Sally Mann au jeu de paume
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Sally Mann au jeu de paume

Envoyé par wista 
Sally Mann au jeu de paume
lundi 1 juillet 2019 21:58:52
Bonsoir,
Vu l'expo de la dame: magnifique, sensible, sensuel, tout cela pour moi bien-sûr qui a toujours admiré son travail.
Donc si vous passez par Paris allez y si vous voulez mais ne critiquez pas si vous n'avez pas vu.
Je vais trop vite: il y a des tirages originaux, des cibachromes, du collodion, des férrotypes, des documents sur sa vie, sa manière de travail et le catalogue de chez Barral est incontournable...



Modifié 1 fois. Dernière modification le 01/07/19 22:03 par wista.
Re: Sally Mann au jeu de paume
lundi 1 juillet 2019 22:33:53
Bonsoir ,

J' y suis allé mercredi dernier .

Je n ' ai pas aimé
Re: Sally Mann au jeu de paume
lundi 1 juillet 2019 22:42:55
Ca, ça fait avancer le shmilblick :-)
Re: Sally Mann au jeu de paume
lundi 1 juillet 2019 22:46:02
J'ai depuis quelques années son livre "Deep South" que j'aime bien. Comme j' aime Raymond Meeks, cette poésie de l'environnement familier (et familial).

Je vais aller voir ça avec des copains, pour alimenter les débats autour d'une bonne bouteille..
Re: Sally Mann au jeu de paume
lundi 1 juillet 2019 23:58:11
Je vais aller voir ça avec des copains

Une question me taraude : Sally Moon aurait-elle été éligible pour la nouvelle DATAR du Grand Est ?

E.B.
Re: Sally Mann au jeu de paume
mardi 2 juillet 2019 00:24:15
Bien que la région Grand Est a connu des guerres, pour Sally Mann, cette belle région est définitivement trop loin de la Virginie, de Lexington VA24450 et du Shenandoah National Park.

;)
Re: Sally Mann au jeu de paume
mardi 2 juillet 2019 01:00:07
Vu l'exposition Sally Mann, essentiellement par choix de mon épouse qui sélectionne les expos que nous voyons.
Que dire ?
La mort est partout dans son travail et je critique le manque de courage des organisateurs qui ne soient pas allé jusqu'au bout et présenter son travail sur les "forensic field", lieux d'études sur la décomposition des cadavres.
La seule partie intéressante de l'ensemble est à mes yeux la série Blackwater tirée sur ferrotypes, la plus lisible et directe. Les battlefields sont une pure invitation à une lecture projective. Les photos de famille sont tellement mises en scène et théâtralisées qu'elles apparaissent hors sol. Et les portraits choisis sont vraiment faibles .
Sally Mann est un personnage trop narcissique pour offrir une expérience qui dépasserait celui qu'elle pose sur elle et son intimité.
Ma compagne et moi sommes donc restés au seuil de ses photos.
Re: Sally Mann au jeu de paume
mardi 2 juillet 2019 10:22:16
Zoran, les choix des organisateurs sont leurs responsabilités. Oui il manque le travail que vous citez, mais il me semble que ce n'est pas le lieu ni le contexte pour le montrer.
Je ne suis pas d'accord sur la critique des photos soi-disantes mises en scène, ce n'est pas le cas, et quand bien même...Cela n'enlève rien à leurs beautés à mon avis.
Moi, elles me plaisent beaucoup.
Ceci dit cela ne me dérange pas que vous n'aimiez pas trop, tout comme monsieur B.
Re: Sally Mann au jeu de paume
mardi 2 juillet 2019 10:28:59
Il manque un mot dans mon message précédent : "... trop narcissique pour offrir une expérience du regard qui dépasserait celui ..."

