Bonjour à tous.
En co-voiturage Grand Est avec Philippe Ossette et Bernard Birsinger, nous avons eu vraiment beaucoup de mal à partir de Graçay et ne sommes rentrés à la maison que ce matin lundi 14/10.
On remercie évidemment les organisateurs galerie-photoïstes François et Erick et les organisateurs locaux, Sandrine et Rémi du musée photographique de Graçay. Sans oublier les collectivités territoriales, leur implication volontariste, leur soutien financier bien entendu, et les entreprises partenaires qui ont bien voulu accorder leur parrainage et leur confiance à ce congrès.
De même que Brigham Young, à la tête des familles mormonnes l'ayant suivi jusque dans l'Utah, dit solennellement à son peuple, tel le nouveau Moïse : « Voici l'Endroit » ; de même, lorsque nous eûmes trouvé sans même chercher (et sans payer quelque droit de place que ce soit) notre véhicule à une minute de marche de la salle polyvalente communale, du musée de la photographie et de l'office de tourisme-salle-d'exposition, « Voici l'Endroit », oui c'est l'évidence qui s'imposait à nous, pour le congrès de galerie-photo, Graçay, c'est un lieu idéal. Si on ajoute l'épicerie sur la place ; plusieurs cafés et même une église catholique-romaine à cinq minutes de marche de la salle des noces & banquets, pour ceux qui ne souhaitaient pas manquer l'office dominical, on aura compris ce goût de paradis dans un monde parfaitement réel et parfaitement sensible,
hic et nunc, qui nous a délicieusement accompagnés les 12 et 13 octobre 2013.
Chaque rencontre amicale galerie-photo (déjà 10 ans, Vienne chez Michel Guigue le 7 avril 2003) et chaque congrès galerie-photo depuis 2004 (Nîmes- 2004 ; Fontfroide-2006 ; Montreux-2007 ; Bourges-2008 ; Perpignan-2010) fut pour moi l'occasion de voir des images nouvelles et des matériels nouveaux, de rencontrer des photographes nouveaux, des amateurs, des professionnels passionnés.
Bien entendu ce congrès de Graçay 2013 n'a pas été une exception, mais en plus, pour moi, c'est celui des records. Record du nombre total de participants, record du nombre de participants qui ne proviennent pas du monde francophone et record de distance pour une étudiante chinoise en photographie qui vient du nord de la Chine.
J'ai vu pour la première fois de ma vie des daguerréotypes et des ambrotypes modernes, et pas seulement des pièces réalisés précédemment, mais des images prises pendant le congrès ! J'ai vu le cyanotype sur toile du record du monde de surface, et j'ai vu s'enregistrer un cyanotype de trois mètres sur cinq qui sera désormais au musée de Graçay !
Je ne sais pas si le record de durée pour un exposé de Jean-Claude Mougin fut battu ou non, mais comme il nous avait précisé sans détour, dans une solennelle mise au point liminaire, que ses ancêtres comtois n'étaient pas horlogers, on ne fut finalement guère surpris du déroulement de l'intervention qui suivit, dans laquelle la gestuelle du discours s'avéra totalement incompatible avec l'usage d'un micro de scène. Et c'est là qu'on s'est rendu compte, dans ce paradis visuel et photographique où nous étions, que l'acoustique de la salle des fêtes de Graçay est excellente ! Déjà, je vois les mauvaises langues persifler : l'acoustique, c'est évidemment important pour tous ces vieux messieurs devenant durs d'oreille qui constituaient probablement nonante-cinq pourcent de l'auditoire ! Point du tout ! Grossière erreur ! Les participants peuvent témoigner !
On remercie Camille Bonnefoi d'être venue avec deux de ses étudiantes, on devait attendre sagement son tour pour pouvoir discuter avec elles lors de la présentation de leur travail avec le public. Camille nous a exhortés de façon percutante à ne pas laisser nos images sous forme dématérialisée.
C'est vrai que lorsque ma Caisse d'Épargne m'a un jour annoncé, au siècle dernier, que mon carnet allait être
dématérialisé, j'ai d'abord cru à quelque technique de science-fiction permettant d'envoyer mon petit livret rouge sur alpha du Centaure via l'hyper-espace. Hélas ! Point de laser, point de vortex spatio-temporel ! Cette dématérialisation n'était qu'une modeste et bien terre-à-terre préfiguration des dématérialisations de documents en cascade que l'Hydre Numérique nous inflige chaque jour !
À Graçay, l'Hydre Numérique était à nos pieds, à notre service comme humble servante. Bien entendu sans elle, nous n'aurions pas pu voir le film documentaire sur l'atelier Fresson, qui termina magnifiquement cette première journée plutôt consacrée à la réflexion et à l'écoute. L'Hydre numérique s'était mise au service d'un métier d'art, le métier de l'atelier Fresson, métier exercé en famille depuis quatre génération.
