Après avoir lu tardivement l'article sur le portrait de groupe, pas mal de questions surgissent.
Tout d'abord la difficulté du point de vue du lecteur de définir le portrait de groupe par la négative, les "trois ennemis à réduire", rend la tâche un peu ardue.
1/L’illisibilité de l’environnement du groupe. Si le groupe n’apparait pas comme isolé au sein d’un environnement, il n’apparaît pas comme groupe, mais comme simple foule.
2/L’illisibilité des membres du groupe : On rencontre cette illisibilité dans le cas où l’on ne peut pas opposer chaque individu au groupe, lorsque les individus ne sont pas un par un discernables sur l'image. L’impossibilité de discerner individuellement les membres du groupe supprime un gros intérêt à l’observation du groupe.
3/L’illisibilité structurelle du groupe. Un groupe dont on ne comprend pas le facteur de regroupement, le trait commun à ses membres, est plus difficile à opposer à l’environnement et à l'individu.J'ai confronté ces trois conceptions aux tableaux de groupe, et en premier lieu à la peinture hollandaise du XVI et XVIIe, modèle du genre.
Le premier "ennemi" n'existe pas face à quantité de tableau , on peut citer la Ronde de Nuit de Rembrandt et nombre de portraits de compagnies et de guildes dont "Le Portrait de Compagnie" de Cornelis Cornelisz van Haarlem. Dans ces deux exemples et on pourrait en citer une multitude, le groupe n’apparait pas comme isolé au sein d’un environnement, celui ci est soit difficilement identifiable (La Ronde) ou quasi inexistant (Le Portrait de Compagnie) masqué par les personnages qui saturent l'espace, d'autre part ces groupes ne sont pas isolés au sein des compositions mais représentés bords cadres.
Le deuxième "ennemi" en revanche est vaincu dans tous les cas, la représentation lisible des individus est respectée : chacun est reconnaissable.
Le troisième "ennemi" est le plus ambigu. La lisibilité structurelle est recherchée dans tous les cas et constitutive du portrait de groupe, mais l'opposition à "l'environnement" est plus difficile à cerner : les peintres hollandais ont à leur façon opposé le groupe à son environnement mais en minorant ce dernier, et non en faisant en sorte qu'il détache le groupe dans la composition.
Je ne vais pas passer en revue tous les exemples, d'autant que dans le prolongement de critères taillés en négatif, ceux-ci sont des contre-exemples, pour arriver enfin à ce qui constitue un portrait de groupe qui
"remplit parfaitement le cahier des charges" : une photo qui réunit trois personnes par des marques d'affection identifiables.
Le portrait de famille ou d'amis, unis par des sentiments visibles ne constitue pas un portrait de groupe selon le deuxième fondement du genre
"on ne peut pas opposer chaque individu au groupe", car c'est justement un portrait individuel élargi qui se dispense des moyens de la composition pour fonder son unité.
Modifié 4 fois. Dernière modification le 26/08/17 12:07 par Zoran.
