« Capa in color » (1938 - 1954)
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« Capa in color » (1938 - 1954)

Envoyé par Emmanuel Bigler 
« Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 12:11:06
Bonjour à tous !

Reçu ce matin ce très beau livre :
« Capa in color », textes (en anglais) de Cynthia Young, photos de Robert Capa
Delmonico books - Prestel
Publié à l'occasion d'une exposition à l'International Center of Photography, NYC - USA - (janvier - mai 2014)
ISBN 978-3-7913-5350-0


De Capa, on a surtout en mémoire du 24x36 en noir et blanc ; ce livre nous présente une anthologie du travail de Capa en couleurs entre 1938 et 1954 ; et nous montre un très gand nombre d'images prises avec un Rolleiflex.

À part quelques images prises en 24x36 sur Kodachrome dès sa commercialisation en 1938 et quelques rouleaux de K-135 pris par Capa pendant la guerre (en particulier le débarquement allié en Sicile en '43), Capa a utilisé également la chambre de presse Graflex et la Linhof Technika avec des plan-films Kodachrome en formats 3x4 pouces et 4x5 pouces. Il a utilisé également le Rolleiflex, très probablement avec des Ektachromes, car pour autant que je me le rappelle, le Kodachrome n'était pas disponible en rouleaux 120 entre son introduction en '38 et sa fugitive version moderne K-64 - 120 tout à la fin du siècle dernier.

Beaucoup des images présentées sont issues de reportages commandés par des magazines anglophones dans la période 1947-1954 (il y a néanmoins quelques images prises pour « Paris-Match »), et au moins la moitié des images présentées dans le livre sont carrées, trahissant l'usage du Rollei-bi. Pas de mystère, les techniques de photogravure de l'époque, surtout en couleurs, avaient un peu de mal à exploiter le 24x36.
On voit plusieurs images avec Capa en action, Rolleiflex en mains, et le Rolleiphile précautionneux se réjouit de voir le fameux reporter de guerre utiliser l'étui de cuir !! Comme quoi, le Leica ou le Nikon du photo-journaliste, toujours utilisé à nu (pour se distinguer de l'amateur frileux, évidemment ;-)) et parfois bardé de gaffeur, est une invention relativement récente ;-)

À signaler un reportage à Moscou pour le magazine « Illustrated », en '48, avec des textes de John Steinbeck. L'association d'un des écrivains étazuniens les plus célèbres et de l'un des plus célèbres photo-reporters, le tout financé par un magazine ... ah ! c'était mieux avant ;-)

À signaler également que Capa ne dédaignait pas, loin de là, la photo de célébrités. On le voit en action dans de très chics stations de skis suisses (** note 1), il y a une superbe image où le voit en train de viser (le Cervin ??) pour faire un calendrier suisse avec une Technika à main levée (1950) ; et dans la journée, il est sur les pistes et photographie, entre autres, la famille royale des Pays Bas.

Mais il y a également la côte d'azur, et puisque Picasso est à l'honneur à Paris aujourd'hui, le bouquin nous montre des images fameuses du Père Pablo à la plage à Vallauris en famille.

Comme quoi, à l'époque, on pouvait photographier tranquillement les célébrités au ski ou dans les cocktails mondains, cela n'émpêchait pas, hélas, de sauter ultérierement sur une mine pendant un reportage de guerre.

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Les Rolleiphiles seront aux anges, bien qu'il soit difficile de les épater avec des images carrées parfaitement nettes, ils seront admiratifs de la qualité technique des images carrées présentées dans le bouquin. Certes, il y a un travail de retouche numérique parfois titanesque (voir plus bas) pour reconstituer les couleurs perdues des ektas, mais la netteté des images et n'a pas été inventée sur l'ordinateur de la maison d'édition en 2014.

