Avis aux zélateurs du format carré : le film « Cold war » est pour vous

Au temps pour moi, j'ai écorché le nom du réalisateur, Pawlikowski ( qui est plus facile que Sammallahti, pourtant ;-) ).

"Vu ta stricte éducation catholique-romaine, "
A supposer que cela fût vrai, je ne sais pas si cela relèverait du domaine public..

Bonjour,

Wouah. Merci pour cette info.
J'ai vu Ida il y a qq années, j'ai beaucoup apprécié, j'avais senti que ce réalisateur avait une lecture photographique et une réelle sensibilité à cela.
Certains plans m'ont rappelé d’innombrables belles photos qu'on a en tête. (je ne sais pas comment le dire mais je le dis comme cela).
Le nouveau film que je n'ai pas encore vu, conforte ce ressenti.

Le nouveau film que je n'ai pas encore vu ...

Salut Toai !
Tu n'as pas vu le film, mais ça ne doit pas t'empêcher de le critiquer par avance ;-)

Va le voir, et dis-nous !

E.B.

Vu ce soir, bonne projection, son catastrophique, je me suis bouché les oreilles sur presque toutes les musicales.

Cold War est une histoire d'amour impossible. Je ne suis pas très fan des mélos, mais à la fin on se demande un peu pourquoi ils se suicident ;). Ca donne un joli plan bien composé et la meilleure ligne de dialogue du film.
L'intrigue est un peu travaillée comme Ida : contexte historique de l'après guerre en Europe de l'Est, avec retour à la case départ des protagonistes, comme ses personnages Pawlikowski semble déjà tourner un peu en rond.
Sur le plan de l'image les hautes lumières sont un peu aveuglantes, l'image apparaît sans grain avec une impression numérique gênante, peut être le transfert ?

D'accord avec ce qui a été dit plus haut, Ida est un meilleur film.

" l'image apparaît sans grain avec une impression numérique gênante, peut être le transfert"

?Mais le film a été tourné en numérique.

Je n'ai pas encore vu, il faut que je me dépêche, chez moi c'est la dernière semaine.

Jean-Paul Mahé écrivait:
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> le film a été tourné en numérique.

Je l'ignorais, cela confirme mon impression.

[www.afcinema.com]

Jean-Paul Mahé écrivait:
-------------------------------------------------------
> [www.afcinema.com]
> ur-de-la-photographie-Lukasz-Zal-PSC-pour-Cold-War
> -de-Pawel-Pawlikowski.html


Merci Jean-Paul, ce site est une mine d'information. On y apprend qu'Ida a également été tourné en numérique avec la même caméra mais à une sensibilité de 2000 iso avec ajout de grain, c'est sans doute pourquoi l'effet numérique perçu sur Cold War ne m'était pas apparu.
Cela dit le noir & blanc en numérique n'est pas ma tasse de thé.

En matière de films Noir et Blanc argentique, il m'en revient deux à l'esprit, (res)sortis assez récemment au cinéma sous forme de série: "Heimat", d'Edgar Reitz, et le formidable "Welcome in Vienna", d'Axel Corti.

Ces deux films sont sortis respectivement en 1984 et 1986..

"Welcome in Vienna"*, c'est finalement le bon étalon pour "Cold War" : une intrigue également romanesque, sur fond d'Histoire, un destin qui prend aux tripes, et servi par une photo superbement maîtrisée (je me rappelle l'aspect quasi- rodinal du 3e épisode, qui s'ouvre par la traversée d'une Jeep US dans la plaine d'Alsace enneigée, puis des images du Vienne nocturne)... c'est du brut, pas du tout léché, c'est 100 fois au-dessus, on doit le trouver en DVD, je vous recommande chaudement



* Pitch (de mémoire) : un jeune juif autrichien, témoin de la montée et des exactions du nazisme à la fin des années 1930, est amené à fuir son pays, traverse la France, parvient à rejoindre New-York, et retourne en Europe, en tant que GI, en pleine déconfiture du régime hitlérien, ce qui le ramène dans sa ville natale..



Modifié 1 fois. Dernière modification le 12/11/18 11:44 par MarcN.

"Welcome in Vienna"... on doit le trouver en DVD, je vous recommande chaudement

Merci Marc, pour cette référence, ce qui relance ma question : y a-t-il un avenir pour de bons films en noir et blanc, sur film ou sur silicium, qui ne traitent pas d'un passé historique et dramatique au XXe siècle ?

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c'est du brut

Ouf, j'ai failli lire : "c'est du brutal, j'ai même connu une Polonaise ...."

