il me semble que ce type de matériel n'est peut-être pas le plus adaptéBonsoir M. Ardaud !
Vous qui fréquentez GP.com et GP.info depuis longtemps, vous qui portez
vos appareils à film dans votre sac à dos de skieur de randonnée, vous savez parfaitement qu'en matière de montagne ou en matière de photo à film grand format, quand on pense être soi-même extravagant, on trouve toujours quelqu'un de plus extravagant.
Le jour où il n'y aura plus d'alpiniste russe ou de photographe russe extravagant, il faudra s'inquiéter !
Sans minimiser le moins du monde le défi consistant à emporter une chambre 13x18 à 5600 m d'altitude, il faut néanmoins relativiser.
L'ascension de l'Elbrouz n'a rien à voir avec celle du K2. Par la voie normale, il n'y a absolument aucune difficulté technique.
À l'époque soviétique, et c'était encore vrai en 1989, on montait depuis le versant sud presque à 4000 m d'altitude sur la voie normale de l'Elbrouz, à l'aide d'un téléphérique. Ne restait ensuite que moins de 1000 m à monter sur des névés peu pentus pour atteindre un grand refuge à 4800 m, sur le dernier éperon rocheux avant la calotte glaciaire sommitale.
Ensuite ne restaient le lendemain que 800 m à gravir sur une portion de glacier peu pentue et peu crevassée, à condition, bien entendu, de bien rester sur la route normale, donc facile par beau temps, difficile et très dangereux par mauvais temps.
La difficulté de l'Elbrouz réside dans sa météo qui peut changer de façon brutale, les photos d'Anton Ivanov l'illustrent assez bien, on passe de la chemisette en plein soleil à la doudounne dans le blizzard dans la même journée.
La raison de ces changement de météo brutaux vient de ce que l'Elbrouz, un grand volcan éteint, domine les plaines de Russie, sans aucun obstacle vers le nord qui puisse empêcher la descente d'un air glacial typiquement russe.
De l'autre côté, vers le sud, on domine la Géorgie avec son climat chaud et humide, la rencontre des masses d'air antagonistes à 5600 m sur l'Elbrouz donne des coups de tabac terrifiants.
Les gens partent en bras de chemise du refuge, côté sud, en sifflotant, par une température clémente, et se retrouvent congelés par un coup de mauvais temps venant du nord, qui les attrape au sommet sans crier gare.
Depuis la fin du siècle dernier, il semblerait [dixit divers sites Internet consultés à ce sujet] que le refuge à 4800 ait brûlé, mais le groupe du photographe Anton Ivanov a monté la tente pour faire un camp de base, donc je ne sais pas aujourd'hui ce qui existe comme refuge sur la voie normale de l'Elbrouz côté sud.
Ce sommet étant relativement facile, bien plus facile techniquement que le Mont Blanc par l'arête des Bosses, attire beaucoup de monde.
Le produit mathématique du nombre de grimpeurs (élevé) par une probabilité d'accident mortel par congélation en cas de mauvais temps (faible mais, incompressible) donne une statistique qui fait peur, exactement comme au Mont Blanc par le Goûter, avec le terrifiant couloir du Goûter et ses pierres qui tombent sans arrêt.
Et cette année 2019 de canicule (** note 1), en montant au Goûter depuis Tête-Rousse, y fallait certainement courir encore plus rapidement que d'habitude pour franchir l'effroyable goulotte-aux-pierres-qui-tombent ...
Quand les canicules s'emballent, les vignes souffrent.E.B.Modifié 1 fois. Dernière modification le 28/08/19 22:24 par Emmanuel Bigler.