J'en profite pour dire quelques mots de l'exposition de Marc Pataut. Du noir et blanc à la chambre comme chez S. Mann mais sans l'esthétisation outrancière de sa consœur et quand il retourne l'appareil vers lui c'est pour décrire une situation de corps en crise. (Pour ceux qui auraient des doutes, voir le petit portrait de S. Mann au travail avec sa 8x10 saisi à la manière d'une gravure de mode visible au fond de la salle Est. Le manuel "The Wet-Plate Process présenté à coté est joliment salit, et dans le même ordre d'idée son voile de chambre aperçu dans une video est troué et tâché dans le plus bel effet).

Autant S. Mann se complait dans une morbidité esthétisée, autant M. Pataut est du côté de la vie, la vie dure certes, mais pleine de lutte et d'énergie ou l'esthétique est parfois très sèche. Certains portraits sont en revanche d'une grande beauté mais la présentation des photos, par ailleurs très spectaculaire, ne les met pas forcément en valeur.
Certains cadres sont montés jusqu'au plafond où la lumière de la salle vient barrer l'image la rendant illisible. On se demande ce qu'il faut regarder : l'accrochage qui en met plein la vue où l' image qui se perd dans le nombre et qui offre du coup une expérience bien en dessous de ce qu'elle pourrait être, l'un et l'autre sont intéressants mais ne collent pas ensemble.

Les deux expositions donnent le sentiment que l'une "rattrape" l'autre par un dosage qui se voudrait savamment équilibré, pour ma part ça m'a laissé un sentiment très mitigé.
Re: Sally Mann au jeu de paume
mardi 2 juillet 2019 10:38:47
wista écrivait:
-------------------------------------------------------

des photos soi-disantes mises en scène

Le parti pris de la mise en scène était pourtant clairement exposé dans le texte de présentation des photos de famille.
Re: Sally Mann au jeu de paume
mardi 2 juillet 2019 10:50:45
Un mot sur Monsieur Pataut.
Le musée allait fermer, donc Sa visite a été rapide. Les portraits sont bien, j'ai vu pas de violence dans ces travaux que je n'ai pas eu le <temps de bien regarder.
Nous venions pour S.M, J'aime bien votre expression, Zoran, d'être resté au seuil de ses photos. La vie est un perpétuel bouleversement. Je cite cette image au fond de l'expo " Le Tournant", elle m'a marqué...Je ne sais pourquoi!
Re: Sally Mann au jeu de paume
mardi 2 juillet 2019 11:32:22
Voici deux belles analyses de Zoran pour lesquelles j’adhère en presque totalité.

Effectivement, les mises en scène familiales de Sally Mann sont comparables à de « jolies photo de mode », sans intérêt, y compris l’étalage de ses effets personnels, ici présents pour la curiosité maladive du visiteur, comme pourraient l’être la palette d’un peintre, son chapeau, ses lunettes, etc. Et, curieusement, les tirages argentiques contre-collés sur aluminium sont d’une esthétique douteuse, voire d’un discours éloigné du sujet.
Par contre, sa recherche Deep South tendant à une forme d’abstraction poussée aux confins de la photographie, me laisse entendre une influence certaine de Cy Twombly pour notre plus grand plaisir.

Pour Marc Pataut, la mise en espace muséale est à déplorer (du faste gratuit mais en est-il à l’origine ?) ; soulignons cependant la présence de ses cahiers qui prennent ici toute leur plénitude (trop peu montrés à mon goût). Hormis ces inconvénients, cela reste un très grand travail qu’il convient de ne pas ignorer.

Avec la nouvelle direction de cet établissement, nous saurons prochainement s’il s’agit d’un « accident mode » ou d’une volonté.
Re: Sally Mann au jeu de paume
mardi 2 juillet 2019 12:34:51
L. écrivait:
-------------------------------------------------------
>
> Avec la nouvelle direction de cet établissement,
> nous saurons prochainement s’il s’agit d’un
> « accident mode » ou d’une volonté.


L'itinéraire professionnel de Quentin Bajac, c'est : Musée d'Orsay, Beaubourg, MoMA (New York). A suivre, en effet.