Une courte note technique nous confirme ce que nous savions déjà, mais il est toujours bon de croiser les sources et de confronter les témoignages. Les Kodachromes, à quelques exceptions près (erreurs probables dans le très complexe procédé de développement, pour quelques bobines seulement) se numérisent avec très peu de corrections de couleur ; les couleurs des Kodachromes sont restées suffisamment présentes pour que les images puissent être publiées telles quelles en 2014. Rien de tel, hélas, avec les ektas antérieurs à 1954, dont l'état de conservation colorimétrique soixante années plus tard va de la petite dérive facile à corriger, jusqu' à l'effacement total des bleus et des verts, ne laissant au numérisateur contemporain aucune autre possibilité que la reconstitution des bleus a posteriori par le contexte (p.ex. : le ciel) ou la confrontation avec l'image imprimée à l'époque dans les magazines, en particulier pour retrouver les verts.

Pour le reportage moscovite, (la Comtesse me souffle : un moscovite en Russie à Bruxelles) pas de problème avec le rouge de rigueur chez les Soviets en '48, ce sont les rouges d'origine ;-)


Bref, voilà un très beau bouquin que j'ai acheté par correspondance au Royaume Uni et surtout pas directement aux États-Unis (nos lecteurs québécois, que je salue au passage, auront, à l'évidence, un point de vue totalement opposé), afin de maintenir les frais de port à un niveau acceptable. Le bouquin est arrivé ce matin dans un superbe sac postal bleu réutilisable !

Bonne lecture !


(** note 1 : moi, pour les sports d'hiver, comme le grand Capa, je préfère la Suisse ; parce qu'en France, ou bien on est affligé par la vulgarité ambiante, ou bien il y a trop de snobs)

(** note 2 : en apprenant que Capa avait travaillé à la chambre de presse pendant la guerre, la Comtesse s'est souvenue de cette anecdote « Le 10 juin '44, le grand Capa avait fait tester tous les septums du recteur de Sainte Mère Église. »)


E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 25/10/14 12:24 par Emmanuel Bigler.
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 12:49:14
1/Encore un vestige d'une photographie en mal de mites mythes. Pour ma part Capa est totalement surévalué, il a pris des risques avec un appareil photo en s'approchant au plus près mais en tant que photographe il était très moyen, cf le fameux "Si la photographie n'est pas bonne c'est que tu n'étais pas assez près." qu'on peut retourner en : "Ce n'est pas en t'approchant au plus près que tu sauveras ta photographie.
En attendant combien de photographes en sont morts ?

2/"moi, pour les sports d'hiver, comme le grand Capa, je préfère la Suisse ; parce qu'en France, ou bien on est affligé par la vulgarité ambiante, ou bien il y a trop de snobs)"
La Suisse abrite effectivement les stations les plus huppées Gstaad, Zermatt (que l'illustre photographe fréquentait), sans oublier Davos célèbre pour réunir un petit forum exclusif d'entrepreneurs amateurs de ski ou d'air raréfié, c'est selon. Dans tous les cas on ne risque pas d'y croiser le petit peuple vulgaire qui souille les pistes de son inopportune présence, et de toutes façons il n'y a pas assez d'air pour que cette populace puisse respirer. Point de snobisme donc, en les repoussant avec des tarifs qui leur sont inaccessibles n'est-ce pas un service qui leur est rendu ?. ;-)

3/ Synthèse de 1 & 2.



Modifié 5 fois. Dernière modification le 25/10/14 13:35 par Zoran.
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 14:08:20
Zoran écrivait:
-------------------------------------------------------
> 1/Encore un vestige d'une photographie en mal de
> mites mythes. Pour ma part Capa est
> totalement surévalué, il a pris des risques avec
> un appareil photo en s'approchant au plus près
> mais en tant que photographe il était très
> moyen, cf le fameux "Si la photographie n'est pas
> bonne c'est que tu n'étais pas assez près."
> qu'on peut retourner en : "Ce n'est pas en
> t'approchant au plus près que tu sauveras ta
> photographie.
> En attendant combien de photographes en sont morts
> ?

