Jean-Philippe Astolf écrivait:
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> Dire que le net ne modifie pas notre façon de
> faire des images c’est oublier :
>
> - qu’il est pour beaucoup d’entre nous un
> support de connaissance incontournable, je lui
> doit une grande part de ma culture photographique
> que ce soit par la lecture de textes sur le sujet
> ou par la découverte de photographes qui m’ont
> influencés.
>
> - Qu’il est prétentieux de prétendre
> s’affranchir des phénomènes de mode ou des
> mouvements sociaux de tous ordres (le retour à
> certaines techniques anciennes peut être vu comme
> une réaction à la dématérialisation)
>
> - Qu’il privilégie un format paysage au
> détriment d’un format vertical (sans parler de
> l’imposition par certains médias sociaux du
> format carré). Si le choix du format n’est pas
> un choix esthétique qu’est-ce que c’est ?
>
> - Que la lumières y est diffusée et non
> réfléchie, avec toute les conséquences que ça
> a sur la perception visuelle (Luminance,
> contrastes, niveaux de gris…) et sur les choix
> de post production pour s’ajuster à ces
> contraintes.
>
> - Que dire du « ma » (intervalle du non-lieu)
> chère à la culture nipponne et à des
> photographes comme Ueda, comment un pixel activé
> peut-il rendre compte du rien ?
>
> - Que l’expérience artistique est une
> expérience totale, qui implique non seulement la
> vue mais tous les sens, qu’est-ce que nous
> maitrisons des conditions dans lesquelles nos
> images sont reçues ? (quel lecture sera fait de
> mes photographies dans les conditions d’une
> visualisation sur un écran de smartphone lors
> d’un trajet en métro…)
>
> - Qu’est ce qui passe et qu’est ce qui ne
> passe pas dans ce médium ?
> La texture, la matière, le format ça passe ? La
> seule chose qui passe c’est le scriptural (un
> contenu mis en forme dans une composition).
> Enlever à photographie HD la texture, la matière
> et le format, qu’est qui lui reste ? Le sens.
> Qu’est ce qui est important dans l’expérience
> artistique l’idolâtrie propre à l’objet ou
> le sens ?
>
> Le net impact sur la manière dont nous percevons
> les images, sur la manière dont nous les
> produisons, sur la manière dont nous les portons
> à la connaissance des autres.
>
> Voilà quelques pistes non exhaustives et
> limitées à l’image dans une pratique
> artistique.
> Il faudrait en faire autant sur les autres
> pratiques.
> Sauf à n’avoir pas le net il est difficile de
> soutenir que rien n’a changé dans le
> photojournalisme, que rien n’à changer pour
> ceux qui ont pu mener un projet photo grâce au
> financement participatif, que rien n’a changé
> pour ceux qui se forment via les tutoriels et
> autres forums, que rien n’a changé pour ceux
> qui se regroupent en communautés pour échanger
> et partager…
Internet c'est juste un moyen de faire circuler les images, le moyen est nouveau mais pas les images. Les outils de fabrication sont nouveaux mais le principe reste le même, entre une photo sous la forme de pixels ou de trame ou de tirage argentique l'intensité de l'expérience varie, mais pas le langage ni l'expérience qu'on en a. Avec ou sans internet et les outils du numérique, notre rapport au langage ne change pas, nous lisons une photographie toujours de la même façon, nous pouvons construire une photo comme un peintre réalise un tableau avec une facilité inédite, avec le même degré de complexité (sans la richesse de la texture picturale), mais cette façon de créer s'inscrit dans une tradition séculaire. Ce qui a changé c'est une démocratisation à l'accès et à la diffusion qui n'affecte pas la nature du médium.
Modifié 2 fois. Dernière modification le 08/10/15 18:53 par Zoran.