[philippe.grunchec-photographe.over-blog.com]
Re: Sally Mann au jeu de paume
mardi 2 juillet 2019 13:51:10
Et bien nous verrons si l’« historien de l’art spécialisé dans l’histoire de la photographie » saura servir judicieusement le « centre d’art contemporain principalement intéressé par la photographie ».
:-)))
Re: Sally Mann au jeu de paume
mardi 2 juillet 2019 16:46:27
[www.jeudepaume.org]


peut être 800 candidats....

cordialement

o7 philippe
Re: Sally Mann au jeu de paume
dimanche 7 juillet 2019 01:57:51
Zoran écrivait:
-------------------------------------------------------

> La mort est partout dans son travail

Compte tenu de la portée du décès de son père, son grave accident équestre, la maladie dégénérative de son mari et le suicide de son fils schizophrène, il est difficile d'en faire abstraction...

> je critique le manque de courage des organisateurs
> qui ne soient pas allé jusqu'au bout et
> présenter son travail sur les "forensic field",
> lieux d'études sur la décomposition des
> cadavres.

Ce n'est pas il me semble le fil conducteur de l'exposition. Le dénominateur commun de chaque série est le Sud des Etats-Unis: "Family" avec sa famille enracinée en Virginie, "the Land" encore le Sud avec une volontée de représenter la lumière de ces lieux, "Last Measure" décrivant les champs de bataille de la guerre de Sécession qui prit place dans ce Sud, "Abide with Me" qui couvre l'histoire du problème racial à travers son histoire avec la femme de couleur qui l'éduqua dans son enfance, mais aussi les paysages des marais de blackwater et leur histoire terrifiante, et enfin "What Remains" qui au final retrace les thèmes du déclin et de la décomposition avant un retour au sol (celui de son Sud).

> lecture projective. Les photos de famille sont
> tellement mises en scène et théâtralisées
> qu'elles apparaissent hors sol. Et les portraits
> choisis sont vraiment faibles .

Il est clair qu'elle dirige ses enfants quand ils posent (des documentaires le montrent) et leur capacité à suivre les directives est assez impressionnante dès leur jeune âge. Il me semble néanmoins évident qu'elle cherche à representer ainsi sa propre enfance qui fut très particulière. Si donc vous entendez par théâtral quelque chose de faux, je ne serais pas d'accord.

> Sally Mann est un personnage trop narcissique pour
> offrir une expérience qui dépasserait celui
> qu'elle pose sur elle et son intimité.

La guerre civile et l'histoire du problème racial sont des sujets d'intimité selon vous?

Je trouve dommage de ne pas plus tenir plus compte du contexte de ces photographies lors de la visite de cette exposition. J'ai vu cette exposition à Houston et non à Paris, et beaucoup d'information accompagnait les oeuvres (légendes, audio-guide gratuit qui sont des commentaires de Sally Mann elle-même, livre en vente).



Modifié 1 fois. Dernière modification le 07/07/19 02:03 par toulcaz31.
Re: Sally Mann au jeu de paume
dimanche 7 juillet 2019 13:25:00
@toulcaz31

Ce n'est pas (le travail sur la décomposition des corps) il me semble le fil conducteur de l'exposition. Le dénominateur commun de chaque série est le Sud des Etats-Unis

Matter Lent a été réalisé dans un institut forensique du Tennessee, un état du Sud ...et s'il y a comme vous le dites un "fil conducteur" qui justifie la représentation de la maladie de son mari, le drame de Blackwater et la guerre de Sécession, en passant par les mises en scènes de ses enfants, je ne vois pas en quoi son travail sur les instituts forensiques seraient hors sujet (la mort, la disparition).

Il est clair qu'elle dirige ses enfants quand ils posent (des documentaires le montrent) et leur capacité à suivre les directives est assez impressionnante dès leur jeune âge. Il me semble néanmoins évident qu'elle cherche à representer ainsi sa propre enfance qui fut très particulière. Si donc vous entendez par théâtral quelque chose de faux, je ne serais pas d'accord.

