l'entoure

l'actif, nerveux: celui qui se ballade avec un truc qui a un obturateur, qui ne pèse pas lourd, qui a d'excellentes optiques, qui est discret et peu bruyant et surtout qui se range dans la poche du blouson. il cherche à saisir le mouvement, à figer l'anecdote, à empreindre le temps qui passe.

Il y a bien une troisième option; celle du professionnel, mais c'est une autre histoire et d'autres contraintes; il y a aussi le désabusé qui photographie les chiottes d'autoroute, l'intellectuel qui photographie les mêmes chiottes avec un effet de flou, l'intello technico bobo, qui se spécialise dans l'urinoir, flou avec solarisation ou effet trichrome

Bref, si on excepte le 3° genre humain décrit ci-dessus qui est à la photographie ce que la perversité est la psychanalyse (lol) mon Ying et mon Yang balance entre le contemplatif pêcheur à la ligne et le petit nerveux globe trotter au "petit vingtième"

Le choix est d'autant plus Cornélien, (photographe alexandrin du XVII°), c'est qu'il me faut choisir le matériel idoine pour la ballade photographique.
.
Après quelques années, j'ai accumulé de véritables merveilles que j'ai toujours refusé de renier en les abandonnant à faire le trottoir Bd Beaumarchais;

Et oui, tout me tient à cœur, le rideau du Blad au chuintement orgasysmique, le M7, tout mignon et riquiqui, la grosse Sinar nourrit au fromage d'alpage, la Sivestri à la subtilité approximative italienne, la belle ebony, le mam, et le rollei autour du cou, à la Gérard Philippe fumant des américaines.

...................... à suivre il est tard

Bonjour

Certains passages ... vivement la suite.
A+
franville

Analyse intéressante à plus d'un titre et que n'auraient pas renié, je pense, certains humoristes.


J'espère la suite du même cru.

[aboleo57.wordpress.com]
[libreinterpretationgp.wordpress.com]

Cela fait longtemps que je fais moins d'image et plus de photo...

C'est moins facile.

=====================================================================
Anything more than 500 yds from the car just isn't photogenic. - Brett Weston

Quelques images et vidéo : [www.facebook.com]

bonsoir Pierre,
il faut poster plus souvent ici,
j'adore votre message,
et je partage plus ou moins cet avis plein d'humour,
au plaisir de vous lire,
cordialement,
Patrick JJ
Fautôgraphe du dimanche...

Alors Pierre, tu te reposes ou tu es allé astiquer le déclencheur ?

Beaucoup d'images techniquement bonnes, oui. Mais si peu de bonnes images.

J'aime bien (et je partage) ce genre de constat qui remet les choses en place.
<< Pour se consacrer à l'image, il y a deux options:
le contemplatif:....... >> J'ajoute, bien que le contemplatif en soi un

Citons le wiki pointé par Paul (que je salue au passage) :
« L'amateur est souvent connoté péjorativement, soit par l'implication d'un manque de compétences, notamment en sport, soit par la moindre consécration symbolique accordée à une pratique désintéressée. La notion sert ainsi parfois plus à dévaloriser un acteur qu'à décrire un comportement, ce qui affaiblit sa légitimité théorique. »

Heureusement, ici nous sommes en photographie haute résolution, et pas en sport, donc cette phrase ne s'applique pas ; et en aucune façon les amateurs sur galerie-photo ne sont regardés par les pros avec condescendance !

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 31/10/13 09:53 par Emmanuel Bigler.

Arréter de regarder n'importe quoi sur internet, aller voir de vraies expos, ressortir son agrandisseur......

TR

<<<un truc qui a un obturateur, qui ne pèse pas lourd, qui a d'excellentes optiques, qui est discret et peu bruyant et surtout qui se range dans la poche du blouson>>>

Ca s'appelle un Leica.

<<<un truc qui a un obturateur, qui ne pèse pas lourd, qui a d'excellentes optiques, qui est discret et peu bruyant et surtout qui se range dans la poche du blouson>>>

Cela s'appelle un rolleiflex, du moins si le blouson a de grandes poches carrées.

E.B.

Ou un mamiya 6 ou un ... il y a en a quand même quelques uns !

Ou un SWC !

YM

"Mes images sont tellement sublimes que je ne sais plus si je les ai prises moi même ou si je les ai découpées sur geo ou arrachées honteusement du magazine gratuit qui se fripe les pages dans la salle d'attente du médecin."

Vous venez en fait d'illustrer une image qui n'est pas bonne.
Ce qui ressemble à tout le reste est commun.
Au delà de sa fonctionalité attendue ici ou là, ce qui fait une bonne image, qui la distingue de la masse, c'est sa singularité.
De la singularité qui marque les mémoires.
Pas de la banalité qui la condamne à l'oubli.

Appareil de poche : Fuji GF670 alias Bessa III

Je viens de jeter quelques dizaines de tirages noir et blanc fait avec plaisir il y a quelques années...

YM

"Trop de bonnes Images"

Imaginons un musicien qui aurait ce type de propos : "Il y a trop de partitions et les musiciens jouent trop juste, c'est la fin de la musique"

Imaginons un écrivain qui aurait ce type de propos : "Il y a trop d'orthographe juste, les écrivains ne font plus de fautes, c'est la fin de la littérature"

[www.youtube.com]

voici un cinéaste et non des moindres, qui parle des tapisseries :

[www.youtube.com]

et pourtant .....


la vespa et la forêt.....

o7 philippe

la photo de film "parfaite" :

[www.youtube.com]

o7 philippe

"Ce qui fait une bonne image, c'est sa singularité.

