Le photojournalisme vu par 2 pros
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Le photojournalisme vu par 2 pros

Envoyé par AJJ 
Re: Le photojournalisme vu par 2 pros
vendredi 12 septembre 2014 15:42:30
"En revanche la presse de qualité prospère. Le canard enchainé voit ses ventes augmenter. Le modèle économique de Mediapart est également viable."

Non le Canard perd aussi des lecteurs mais moins vite que les autres, je posterai un article sur la question la semaine prochaine si cela vous intéresse.
Et la situation de médiapart est plus complexe, il faut intégrer leurs subventions dans le calcul de viabilité économique... et là c'est flou.

Globalement le papier n'a plus aucun avenir dans la presse généraliste, et oui on a changé de modèle ; quant aux exemples de XXI ou 6 mois sont des objets de type journaux-livres trop particuliers pour être comparés aux autres.



Modifié 3 fois. Dernière modification le 12/09/14 15:46 par Zoran.
Re: Le photojournalisme vu par 2 pros
vendredi 12 septembre 2014 19:29:59
Bonjour à tous,

Ah! Ok pour le canard. Il m'avait semblé lire il y a un an ou deux que ses tirages augmentaient.

Oui c'est vrai pour XXI et 6 mois, pas comparable avec les quotidiens, mais ce genre de publications peut encourager un photojournalisme un peu plus réfléchi.

Changement de modèle ok; je ne connais pas le chiffres, mais j'ai intuitivement l'impression que le traffic et la publicité récupérés par la version en ligne des quotidiens ne balancent pas leurs pertes qu'ils assument pour leur version papier.

Autrement dit tant que la qualité ne sera pas au rdv il sera difficile de se démarquer du flot d'information internationnal accessible sur le web.

Je ne sais si les ventes de tablette a une influence sur la baisse de lectorat des versions papiers pour aller vers le gratuit.
Est-ce que la stratégie du monde d'offrir peu de contenu lisible gratuitement lui est plus profitable que la stratégie de libé où davantage d'article sont accessibles?

Autre question, c'est le lien entre l'envie de lire les quotidiens et voir comment la politique gère la France et l'europe.

d'autres questions me viennent à l'esprit mais j'attendrai votre post.

pris dans libé du 4 septembre 2014

En 2013, la diffusion totale payée s’est élevée à 399 567 exemplaires en moyenne par semaine, dont 304 891 via le distributeur de presse Presstalis, 69 996 pour les abonnements et 24 680 achetés par les compagnies aériennes.

Selon le «Palmipède», ce mauvais résultat «n’est pas vraiment une surprise» car sa diffusion «baisse - c’est ainsi - quand la gauche est au pouvoir». Il explique cette tendance par la «désertion de certains de nos lecteurs, de sensibilité socialiste, qui trouvent le Canard trop sévère et préfèrent ne pas voir les déficiences du gouvernement qu’ils ont appelé de leurs vœux».

«Pareil phénomène s’était déjà produit sous Mitterrand, en 1982, lorsque la vente du Palmipède avait dégringolé de 25% avant de regrimper», écrit le journal qui n’a pas augmenté son prix de vente depuis 23 ans (1,20 euro).

Bonne soirée à tous
Romain



Modifié 2 fois. Dernière modification le 12/09/14 19:38 par romain.
Re: Le photojournalisme vu par 2 pros
vendredi 19 septembre 2014 10:23:00
[ecrans.liberation.fr]

"Autrement dit tant que la qualité ne sera pas au rdv il sera difficile de se démarquer du flot d'information internationnal accessible sur le web."

L'explication est incomplète, le journalisme professionnel est vilipendé à tort ou a raison, et les réseaux sociaux sur internet permettent de s'en affranchir partiellement. La critique des médias est indispensable mais il faut la faire sérieusement, ça existe mais c'est rare. Certaines voix se sont fait profession de clouer systématiquement au pilori la presse, et même si parfois ils disent n'importe quoi comme A. Gunthert qui voit systématiquement rouge avec Libé, ils gardent une crédibilité qui peut être pourtant facilement démontée. Un paradoxe qui montre bien que cette période de transition n'est pas finie.
Pour ma part la crise de la presse s'enracine beaucoup plus profondément dans la société et dépasse les questions économiques et éditoriales.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 19/09/14 10:45 par Zoran.
Re: Le photojournalisme vu par 2 pros
vendredi 19 septembre 2014 18:42:28
Bonjour à tous,

Oui bien sur une phrase lancée comme ça ne peut résumer encore moins rendre compte de la complexité, la diversité des contextes et l'entrelacement des facteurs qui ont amené à la situation difficile actuelle de la presse papier en France.

