Auriez-vous cadré comme le Père Gustave ?

Imaginons que vous soyiez en face d'un vénérable chêne-de-pâturage, le pied est bien installé hors des bouses de vaches, la mise au point est peaufinée à la loupe jusque dans les coins ; les décentrement (de préférence micrométriques) sont ajustés avec soin, mais auriez-vous cadré ce chêne comme le Père Gustave ?

Gustave Courbet (1819 - 1877), « le Chêne de Flagey » (1864)

Tableau visible en permanence au musée Courbet d'Ornans (FR-25)
http://www.musee-courbet.fr/?oeuvre=le-chene-de-flagey

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 05/08/24 20:11 par Emmanuel Bigler (modérateur).

Bonsoir,
Le sujet est d'avantage le tronc et son écorce que l'arbre en lui même. Courbet a sans doute voulu que l'on s'imagine à l'abri de cet arbre, ou en train de se reposer.
Le chien, à droite est dans les mêmes tonalités que les parties claires du tronc. La différence de taille entre les deux signale bien le gigantisme de l'arbre. Si le peintre avait cadré plus large, l'animal n'aurait plus été visible. Montrer l'un avec l'autre a du sens. C'est tout juste si l'on remarque le lapin, pas loin de l'ombre à gauche.

Sinon, pour cadrer l'arbre en entier il fallait renoncer au chien tout comme au lapin ou renoncer à ce qu'ils soient vu.

bonne soirée
Ludovic



Modifié 2 fois. Dernière modification le 26/07/24 18:29 par LB.

Emmanuel Bigler écrivait:
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> mais auriez-vous cadré ce chêne comme le Père Gustave ?

Sans doute pas, mais j'aurais peut-être tenté de faire une série, étant plus photographe du XXIe que peintre du XIXe.

Le chêne aux quatre saisons ...
[i.pinimg.com]
Notez que le feuillage semble pareil pour les trois premières.
La direction des ombres indique l'éclairage, c'est une lumière latérale identique; sauf en hiver, contre-jour de trois quarts.
[mag.bouts-du-monde.com]

Chevalet à décentrement limité?
:)

Pourquoi pas ? La composition triangulaire amène le regard à droite sur le groupe d'arbres au second plan puis indirectement sur le chien juste en dessous. Vers la gauche, elle conduit au village posé sur l'horizon. Bien que très imposant, le chêne n'accapare pas toute l'attention.

Cordialement ; Jean.

Philippe M écrivait:
-------------------------------------------------------
> Chevalet à décentrement limité?
> :)

Absolument, il est clair que nous sommes devant un décentrement mesurable ....

Merci de vos retours pour cette discussion d'esthétique !

Je signale que, malheureusment, cet arbre magnifique n'existe plus, il a été foudroyé « au milieu du XX^e siècle », selon cette source.
http://www.musee-courbet.fr/?oeuvre=le-chene-de-flagey

Les personnels du musée Courbet d'Ornans, qui est associé à un autre musée, la ferme Courbet de Flagey (village familial de Gustave Courbet, au-dessus d'Ornans), à force d'avoir à expliquer aux visiteurs demandant à voir le chêne du tableau, que celui-ci n'existe plus, ont fini par planter un chêne quelque part à Flagey pour que les gens venus de loin puissent faire une photo souvenir.

de Ludovic B.
Le sujet est d'avantage le tronc et son écorce

Je ne me prononce pas sur ce point, mais il est clair qu'on aurait pu cadrer l'arbre dans son entier.

Dans le genre tronc et écorce, je vous propose
le hêtre de pâturage de Chaffois (FR-25).
https://lesmotsdargent.wordpress.com/2019/10/19/hetre/

Cet arbre est, par contre, pratiquement impossible à prendre seul en entier.
Enfermé dans une sorte de bosquet, on ne voit (en été) qu'une masse de feuillage peu photogénique.
En revanche le tronc multiple de ce hêtre est splendide.
Dans l'arc jurassien franco-suisse, les hêtres de pâturage ont souvent des troncs multiples.