E.B.

Bonsoir Emmanuel,
ma réponse à votre question est oui: un avenir est possible pour le N&B au cinéma. Rien ne s'y oppose, le matériel de prise de vue argentique et numérique est disponible sans le moindre souci. Pour la diffusion par contre — et c'est tant mieux — les projections se font toutes en numérique sauf les exceptions d'usage; dans toutes les salles de France. je tenais d'ailleurs à vous rassurer, il n'y a pas de salle rue de La Huchette! ;)
Je vous ai lancé dans la première page de ce fil sur quelques pistes de très belles réalisations récentes (2017 et 2018) de N&B réalisées en pellicule argentique, ils pêchent malheureusement par des scénarios plutôt faibles ou pas assez travaillés.
Et c'est cas de celui qui retient notre attention dans ce fil, le fameux Cold War, qui aura bénéficié d'un excellent marketing, c'est le mins que l'on puisse dire. je suis donc allé le voir, dans de bonnes conditions d'image et de son dans une des salles qui entourent la place de la Bastille. Okay, le travail du dir' photo est bon, excellent mais y a pas de quoi crier au génie (ça, c'est la pub) Ce N&B, je ne l'ai pas trouvé merveilleux, de celui qui m’écarquillent les yeux à l'instar d'un James Wong Howe, d'un Gregg Toland, d'un William Daniels ou du français Armand Thirard et chez les chefs op' toujours vivants d'un Pierre Lhomme — il suffit de retourner en salle apprécier la restauration du Cyrano de Bergerac de JP Rappeneau.
Non, le souci c'est ce que fait Pawlikowski de ce matériau, qu'il a commandé. Le format n'apporte rien de particulier, il ne sert pas les personnages qui sont de toute façon corsetés dans une réalisation trop orchestrée. On ne respire pas là-dedans, pas un degré de liberté n'est accordé à ces deux personnages, c'est tout à fait contradictoire avec ce qu'ils sont censés (je l'ai bien écrit?) ressentir. Du coup, certaines scènes paraissent si sophistiquées dans leur éclairage qu'elles rejoignent le style pompier (comme les photos de Gregory Crewdson par exemple) Quant à la mise en scène, Pawlikowski en fait bien trop. Partager son film en plans de coupe noirs, pourquoi pas mais pourquoi y ajouter aussitôt une ellipse? Deux figures de style en même temps, cela s'appelle du maniérisme. Cela casse toute émotion, toute urgence des personnages centraux à vivre l'instant. Le réalisateur nous éloigne de plus en plus de l'histoire et des personnages et finalement je n'y crois plus une seconde et au final, le suicide est incompréhensible, ridicule. Si Pawlikowski veut nous donner du drame, du mélo, de l'histoire, il ferait bien de réviser son Douglas Sirk.
Mais pour ne dégoûter personne des films en N&B, je conseille fortement, aux Parisiens pour l'instant, de courir voir la ressortie de la version restaurée et numérisée de Le Pornographe du japonais Imamura Shôhei, 1966. Ici, le N&B qui est un chef d'œuvre de finesse, d'invention et de surprise orchestré par Himeda Shinsaku est grouillant de vie. Toute la réalisation, sophistiquée toujours chez le Imamura des années 60, sert remarquablement la narration. Une vraie farce que la vie de ce monsieur Ogata qui doit se débattre entre flics, gangsters, son amoureuse jamais remise de la mort de son marin, superstitieuse à un point rare — sa carpe d'aquarium est un des plus beaux poissons qu'il m'a été donné de voir au cinéma! — et son amour des femmes, même carrément jeunes. Les dessous de la modernisation du Japon filmés avec ironie, farce et férocité. Du grand art.

Merci à OlivierF pour son appréciation très argumentée !

La rareté des films en N&B distribués largement dans la France profonde produit à l'évidence une distorsion dans l'appréciation des critiques, qui sont toutes bonnes pour « Cold War ».
Il est probable que la rareté du film N&B de production récente trouble un peu la vision des critiques.

Je ne doute pas qu'il y ait un avenir pour les films en noir et blanc, mais je me suis posé la question de savoir quand je reverrais un film N&B en salle à B'zançon.
Et encore, ne nous plaignons pas, B'zançon est une ville universitaire, donc y'a chez nous un public pour les films qui ne sont pas des grosses machines (c'est ce qu'on dit au Québec, j'adore cette expression).

