Balthus à la Galerie Gagosian

Au risque de me faire traîner dans la boue, voire pire, je vous conseille toutefois d’aller voir quelques peintures, dessins et Polaroid® préparatoires de Balthus à la Galerie Gagosian (4, rue de Ponthieu à Paris – Rond-point des Champs-Élysées, exposition jusqu’au 14 février 2015).
Ainsi, peut-être, certains comprendront ce qu’est une « bonne photographie ».

[www.gagosian.com]

Bonne info, merci.

TR

Ces polas ont été interdits d'exposition au musée Folkwang de Essen suite à la polémique lancée par Die Zeit qui parlait de "témoignages d'avidité pédophile" , il s'agit des photos de sa jeune voisine qui venait poser dans son atelier.
Je n'ai pas vu l'expo mais on peut en voir sur le net et dans la presse, c'est pas mal, on voit lœil du peintre, et son obsession du classicisme trempé dans le souffre.
Steidl publie un livre tiré à 1000 ex, 480 euros pièce, du mercantilisme bêtement snob, mais ça vaut peut être le coup d'œil, je ne sais pas :
[steidl.de]

Merci pour le lien.
Avec quelques superbes paysages romain, cette période est la plus envoûtante de Balthus du point de vue de la qualité de la peinture.
Pour le polaroid : c'est toujours très compliqué de se faire une opinion sur le fond des motivations du peintre à partir de documents qui, non transfigurés encore par la peinture, ne sont que des documents bruts de départ. On est toujours embarrassé par rapport à des documents pareils. C'est difficile d'en penser quoi que ce soit réellement. Il peut arriver qu'on garde soi-même des documents sans intérêt pour une construction ou un ensemble de couleur qui nous touchent vraiment, une affaire d'ambiance, de parenté étrange qu'on fera un jour servir, qu'on retrouvera par un autre biais ou une équivalence, dans une œuvre à venir. Le document n'est pas signifiant au pied de la lettre : ce qu'on voit nous-même est ce qu'on sait et peut, et veut voir ! J'ai toujours pensé qu'on serait extrêmement surpris d'habiter d'un coup la tête d'un autre : la hiérarchie des significations que chacun a dans l'examen du réel change en effet toute la construction, l'interprétation et le sens du Monde.
Qui a faim ne verrait que les poissons dans les harengs de Soutine...

Jolis *polaroids. Peintre excellent.
(*parce qu'aujourd'hui, on peut aimer, comprendre et utiliser consciemment, en "ligne artistique photographique", le flou, les ratés techniques, les à-cotés du sujet...).

Pour moi, ce sont des secrets de fonds de tiroirs, ou de placards, du matériel de travail n'ayant aucun autre intérêt que de capter (avec un outil simple) un instant (décisif), une lumière exceptionnelle, un souvenir iconique. C'est pour celui qui les a fait, faciliter son interprétation temporelle de peintre. Pour les petites filles de Balthus, le contexte moral, de notre société au XXIème siècle, en fait l'actualité.

Que des notes écrites, des croquis ou des "photographies" (ici, documents de reproduction) accompagnent en catalogue, (scrapbook), l'exposition d'un peintre, pourquoi pas, ça peut aider à remettre en contexte, comme certaines informations d'actualités, voire familiales, contemporaines aux créations picturales...

Mais ça n'en devient pas des œuvres d'art, non signées ni reconnues par leur auteur en son temps, hors autres créations commerciales du "Marché de l'Art" financier actuel.

> " Ainsi, peut-être, certains comprendront ce qu’est une « bonne photographie »."
Il n'y a là aucun argument qui explicite cette question difficile, de très longue date. L'évidence n'est pas preuve.
Un foisonnement de mots divers à varier, ne sera pas plus utile car non pris au sérieux en vue de réponses possibles. Voir sur forum GP, les questions contradictoires: "...bonne...mauvaise photographie..."

2015 impertinences et incertitudes... Respects.

Ces Polaroid® sont le reflet d’un travail préparatoire et c’est ainsi qu’ils sont livrés à la vue. Il n’est pas sûr que Balthus aurait souhaité les voir identifiés comme « œuvre à part entière » mais bien « faisant partie de l’œuvre », sans nul doute. Au même titre que ses recherches, ses dessins inachevés qui prennent part dans ses toiles, avec les nombreux repentirs qui s’en suivirent. (La démarche est différente chez Cy Twombly où la photographie est reconnue par lui comme aboutissement.) Mais même « incomplète », quel plaisir à regarder cette étude de boulot, cette lumière photographique assourdissante de sous-bois, cette adolescente nonchalante baignée aux rayons de soleil.

En ce qui concerne la valeur marchande de l’affaire, c’est entendu, nous ne sommes pas en visite dans un musée national mais dans une galerie privée (dont l’entrée est libre) et qui propose un accrochage de tout premier ordre… Ce que j’ai souhaité faire partager.

« J'ai toujours pensé qu'on serait extrêmement surpris d'habiter d'un coup la tête d'un autre : la hiérarchie des significations que chacun a dans l'examen du réel change en effet toute la construction, l'interprétation et le sens du Monde. »
De toute évidence ! Nos camera sont toutes les mêmes mais nous découpons avec notre culture…

« Qui a faim ne verrait que les poissons dans les harengs de Soutine... »
Ça, c’est moins sûr ! :-)))

À date d’aujourd’hui, je ne reviendrais pas sur le caractère humoristique de ma dernière phrase en tête de ce fil.