L’article sur le diaporama souffre à mon sens de n’avoir traité que l’aspect « amateur » de la discipline.
Avant l’arrivée de la vidéo dans les années 80, la communication audiovisuelle professionnelle ne disposait que des supports film, super 8, 16 et 35 mm, et le diaporama multiprojecteurs mono ou multivision.
Les grosses boîtes présentaient leurs diaporamas essentiellement au festival de Biarritz, mais aussi à celui de La Baule ou encore celui du Creusot.
Les systèmes techniques d’encodage les plus usités étaient Auvitec (français) mais surtout Esclamp qui fonctionnait au début avec les premiers Apple IIE. Ils permettaient de gérer la projection de multiples de 3 projecteurs jusqu’à 30 voire 60 projecteurs Carrousel ou Simda, ce qui produisait à l’écran des spectacles absolument fabuleux impossible à comparer avec tout autre discipline audiovisuelle.
J’ai encore en mémoire l’un d’entre eux sur Charles of the Ritz, à plusieurs dizaines de projecteurs installés au balcon du théâtre de Biarritz sur un échafaudage, et surtout le spectacle que ça donnait.
Bien évidemment, ces usines à gaz n’étaient pas faciles à bouger. Il fallait du monde pour trimballer ce matériel et l’installer.
Et caler les projecteurs avec des mires de calage réalisées avec grande précision par un labo parisien, Bargy. Ce labo produisait également des « images continues en coin », des dégradés à installer en sandwich dans les caches Wess pour reconstituer à l’écran une seule image avec plusieurs projecteurs sans qu’on y voie de césure. Cela permettait de réaliser des effets visuels merveilleux pour l’époque.
Seules les grosses boîtes pouvaient se payer ces dispositifs et les réalisateurs qui maîtrisaient l’écriture et l’outil.
Air France, la SNCF, BULL, BMW, la Télémécanique, les parfumeurs, la mode, la grosse industrie se faisaient plaisir à communiquer de la sorte,
La réalisation proprement dite était une galère sans nom. On finalisait complètement la bande/son mixée en studio (musique, voix off, samples, bruitages) et c’est sur cette bande/son qu’on encodait le programme d’allumage/extinction/changement de diapo de l’ensemble des projos. Il fallait des tables lumineuses de plusieurs mètres linéaires pour construire la chronologie des images projecteur par projecteur.
A ma connaissance, ces studios ont tous disparu aujourd’hui à l’exception d’un ou deux, un à Nantes et un à Barbizon. Même pas sûr.
Dès la fin des années 80, la vidéo a remplacé (si on peut dire) le diaporama de communication.
2 pouces, 1 pouce SECAM, U-Matic, BVU, Betacam, Dvcam et aujourd’hui, HD, 4K et 8K.
La facilité y a gagné.
La poésie et le spectacle y ont beaucoup perdu.
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