Cinquante titres différents pour la presse magazine photo, ce n'est pas une plaisanterie, c'est simplement la réalité ... du moins en Allemagne, et plus précisément : c'est ce qui est à portée de main du voyageur qui attend son TGV pour revenir au pays, à la grande librairie-journaux de la gare principale de Karlsruhe (Bade Wurtemberg).
Autrefois, les familles du Grand Est revenant au pays depuis le Sud par la Nationale 7 s'arrêtaient toujours vers Montélimar pour acheter du nougat ; dans le même ordre d'idées, lorsque je reviens de Karlsruhe, je rapporte toujours le dernier numéro de
PhotoKlassik (... et également des tablettes de chocolat carrées dont la réclame va droit au coeur du rolleiphile : « Quadratisch, Praktisch, Gut » ; je m'étais également laissé tenter, au grand magasin du centre ville, par une superbe petite Maschine à commande manuelle permettant de fabriquer des Spätzle souabes).Bref, quoi de neuf dans ce numéro I-2018 de PhotoKlassik, à part la première de couverture qui prouve qu'en l'an 2018 on peut toujours faire des images de mode & de publicité avec du film couleur ?
Quelques brèves concernant l'honorable maison Kodak Alaris : les prix augmentent de 5% (c'est le contraire qui aurait été sensationnel et inattendu) ; le retour de l'Ektachrome en 135, annoncé pour le Q4 de 2017, est reporté à 2018 (encore une non-suprise, acceptons-en l'augure, du moment que ce report ne va pas jusqu'aux calendes grecques) ; et le retour de la T-max en bobines 120 qui est différé jusqu'à ce que l'honorable fabricant ait résolu un méchant problème de pollution du film par le papier noir. Comme quoi, 120 années après avoir inventé le produit, l'honorable maison peut perdre la main ... temporairement, espérons-le.
J'ai également savouré un bel article en hommage à la Plaubel monorail fabriquée à Francfort-sur-le Main dans les temps anciens, mais toujours bon pied bon oeil en 2018 comme toutes les chambres professionnelles métalliques des bonnes maisons européennes.
À part cela, il y a un de ces articles rigolos en forme de marronnier, dont je ne peux guère parler puisque c'est du format 24x36 à film, mais comme lesdits films existent aussi en 120 et plan-film, je vous résume.
En l'an 2018, avec un capteur silicium 24x36 mm à 45 Mpix, un rapide calcul nous donne environ 4,5 microns de période pour la grille de pixels, soit une période de coupure au sens de MM.. Shannon & Nyquist qui est de 9 microns, fréquence de coupure correspondante 1000/9 = 110 cy/mm environ.
Avec une période de coupure de diffraction estimée de façon très optimiste à environ 0,7 N microns, ça veut déjà dire que tous les diaphs plus fermés que N=11 sont mis hors jeu. Et ça ne va pas s'arranger à l'avenir.
L'article repasse au test sur mire un certain nombre de films N&B à grain fin qui dépassent cette limite de 110 cy/mm, les cy/mm visibles à la limite au microscope, après formation d'une image à-travers un objectif standard très grand public (conçu en Allemagne mais fabriqué au Japon), donnent une quasi-égalité autour de 120 cy/mm pour l'Ilford Pan-F, la Delta, la Fuji Acros et la Kodak T-max 100.
Pour approcher les 200 cy/mm, il faut aller chercher de l'Agfa Copex Pan qui est un microfilm, et si on va chercher de l'ADOX CMS-20 modèle II, alors on dépasse les 200 cy/mm pour atteindre autour de 240 cy/mm.
Ce qui est remarquable, ce n'est pas d'atteindre 240 cy/mm avec un microfilm donné pour 800 cy/mm, c'est de pouvoir lire d'aussi fins détails
derrière une optique qui n'est pas une optique de photolithographie, mais une simple optique photographique standard fabriquée en très grande série, fermée à son meilleur diaph de 5,6. Mais après tout, l'honorable maison Zeiss avait annoncé il y a déjà une décennie avoir lu plus de 200 cy/mm derrière un distagon de 50mm prévu pour le 6x6, donc on ne devrait pas s'étonner qu'une bonne optique couvrant le 24x36 atteigne une telle finesse.
Le vainqueur de ce test-marronnier est donc l'ADOX CMS 20, mais ce microfilm doit être développé dans un révélateur tellement spécial que la formule en change tous les deux ans, assortie, j'imagine, d'un commentaire du genre « cette fois, promis-juré, la gamme de gris et les détails dans les ombres seront aussi bien que dans un film classique ».
--------------------------------------------------------------
On peut commander par correspondance les anciens numéros de PhotoKlassik, c'est ce que je fais de temps en temps.
www.photoklassik.de E.B.Modifié 1 fois. Dernière modification le 29/01/18 13:18 par Emmanuel Bigler.