24/25 juin rencontre GF autour de l'expo Walker Evans à Beaubourg
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24/25 juin rencontre GF autour de l'expo Walker Evans à Beaubourg

Envoyé par ossette philippe 
Re: 24/25 juin rencontre GF autour de l'expo Walker Evans à Beaubourg
lundi 26 juin 2017 11:58:59
Une exposition à voir, d'abord parce que Walker Evans, c’est Walker Evans, et qu’il est intéressant de comprendre sa place et sa contribution dans l’histoire de la photographie américaine.

Comme le dit Emmanuel, éclairage parfait, muséographie agréable, même si cette rétrospective n’échappe pas à cette tendance -commune aux expositions de peinture- à la profusion des œuvres, au détriment d’une sélection plus affirmée, qui à mon sens légitime davantage le propos d’une exposition et le sens d’un Commissariat.

Surtout lorsqu’il s’agit de vernaculaire.

Parlons -en donc, de ce vernaculaire, dont il nous est, à longueur de chapitre, rebattu effectivement les oreilles dans les commentaires, ce qui nous donne des appréciations du style suivant, et dont on jugera de la perspicacité :

« Walker Evans, en bon fils de publicitaire, sensible aux associations de couleur, a documenté les devantures des magasins qui le fascinaient. »

Je n’aurais jamais pensé que le travail en N&B était une excellente idée pour rendre justice aux talents coloristes desdits commerçants ; sans doute notre bon commissaire s’est imaginé que chaque visiteur avait en tête la courbe de réponse chromatique de la pellicule d’Evans et pouvait ainsi reconstituer la scène dans son instant de vérité ; la trichromie monochrome était née.

A longueur de murs, cette justification monotone dérange parce qu’elle transcrit en filigrane une vision réductrice que le commissariat semble porter sur ce photographe.

Personnellement je trouverais plus judicieux un parallèle entre les travaux des paysagistes et WE, pour montrer les préoccupations communes des photographes – comme des peintres - américains de cette époque à documenter leur pays pour mieux s’appréhender en tant que jeune nation.

Certes, ce parallèle s’inscrirait difficilement dans une rétrospective, mais il pourrait nous affranchir de ce discours un peu affligeant.

Voilà pour les choses un peu fâcheuses.

Comme le dit Emmanuel, la série sur les métayers, par l’intensité de ses portraits, écrase vraiment le reste, un peu victime, malgré la perfection technique des tirages, de sur- représentation et de ce discours ambiant.

Il faut souligner ensuite ce magnifique dispositif organisé autour de la célébrissime Allie : tout d’abord une mise en regard de deux portraits , pris durant la même et unique séance : celui retenu par les deux photographes dans leur célèbre ouvrage, avec l’expression qu’on lui connaît, et celui retenu par la FSA, où elle esquisse un infime sourire... choix politique ou vision optimiste des commanditaires ?

Cette présentation de deux portraits est complétée par son interview , quelques décennies plus tard, une archive sonore vraiment très émouvante - comment ne pas repenser aux raisins de Steinbeck - qui, par sa description minutieuse du déroulé de la mission, pose de manière totalement inattendue des questions comme la distanciation du photographe à son sujet, ou l’impact de la large diffusion de ces photos sur leurs acteurs (le ressenti amer de ses enfants devant ce qu’ils ont ressenti comme une perte de dignité), la gloire et l’argent pour les deux photographes,….

C’est extrêmement réussi, et j’encourage les visiteurs à rester, entre ses deux portraits, écouter cette femme, pendant ces trente minutes. C’est vraiment fort.

On verra aussi avec profit l’interview de WE à la fin de l’expo, éreintant, de sa voix défoncée par les innombrables cigarettes, ce pauvre Stieglitz, pour avoir obtenu la reconnaissance de la photographie en tant qu’art , un piège dans lequel seraient selon lui tombés tous les autres photographes, et qu’il considère avoir évité.

Il faut donc, vous l’avez compris, aller voir cette exposition.

Et je vous encourage aussi à enchaîner avec David Hockney, qui requestionne frontalement la nécessité de la perspective, cette obsession occidentale depuis la Renaissance, avec sa superbe série californienne, l’explosion de couleur avec des choses complètement hors gamut pour nous, pauvres photographes, une série de couples où les ressorts psychologiques font écho à la peinture de Hopper, des assemblages de photos qui questionnent la vision humaine et son unicité de point de vue, bref, une démarche érudite jubilatoire..

Marc
Re: 24/25 juin rencontre GF autour de l'expo Walker Evans à Beaubourg
lundi 26 juin 2017 21:59:07
Re: 24/25 juin rencontre GF autour de l'expo Walker Evans à Beaubourg
jeudi 29 juin 2017 09:54:54
Hello,

Presque tout comme Marc. Presque parce que je ne suis pas assez fin pour faire les mêmes analyses que lui et, que je ne suis pas d'accord sur un point.

Evans

L'éclairage était effectivement "sensass". Mais la logique de l'installation m'a parfois échappé. On trouvait des images que deux ou trois décennies séparaient sans pour autant comprendre immédiatement le lien entre-elles. Un vrai reproche, on ne savait pas si les tirages étaient ou pas d'origine.