Donc j'ai cherché quel avait pu bien être le dernier film N&B qui ne soit pas une reprise d'un film classique, qui ait été projeté à B'zançon, et j'ai trouvé « The Artist » en 2011.
J'anticipais donc, à grand tort, le prochain film N&B à B'zançon en salles en 2018+7 = 2025.
Je m'en suis ouvert à un ami, qui m'a corrigé immédiatement, en me faisant remarquer que le dernier film N&B en salle à B'zançon, c'est « Ida », il y a 21 mois, et que je n'aurai sans doute à attendre que 21 mois pour avoir le plaisir de voir ici en salles le prochain film en N&B de Pawel Pawlikowski ;-)

E.B.

Il faut voir aussi “Olli Mäki", un film finlandais de Juho Kuosmanen (2016), tourné en Super16, en n&b (TriX) au ratio 1.85
Il est visible sur Arte+7 jusqu'au 13 décembre.

[www.arte.tv]

Ho oui, c'était vraiment bien, d'un ton très particulier, ce film qui narrait l'histoire d'un boxeur monté d'amateur aux feux des championnats internationaux. Mais voilà Olli était tombé amoureux et les choses devinrent plus compliquées...
Un très beau N&B en effet. Prix de la section Un Certain Regard au festival de Cannes 2016.

Les lampions carrés de la fête célébrant la distribution dans nos provinces reculées du film « Zimna Wojna » sont à peine éteints, qu'on remet ça en noir et blanc, dans la même salle, mais ce n'est plus du tout carré :

Leto, de Kirill Serebrennikov

Bon, j'entends déjà les persiflages : ouaarf, encore un truc de l'Est communiste du siècle dernier ...

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 09/12/18 13:56 par Emmanuel Bigler.

Leto? Génial à mon goût, l'un des films les plus modernes de 2018. Quelle maitrise et quelle liberté de mise en scène que celles de Kirill Serebrennikov! Quant au son du film: superbe et les deux "clips" de deux standards des Talking Heads et de Iggy Pop, tous les deux dans les transports en commun sont des chefs-d'œuvre.
Bref, un très grand plaisir de cinéma.
Par contre, les spécificités techniques du film qui est à la fois en couleur et en Noir et Blanc (autrement frais et vivant que celui du Polonais précité) restent obscures mais j'avoue m'en f... un peu.

;)

Leto ? Génial à mon goût ...

Merci, Olivier ! J'y cours, la prochaine séance est à 18h ici ;-)

E.B.

La lecture de ce fil m'a incité à aller voir Cold war au cinéma le Balzac aux Champs-Elysées dimanche dernier (après les émeutes).Qualité d'image et du son vraiment excellente et très au-delà de ce que l'on peut voir sur un écran TV ou d'ordinateur.
L'image n'est pas carrée mais surtout on voit bien qu'il s'agit de numérique ce qui est décevant,et presque incompréhensible compte tenu du soin et de la recherche apportés aux superbes cadrages qui m'ont ébloui du début à la fin.Le parti pris esthétique est tel que je trouve que ne pas avoir tourné ce film avec une pellicule est presque une faute de gout.Seul l'argument économique peut à la rigueur tempérer cette déception

Roma d'Alfonso Cuaron, vient de sortir (Netflix), belle image (moyen format de 65mm) mais numérique qui donne un peu la même impression que Tetro de Coppola.
Contrairement à Tetro qui n'explorait pas une veine nostalgique, Roma se déroule dans le Mexique des années 70 ...

Celui-là, j'essaierai de penser à le voir le jour où il sera disponible en DVD dans ma bibliothèque munie d'ses poils.

;)

OlivierF écrivait:
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> Celui-là, j'essaierai de penser à le voir le
> jour où il sera disponible en DVD dans ma
> bibliothèque munie d'ses poils.
>
> ;)


Quelques rares projections sont aussi prévues en copies 70mm.

Bonsoir Zoran,

ha bon mais où ça donc? Car je ne vois aucune annonce en ce sens. Mais surtout je cherche l'intérêt de faire une copie 70mm en film d'une œuvre faite en numérique. Déjà que les projecteurs de cinéma en 70mm sont rares, très rares. À Paris, hormis celui de la Cinémathèque je ne connais que celui de l'Arlequin rue de Rennes, où j'ai pu me régaler l'été dernier dans la grande salle panoramique d'une projection en vrai 70mm de 2001, Odyssée de l'Espace (copie neuve restaurée) et plus loin dans le temps, de Inherent Vice de Paul Thomas Anderson, un bijou de polar déjanté aux couleurs sublimes.
Mais bon, j'ai sans doute loupé l'annonce de la sortie du Cuaron, mais si cela devenait le même topo que la cohue lors de la rare sortie en salle du Netflix Okja du coréen Bong Joon Ho, au Méliès à Montreuil ou au Max Linder sur les Boulevards, je préfère rester chez moi — ou aller voir autre chose plus calmement.