Cependant par un tout petit bout de lorgnette, j'avais il y a deux ans colligés tous les articles de quelques quotidiens nationaux français (le monde, libé, les échos, la croix, le figaro, l'humanité…) du milieu des années 90 à 2000.

Ce qu'il en ressortait c'est que la presse Française
- relate l'évolution et l'apparition de média sur le net aux US.
- amène les critiques et un peu du contexte de cette arrivée
- fait suivre le discours de divers prises de position où grosso modo l'internet ce sont des non professionnels qui font des erreurs car ne prennent pas le temps de vérifier, contre vérifier l'information.
- montre une quasi absence de questionner le contexte français. Est-ce un dénis un tabou ?
- décrit qu'aux US il y a un investissement massif de consortium des télécommunication sur ces nouveaux médias internet. Du coup les médias traditionnels agitent l'épouvantail du contrôle de l'information par ces consortiums dont leur but est davantage de créer un nouveau besoin (ces médias en ligne) pour susciter une nouvelle demande pour leur monopole (les réseaux de télécommunication, fibre optique….) car plus il y a de média en ligne avec de l'image et vidéo cela crée de la demande de bande passante et donc d'augmenter les infrastructures de réseaux détenus par ces monopoles. Ainsi ils gagnaient sur les deux tableaux.
- apparition du télétravail

tiens hop un copier coller des thèmes que j'avais repérés :

accessibilité totale information:l'avènement permet à l'accessibilité à toute les informations diffusées sur le réseau web.

contrôle de l'info sur un réseau décentralisé: la question de la possibilité (censure) ou de l'impossibilité de pouvoir contrôler l'information et sa diffusion sur le réseau apparaît dans le discours.

accessibilité aux archives du titre de presse: un discours est formulé sur la possibilité d'accéder aux archives d'un titre de presse via le web.

information va chez le consommateur (flux RSS): une nouvelle technique permet de livrer une information thématisée au consommateur. Ce dernier n'a plus besoin de la recherche, elle vient directement à lui.

consommateur identifié: le récepteur de l'information est connu et identifié sur le réseau.

surabondance information: ce thème dénote d'un jugement au sujet de la quantité d'information proposée sur le réseau.

Cette information peut relié dans le discours au sujet du réseau de manière générale ou plus spécifiquement au sujet de la presse écrite généraliste diffusée sur le web.

anonymat de la source d'information: l'internet permet de diffuser sous couvert d'anonymat une information au monde entier. [eh oui à cette époque on était naïf]

adjonction de services à coté de l'info: des hyperliens sur des services extérieurs qui n'ont pas de lien avec l'info adjacente (sur la météo, horoscope, recherche dans les archives…)

agence de presse: discours concernant le rôle des agences de presse vis à vis de la presse écrite généraliste.

apparition du télétravail: c'est une sous catégorie du changement de pratique du journaliste dont les contacts réels avec sa rédaction sont diminués par l'arrivée du télétravail.

confusion information et communication: l'information est à la démocratie ce que la communication est à l'économie selon la formule de Charles de Laubier. Autrement dit c'est une dimension téléologique qui permet de différencier les deux.(Laubier 2000, 23)

contrainte éditoriale page change: l'arrivée de la page web implique toute une réorganisation de la conception du sens de lecture d'un article, du nombre de mot, du nombre d'images, de liens, du type de contenu (possibilité de fournir davantage de sources que ne pouvait le permettre le format papier en raison de l'espace limité)

concurrence du net sur presse tradi: discours qualifiant de concurrentiel le rapport entre la presse écrite généraliste sur papier et une presse écrite sur le web.

