galerie-photo / Nouveautés de mars 2017

Au sommaire de mars 2017 sur [www.galerie-photo.com]

Spécial photographie et peinture :

Laetitia Molenaar et Richard Tuschman : Photographie d'après Edward Hopper

Laura Hofstadter : photographie et peinture

Annie Leibovitz : photographie et peinture

Bonne lecture.

Ces articles sont intéressants.
La décalque photographique de la peinture est un exercice compliqué ... surtout quand la démarche se veut exacte. Laetitia Molenaar est tombée dans le piège du style photographique de la peinture de Hopper. La restitution des perspectives n'est pas exacte chez le peintre, A summer evening d'E. Hopper montre une maison dont la façade n'est pas perpendiculaire au pignon, contrairement à la maquette de Molenaar. La question du style est également très problématique, le soucis d'exactitude plombe les images, on voit effectivement l'aspect appliqué de ces auteurs, leur approche technique laborieuse mais ça ne décole pas. Comme souvent dans ce type de configuration, le travail de la pose reste théâtral et forcé, ou complètement défait comme la femme de Morning Sun de Richard Tuschman dont le corps est presque avachi, quand celui du personnage de Hopper est tendu.
Peut être vaut-il mieux retenir certains aspects de la peinture comme la pose, le type de situation, la lumière plutôt que de tenter de livrer des reconstructions "exactes" avec des trous (perspectives mécaniques, poses bâclées) qui font de la photographie une pâle copie de la peinture. L'image photographique apparaît comme une addition d'éléments travaillés séparément (le décor, la lumière, la couleur, le stylisme) qui ne prennent pas entre eux, quand la peinture est une totalité de fragments qui se tient en une image.
On aurait sans doute un autre regard sur ces photographies s'il n'y avait pas les images picturales pour nous rappeler cruellement là où ces photographes ont échoués.
La photographie d'inspiration picturale comme le portrait de Westwood par Leibowitz fonctionne beaucoup mieux, la pose est aussi beaucoup plus réussie contraiment aux personnages congelés de Molenar et ceux approximatifs de Tuschman.
En réalité les photographes qui s'en sortent le mieux dans ce genre d'exercice sont ceux qui copient la peinture comme certains grands peintres ont copiés les tableaux de maîtres, avec un amour respectueux ... et libre !

Difficile d'éluder le caractère comique des pastiches de Laura Hofstadter, en jetant un œil sur son site le Fifre de Manet en est une bonne illustration, contrairement au tableau son personnage regarde frontalement le spectateur sur un fond très retour de chez Castorama, quand le personnage de Manet, les yeux absents tournés vers la droite, est représenté sur un fond abstrait. Dans l'ensemble Laura Hofstadter adresse dans sa série un "Coucou, c'est moi !" gentiment rigolo.

Hofstadter : [laurahofstadter.com]
Manet : [upload.wikimedia.org]

La buveuse d'absinthe dans le registre du grotesque
Hofstadter : [laurahofstadter.com]
Picasso : [saint-petersbourg.org]

Et le bouquet, le Cri de Munch (qui doit crier, lui aussi, de là où il est)
[laurahofstadter.com]

Elle a sans doute plus d'humour que ses explications ne le laisse entendre, enfin c'est le bien qu'on lui souhaite ... !



Modifié 2 fois. Dernière modification le 28/02/17 20:38 par Zoran.

Bonjour à tous,

J'ajouterai qu'il y a aussi peut être quelque chose à aller voir du côté de la réalisation de ces oeuvres. Le numérique rapproche aussi la photographie de la peinture du point de vue de la production.

La temporalité de la production de l'oeuvre qui n'est pas sans lien avec celle de la peinture.

L'outil numérique disponible permet de parfaire la tonalité par le travail par couche, comme en peinture. Certes ce n'est pas le même travail sur la vibration et la touche dont parle Henry mais il y a des points communs qui sont plus présents avec la photographie numérique que cela ne l'était avec la photographie couleur analogique.

Ce serait interessant de voir la production à l'ordi chez ces photographes.

Romain

<<L'outil numérique disponible permet de parfaire la tonalité par le travail par couche, comme en peinture. Certes ce n'est pas le même travail sur la vibration et la touche dont parle Henry mais il y a des points communs qui sont plus présents avec la photographie numérique que cela ne l'était avec la photographie couleur analogique.<<

Les couches du numériques ne sont que les copies des couches analogiques qui existent depuis que l'imprimerie existe, reprises en photogravure, et en photographie et en particulier dans tous les procédés que l'on nomme alternatifs aujourd'hui.
Le numérique n'a rien inventé de ce côté là, c'est juste plus rapide et moins cher, le lien avec la peinture semble assez étroit.

Bonjour à tous,

Vous m'avez mal lu.

Je ne parle pas d'invention et je ne parle pas d'imprimerie mais de photographie couleur analogique en comparaison.

Bonne journée à tous

Romain

<<Je ne parle pas d'invention et je ne parle pas d'imprimerie mais de photographie couleur analogique en comparaison.

<<L'outil numérique disponible permet de parfaire la tonalité par le travail par couche, comme en peinture.

<<mais il y a des points communs qui sont plus présents avec la photographie numérique que cela ne l'était avec la photographie couleur analogique.

Et bien c'est non, toutes les possibilités du traitement numérique viennent d'imitation des traitements analogiques
En capture comme en restitution, seul le codage est nouveau, donc si votre propos ne concerne pas le codage, vous faites fausse route.