E.B.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 30/07/24 13:13 par Emmanuel Bigler (modérateur).

Je crois que je l’aurais cadré de la même façon .. ça m’est déjà arrivé sans avoir eu en têtes cette référence splendide. La partie haute manquante n’enlève rien à la compréhension du sujet , un arbre majestueux, immense . La mise en valeur du tronc me semble être le sujet .. mais chacun est toujours libre de répondre à la Q “ quel est le sujet .. merci pour le partage

Philippe M écrivait:
-------------------------------------------------------
> Chevalet à décentrement limité?
> :)

spirituel décentrement tendance surréaliste :)

[af.bibliotherapie.free.fr]

[www.christies.com]

et ainsi de suite
[www.google.com]
la belle captive



un autre plus terre à terre 21è siècle.

tout dépend de la profession réelle du photographe,
le Chinois ou l'Américain téléphone à son commercial et ses professionnels de scierie / abattage préférés,
après abattage, direction le port d'embarquement le plus proche.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 27/07/24 18:15 par danmrb.

Salut à tous,
Le mien est un peu déplumé, mais il est en Franche Comté également !

[flic.kr]

Même sans plume, il reste majestueux...

Quand je vois ce tableau me viennent
- La lassitude pour Courbet qui a le monumental grandiloquent.
- Une observation (de Vinci ?) qui fait remarquer que la taille cumulée des branches ne peut pas dépasser celle du tronc
- Une question historique : est-ce qu'à l'époque de Courbet il y avait quelque chose d'encore un peu révolutionnaire à faire venir la lumière par la droite ?
Quant au cadrage, il donne juste l'indication, par son centre, de l'intérêt n°1 de l'artiste, ici l'arbre, dans son enracinement (des branches au tronc, comme le tronc est enraciné lui aussi au sol, double enracinement donc).
Pour un déraciné obligé de vieillir en Suisse, ça se comprend.

Personnellement je ne l'aurais pas cadré à cette saison, préférant les couleurs automnales et les squelettes de l'hiver. J'aime les autres arbres dans le fond qui équilibrent cette grosse masse centrale. Sait-on si par hasard ce vénérable chêne de Flagey existe toujours ?

... Courbet qui a le monumental grandiloquent

Contrairement à certains tableaux de très grande dimension comme
« L'hallali du cerf » (355 x 505 cm), tableau monumental et grandiloquent visible à B'zançon,
Le « Chêne de Flagey » est de dimensions raisonnables : 89 x 111,5 cm


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Sait-on si par hasard ce vénérable chêne de Flagey existe toujours ?

Hélas, non.
Il fut, dit-on, détruit par la foudre (**) au milieu du XX^e siècle.
http://www.musee-courbet.fr/?oeuvre=le-chene-de-flagey


(**) Un coup de foudre sur l'étang ?

E.B.



Modifié 3 fois. Dernière modification le 30/07/24 13:14 par Emmanuel Bigler.

Bis voire ter repetita...



Modifié 1 fois. Dernière modification le 30/07/24 13:09 par bellegarde.

" mais auriez-vous cadré ce chêne comme le Père Gustave ?"
Difficile réponse, à la limite "plus serré juste le tronc" mais "plus large" difficile à dire car on ne connait pas le hors-champs du tableau, d'autant plus que cet arbre n'existe plus...
Mais il n'est pas impossible qu'un photographe de l'époque ai immortalisé cet arbre remarquable, en grand format bien sûr.

Pour 50€, on peut accrocher chez soi un autre cadrage d'arbre du même Gustave :
[arthive.com]

Charles

De Philippe T

Le mien est un peu déplumé, mais il est en Franche Comté également !

Merci du partage ! Un magnifique chêne qui donne envie de grimper dedans !
La présence de ce qui ressemble à un bouleau, sur la gauche, suggère-t-elle un sol granitique ou bien une « sagne » des hautes combes jurassiennes ?

