Plateau de Millevaches, de Diane Arbus à Paul Strand en passant par Gentioux :
Il y a dans la vie des rêves fous qui terrassent votre esprit, le mien en tout cas !
Là, c'est un mariage qui m'obnubile, mais pas n'importe quel mariage. Un mariage d'apparence impossible. Un mariage à trois !
Un mariage à trois...Est-ce encore possible maintenant que notre société se raidit. J'ai bien dit à trois. Un mariage en plus entre 3 jeunes hommes, jeunes hommes tendus dans la vie courante, et pour cause.
De qui s'agit-il ?
Déjà c'est la tension maximale qui les réunit. Cela se voit sur leur corps : une vraie crispation.
Le premier jeune homme s'appelle le ''Jeune homme en Colère de Paul Strand (1890-1976), de son vrai nom : Claude Grijalvas.
Son histoire est si bien racontée dans ce livret : ''Le Jeune Homme en Colère'' de Michel Boujut, livret paru chez Arléa, livret épuisé ...Mais la photo de Paul Strand est si connue... On peut donc la trouver en trifouillant dans les archives du MoMA de New York ou le Musée des beaux-arts du Canada. C'est une photo faite à la chambre, durant l'été 1951, à Gondeville, proche du bord de la rivière la ''Charente''.
Le second jeune homme, c'est bien le ''Jeune homme à la Grenade''. Là nous sommes en 1962, jeune homme photographié dans Central Park par Diane Arbus. Remarquez bien, quand vous regardez cette photographie, ses doigts crispés et tendus à ce jeune homme.
Le saviez-vous ?
Quelques années plus tard, ce jeune homme dans sa vie a monté une société qui comporte dans son intitulé le mot ''GRENADE'' en hommage à Diane Arbus. Là, chapeau !!!
Le troisième jeune homme, lui, est bien du Plateau de Millevaches, du village de Gentioux (23340,Creuse) plus précisément. Pour ce jeune homme statufié, on vient de l'Europe entière pour lui rendre hommage, un 11 novembre de chaque année.
Comment se présente-t-il ?
Debout, le bras tendu; le poing fermé, le tout dirigé vers ces mots : ''MAUDITE SOIT LA GUERRE''. Là, à la prise de vue, il m'a causé beaucoup de soucis ce jeune homme : il a fallu lui rendre sa respiration, lui résorber les avanies du temps qui reposent sur son corps tout en lui laissant sa colère et sa tension. Voilà plusieurs heures de prises de vues, accompagnées au final au labo de 55 retouches pour en plus restaurer le monument lui-même qui a subit depuis 1922 les outrages du temps. Il fallait en plus faire ressortir les lettrages en jaune délavé. Van Gogh aurait eu honte de ce jaune là !!!
Facile à trouver ce monument sur l'Internet. En plus il fait l'objet d'une inscription au titre des Monuments Historiques depuis le 9 février 1990.
Ce jeune homme, qui est-ce ?
Ce jeune homme en souffrance, c'est un orphelin, habillé avec un sarrau, la blouse de l'écolier, en sabots, sa casquette à la main gauche. Il lève le bras droit, le poing serré et montre aussi les 63 noms gravés sur ce monument.
Ce monument :
Inauguré en 1922 par le maréchal-ferrant, Jules Coutaud, maire socialiste de l'époque, il devait symboliser la douleur et la révolte... Monument initié après la perte d'un père lors de la Première Guerre Mondiale, père gazé en plus.
A l'inauguration de ce Monument, la Préfecture refusera d'être représentée !!!
Et aussi :
On avait donné l'ordre aux soldats qui passeraient devant le Monument d'en détourner la tête en allant au camp militaire de la Courtine.
Voilà, mon ''rêve fou'' : les réunir !!!
C'est bien Michel Poivert, après sa grande exposition chez Gilles Mora, au Pavillon Populaire à Montpellier qui pourrait en faire un tryptique avant que le MoMA s'en charge !!!
Bernard Birsinger.