Son travail pour la FSA est effectivement bien mis en valeur et la série très belle. Presque vivante. Mais réduire Walker à ça, c'est manquer beaucoup de choses. J'ai été particulièrement touché par les mineurs de Cuba qui avaient une vie dans leurs regards.

Dans les séries de portraits, il y en avait deux faites dans des conditions différentes. La première, presque "au détour d'un bois" ; où le photographe apparaissait brusquement aux yeux des portraiturés. Cela leur fait exprimer une surprise qui n'est pas, à mon avis, très agréable à regarder. Impressions de lapins pris dans les phare de l'auto.

La deuxième, faite "incognito" dans les rames de métro (l'appareil était caché) au contraire était, toujours pour moi, complètement différente. On y voyait des visages qui n'étaient pas composés, ou influencés par la caméra. J'avais l'impression de pouvoir lire leurs pensées.

Il y avait aussi les outils, chers à Mr O7, très proprement réalisés. Les petites "chapelles blanches" (sauf pour celle réservée aux noirs qui n'était pas peinte) qui étaient prises frontalement de manière très académique. Ces séries étaient étayées par celles consacrées à la société de consommation.

Façades de boutiques, affiches publicitaires, cimetières de voitures (c'est un des cas où la "non-chronologie" de l'accrochage perturbe un peu : je pensais au début que ces carcasses de Ford T avaient été prises dans les années 30, mais en fait elles dataient des années 60 ce qui rendait la série plus "normale" : ce qui aurait marqué aurait été de voir la société de consommation qui moins de 10 ans après les avoir produites envoyait à la casse ses autos).

Il y a en effet dans cet ensemble une volonté de documenter la société dans laquelle il vit. Exactement comme ses confrères de l'époque. A la nuance près que plutôt de publier dans "Camera Work", il publie dans "Fortune" dont on voit maints exemples. Il y a notamment cette image avec des dames "photographes de plage" qui proposaient au touristes de faire des portraits en compagnie de pélicans ou au volant d'un canot moteur en carton pâte. Le vent soulevant les jupes & jupons de la dame.

Là, où je ne suis pas tout à fait d'accord avec Marc, c'est dans son discours digne des meilleurs insoumis de notre assemblée. Rejetant Stieglitz et ses copains en vrac parce qu'ils ont voulu "faire du beau". Comme si la beauté de l'image était le principal et son caractère documentaire l'accessoire.

J'ai l'impression qu'il s'agit là d'une posture. Il n'a pas pu rentrer dans le groupe Camera Work ; alors il le dénigre. Du Merluche avant l'heure : discours socialisant mais plein de pognon dans les fouilles (c'est dit pour son travail FSA : les retombées pour les fermiers égales au néant et la fortune pour lui). Surtout, qu'au final, on regarde ses images aussi et parfois principalement parce qu'elles sont belles.

Bien évidemment, cette analyse pleine de finesse et toute en diplomatie n'appartient qu'à moi...

Tout comme Marc, j'ai trouvé qu'un certain nombre d'images n'avait pas sa place. Dans les polaroïds, des choses dont on ne perçoit pas immédiatement l'intérêt (ni à la seconde lecture d'ailleurs). Mais bon, peut-être que dans toute cette variété il y a des gens qui au contraire les trouvent fascinants. Ou que c'était aussi là un des pans de la société de consommation américaine.

Hockney

Je ne connaissais pas. J'avais bien sûr vu les piscines et un court reportage au journal parlé. Cette rétrospective est aussi très riche. J'ai eu du mal à accrocher au début (lire je regardais les images d'un air ennuyé mais au demeurant poli). Mais, plus on avance dans l'expo, meilleures sont les surprises.

Faut dire, que sans rien connaître de l'homme, on comprend assez vite qu'on ne verra pas beaucoup de portraits de dames lascives et nues. Que passées les gravures et dessins de presse (qui ressemblent à des "inner jokes" incompréhensibles du visiteur moyen), on va voir de la couleur.

Les piscines californiennes sont là. Avec de grands aplats sur les murs et les ciels, mais un gros travail sur l'eau. Les grandes toiles de portraits sont souvent surprenantes. Sur la même peinture deux personnages. Un, central, peint avec précision et force détails. L'autre, sur le côté et un peu en retrait, peint de façon plus naïve ou enfantine.
Ou encore, de ces deux hommes d'age mur que l'on retrouve plus tard pris en photo qui semblent former un couple stable il émane une sensation de sérénité tranquille.
Malgré l'emploi de couleurs saturées et vives.

Il y avait aussi un portrait d'Andy Warol assis, presque allongé avec ses jambes étendues et son air de dandy. J'ai trouvé ce portrait réalisé apparemment aux crayons de couleur touchant de vérité.

A propose de couleur, on allait avancer vers des choses de plus en plus osées. Fin des portraits. Les paysages de son Angleterre arrivent. Impression de Velvia avec le curseur saturation dans le coin. On a bien sur un peu de mal à croire que le Yorkshire puisse être aussi lumineux. Mais on se laisse facilement porter. Même chose avec le Grand Canyon dans lequel on ne trouve que des oranges et des rouges. Flamboyants.

