Retour d'expositions

Bonsoir,

mercredi 6 décembre j'ai pu voir Paysages Français (BnF) et Irvin Penn (Grand Palais)

Pour Paysage Français de très nombreuses photos couleurs et tirages argentiques dont quelques un de Koudelka.
Les travaux présentés m'ont plu. Dans la première salle une table ronde avec 12 écrans et écouteurs. Cela permet d'avoir une vision détaillée des 12 photographes impliqués avec des films sur leurs travaux. J'ai été surpris par certains et leurs façons de travailler. Cela permet de voir des techniques de travail et éventuellement en copier !
Les tirages étaient bien présentés. Cela permet de se replonger dans la France d'avant comme on dit. Je ne peux que recommander cette exposition. L'intérêt d'une visite en semaine qui plus est un matin est de ne pas avoir trop de monde et de pouvoir regarder les tirages sous l'oeil émotionnel puis sous l'oeil du tireur, il y a toujours quelque chose à intégrer.

Pour Irvin Penn très belle présentation de tirages d'époque et là pour moi un vrai délice. Des piqués extraordinaires, qui posaient d'ailleurs problèmes en leur temps pour ces dames ! Sur les tirages on peut voir clairement la texture des vêtements et autres détails. Irvin Penn utilisait assez souvent la lumière naturelle. Ses outils, du moins ceux qui sont présentés et qu'il utilisait : un blad, un rolleiflex et une chambre Deardoff.
C'est clair que la qualité des tirages met en avant la qualité du papier et des négatifs de l'époque certainement plus chargés en argent qu'aujourd'hui.
L'ensemble des travaux présentés sur 2 niveaux sont sources "d'éducation" pour les yeux de l'humble tireur que je suis. Cela m'a ramené à mes premières expos celles de Robert Adams (fondation Cartier) Richard Avedon (au jeu de paume) notamment la salle avec les mineurs en grandeur réelle.

Voilà j'espère avoir donné envies d'aller voir ces 2 expositions. Les catalogues sont très bien et je vais devoir renforcer mes étagères !

Bonne fin de week-end,

PS : attention pour entrer dans ces 2 expositions portiques de sécurité...attention aux contenus des sacs et des poches, pour les porteurs de Pacemaker ne pas oublier sa carte pour éviter les portiques.

Alain Gillet

[www.alaingillet-auteurdimages.fr]



Modifié 1 fois. Dernière modification le 11/12/17 11:25 par Emmanuel Bigler (modérateur).

Bonsoir un ami photographe amateur et pas forcément spécialiste d'Irvin Penn, m'autorise à publier son retour sur l'exposition Irvin Penn. Voici donc :



Salut Alain,



Vu hier après-midi l’expo Penn. Bcp de monde journée pluvieuse, salles surchauffées, un peu pénible, fatigant.

Je viens de me replonger dans les archives de Arago (site web que tu dois connaitre) pour revoir qq notions techniques (dye Transfer, platine-palladium, …)

J’ai l’impression qu’il y a qq constantes dans le style de Penn qui assurent une unité et son identification (en tous cas sur les images présentées) :

· usage d’un fond texturé jamais pris de biais (contraint par lumière zénithale du studio, verrière au plafond visible dans les ballons de « la vendeuse de ballons »)

· sol de carrelage mouillé pour ajouter de la texture

· Sujet isolé, épuré

· Format carré

· Image frontale (portrait pleine face, décadrage rare, visage très rarement coupé (un verre à pied plein centre en bas rééquilibre ce portrait d’un couple, lui, une moitié de visage à droite), jamais de biais, point de vue vertical sur les natures mortes…)

· Les drapés des robes, pantalons sombres sont complètement et systématiquement basculés dans le noir le plus profond du papier

· à les entendre, ses nus surexposés et blanchis, ses mégots, ne semblent pas avoir convaincus le public, mais c’est bien que les commissaires d’expo les aient présentés, il faut défendre « son travail » (certains cadrages m’ont plus)

Je ne sais si il employait un tireur ou travaillait seul.

Voili-voilà, toujours sympa d’échanger des points de vue.

A bientôt Alain !

Alain Gillet

[www.alaingillet-auteurdimages.fr]

On peut compléter les commentaires sur l'expo Penn avec la lecture de cette précédente discussion… ;-)

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.: jeanbaPhoto ::: jeanbaBlog :.

"certainement plus chargés en argent qu'aujourd'hui" ainsi me parlait R.Gargat l'ancien en évoquant le film Agfa ISS 21 des années 1950 . Mais il y a moins de 5 ans ici même H.Gaud m'a rétorqué que c'était une légende infondée .



Modifié 1 fois. Dernière modification le 12/12/17 17:35 par GERARD.