;)

Je ne connais pas les résolutions de sortie des projecteurs de salles de cinéma, mais un capteur numérique de 65mm utilisé en pleine résolution doit donner une précision d'image inouie, sans doute comparable au 70 mm. Donc le transfert sur du 70mm ne me semble pas si absurde.
Alfonso Cuaron voulait une image très transparente sans grain, mais sans lumière stylisée, Roma est majoritairement tourné en lumière naturelle. Le résultat est magnifique : très doux et détaillé, beaucoup plus subtil que Cold War, au moins sur ce plan.

Zoran écrivait:
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> ...mais un capteur numérique de 65mm utilisé en pleine résolution doit donner une précision d'image inouie, sans doute comparable au 70 mm. Donc le transfert sur du 70mm ne me semble pas si absurde.

Le capteur de la caméra ARRI Alexa 65 mm est même un peu plus grand que le négatif ciné 65 mm !

[www.afcinema.com]
[www.tsf.fr]

Marc42 écrivait:
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> Le capteur de la caméra ARRI Alexa 65 mm est
> même un peu plus grand que le négatif ciné 65
> mm !


Et qu'en pensez-vous du transfert sur 70mm ?

Oups ! J'ai oublié de rendre compte du film LETO que j'ai vu avec grand plaisir et qui est resté à l'affiche chez nous pendant 3 semaines, ce qui est à souligner, pour un p'tit pays comme ici.

D'accord avec OlivierF sur le côté brillant de la réalisation. Le noir et blanc est tellement naturel d'entrée de jeu, que les courtes séquences avec des images couleur tombent effectivement comme un cheveu sur la soupe. On aurait envie de dire à ce sujet : « on respecte la liberté de l'artiste », mais ce serait peut-être mal venu, vu les ennuis judiciaires actuels de Kirill Serebrennikov.

Comme je ne connais rien de la vie de la jeunesse turbulente de Léningrad dans les deux dernières décennies de l'URSS, je fais entièrement confiance à l'histoire qui se présente comme une reconstitution scrupuleuse de la vie du moment.
Ah les babouchkas sympathiques qui sont là pour assurer la garde des enfants de cette bande de musiciens marginaux et si peu soviétiques !
On s'étonne même que ces musiciens fascinés par les productions étazuniennes et britanniques aient eu une scène pour se produire --sous bonne garde, certes-- et une productrice pour trouver de l'argent ! Mais le film étant tiré de faits réels ... on apprécie.
Le côté extrêmement dynamique, inventif et surprenant du film fait qu'on ne voit pas le temps passer malgré les 2 heures d'horloge. Eh oui, on peu même faire des effets spéciaux décapants en N&B !!
On est donc parfaitement rassuré sur l'avenir du film en noir et blanc, le fait que Netflix produise un film en N&B, « Roma », ne prouve-t-il pas qu'il y a de la rentabilité assurée dans cette voie ?

Et à peine avons nous compté 2 films N&B distribués largement en salles dans ces derniers mois, plus le Roma-Netflix, qu'en voici un autre, coréen, ce qui ne peut que piquer notre curiosité à nouveau !
Grass

E.B.

"...qu'en voici un autre, coréen, ce qui ne peut que piquer notre curiosité à nouveau !
Grass "

Et là avec la pomme en premier plan on ne peut pas dire que cela traite d'un passé historique et dramatique au XXe siècle

> "...qu'en voici un autre, coréen, ce qui ne peut
> que piquer notre curiosité à nouveau !
> Grass "

Le réalisateur Sud-Coréen Hong Sang-soo avait déjà tourné en n&b argentique en 2000 : “La Vierge mise à nu par ses prétendants”.
Plus récemment : “Le Jour d'après” en 2017, “Grass” et “Gangbyeon hotel” en 2018 sont en n&b numérique.

encore en N&B et qui parle de problèmes raciaux actuels en Louisiane : What yo Gonna do when the world's on fire?
euh, désolé Emmanuel je ne sais traduire en Franc Comtois!

pour Léto je devrai patienter jusqu'à la mi-janvier, Troyes + monopole ciné CGR...

bonne fin d'année à tous...

Oui, un bon docu' que ce: Qu'est-ce que tu feras quand le monde sera en feu ?
Joyeux Noël à vous.