Regard rétrospectif sur mes photos

Bonjour

Depuis toujours, lorsque je fais mes premiers tirages ou planche contact, je suis extrêmement déçu de mes photos; je les trouve presque toutes mauvaises, insignifiantes, sans intérêt. Je remets en cause mon goût pour la photographie et ma capacité à photographier

Et puis en regardant mes tirages de lecture plusieurs mois plus tard elles commencent à m'intéresser alors, j'en fais un vrai tirage que je n'apprécie toujours pas

Il me faut environ un an pour apprécier mes photos et certaines me plaisent beaucoup.

Est ce normal Docteur ?

Qui partage ce syndrome et comment l'expliquer ?

Bonjour
Effectivement elles sont peut-être tout bonnement mauvaises, beaucoup s’estiment photographes et ne s’en attribuent que le nom, combien de clichés mal exposés, mal cadrés, mal tirés, bref.
Mais d’autre part, nous ne sommes souvent pas très objectif avec nous mêmes.
Ce doute que vous avez et partagé par bien d’autres photographes, peintres, sculpteurs. La progression dans sa quête est à ce prix, faire, défaire, refaire, laisser le temps et revenir dessus.
Personnellement je fais peu d’images car je suis très sélectif et malgré ça, lorsqu’il y en a une sur dix qui me plait, ce sera le bout du monde.
Les expos, les galeries permettent souvent de recadrer nôtre point de vue.
Il vaut mieux douter que d’être sûr de soi, cela vous permettra d’avancer plutôt que de vous gargariser et de devenir imbuvable.

Pour apprécier un travail photographique,
Il n'y a pas d'absolu,
Juste des buts et des moyens,
Un projet,
Et déterminer si les photographies correspondent à l'attente du projet,
Si cela ne correspond pas,
Il suffit de se remettre à l'ouvrage,
Et de cerner la progression sur les marches du possible progrès ...

De quoi occuper une vie entière



Modifié 2 fois. Dernière modification le 09/04/22 09:58 par Nestor Burma.

Merci de vos réponses

Je réfléchis à vos avis

Et ne pas oublier :

"Un bon photographe est un photographe qui a une grande poubelle"

...



Modifié 1 fois. Dernière modification le 09/04/22 11:52 par Nestor Burma.

Sans rien exprimer au sujet de "Photographes" ,
je considère qu'il y a (1) les images de nature ou de paysages sur lesquelles l'artiste capteur n'intervient que pour sélectionner un cadrage en plus d'un point de vue et de l'angle d'éclairage dur ou doux. Cela intègre les sujets architecturaux choisis pour toutes raisons professionnelles ou autres. Je veux dire les prises de vues sans intervention sur la disposition des éléments matériels. Les conditions atmosphériques ne sont que sélectionnées , (il n'y a qu'au cinéma que l'on produit des effets visuels imitant la nature).

(2) les images témoin d'une disposition composée intégralement par une personne auteur de l'ensemble.

(3) les images obtenues "au bon moment" , dans tous les genres possibles.

Ceci dit, il y a toujours une part volontaire et une part incontrôlable à ces réalisations.

Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage ...
Cette expression met en valeur la beauté du travail bien fait et insiste sur le nécessité de toujours essayer de se perfectionner. Alors que le photographe essaie d'améliorer le résultat visible de son travail.
Dans la citation originelle, Boileau parlait de l’ouvrage au sens de production de l’esprit.
[www.actuailes.fr]

L'évolution personnelle de l'artiste le fera devenir plus qu'il n'était.
La photographie, montrant toujours ce qui a été, est et sera toujours un miroir du passé.

Luc Peiffer écrivait:
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> Sans rien exprimer au sujet de "Photographes" ,
> je considère qu'il y a (1) les images de nature
> ou de paysages sur lesquelles l'artiste capteur
> n'intervient que pour sélectionner un cadrage en
> plus d'un point de vue et de l'angle d'éclairage
> dur ou doux.
>
> (2) les images témoin d'une disposition composée
> intégralement par une personne auteur de
> l'ensemble.
>
> (3) les images obtenues "au bon moment" , dans
> tous les genres possibles.

On peut aussi mélanger 1 & 2 & 3

je considère qu'il y a (1) les images de nature ou de paysages sur lesquelles l'artiste capteur n'intervient que pour sélectionner un cadrage en plus d'un point de vue et de l'angle d'éclairage dur ou doux.

Ce n'est pas aussi simple car c'est là où j'ai le plus de difficultés

En portrait, nature morte, objet on voit rapidement si la photo est bonne ou non car le sujet commande l'image et si le sujet est séduisant on en oublie la photo

En revanche un sous bois, une rivière, un horizon, ce n'est qu'après un certain temps que je m'approprie l'image

La banalité (fût elle belle) est le plus difficile à photographier

Pierre L écrivait:
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> La banalité (fût elle belle) est le plus
> difficile à photographier

Pour ma part, de mon point de vue, les sujets ne sont pas un problème photographique, si montrer qu'une jolie est jolie semble satisfaire le plus grand nombre, cela n'a que peu de rapport avec la photographie ...
La photographie trouve sa force dans l'insignifiant, le modeste, l'inaperçu, l'inconnu, pour le reste, les jolies filles n'ont nullement besoin de photographe pour exister ... ...