GERARD écrivait:
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> "certainement plus chargés en argent
> qu'aujourd'hui" ainsi me parlait R.Gargat
> l'ancien en évoquant le film Agfa ISS 21 des
> années 1950 . Mais il y a moins de 5 ans ici
> même H.Gaud m'a rétorqué que c'était une
> légende infondée .

En tout cas Richard J.Henry,* a démontré que la teneur en argent n'était pas synonyme de densité maximum dans les noirs. C'est donc bien un mythe.

Ceci dit, je trouve que les tirages vintage présentent souvent plus de nuances dans les ombres que les tirages contemporains.

* "Controls in Black and White Photography", Angel Press publishers, ISBN 0-912216-25-5, page 91.Préface de Richard Zakia, qui n'est pas un Mickey dans la catégorie( appréciation personnelle ;-) )

MarcN écrivait:
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> En tout cas Richard J.Henry,* a démontré que la
> teneur en argent n'était pas synonyme de densité
> maximum dans les noirs. C'est donc bien un mythe.

Pour compléter, dans le post ci-dessous, Ron Mowrey, ancien ingénieur R&D Kodak, explique pourquoi les papiers modernes contiennent effectivement moins d'argent et pourquoi cela n'a pas d'incidence sur le rendu final et la densité.
(C'est plutôt technique et en anglais)

[www.photrio.com]

Marc N : Ceci dit, je trouve que les tirages vintage présentent souvent plus de nuances dans les ombres que les tirages contemporains.

c'est aussi un peu une mode non?
ça renvoie au monde d'aujourd'hui, dur, très dur...

C'est donc bien un mythe.

La Comtesse se méfie des mythes débilitants qui traînent sur les forums.

E.B.

La personne qui m a aidé à développer mes connaissances en tirage travaillait chez Picto. Entré à 14 ans chez M Gassman il en est parti à 59 ans en retraite. Il était le dernier tireur de Cartier Bresson.
Alors des papiers il en a vu passer et des films aussi sans parlé des peloches mal exposés par nos chers photographes.
Je cite : "Comme disait le père Gassman y a pas de mauvaises peloches y a des mauvais tireurs !"
Alors d apres lui le manque d argent peut expliquer les différences de tirage. Mais y a aussi des modes dans ce domaine comme d autres. On se rappelle des années 70 80 avec des films pleins de grains.
Il y aussi l étude d Henri Gaud qui montre ce qu une hp5 peut encaisser.
Bref réalisons de belles prises vues et tirons au mieux les uns les autres. Au bout du bout l émotion créé sera là.
Bonne journée à tous.

Alain Gillet

[www.alaingillet-auteurdimages.fr]

Les papiers des années 50 ne sont pas des papiers modernes, ce sont des papiers de pénurie, d'après guerre ...

Bien sûr si Mr Kodak explique que trop d'argent fait baisser la Dmax et le gamma, c'est indiscutable.
Pour l'argent comme le reste, il y a un jusqu'où ne pas aller trop loin, on pourra sans doute caler cette évolution "ultime" du gélatinobromure après et pendant la crise de l'argent des frères Hunt entre 1970 et 1988.

Mais pour les années 50 il s'agit sans doute d'autres facteurs, la R&D n'était pas au mieux de sa forme et l'argent manquait. Pour obtenir des quantités "importantes" de papier gélatinobromure dans le début des années 50, il fallait apporter des lingots d'argent issus de la récupération d'argent métal dans le fixateur des trains de traitement. Certains gros "bromuriers" (tirage de cartes postales en train continu sur papier gélatino-bromure), avaient accumulés de gros stocks d'argent métal (genre quelques palettes) dans les années 30 et qui avaient traversés la guerre sans trop de perte, stockés au cas où. Dès la "Libération" grâce à ces stocks d'argent, ils ont pu reprendre un rythme de tirage élevé. Il me semble que les bobines de papier des établissements Bauchet mesuraient 47 cm sur 300 mètres, soit 30 kg de papier. Un train de tirage de petit gabarit pouvait consommer 2-3 bobines par jour. La teneur en Argent était (selon la rumeur de l'époque) de 10 g/m2, donc pour une bobine 1500 g (dont environ la moitié serait récupérée). Pour un atelier important, les besoins journaliers en papier, donc en argent, dépassaient les volumes trouvables sur le marché dévasté des matières premières.

L'équation était simple, pénurie + besoin de surface en forte hausse = utilisation du minimum d'argent.

Henri, tu tires ces informations de sources on-ne-peut-plus directes et elles sont très intéressantes, mais sait-on ce que représentait ce marché des bromuriers par rapport aux géants de l'industrie de l'époque ?

