Ainsi cette façon de concevoir les valeurs d’une image donne à chacune de ces valeurs, une qualité physique, mais aussi sensible, un peu à l’image de ce que le peintre Cézanne, le plus chinois de peintres occidentaux appelait des « sensations colorées ».
Cette même simplicité de moyens on le retrouve dans la calligraphie et la peinture chinoise traditionnelle, « peinture au lavis d’encre » qui remonte au VI° siècle. Il est évident qu’une telle technique n’a que peu à voir dans son principe avec une technique photographique et une représentation mathématique du monde sans rapport avec la cosmologie chinoise du Tao Te King. Toutefois les qualités physiques des images chinoises traditionnelles et des images ne sont pas sans convergence.
On attribue à Wang Wei, peintre du 8ème siècle l’invention du lavis d’encre : « Dans l’ordre pictural, la peinture à l’encre (le lavis) est supérieures entre toutes. Elle capte l’essence de la nature et parachève l’ordre de la Création. »
Pu Yen T’u de la dynastie Ts’ing , anticipe dans ce texte ce que seront les « sensations colorées » de Cézanne, et les Zones d’Ansel Adams: «l’Art de l’encre, il est magique et quasiment surnaturel !... C’est avec les Six Couleurs de l’Encre que le peintre incarne les lois de la Création. Ce qu’on appelle « Sans-Encre » n’est pas tout a fait dénué d’encre, c’est un prolongement de « sèche- diluée». Tandis que «sèche diluée» reste encore marquée par le «Plein», «sans-encre est totalement vide ». Il existe un état intermédiaire ch’iu-jan qui consiste à suggérer le Vide par le Plein. En alternant Vide et Plein, on épuise les potentialités de l’Encre. S’il est aisé au Pinceau- Encre de peindre le Visible, le Plein ? Il lui est plus difficile de représenter l’invisible, le vide. »
Pour Ting Kao de la dynastie Ts’ing « toute chose dans l’univers est dominé par le « Yin » et le « Yang ». Pour la lumière, le clair est « Yang », l’obscur est « Yin ». Pour les habitations, l’extérieur est « Yang » et l’intérieur « Yin » ; pour les objets, le haut est « Yang » et le bas « Yin », et si l’on veut rendreleseffetsdu«Ying»etdu«Yang»,ilfautquedanslepinceauilyaitleVide-Plein, deplus comme il y a du « Yang » dans l’intérieur du « Ying », et du « Yin » à l’intérieur du « Yang
il faut qu’il y ait dans le Pinceau le Vide-Plein. De plus comme il y a du « Yang » à l’intérieur du « Yi »n à l’intérieur du « Yang », il faut également qu’il y ait du Vide dans le Plein et du Plein dans le vide dans le pinceau »
La description qui est ici donnée des multiples variations des valeurs de gris en thème de plein et vide correspond tout à fait aux multiples variations de valeur de gris que l’on peut trouver dans un tirage palladium traditionnel (non digital). Ici le choix du petit format oblige une plus grande proximité avec l’image, au point d’en oublier ce qu’elle représente pour mieux explorer les infinies nuance de plein et de vide que peut comprendre ces « sensations colorées ». Le plaisir de l’image est dès lors poétique, il est tout entier dans la matière, dans la profondeur dans le « toucher de l’image ».
« L’unique trait de pinceau est l’origine de toute chose » Shitao
Le trait fait allusion au « Yi King », le « Livre des Mutations ». yang » Au contraire le yin » est lapuissance originelle « Le trait plein correspond à la qui est lumineuse, forte, spirituelle, active. L'hexagramme est uniformément fort de nature. En tant qu'aucune faiblesse ne s'attache à lui, il a pour propriété la force. Son image est le ciel les traits brisés correspondent à la puissance originelle du qui est sombre, malléable, réceptive. La propriété de l'hexagramme est le don de soi , son image est terre. C'est le complément du créateur, son complément et non son opposé, car il ne le combat pas mais le complète. C'est la nature en face de l'esprit, la terre en face du ciel, le spatial en face du temporel, le féminin maternel en face du masculin paternel.
« Le plus important pour l’homme c’est de savoir vénérer » Shitao
Pour Shitao, c’est la réception qui précède la connaissance. La peinture est réception de l’encre, l’impression palladium serait de même réception du palladium dans le papier.
Tout processus de création est réception du ciel par la terre . Ainsi le peintre n’a pas à imiter le divers donné de la création, mais de reproduire l’acte même par lequel la nature crée. Mais avant l’unique trait de pinceau, « la suprême Simplicité
ne s’était pas encore divisée, elle était simplicité absolue, comme celle d’un bloc de bois brut contenant encore tous les possibles.
Ainsi, de «l’unique trait de pinceau vont naître les mille créatures.
L’unique trait de pinceau, qui divise la simplicité, établit alors la règle à laquelle toute activité de la plus simple à la plus complexe doit se soumettre. Mais la règle qui naît de l’absence de règle embrasse la multiplicité des règles
Dès lors la peinture ne se soumet plus à la règle mais est créatrice de règles.
« L’unique trait de pinceau est l’origine de toute chose » Shitao
Le trait fait allusion au « Yi King », le « Livre des Mutations ». yang » Au contraire le yin » est lapuissance originelle « Le trait plein correspond à la qui est lumineuse, forte, spirituelle, active. L'hexagramme est uniformément fort de nature. En tant qu'aucune faiblesse ne s'attache à lui, il a pour propriété la force. Son image est le ciel les traits brisés correspondent à la puissance originelle du qui est sombre, malléable, réceptive. La propriété de l'hexagramme est le don de soi , son image est terre. C'est le complément du créateur, son complément et non son opposé, car il ne le combat pas mais le complète. C'est la nature en face de l'esprit, la terre en face du ciel, le spatial en face du temporel, le féminin maternel en face du masculin paternel.
« Le plus important pour l’homme c’est de savoir vénérer » Shitao
Pour Shitao, c’est la réception qui précède la connaissance. La peinture est réception de l’encre, l’impression palladium serait de même réception du palladium dans le papier.
Tout processus de création est réception du ciel par la terre . Ainsi le peintre n’a pas à imiter le divers donné de la création, mais de reproduire l’acte même par lequel la nature crée.
Mais avant l’unique trait de pinceau, « la suprême Simplicité
ne s’était pas encore divisée, elle était simplicité absolue, comme celle d’un bloc de bois brut contenant encore tous les possibles.
Ainsi, de «l’unique trait de pinceau vont naître les mille créatures.
L’unique trait de pinceau, qui divise la simplicité, établit alors la règle à laquelle toute activité de la plus simple à la plus complexe doit se soumettre. Mais la règle qui naît de l’absence de règle embrasse la multiplicité des règles
Dès lors la peinture ne se soumet plus à la règle mais est créatrice de règles.
Extrait du Portrait du philosophe en photographe snob à télécharger sur Academia edu
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Modifié 5 fois. Dernière modification le 16/05/21 23:58 par mougin.