Comme vous n'avez pas vu cette exposition la discussion risque d'être compliquée, je vais quand même essayer de répondre : le texte présenté sur le mur de l'entrée de la salle fait mention de scènes arrangées en "tableaux" par leur mère. Mais en fait la précision était inutile tant la mise en scène est visible (théâtrale) : le torse de l'enfant couvert de faux sang aux allures de mimes, le rouge à lèvres trop rouge et la pose un peu trop forcée de femme-enfant, à la manière d'Irina Ionesco de sexualiser la représentation d'enfants. Beaucoup d'emprunts dans ces séries avec personnages : on retrouve les compositions à la Mary E. Mark (la main de la vieille posée sur la tête de l'enfant), les cadrage et les visions oniriques d'Arthur Tress etc. D'ailleurs en moyen format on retrouve l'esthétique des années 80 de ces derniers photographes, pas de doute S. Mann est une photographe américaine.
Une précision biographique assez amusante, évidemment éludée dans l'expo : les enfants ont fini par en avoir marre et ont signifié à leur mère que ça suffisait.
Et c'est ainsi que prirent fin la série des photos de famille ;-)

La guerre civile et l'histoire du problème racial sont des sujets d'intimité selon vous?

Pour S. Mann apparemment oui : dans son rapport particulier au paysage et de l'exigence projective qu'elle sollicite du regardeur, et sur l'histoire de sa nourrice noire (la bonne de la famille en fait).

Je trouve dommage de ne pas plus tenir plus compte du contexte de ces photographies lors de la visite de cette exposition. J'ai vu cette exposition à Houston et non à Paris, et beaucoup d'information accompagnait les oeuvres (légendes, audio-guide gratuit qui sont des commentaires de Sally Mann elle-même, livre en vente).

Pour ma part je trouve regrettable que vous fassiez la critique d'une critique d'une exposition que vous n'avez pas vu.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 07/07/19 13:28 par Zoran.
Re: Sally Mann au jeu de paume
dimanche 7 juillet 2019 18:29:54
Zoran écrivait:
-------------------------------------------------------

> je ne vois pas en quoi son travail sur les instituts forensiques seraient hors sujet

Ce n'est pas parce que j’écris que ce n'est pas le fil conducteur que cela est hors sujet. J'essayais simplement de signifier dans quel contexte ces photographies furent choisies et pourquoi certainement l’étude forensique ne le fut pas.

> Pour ma part je trouve regrettable que vous fassiez la critique d'une critique d'une exposition que vous n'avez pas vu.

Vous avez mal compris mon propos. Je n'ai pas visité cette exposition à Paris mais à Houston. Il s'agit d'une exposition créée en 2018 par la National Gallery of Art à Washington et qui depuis a été présentée dans plusieurs villes.

[www.nga.gov]
Re: Sally Mann au jeu de paume
dimanche 7 juillet 2019 19:03:23
Pour ceux qui comprennent l'anglais, vous pouvez écouter le commentaire de Sally Mann pour certaines de ses photographies: [www.mfah.org]
Re: Sally Mann au jeu de paume
dimanche 7 juillet 2019 20:14:04
toulcaz31 écrivait:
-------------------------------------------------------

> Ce n'est pas parce que j’écris que ce n'est pas
> le fil conducteur que cela est hors sujet.

???

> J'essayais simplement de signifier dans quel
> contexte ces photographies furent choisies et
> pourquoi certainement l’étude forensique ne le
> fut pas.

J'ai relu votre message et vous dites que le fil conducteur c'est le Sud. De mon côté je précise que la série "Matter" Lent a été réalisée dans le Sud également et donc à ce titre elle aurait très bien pu figurer dans l'exposition.


> Vous avez mal compris mon propos. Je n'ai pas
> visité cette exposition à Paris mais à Houston.
> Il s'agit d'une exposition créée en 2018 par la
> National Gallery of Art à Washington et qui
> depuis a été présentée dans plusieurs villes.