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de CPB


...un autre cadrage d'arbre du même Gustave :

Intéressant ! Je ne connaissais pas ce tableau de 1868.
Y'a pas qu'en Franche-Comté qu'on aime les tableaux du père Gustave !
Ce qui est bien avec les oeuvres tombées dans le domaine public, c'est que non seulement on peut les copier sans limite, mais on peut aussi continuer à faire du pognon avec, un siècle et demi plus tard !

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Et pour continuer sur le cadrage d'un chêne de pâturage, je ne résiste pas au plaisir de partager ces images, un autre chêne de pâturage d'aujourd'hui, pas loin d'Ornans, près de Bonnevaux-le-Prieuré (FR-25).

E.B.

une pensée pour henri de gadeau de kerville :

[www.amazon.fr]

amateur de fond blanc, d'escabeau, de grand format quelques décennies avant Bern et Hilla.

cordialement

o7 philippe

ossette philippe écrivait:
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> une pensée pour henri de gadeau de kerville :
>
> [www.amazon.fr]
> lle-photographe/dp/2915548005
>
> amateur de fond blanc, d'escabeau, de grand format
> quelques décennies avant Bern et Hilla.


Merci pour la ref Philippe.
M.

Bonsoir,
Sol plutôt schisteux, piémont des Vosges au nord de Belfort, à deux pas du site du fameux festival des Eurockéennes !
Nous sommes au contact entre les granits vosgiens et les calcaires des collines pré-jurassiques...
Le village se nomme Evette-Salbert.
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Le mien est un peu déplumé, mais il est en Franche Comté également !

Merci du partage ! Un magnifique chêne qui donne envie de grimper dedans !
La présence de ce qui ressemble à un bouleau, sur la gauche, suggère-t-elle un sol granitique ou bien une « sagne » des hautes combes jurassiennes ?

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de Philippe T.
Le village se nomme

Merci de la précision !

Quelque chose me suggérait que cela pourrait être dans le nord de la Franche-Comté ;-)


Évette-Salbert !
Magie du cadrage photographique !
On se croirait perdu dans la nature sauvage de Franche-Comté, loin de toute zone urbaine :-)

Et loin de tout site de villégiature estivale très fréquenté ;-)

E.B.



Modifié 3 fois. Dernière modification le 05/08/24 13:35 par Emmanuel Bigler.

Belles photos Philippe.

Merci !

Merci pour ces contributions

un autre travail sur les arbres :

[mitchepstein.net]

cordialement

o7 philippe

un autre travail sur les arbres :

NYC, c'est bien ; mais Évette-Salbert, c'est plutôt pas mal pour les vacances (c'est moins loin de chez moi).

Du coup, je me suis commandé ce livre chez mon libraire-de-proximité.

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 05/08/24 20:45 par Emmanuel Bigler.

ossette philippe écrivait:
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> un autre travail sur les arbres :
>
> [mitchepstein.net]

Très beau, et pas seulement ce lien.
Merci M'sieur Ossette !

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Tu pleures, et personne ne remarque tes larmes...
Mais pète, juste pour voir !
(Anonyme)

Eternel débat ....Il me semble que pour un photographe il y ait deux orientations différentes :
- ou bien on se contente de photographier " plein pot " une arbre dit remarquable . Et on fait oeuvre de documentaliste ,auquel on demande un cadrage " professionnel " (il y a des manuels pour ça).
- ou bien on s'attache à le " personnalité " de l'individu ( tronc , branchage , feuillage ... ) , à son placement dans son environnement donc à son cadrage , et alors l'approche esthétique prime . L'on s'aperçoit vite que l'arbre en question peut ne pas être remarquable , même tout à fait ordinaire , mais le regard du photographe digne d'intérêt .



Modifié 1 fois. Dernière modification le 07/08/24 09:57 par jipel.