Une chose certaine, c'est qu'effectivement la R&D ira toujours dans le sens de l'économie de matières premières chères et précieuses, et comme tu le dis la question est de savoir jusqu'où ne pas aller trop loin... quoi qu'il en soit, et ceci est une affirmation tout à fait personnelle, je pense que les différences (réelles ou fantasmées) tiennent plus aux modes de fabrication qu'au simple taux d'argent contenu dans l'émulsion.

didier d écrivait:
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> Henri, tu tires ces informations de sources
> on-ne-peut-plus directes et elles sont très
> intéressantes, mais sait-on ce que représentait
> ce marché des bromuriers par rapport aux géants
> de l'industrie de l'époque ?

Il faudrait savoir de quelle industrie parle-t-on, en Europe il n'y a plus de géant, tout a disparu dans l'effort de guerre, dans les années 50, le "bromurier" est sans doute un des plus gros consommateur de papier photo, mais je n'ai pas réussi à trouver des chiffres ...

> Une chose certaine, c'est qu'effectivement la R&D
> ira toujours dans le sens de l'économie de
> matières premières chères et précieuses, et
> comme tu le dis la question est de savoir
> jusqu'où ne pas aller trop loin... quoi qu'il en
> soit, et ceci est une affirmation tout à fait
> personnelle, je pense que les différences
> (réelles ou fantasmées) tiennent plus aux modes
> de fabrication qu'au simple taux d'argent contenu
> dans l'émulsion.

Les fantasmes échappent à la R&D.
Pour le Taux d'argent, ce n'est pas un critère de qualité, par contre quand l'économie domine le système, la R&D n'a nulle raison d'être.

Nestor Burma écrivait:
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par contre quand l'économie domine le
> système, la R&D n'a nulle raison d'être.

Certes, elle a sans doute repris le dessus un peu plus tard que les années 50, mais quand on voit la qualité des émulsions modernes, elle a fait du bon boulot !

didier d écrivait:
-------------------------------------------------------
> Nestor Burma écrivait:
> --------------------------------------------------
> -----
> par contre quand l'économie domine le
> > système, la R&D n'a nulle raison d'être.
>
> Certes, elle a sans doute repris le dessus un peu
> plus tard que les années 50, mais quand on voit
> la qualité des émulsions modernes, elle a fait
> du bon boulot !


Excellent boulot, la nostalgie n'a pas lieu d'être ;-)

je lis plus haut "a démontré que la teneur en argent n'était pas synonyme de densité maximum dans les noirs" , alors à la limite très peu d'argent .
Faute de mieux , de critique rectificative , j'avais mémorisé les dits de l'ancien fana d'Agfa .

Philippe M écrivait:
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> Marc N : Ceci dit, je trouve que les tirages
> vintage présentent souvent plus de nuances dans
> les ombres que les tirages contemporains.
>
> c'est aussi un peu une mode non?
> ça renvoie au monde d'aujourd'hui, dur, très
> dur...

Salut Philippe,

C'est possible, mais en tout cas je n'arrive pas à avoir de genre de nuances très profondes avec les papiers actuels (principalement de l'Ilford WT). J'aime particulièrement ces rendus veloutés avec un papier comme le Galerie (officiellement toujours fabriqué, mais seuls quelques pochettes défraîchies traînent ici ou là sur les étagères des rares revendeurs qui en ont).

Je pense que c'est surtout dû au contraste local assez élevé des papiers modernes. Et je n'exclus pas que ce contraste marqué soit une nécessité pour les papiers multigrades.

>Les fantasmes échappent à la R&D.
Pour le Taux d'argent, ce n'est pas un critère de qualité, par contre quand l'économie domine le système, la R&D n'a nulle raison d'être.>>
Une certaine R&D reste nécessaire tout de même pour pouvoir maintenir les caractéristiques des produits en dépit de l'interdiction croissante des matériaux imposée par les nouvelles normes..

MarcN écrivait:
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> >Les fantasmes échappent à la R&D.
> Pour le Taux d'argent, ce n'est pas un critère de
> qualité, par contre quand l'économie domine le
> système, la R&D n'a nulle raison d'être.>>
> Une certaine R&D reste nécessaire tout de même
> pour pouvoir maintenir les caractéristiques des
> produits en dépit de l'interdiction croissante
> des matériaux imposée par les nouvelles normes.

On parlait des années 50 ... et de l'économie de sortie de guerre ...

Pour la situation actuelle, c'est compliqué, mais la bienséance m'interdit d'en parler ...

"Les fantasmes échappent à la R&D" ? les fantasmes peuvent quelques fois suggérer la recherche , le but de la recherche est de valider ou pas le fantasme , de manière si possible incontestable . Oui ou non ?