presse web complémente presse tradi: discours qualifiant le rapport de complémentarité entre la presse écrite généraliste sur papier et une presse écrite sur le web. L'idée de coexistence apparaît aussi.

subvention de la presse et journalistes: discours faisant état de projet, ou de besoin de financement de la presse par l'état et des abattements fiscaux dont bénéficient les journalistes en France.

diversité des terminaux de réception: discours autour de la diversité des terminaux sur lesquels la presse web peut diffuser: téléphones portables, ordinateurs portables, ordinateurs de bureau.

démocratisation du pouvoir communicationnel: discours autour d'une réelle ou utopique démocratisation du pouvoir communicationnel. Autrement dit chaque internaute a le pouvoir de délivrer une information. Cette idée rejoint la question de la confusion entre la communication et l'information.

disparition des frontières: c'est un monde où l'information n'a plus de frontière au niveau de l'émetteur. Seule la frontière au niveau du récepteur perdure (langue, culture, accès au réseau).

courriel moyen de diffusion: l'utilisation du courriel et de liste de diffusion pour la diffusion d'information.


En conclusion il n'y avait aucune lecture précise sur la situation française, pas d'autocritique, pas d'analyse prospective à part des grandes généralités. Ou tabous ou ils n'ont sincèrement rien vu venir ou ils se sont crus à l'abri par le système de subvention à la française dont bénéficie notre presse.... je penche plutôt pour la première.

Il y a certainement d'autres facteurs qui n'apparaissaient dans ces quotidiens nationnaux (tabous encore)


bonne journée

Romain
Re: Le photojournalisme vu par 2 pros
vendredi 19 septembre 2014 20:06:42
Romain,
Vous avez raison sur la question du tabou. Les banques, les commerces avec pignons sur rue ont fait pareil, ils ont voulu ignorer internet et le marché qui se profilait. Mais aujourd'hui la situation est différente, tous les journaux sauf le Canard (il y en a peut être d'autres, je ne sais pas) sont sur internet. Autrement dit il n'y a plus d'opposition entre vieux médias et nouveaux médias, c'est un débat d'arrière garde malgré ce que prétendent encore quelques gourous h(i)(y)st(o)(é)riques. Même twitter est devenu un instrument banal et généralisés de la visibilité du travail des journalistes, les frontières n'existent plus, même au sacro saint Le Monde. On peut leur reprocher d'avoir été hostile dans un premier temps et de n'avoir pas été réactif, ok, mais c'est du passé et cette grille de lecture ne marche plus. Le rejet de la presse vient de plus loin, si les gens en ont marre ce n'est pas seulement parce que leur quotidien a tardivement adopté le numérique.
Re: Le photojournalisme vu par 2 pros
vendredi 19 septembre 2014 21:31:48
<<Le rejet de la presse vient de plus loin, si les gens en ont marre ce n'est pas seulement parce que leur quotidien a tardivement adopté le numérique.

+++
Re: Le photojournalisme vu par 2 pros
vendredi 19 septembre 2014 22:08:05
Bonjour à tous,

"Le rejet de la presse vient de plus loin, si les gens en ont marre ce n'est pas seulement parce que leur quotidien a tardivement adopté le numérique."

Tout à fait, à cela s'ajoute tout ce qu'on a évoqué avant: la piètre qualité de la presse, le ouèbe peut proposer sans trop d'effort des contenus proche, l'arrivée des gratuits dans toutes le villes, et un dernier élément qui personnellement m'a affecté c'est une certaine pensée unique due aux liens très ténu entre le pouvoir et la presse.
Pour moi il y a eu deux scissions importantes dans mon rapport aux médias traditionnels: c'est la guerre du Golf avec son occupation permanente des ondes et pages de papier pour dire peu de choses de pertinent (puisqu'il n'y avait pas de journaliste sur le terrain mais dans les hotels). La presse s'est fait le relais des agences gouvernementales sans aucun recul, ni mise en perspective critique de leur propre travail.
Le second moment a été le dernier référendum de 2005 pour la constitution européenne où il y a eu un travail non négligeable et bien orchestré effectué par les médias pour décrire le non comme un vote négatif qu'on associait volontier au non de l'extrême droite pour le dénigrer.