On accorde en général aux films documentaire de la BBC les qualités d'être à la fois d'une très haute qualité dans la forme et dans le contenu, mais également d'être d'une très grande sobriété. Point de journaliste dans le champ, demandant, micro en main, comme à la télé française de 1955 : « Alors, M. Michu, expliquez-nous ce que vous êtes en train de faire ». Point de cela dans le film sur l'atelier Fresson, bien entendu pas de vidéaste dans le champ, mais pas une seule voix-off ; le déroulement du film est simplement ponctué d'inter-titres d'une sobriété exemplaire. Bon, on aura compris mon enthousiasme pour ce travail et cette projection ; je n'insiste pas, et je laisse à nos lecteurs qui n'ont pas pu être présents à Graçay le soin de se procurer le film en question s'ils veulent le voir.
Le dimanche matin était consacré aux ateliers-démonstrations et à l'exposition des travaux de chacune et chacun, avec possibilité de discuter directement avec les exposants.
Que dire ?
Pour les ateliers-démos, c'est un peu comme si une demi-douzaine d'ateliers Fresson tournaient devant nous ... impossible à décrire, une ruche, un festival permanent ...
Dans son intervention du samedi matin, en introduction à la notion de procédés alternatifs, Jean-Paul Gandolfo avait lancé une phrase dont je n'avais pas pris suffisamment la mesure, il nous avait parlé de
gestuelle et même dit qu'il était le dernier professeur de gymnastique de l'ENSLL. Le dimanche matin nous a montré directement ce qu'il voulait dire. Réduits par l'Hydre Numérique au pianotage (du moins pour les vieux qui utilisent encore des consoles 80 colonnes et des commandes-ligne), des clics-gauches avec l'index droit (pour les droitiers), gestes déjà rendus obsolètes et remplacées par le moderne papouillage des écrans tactiles interactifs ; oui, le dimanche matin, à Graçay, la gestuelle était omniprésente !
Parmi les records de ce congrès, impossible de passer sous silence le record de modèles d'appareils à sténopé présentés par Marie-Noëlle ; d'abord virtuellement le samedi après midi, puis bien réellement le dimanche matin. Marie-Noëlle a placé la barre tellement haut dans cette bio-diversité sténopique, qu'on se demande, la prochaine fois, quelle nouvelle pièce elle pourra nous montrer pour nous épater encore plus !!
Impossible de décrire toutes les belles images, les beaux papiers, .. une variété de thèmes, de matières ... et de couleurs ; ah, les gommes couleur de Mustapha, presque trop parfaites et donc potentiellement moins intéressantes, dit-il modestement après avoir détaillé les douze couches successives de ses gommes colorées ... ah les élégants papiers salés avec des superbes fougères déssinées par la lumière, par contact ; le raffinement des formes végétales inscrites photographiquement au sens etymologique du terme sur différents supports ... et les grands platines/ palladiums ... et les images sur supports divers et variés ... et les dégauerréoypes ... il aurait fallu une journée de plus, évidemment.
L'après midi du dimanche, une très belle éclaircie fournit la lumière nécessaire à enregistrer un cyanotype sur toile, dehors, devant l'office du tourisme. Sandrine accepta d'être le sujet principal de cette image par contact, et une bonne vingtaine de congressistes posèrent leurs mains tout autour, pendant ... un certain temps comme dans le sketch de Fernand Raynaud. J'eus l'honneur d'être désigné d'office comme chronométreur officiel, notez sur vos tablettes que c'est un excellent mouvement automatique 2824-2 à 0% de quartz, 0% de silicium et 100% d'énergie-d'huile-de-coude qui détermina le temps de pose avec une précision qui ne pouvait être autrement qu'hélvétique. Bien entendu la surface sensible fut développée sur le champ ... donc si vous voulez la voir, eh bien passez au musée à Graçay !!
Dans la foulée, avant que le Grand Ouest ne nous renvoie ses nuages et ses gouttes d'eau, une photo de groupe fut prise, évidemment à la chambre, devant le musée.
Il aurait fallu partir vite pour ne pas rentrer trop tard à la maison ... c'est là qu'on se rendait compte qu'on n'avait pas eu le temps de rencontrer untel ou untel, ceux qu'on connaissant déjà, et surtout ceux qu'on ne connaissait pas encore, et qu'on n'avait pas eu le temps de voir pendant ces 2 jours ...
Vivement la suite, sous forme de rencontres amicales à la journée ou de stages sur 2 jours !!
E.B.