Modifié 2 fois. Dernière modification le 09/04/22 13:11 par Nestor Burma.

En lisant Pierre et Henri, je pense à ce joli mot d'Emmanuel Kant : "L'art n'est pas la représentation d'une belle chose, mais la belle représentation d'une chose".

Nestor Burma écrivait:
-------------------------------------------------------
>
> On peut aussi mélanger 1 & 2 & 3


☻ ☻ ☻
Tout est permis
☺ ☻ ☻ ☻ ☻
[dictionnaire.reverso.net]

Pierre L écrivait:
-------------------------------------------------------
> Bonjour
>
> Depuis toujours, lorsque je fais mes premiers
> tirages ou planche contact, je suis extrêmement
> déçu de mes photos; je les trouve presque toutes
> mauvaises, insignifiantes, sans intérêt. Je
> remets en cause mon goût pour la photographie et
> ma capacité à photographier
>
> Et puis en regardant mes tirages de lecture
> plusieurs mois plus tard elles commencent à
> m'intéresser alors, j'en fais un vrai tirage que
> je n'apprécie toujours pas
>
> Il me faut environ un an pour apprécier mes
> photos et certaines me plaisent beaucoup.
>
> Est ce normal Docteur ?
>
> Qui partage ce syndrome et comment l'expliquer ?

Oui je partage ce syndrome Pierre, et ne trouve pas cela grave du tout, il y a UEDa ce japonais qui attendait 3 semaines avant de regarder ses images et il y a des trucs extra de lui.
Après, que l'on ne soit pas content de son travail dans l'immédiat est assez fréquent, on retourne l'oeuvre quelques jours et on la redécouvre. Je fais beaucoup moins de photos mais plus de dessins et de peinture et je pratique ce que je nomme le Caché, en photo cela marche aussi. Il faut savoir être patient et avoir ce dont j'ai la chance, c'est d'avoir un REGARDEUR dans son entourage, comme un lecteur objectif. Voilà un début de réponse.
Remettre en cause sa pratique d'un médium n'est pas grave, à mon sens car on peut passer de l'un à l'autre au fil du temps et y revenir, ce que je fais. Il est des moments où on est meilleur avec pinceau qu'avec un boitier, et des fois c'est le sujet envisagé qui décide.
Bon courage Pierre.

Comme le dit Wista, faites critiquer (une critique analytique peut aussi bien être positive que négative) vos photos par des connaisseurs,ils vos apporteront un éclairage différent. Perso,je ne suis généralement pas fier de ce que je fais et je refuse de signer mes photos. Je fais très attention de ne pas enfler de la tête ou de me prendre au sérieux.

Un sujet un peu différent: il est parfois intéressant de reprendre ses anciennes planches contact. Le choix des images à tirer et la façon de le faire peuvent différer suivant le moment. ainsi dernièrement j'ai repris un négatif de 1986 pour en faire un tirage à l'or et un tirage alternatif (Van Dyke) alors qu'à l'époque je n'en avais fait qu'un tirage de lecture.

Vos messages m'apportent beaucoup

Je vous en remercie

J’aime bien le dessin de Geluck et son chat disant : Je ne fais que des photos sans intérêt…… l’avantage c’est que lorsqu’elles sont ratées, je m’en fous !


Didier B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 10/04/22 02:25 par Didier B..

Jean-Paul Mahé écrivait:
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> Un sujet un peu différent: il est parfois
> intéressant de reprendre ses anciennes planches
> contact. Le choix des images à tirer et la façon
> de le faire peuvent différer suivant le moment.
> ainsi dernièrement j'ai repris un négatif de
> 1986 pour en faire un tirage à l'or et un tirage
> alternatif (Van Dyke) alors qu'à l'époque je
> n'en avais fait qu'un tirage de lecture.

Il y a quelques semaines j'ai regardé les images d'Eliot Erwitt à Genève, s'était des tirages récents d'après des images des années 50. Il a profité du Covid pour relire ses contact et sélectionner des photos. il y avait quelques pépites. Il a plus de nonante ans!

Entièrement d'accord avec Jean-Paul;parfois je retire très différemment la même photo à quelques années d'écart;parfois je tire une photo que je trouvais insignifiante sur la PC quelques années auparavant. Le plaisir de la photo et l'utilité de la PC.

Une remarque de Gisèle FREUND, je cite de mémoire " L' appareil photo est un instrument qui apprend à l' utilisateur à voir sans ."
Ne serait ce pas là son apport principal ??