De la singularité qui marque les mémoires."



Très belle phrase; Merçi

Douter, c'est déjà un "bon" pas. Argumenter en négatif et positif, c'est "bien" aussi. L'Excellence Photographique, ...c'est un "beau"mot.
Quel "éditing" photographique planétaire, pourrait nous clouer le bec, devant l'évidence qualitative ?
Comparer à d'autres expressions créatives, n'est pas utile, on noierait le débat précis, sous les fausses notes des bruits musicaux, les fautes d'orthographes des millions de textes partagés, les propos creux des animateurs vedettes médiatiques, les fictions visuelles commerciales, sociètalement soporifiques.../... voire les mensonges métaphoriques, de tous les religieux, politiciens et financiers.
Finalement, partager virtuellement quelques photographies/articles/livres/expositions... nominatives et vraiment argumentées, est déjà intéressant.
Puis se contenter de son choix, selon sa culture, sa vie, son temps, sans surtout, tenir compte des modes Clics "Like" inconnus...
Quant aux commentaires tribaux, même combat, le quantitatif ne doit pas l'emporter.

2015 impertinences et incertitudes... Respects.

Merci à Ossette P. pour les liens vers J.Renoir; son discours est surprenant de lucidité et d'actualité par rapport au numérique mais la conclusion est-elle que l'art est décadent depuis le début des temps modernes et que seuls les génies peuvent être qualifiés d'artiste, la singularité citée plus haut ne devient-elle pas anecdotique avec le temps qui passe?
Je suis troublé par toutes ces questions, au secours!

Bonsoir,

Le temps a passé, j'ai mis ma boîte à malice en bandoulière et j'ai fait cliquer le silicium; mon épouse, plus fortunée, ayant quant à elle décidé d'emporter en voyage la boîte à sel d'argent;

Je précise que je tiens autant à l'affection de mon épouse qu'à la petite boîte qui se porte à l’œil en monocle et j'ai donc hâte de les retrouver toutes les deux; d'une part pour arrêter les repas pâté, nouilles et saucisson et d'autre part pour faire sortir du chaudron magique made in jobo la gélatine qui aura imprimé tout ces visages aimés et familiers.

Cette semaine, j'ai capté ces visages de la rue, je les ai travaillé pour les rendre plus beau, j'ai fait monter les secrets des ombres, j'ai fait jaillir de la matière de l'éblouissante lumière, j'ai donné du grain pour ajouter du mystère, j'ai masqué, viré, flouté

Doucement et lentement, l'image est devenu médium, ruban étroit et sensible, tendre faveur qui noue l'intime et vous attache à un inconnu, le rend chair vivante, le rend singulier et unique.

C'est cela ma photographie, que ce soit l'instant fugitif qui raconte dans un flou plus qu'un livre n'en ferait en 100 pages, que ce soit ce travail sur la matière qui transforme à force de labeur l'indicible pour en faire une vérité palpable, charnelle, communiante.

Je respire le souffle court, en antienne sur l'image qui se révèle: "soulevant et relevant le feston de sa robe" et je martèle obstinément la chaîne qui me relie à cette passante dans les lumières de l'hiver de la ville: Plus pâle, plus diaphane, légèrement safranée.

Finalement c'est cela un bon week end photographique, un petit rondo, un petit motet composé dans les replis de son cœur; une mélodie sifflotée à demi lèvre, pudique, intime et sensible


M... j'ai loupé le début des tontons f............

" la singularité citée plus haut ne devient-elle pas anecdotique avec le temps qui passe? "

Peut-être, et si c'est le cas que dire de la masse de toutes celles qui ne se distinguent pas ?

Ce n'est pas grave, l'oubli des choses a l'utilité de faire de la place . Chaque génération a besoin de faire ses propres expériences, avoir ses propres repères et qui n'ont aucunne chance d'exister si les générations d'avant lèguent le cumul de toute la mémoire de l'humanité.

"si les générations d'avant lèguent le cumul de toute la mémoire de l'humanité."

C'est l'interprétation toute personelle que je donne au concept de vie éternelle

PIERRE LIBERAS écrivait:
-------------------------------------------------------
> "si les générations d'avant lèguent le cumul de
> toute la mémoire de l'humanité."
Désolé, je n'avais pas pris en compte la 2ème partie du post : " De la singularité qui marque les mémoires"; anecdotique ne peut pas qualifier de telles images. Tant pis ou tant mieux pour celles sans singularité puisque les autres (singulières) constituent l'histoire de l'art si utile aux nouvelles générations.

L'absence répétée de singularité est une singularité

Ou une persistance dans la banalité si l'auteur n'a pas conscience de cette banalité, mais au fait ! quelle différence cela fait il ?

Nestor Burma écrivait:
-------------------------------------------------------
> L'absence répétée de singularité est une
> singularité


+ 1000

Blémia écrivait:
----------------------------------------------------
>
> Ce n'est pas grave, l'oubli des choses a
> l'utilité de faire de la place . Chaque
> génération a besoin de faire ses propres
> expériences, avoir ses propres repères et qui
> n'ont aucunne chance d'exister si les
> générations d'avant lèguent le cumul de toute
> la mémoire de l'humanité.


Et pourtant !
L'oubli des choses ne concerne que le non-vivant.
Le vivant cumule à l'infini, consciemment ou inconsciemment.