Nestor Burma écrivait:
-------------------------------------------------------
> Un vieux texte pour une actualité
>
> Bustamante renchérit (il faudrait tout citer de
> son texte inspiré, où l'on retrouve le souffle
> dix-neuviémiste et grandiose d'un Michelet ou
> d'un Renan) : «Oui, l'homme a besoin de
> conquérir des territoires, la femme trouve son
> territoire et elle y reste... Les femmes cherchent
> un homme, un homme veut toutes les femmes. La
> femme, dès qu'elle a trouvé son territoire, elle
> y reste... Les hommes sont toujours dans la
> recherche de territoires vierges.»
>
> [
www.liberation.fr]
> mmes-ca-cree-aussi_35765
Pour revenir à l'origine du fil :
Le modèle qui me semble fonctionner le mieux pour comprendre ces discours, leur origine et les choses en général est celui de l'opposition, après Nietzsche et d'autres ([
fr.wikipedia.org], entre les personnalités Apolliniennes et Dionysiaque.
Même si on peut considérer qu'on peut soi-même avoir ces moments alternativement dans sa propre vie, on rencontre souvent des comportements plus
- Apollinien : La personne tâche de se conforter au mieux à un modèle pris pour une perfection à laquelle se mesure la qualité de sa participation au Monde. Il s'agit de remplir au mieux une case.
- Dionysiaque : La personne exulte quand elle peut se libérer du modèle Appolinien, briser les règles et finalement redessiner la case.
Cette analyse marche bien pour les personnes mais elle marche bien aussi pour l'analyse des systèmes artistiques, qui ont leurs périodes : on pourrait dire que le système actuel de l'art contemporain en termine aujourd'hui avec une longue période dionysiaque où le seul talent reconnu était de renverser sans arrêt la table de jeu. Avant il y avait eu en Europe une longue période apollinienne d'accadémisme chapeauté par l'esprit de Rome.
On voit bien dans les guerres en cours que les grands moments d'interventions militaires qui soulèvent au départ l'enthousiasme des foules de crétins (passés au dionysiaque) débouchent sur des moments bien plus difficiles... administrer les régions soumises, calmer l'emportement passionnel et se mettre au travail, devenir apollinien pour durer est autrement compliqué et plus difficile lorsqu'on a goûté à la passion dionysiaque.
La coexistence entre les deux points de vue est véritablement une sorte de dépassement nécessaire auquel chaque individu, à un moment ou un autre, est confronté dans sa vie. Etablir le cadre qui nous convient le mieux est nécessaire. Maintenir ce cadre suffisamment de temps pour y travailler et produire est aussi une nécessité. Si ce cadre n'est pas maintenu assez longtemps pour que le travail et la surenchère de perfection puisse s'y établir, il n'y aura pas d'oeuvres faites, que des gestes sans conséquences, sans raffinement et sans valeur.
Au niveau de chaque artiste, ce cadre pourrait s'appeler le style. Il permet de travailler longtemps et de perfectionner sur une longue échelle sans suffoquer.
Si l'on suffoque trop vite, on casse le cadre très rapidement ; cela pourrait s'appeler faire des séries.
C'est pourquoi il semble important que n'importe quel style soit établi sur la présentation de modification de points de vue. Ce qui revient à une tentative de faire entrer le dionysiaque dans l'apollinien.
Une hypothèse : il y a chez Bustamante une insatisfaction du style, et une inquiétude de ne pouvoir à un moment connaître, en retour du dionysiaque, une quiétude apollinienne. D'où ces propos opposant Homme et Femme, cette dernière traditionnellement considérée comme Apollinienne, en bonne gardienne du foyer. Evidemment, maintenant que tout cela est déballé et qu'on est parti dans le débile, il n'y a pas de raison que cela s'arrête et cela va faire beaucoup de mots pour rien.