J'ai bien lu ce que vous avez écrit, sauf que je ne suis absolument pas d'accord avec vous : la "même" exposition présentée dans des lieux différents produisent des résultats de qualités qui ne le sont pas moins. Seules les images ne sont pas, ou devraient pas être, affectées par le changement de lieux. En revanche les cartels, les textes introductifs, la présentation générale peuvent changer.
Autrement dit dans une exposition je regarde :
1/ les images.
2/ l'accrochage.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 07/07/19 20:17 par Zoran.
Re: Sally Mann au jeu de paume
dimanche 7 juillet 2019 21:26:11
Au final, je me demande si j'ai bien fait de parler de ma visite à Sally Mann, et plus si cela ne mène qu'à ergoter, si je continue à lancer ce type de post...
Je vais aller au Locle et n'en soufflerai mot!
Re: Sally Mann au jeu de paume
dimanche 7 juillet 2019 21:35:36
wista écrivait:
-------------------------------------------------------
> Au final, je me demande si j'ai bien fait de
> parler de ma visite à Sally Mann, et plus si cela
> ne mène qu'à ergoter, si je continue à lancer
> ce type de post...
> Je vais aller au Locle et n'en soufflerai mot!

Il ne faut jamais hésiter à communiquer sur un sujet,
Le reste des conversations est toujours très intéressant,
Même si un peu de polémique pointe son nez.
Re: Sally Mann au jeu de paume
dimanche 7 juillet 2019 22:24:12
Wista, vous avez raison de donner votre avis. J'apprécie beaucoup le travail de Sally Mann depuis des années. De cette exposition ,je ne parlerai pas, je ne l'ai pas vu à Paris , ni ailleurs. Dans une expo je regarde les photographies , bien sûr le lieu est important ( parfois magique ) , comme les belles rencontres , mais le verbiage pompeux et les écrits " pour dire ,moi ,moi je sais " me navrent.
Re: Sally Mann au jeu de paume
dimanche 7 juillet 2019 22:41:52
Nestor Burma écrivait:
-------------------------------------------------------

> Même si un peu de polémique pointe son nez.

Disons que se faire comprendre de ceux qui ne lisent pas les messages peut s'avérer compliqué ;-).
Mais les insultes drapées dans la vertu, restent un grand classique ;-)
Re: Sally Mann au jeu de paume
lundi 8 juillet 2019 08:31:17
Zoran écrivait:
-------------------------------------------------------
> Nestor Burma écrivait:
> --------------------------------------------------
> -----
>
> > Même si un peu de polémique pointe son nez.
>
> Disons que se faire comprendre de ceux qui ne
> lisent pas les messages peut s'avérer compliqué
> ;-).

Bien souvent, la lecture est une prévisualisation subjective

> Mais les insultes drapées dans la vertu, restent
> un grand classique ;-)

Une sorte de netiquette ...
Re: Sally Mann au jeu de paume
lundi 8 juillet 2019 11:18:45
Le cousin de province était Paris pour voir l'exposition Sally Mann. Répondant à une invitation de sortie grand format qui prenait une dimension internationale car la primo invitation était belge.

Ayant regardé sur le 'net les images de Sally Mann, il fallait se rendre à l'évidence : cela n'était pas l'univers photographique que je fréquente.

Mais après les retrouvailles et la distribution de victuailles vint le temps de l’exposition.

L’exposition est une rétrospective de plusieurs projets de la photographe. On y découvre donc un parcours.

Les portraits de ses enfants sont vraiment intéressants : en supprimant les enfants, l’arrière plan, la scène, se tient comme photo de paysage. Elle offre donc aux regards deux photos. C’est une vraie photographe. L’emploi de la chambre 8x10 justifie le résultat. Les tirages sont vraiment corrects. On a une très belle série de portraits contextualisés. La Nature, la Liberté, sont ici évoqués avec force. Nous avons affaire à une robinsonnade, une allégorie de la Liberté et de la Nature.

La série « Two Virginias » fait le portrait de sa nounou. Quelques photos sont nettes et d’une composition bien pensée, comme celles associant l’image des pieds de la nounou et de l’enfant de Sally Mann.