Electrostradivarix écrivait:
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> En lisant Pierre et Henri, je pense à ce joli mot
> d'Emmanuel Kant : "L'art n'est pas la
> représentation d'une belle chose, mais la belle
> représentation d'une chose".

Emmanuel Tank disait "L'art n'est pas la représentation d'une vilaine chose, mais la vilaine représentation d'une belle chose".

Bernard Ardaud écrivait:
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> Une remarque de Gisèle FREUND, je cite de
> mémoire " L' appareil photo est un instrument
> qui apprend à l' utilisateur à voir sans ."
> Ne serait ce pas là son apport principal ??


C'est même plus que cela.
Marcher le nez en l'air avec et sans appareil et on regarde les choses différemment. Pire: c'est quand on en est dépourvu qu'on regrette, et inversement.
Ce qui voudrait dire que lorsque on arrive sur la scène du crime et qu'on est bien équipé, la somme de hasards qui a conduit à ce moment de grâce peut nous paraître cosmique.

Pierre L écrivait:
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> Il me faut environ un an pour apprécier mes
> photos et certaines me plaisent beaucoup.

Parfois, il faut ce temps nécessaire de décantation… À d'autres moments, on sait dès la prise de vue qu'on tient une bonne photographie.
La latence d'une image argentique est déjà un temps décantation de ce qui a été "pris" — n'est-ce pas d'ailleurs nous qui sommes pris ? — ce temps permet une maturation mentale, parfois consciente, souvent inconsciente de ce qui a été photographié. "La pittura e cosa mentale" comme le disait si bien Da Vinci.
Après, qu'est-ce qui fait qu'une image photographique peut plaire à son auteur ? Probablement l'adéquation à un projet, un ensemble d'images déjà constitué ; une image n'est jamais seule.

Bizarrement, la plupart du temps,si je suis satisfait du résultat ''prise de vue+développement+tirage'' je range ma photo pour passer à autre chose,elle ne m'intéresse plus.

"Après, qu'est-ce qui fait qu'une image photographique peut plaire à son auteur ? "

J'ai une démarche personnelle où je fais probablement ce qu'il ne faut pas faire et que l'on reproche souvent à l'amateur.

Mais, je ne suis ni photographe professionnel, ni un artiste; juste un amateur qui trouve du plaisir dans la photographie.

Mon appareil photo me sert essentiellement à "mettre en boîte" mes émotions

Je trouve une fontaine apaisante sous la lumière diffuse d'un feuillage, je l'enferme dans la boîte pour m'en rafraîchir quelques mois plus tard (et çà marche)

Je veux garder le sourire de mes petits enfants, je les mets en boîte et quelques mois plus tard je leur fais un câlin

En somme je suis une conserverie de mes émotions.

Au bout du bout, après avoir beaucoup décanté et filtré, mes images me servent de "madeleine de Proust"

Je n'ai pas envie, ni n'éprouve la nécessité d'avoir des projets en terme de construction intellectuelle d'une vision photographique; d'ailleurs je n'ai aucune vision photographique sauf celle de souhaiter que mes enfants en regardant mes photos diront "c'était Papa !"

Je limite ma notion de projet au matériel à utiliser, comme un pêcheur qui prépare ses lignes pour le brochet, la truite ou l'ablette.

Je photographie au fil de l'eau dans la cohérence de ce qui m'émeut profondément; ainsi je peux vouloir traduire un chant par l'image et je retrouverais l'émotion de ce chant dans l'image plusieurs années plus tard.et mes enfants sentiront monter une voix au travers de la photographie (cela ne marche pas à tous les coups bien sûr)

Mais, pour que l'émotion puisse se ressourcer dans le souvenir, voire être transmise à un tiers plus ou moins proche, il faut que la photographie soit une expression esthétique; comme en littérature où un poème exprime mieux l'émotion que des notes, sans harmonie,. griffonnées dans un calepin

Donc pour moi, la photographie c'est l'émotion retranscrite dans une harmonie.

D'une certaine façon cela fonctionne et ceci explique peut être ce temps de digestion entre l'émotion suscitée par le sujet et sa restitution harmonieuse quelques temps plus tard. En fait le temps qui s'écoule entre les deux périodes est le temps que j'appellerais le temps de la désillusion photographique.

PS je vais prendre ma retraite à 73 ans d'ici quelques semaines; mon projet maintenant sera de mettre en boîte toutes mes madeleines afin de les retrouver dans les futurs moments difficiles qu'annoncent l'âge; Ainsi, pour le photographe, le temps filera moins entre les doigts.


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Modifié 1 fois. Dernière modification le 01/05/22 23:58 par Pierre L.

Je vous souhaite une très heureuse retraite Pierre, pleine de photos.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 02/05/22 00:26 par bellegarde.

Bonjour Pierre et bienvenu dans la grande fraternité des " Poètographes". Elle regroupe les écrivants, les barbouilleurs et les photographes. Longue vie à nous!