Rodchenko au musée Unterlinden
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Rodchenko au musée Unterlinden

Envoyé par Ron Talis 
Rodchenko au musée Unterlinden
dimanche 16 juillet 2017 08:35:53
Pour l'info des amis du grand-est et des autres aussi:

Rodchenko collection Pouchkine au musée Unterlinden Colmar

du 08/07 au 02/10/17

[www.musee-unterlinden.com]
Re: Rodchenko au musée Unterlinden
dimanche 16 juillet 2017 15:26:30
merci pour le pointeur.

cordialement

o7 philippe
Re: Rodchenko au musée Unterlinden à Colmar (68-F)
jeudi 10 août 2017 12:41:18
Merci à GP.info et ses bons conseillers pour cette bonne info relative à l'expo Rodtchenko au musée Unterlinden à Colmar (68-F) !


J'étais passé une seule fois au musée Unterlinden, il a fort longtemps, et en combinant récemment avec Philippe O. une visite à Riehen (BS-CH) , ce fut un plaisir de découvrir les récents aménagements de ce superbe musée.

L'expo Rodtchenko est installée dans le nouveau bâtiment de l'autre côté de la rue vis à vis du cloître, on y accède depuis le cloître qui constitue toujours l'entrée du musée, par une enfilade de salles souterraines qui ne sont pas seulement un passage mais des lieux d'exposition fort sympathiques.

Le nouveau bâtiment, si j'ai bien compris, se compose de la réunion d'une ancienne piscine (sans eau, pas comme à Roubaix) et d'une aile moderne où se trouve l'art du XXe siècle et l'expo temporaire Rodtchenko.

Commençant par le magnifique cloître, difficile de ne pas commencer par faire ses dévotions au célèbre retable (** note 1) d'Issenheim, magnifiquement installé dans la chapelle. Pas mal de monde évidemment devant ce tableau, mais une foule recueillie et silencieuse comme il se doit devant une grande scène religieuse (un brin extravagante) du début du XVIe siècle.

C'est également l'occasion d'admirer les sculptures en bois, beaucoup sont en tilleul (normal, on est chez Unterlinden), et c'est l'occasion de replacer cet aphorisme :
« - Impossible de faire du travail du bois sans outillage électrique !
- Tu as bien raison, ce que j'ai vu en sculpture à Unterlinden, c'est pas du boulot !»

Venons-en à Rodtchenko, exposition temporaire à laquelle on accède par un jeu de piste souterrain destiné à nous faire voir d'autres merveilles du musée. Je suis tombé en arrêt devant des verres décorés datant du IIIe siècle de notre ère, j'ai apprécié les scènes alsaciennes de la fin du XIXe siècle (Ach !! à l'époque il y a avait encore des cigognes et des Alsaciennes comme sur les paquets de biscuits d'autrefois) ainsi que deux magnifiques tirages au charbon d'Adolphe Braun (né à B'zançon !!).
Très impressionné par les paysagistes alsaciens du début du XIXe siècle, on peut parler de haute résolution tant la finesse des détails (feuillages, vieilles pierres, personnages millimétriques) nous étonne !
Tout à la main ! Au point qu'on se demande si ce n'était peint l'aide d'une loupe !


Enfin, après avoir suivi les panneaux de fléchage et monté un bel un escalier en spirale, nous voilà dans le nouveau bâtiment de MM. Herzog & de Meuron (l'édifice fort discret en forme de nef d'église en arrière-plan sur cette photo, derrière ce qui fut naguère une piscine).

Nous voilà propulsés dans la jeune Russie soviétique, il y a environ un siècle.

Inutile de dire que des scènes alsaciennes aux oeuvres de Rodtchenko, c'est évidemment le grand écart stylistique.

Rodtchenko a pratiqué diverses disciplines, peinture, sculpture, photographie, design, etc...

L'expo commence par des sculptures très intéressantes techniquement ; sont exposées des formes en contre-plaqué, découpé en anneaux concentriques puis réarrangés pour donner une construction en volume.

En photo, nous avons apprécié un portrait classique du poète Maïakovski, daté de 1924, mais, avouons-le, nous étions encore sous le choc d'avoir vu à Bâle en juin un mur tapissé de portraits par August Sander ; le portrait de Maïakovski par Rodtchenko s'inscrit dans le même style, attitude parfaite, lumière parfaite, tirage techniquement parfait.

Les autres photos de Rodtchenko, bien qu'intéressantes, nous ont moins impressionnés.

Le portrait en gros plan de Mme Lili Brik est probablement l'une des photos les plus célèbres de Rodtchenko, mais elle ne gagne rien à être exposée en grand, l'image est incontestablement une icône soviétique qui ne gagne rien à ce que tous les détails des soucis dentaires de Mme Brik apparaissent au spectateur dans toute leur netteté.

Moins connu (du moins pour ceux qui se sont un peu éloignés de la Place du Colonel Fabien), le portrait de sa soeur Ella Kagan ne serait sans doute pas affiché dans cette expo s'il ne s'agissait pas d'un personnage célèbre connu sous le nom d'Elsa Triolet.

Il y a également des exemples de design, comme de la vaisselle, et beaucoup d'affiches dont une très étonnante affiche incitant le peuple à acheter des actions d'une entreprise aéronautique !
C'était pendant la NEP (1921 - 1925), brève période libérale juste avant la mort de Lénine.

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(entre parenthèses, si on peut dire)

Ce qui nous ramène cruellement à ce qui se passa en URSS après 1925...

Si j'avais un conseil à donner au futur visiteur de cette expo, c'est d'éviter d'avoir lu au préalable les trois tomes de « L'Archipel du Goulag » avant d'y aller, car on y découvre que Rodtchenko, parmi ses fonctions officielles, fut photographe officiel de l'inauguration du Biélomorkanal, dont Soljénitsyne parle abondamment dans « l'Archipel » ...

Je préfère donc en rester naïvement sur l'image d'un artiste enthousiaste et dévoué à la jeune Révolution d'Octobre, dont les oeuvres valent le déplacement jusqu'à Colmar, surtout si vous êtes totalement allergique à la peinture et la sculpture religieuse rhénane du XVIe siècle, et que vous n'avez absolument aucun intérêt pour la peinture alsacienne du XIXe siècle !

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Tout savoir sur Александр Михайлович Родченко
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Rodtchenko



(** note 1) J'ai longtemps prononcé « rétable », mot sonnant comme dans le parler comtois, combinant l'étable des Montbéliardes avec le « re » que les Comtois rajoutent sans arrêt devant les verbes pour leur donner plus de force : on dit ça raccroche au lieu de dire ça accroche. Hélas, trois fois hélas, il faut se contenter du morne reutable qui sonne nettement moins bien à nos oreilles.

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 10/08/17 12:42 par Emmanuel Bigler.
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