On termine l'exposition sur une œuvre géante. De retour dans le Yorkshire où les arbres deviennent violets. Dans géante il faut lire plus de 10 mètres de large sur 3 ou 4 de haut.

Deux autres types de travaux attirent l'attention. Du dessin "électronique" fait à la tablette graphique ou sur un iPad, qui m'ont laissé plus insensible et une large utilisation des "Pola".

Dans une piscine, un nageur des vagues. L'image est composée d'une cinquantaine de polaroids collés. Cela interroge sur la technique employée puisque chaque image individuelles représente une petite surface. Longue focale ? Pola de photo ? Va savoir. En tous cas le résultat est très plaisant à voir.

After

Voilà, avec Thibault, Marc, Dominique et Emmanuel nous avons quitté Beaubourg et traversé la "Fierté en Marche" pour dîner dans le Marais. Comme il se doit, nous avons combiné la sortie culturelle avec la convivialité.

Le lendemain matin nous avons retrouvé Jean Philippe, Alain, Jacky et d'autres* pour une promenade photo sur les quais de seine où les Rolleiflex étaient de sortie.

Avant, comme il se doit, de prendre un déjeuner bien mérité dans un petit restaurant italien qui ne sert même pas de pizza. Là aussi, les échanges furent vifs rieurs et chaleureux.

On a remisé les gens de l'est et du nord dans leurs gares respectives. Ils sont bien rentrés.

En bref, une excellente rencontre GP.

J

* Ces autres étaient issus d'un forum voisin : Sumilux. Les gens qui nous croisaient dans notre promenade croyaient qu'on rejouait la bataille de 50 ans en arrière entre Leica & Rolleiflex... Inutile de le préciser, mais... on sait qui qu'a gagné. Ceux qui sont dans la charte de GP !



Modifié 9 fois. Dernière modification le 29/06/17 10:08 par Ventdesable.
Re: 24/25 juin rencontre GF autour de l'expo Walker Evans à Beaubourg
dimanche 9 juillet 2017 15:03:39
On a remisé les gens de l'est et du nord

Il va falloir s'habituer aux nouvelles dénominations !
avant / après


P.S. mes images de ces journées mémorables sont encore latentes, bien qu'elles existent bel et bien dans le monde réel grâce l'effet photo-électrique. Patience !

la « réalité » n’existe pas tant que nous ne la mesurons pas


E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 09/07/17 15:06 par Emmanuel Bigler.
Re: 24/25 juin rencontre GF autour de l'expo Walker Evans à Beaubourg
jeudi 27 juillet 2017 18:04:58
Et voici des images des cette recontre amicale autour de Walker Evans ! (Paris, France, les 24 et 25 /06/2017)

L'expo Walker Evans chez Pompidou-Beaubourg finit le 14/8/2017 prochain ! Il vous reste 2 semaines !


Chez Pompidou-Beaubourg, il y a des adorateurs du tire-bouchon.

« Monte là d'ssus, et du verras Montmartre »

L'escalier roulant des célébrités : le reporter de « Match » était là pour nous.

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Le dimanche 25/6, le rendez-vous était au port de l'Arsenal, à côté de la Bastille.

Naïvement, je pensais que près de la Bastille, il n'y avait que des troquets et des guinguettes pour guincher au son de l'accordéon.

Un lieu très Zen.

Et dire que sous ces arcades, il y avait chez Dethy et ses montagnes de chaussures de ski !

L'homme du Boulevard méritait bien une photo.

Avant d'accéder au lieu de rendez-vous, j'ai vérifié que la photo n'y était pas interdite.

Une rencontre oecuménique GP-Summilux !

Le premier Rollei est prêt à fonctionner.

Alain B. examine avec attention un Rollei d'avant guerre, qui fonctionne parfaitement.

Et dire que je suis passé des centaines de fois à la Bastille, sans jamais descendre vers le bassin ! (grâce à GP, on en apprend tous les jours)

Pour accueillir dignement la rencontre GP-Summilux, la mairie de Paris avait fait les choses bien.

Notre-Dame veille aussi sur nous.

Zéro bagnole, mais qu'est-ce que c'est bien !

Stratification

Confrontation de Rolleis devant Notre Dame.

« Ch'tassure, le ch'nord, c'est par là ! »

Je n'étais pas le seul à faire des photos.

Les Rolleiphiles ont toujours la tête penchée : soit au-dessus du viseur, soit au-dessus des indications du posemètre à main, soit au-dessus de leur téléphone portable.

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 27/07/17 18:37 par Emmanuel Bigler.
Re: 24/25 juin rencontre GF autour de l'expo Walker Evans à Beaubourg
jeudi 27 juillet 2017 20:34:54
Merci Emmanuel pour cette nouvelle promenade.

Pour un gars qu'aime pas flikr...

Je tiens à signaler à la gente féminine que quelques séances d'ergomètre ont depuis lors eu raison de mon petit bourrelet.

J
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