Chevreul en est le principal découvreur, l'inventeur, et tout le monde (peinture, photographie, imprimerie, photogravure, tous les procédés alternatifs sans exception, et cela dès le XIXème siècle) monte dans le même train, et le numérique n'arrive que dans le dernier wagon, donc pas de relation intime entre numérique et peinture.

Bonjour à tous,

Oui c'est le point de vue de pas mal d'auteurs ou commentateurs de dire que "les possibilités du traitement du numérique imitent le traitement analogique".

Ce point de vue est uniquement défendable (et encore) lorsqu'on s'intéresse au résultat.
Par contre lorsque l'on regarde à ce qui est fait: il n'y aucune imitation. Le corps, l'espace, les gestes, les outils, les odeurs, le coût, la stratification des étapes de travail, la chaine de collaborateurs, la temporalité ne sont pas imitées.

D'un coup, on réalise à quel point ce réductionnisme oublie et passe à la trappe tout un pan de ce qui constitue le travail du photographe.

Bonne journée à tous

Romain



Modifié 3 fois. Dernière modification le 01/03/17 22:26 par romain.

romain écrivait:
-------------------------------------------------------
> Bonjour à tous,
>
> Oui c'est le point de vue de pas mal d'auteurs ou
> commentateurs de dire que les possibilités du
> traitement du numérique imite le traitement
> analogique.
>
> Ce point de vue est uniquement défendable (et
> encore) lorsqu'on s'intéresse au résultat.
> Par contre lorsque l'on regarde à ce qui est fait
> il n'y aucune imitation. Le corps, l'espace, les
> odeurs, le cout, la stratification des étapes de
> travail, la chaine de collaborateurs, la
> temporalité ne sont pas imitées.
>
> D'un coup on réalise à quel point ce
> réductionnisme oublie et passe à la trappe tout
> un pan de ce qui constitue le travail du
> photographe.
>
> Bonne journée à tous
>
> Romain

Ok, alors l'heure qu'affiche une montre "digitale" n'imite ni l'horloge analogique, celle du XVIIIème siècle, ni la Clepsydre du monde antique, pas plus que l'horloge que l'astrophysique nous propose.

C'est bon, je vous laisse à vos chimères, mais si le numérique est différent, pourquoi reprendre un vieux vocabulaire has been ?!?

Bonjour à tous,

Il ne me semble pas avoir parlé non plus d'horlogerie.

Répondre à ma question sur la photographie par une autre... sur l'horlogerie .... euh... je vais laisser Emmanuel répondre sur ce point. Peut être parviendra-t-il à m'expliquer, sans s'étouffer, en quoi la fabrication d'une horloge numérique imite la fabrication d'une horloge " du XVIIIème siècle, ni la Clepsydre du monde antique" ?

Vous m'avez encore mal lu, je n'ai pas parlé de vocabulaire has been non plus. Si vous êtes plus explicite peut être pourrais-je saisir à quoi vous faites allusion et éventuellement vous répondre.

Bonne journée à tous

Romain

<<Ce point de vue est uniquement défendable (et encore) lorsqu'on s'intéresse au résultat.
Par contre lorsque l'on regarde à ce qui est fait: il n'y aucune imitation. Le corps, l'espace, les gestes, les outils, les odeurs, le coût, la stratification des étapes de travail, la chaine de collaborateurs, la temporalité ne sont pas imitées.<<

<<L'outil numérique disponible permet de parfaire la tonalité par le travail par couche, comme en peinture.

<<mais il y a des points communs qui sont plus présents avec la photographie numérique que cela ne l'était avec la photographie couleur analogique.

Très incohérent,
C'est tout ce je vois dans ce fatras

Zoran écrivait:
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> Elle a sans doute plus d'humour que ses
> explications ne le laisse entendre, enfin c'est le
> bien qu'on lui souhaite ... !

C'est la piste que je retiendrais, l'humour

Bonjour à tous,

En mettant bout à bout des réponses à des questions différentes, c'est heureusement incohérent. L'inverse aurait montré que quelque soit vos propos et de quelques manières ils diffèrent, je répondrais toujours la même chose : dans ce cas c'est un monologue.

Néanmoins cela ne veut pas dire qu'en essayant de répondre à vos rebonds d'horloger, de has been, d'imprimerie je parvienne à établir un dialogue !

Je suis complètement d'accord avec vous sur ce point l'humour doit être un fil rouge. Bien mieux que les aboiements.

Bonne journée à tous

Romain

<<Néanmoins cela ne veut pas dire qu'en essayant de répondre à vos rebonds d'horloger, de has been, d'imprimerie je parvienne à établir un dialogue !<<

un Décalogue sera nécessaire

C'est vrai que la photo qui imite la peinture des maîtres anciens, ça peut être fait avec beaucoup d'humour.
(source de ces images : http://www.fabrisphoto.com/)

E.B.

Emmanuel Bigler écrivait:
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> C'est
> vrai que la photo qui imite la peinture des
> maîtres anciens, ça peut être fait avec
> beaucoup d'humour.
> (source de ces images :
> http://www.fabris
> photo.com/)

Très drôle, en particulier ses natures mortes et ses portraits, vraiment réussis.
Dans un autre registre, il y a quelques temps j'ai pu voir ce travail de Ian Wallace directement inspiré de L'appel de St Mathieu du Caravage. La scène est recomposée par collages successifs, l'image est nette du premier au dernier plan avec un grain très présent. On ne voit les raccords qu'en s'approchant. Ian Wallace, The Calling 1977 :
[catrionajeffries.com]
A mon avis c'est un exemple très convainquant de ce que la photographie peut donner dans ce type d'exercice sans se perdre dans la picturalité vague des Molenar & Tuschman.