Les autres projets, notamment paysagers, et ceux relatifs aux portraits de son mari malade, sont le résultat de l’évolution de sa pratique, utilisation de procédés anciens (collodion, ferrotype), cette partie est pour moi beaucoup moins convaincante : les images sont dominées par le flou, et parfois le plan de netteté a totalement disparu, la recherche systématique de l’accident photographique dissout le sens du message.
Les thèmes paysagers font penser à une approche très 19e siècle : champ de bataille, on pense à Le Secq et sa série sur « les champs des cosaques » dernières batailles de Napoléon à Montmirail, les photos d’arbres ont un goùt de connu, même s’ils sont à la sauce de la Virginie. C’est moins convaincant.

D’autant que la technique du ferrotype n’est pas à son avantage en ce qui concerne le rendu des photos. Ce n’est pas grizouille, c’est noirouille. Quasi illisible à 2 m.

Sa pratique photographique est largement influencée par la chambre 8x10. Elle construit véritablement ses photos autour de l’appareil. Elle utilise des techniques (collodion, ferrotype) mais de façon très conventionnelle, façon 19e , elle apporte peu par rapport aux clichés historiques (on se souvient des cyanotypes de Ruff). Sa recherche de l’imperfection brouille le message.

Ses portraits d’enfants me semblent son meilleur travail, le plus abouti, le plus inspirant.

Quand à Marc Pataut, exposé au sous sol, je fais vite. … Voilà, c’est fait.

cordialement

o7 philippe



Modifié 1 fois. Dernière modification le 08/07/19 22:58 par Emmanuel Bigler (modérateur).
Re: Sally Mann au jeu de paume
lundi 8 juillet 2019 11:42:10
Zoran écrivait:
-------------------------------------------------------
D'ailleurs en moyen format on
> retrouve l'esthétique des années 80 ...

Par simple curiosité et sa vouloir polémiquer, à quoi correspond une «esthétique des années 80» ?
J'ai l'impression de me situer en plein dedans.

Dois-je me référer au livre de François Soulages : «L’esthétique de la photographie» paru en 2017 ?



Modifié 1 fois. Dernière modification le 08/07/19 11:46 par le nono.
Re: Sally Mann au jeu de paume
mercredi 10 juillet 2019 12:11:19
J'y suis allé hier,
et j'ai pu goûter a de très beaux tirages et de beaux ferrotypes de Sally Mann
Je comprends que l'on puisse ne pas gouter son travail, et tant mieux! merci Zoran de partager votre point de vue avec autant de précisions. C'est l'échange qui nourrit la pensée.
Oui les photos de familles sont mises en scene, c'est clairement écrit, mais on peut aussi comprendre que ça part d'une observation de ses enfants, de leurs jeux. Et choisir la chambre pour raconter l'enfance n'est pas le plus évident, il faut bien sur qu'ils ne se déplacent pas. Mais les images de Sally Mann nous transportent auprès d'eux, de leurs jeux, et nous font ressentir la chaleur de l'été, le temps supendu des vacances, j'étais parmi eux.

Le travail de Marc Pataut m'a beaucoup plu, par ses images, par son accrochage aussi, justement. Des murs entiers de grands tirages, des portraits serrés agrandis et juxtaposés permet de comprendre ce que le photographe voulait faire. Montrer des invisibles, montrer leur visages et leur histoire, les faire raconter et partager l'experience artistique, c'est fort.
Je ne connaissais pas son travail, et je me suis aussi régalé.

Et les deux expositions se répondent bien, justement.
Sally Mann évoque, Marc Pataut montre.
Et les deux travaillent à la chambre. Tous ceux qui la pratiquent ici savent que c'est plus compliqué que d'autres appareils, mais qu'on a de bonnes raisons.
Par ces deux expositions, peut etre que chacun peut s'interroger sur ses propres raisons, en tout cas, je suis ressorti de là en ayant nourri ma photographie, ce qui est une bonne raison d'y retourner.
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