Ces deux points ont représenté une trop forte pensée unique au service d'une idéologie et d'un pouvoir néolibéral au sein de la presse quotidienne. Ceci est à mon sens une marque de mauvaise qualité des quotidiens. Je ne renie pas l'idéologie, mais j'attends d'une presse qu'elle rende compte de leur diversité, de leur application concrête ou possible.

Romain
Re: Le photojournalisme vu par 2 pros
vendredi 19 septembre 2014 22:49:44
Les exemples que vous donnez sont intéressants, faudrait aussi ajouter la candidature de Balladur, favori des médias en 1995, donné gagnant aux présidentielles ...
On a longtemps pensé que les médias avaient le pouvoir de manipuler l'opinion, or c'est faux, l'opinion se retourne contre ceux qui prétendent la manipuler. Hier je lisais que Twitter donnait gagnant le oui au référendum sur l'indépendance écossaise, résultat ? On change de modèle, certainement, mais très lentement.
Aujourd'hui Sarkozy se présente sur Facebook et pas sur Tf1, bien entendu il y a un côté "moderne" affiché, un opportunisme de campagne sur lequel il va surfer pour tenter de ringardiser les adversaires de son camp qui prétendent "parler aux jeunes" ; mais pour l'avenir des médias je pense que c'est une chance à saisir que les politiques s'affranchissent de la télévision et de la presse, ils ont une occasion de récupérer leur indépendance et de faire pleinement leur travail. Sauront-ils la saisir ?
Parallèlement il y a le risque d'une dérive populiste d'une classe politique qui prétendrait s'adresser directement au peuple via les réseaux, très en vogue également...
Re: Le photojournalisme vu par 2 pros
samedi 20 septembre 2014 09:10:37
...guerre du Golfe... au golf, y'a des bunkers en forme de trous d'obus, mais c'est autre chose...
Re: Le photojournalisme vu par 2 pros
samedi 20 septembre 2014 10:55:12
"Le rejet de la presse vient de plus loin, si les gens en ont marre ce n'est pas seulement parce que leur quotidien a tardivement adopté le numérique"

Est ce qu'il y a un rejet de la presse par conviction ou simplement un désintérêt par paresse ou radinerie.

Aujourd'hui, les gens veulent tout et tout de suite et de préférence sans donner un centime. On se contente de l’ersatz d'information donné par les trois lignes accessible gratos sur les sites d'information en ligne. On ne prend pas le temps ou alors on ne se donne pas le temps d'aller au fond des sujets et puis globalement pas mal de gens s'en foutent. Être informé, c'est lire les news qui défilent sur son compte Twitter mais on irait pas filer un radis pour aller plus loin . C'est sur ces "lecteurs" que se basent les médias pour dire que le papier c'est foutu et l'avenir c'est le web ?

Dans les faits, combien d'abonnés ont les sites d'info exclusivement en ligne. Pour Médiapart, environ 85 000 si j'ai bien lu soit, 85 000 vrais lecteurs. Combien pour les grands journaux papier? Pour le moment, la part reste au papier. Le seul truc, c'est que c'est un vecteur d'info qui est cher à produire et donne l'impression à l'acheteur de lui coûter cher. Mais si on va sur le site du monde, globalement en premières pages du site web, on a des titres accrocheur et si on veut aller plus en avant dans un article, faut payer 2 euros l'article pour avoir bien souvent un contenu qui ne les vaut pas. Ou alors, il faut s'abonner et là, cela revient presque aussi cher que la version papier sur abonnement avec un confort de lecture qui me semble bien moindre.

Est ce qu'il y a un rejet de l'info? Pas sur mais la concurrence est rude entre le papier, la radio, la vidéo et le problème est encore une fois la paresse intellectuelle et cette facilité qu'apporte aujourd'hui la radio et le web de pouvoir aller à l'"info" et pour certains, non pas sur des sites généralistes mais des médias partisans ou l'on entend ce que l'on veut bien entendre sans se préoccuper de l'objectivité de cette info.

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