Mille fois d'accord


> 2/"moi, pour les sports d'hiver, comme le grand
> Capa, je préfère la Suisse ; parce qu'en France,
> ou bien on est affligé par la vulgarité
> ambiante, ou bien il y a trop de snobs)"

> La Suisse abrite effectivement les stations les
> plus huppées Gstaad, Zermatt (que l'illustre
> photographe fréquentait), sans oublier Davos
> célèbre pour réunir un petit forum exclusif
> d'entrepreneurs amateurs de ski ou d'air
> raréfié, c'est selon. Dans tous les cas on ne
> risque pas d'y croiser le petit peuple vulgaire
> qui souille les pistes de son inopportune
> présence, et de toutes façons il n'y a pas assez
> d'air pour que cette populace puisse respirer.
> Point de snobisme donc, en les repoussant avec des
> tarifs qui leur sont inaccessibles n'est-ce pas un
> service qui leur est rendu ?. ;-)

;-))

J'aime assez cette lecture de la Suisse
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 14:23:22
Merci Emmanuel.pour ce billet sur Capa, photographe humaniste et grand témoin de son époque aux côtés de ses illustres confrères.
Que nous importe que son style ne soit pas en conformité avec les canons techniques débattus depuis.
Une fois de plus, le contenu, l'éthique, le témoignage sont bien plus importants.
Je viens moi aussi d'acheter ce livre.


.
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 16:31:59
Comme pour un JPEG progressif qui apparaît, comme son nom l'indique ... progressivement sur l'écran d'un ordi connecté à Internet par un modem acoustique 300 bauds, de même, le livre "Capa in color" m'apparaît par couches successives.

La première couche est celle qui saute aux yeux du rolleiphile avec l'étui de cuir en action et les photos carrées, et ces couleurs pour des scènes que nous ne connaissons qu'en noir et blanc.

La deuxième couche est cette parenthèse, entre la guerre de quarante et la guerre d'Indochine, de commandes auxquelles répond Capa, pour publication dans des magazines illustrés étazuniens à destination du grand public, pas pour accrocher à la galerie Fraenkel.
Je savais, depuis pas très longtemps finalement, que le Père Doisneau avait travaillé de cette façon : "ils veulent des amoureux parisiens ? on va leur en donner !"

Et puis je pense aux familles de fermiers du Mid'West entre '47 et '54.
Peu d'entre eux avaient une idée, même vague, de ce qu'était l'Europe, au début des années 1930.
Il y a ceux qui ont forcément entendu parler de la France, parce que leur fils s'est fait trouer la peau avant même d 'avoir touché le sable d'Omaha Beach.
Il y a, à l'autre extrémité, ceux dont le fils va revenir un peu plus épisodiquement dans son Arkansas natal, parce qu'il est tombé dans les bras d'une normande accorte.
Et il y a ceux, la majorité, qui n'appartiennent pas aux catégories ci-dessus, mais en tant que contribuable, ont ... contribué à l'effort de guerre en Europe, en Afrique du Nord et dans le Pacifique.

Il y a donc un besoin d'Europe à combler dans les magazines du Nouveau Monde, une fois la guerre terminée.
Le Père Capa, en bon professionnel, répond présent.

La vie des têtes couronnées d'Europe ? ça c'est vendeur, coco, bientôt Grace Kelly deviendra princesse de Monaco !!
L'idée de présenter aux fermiers du Mid West la vie quotidienne des Rouges qui furent nos alliés après avoir été le Grand Satan, un reportage à faire en tandem avec Steinbeck ! Qui résisterait !

Dans cette vision-là, la couleur apparaît comme fondamentale !! Dès '38 le Père Capa voit bien ce qui peut se vendre en couleurs , y' va pas se gêner !

Voilà la deuxième couche de mes impressions ... alors je ne doute pas que Zoran me pardonnera de lui dire qu'à ce point de ma lecture, la cote de Capa (quelle cote ? la cote marchande dans les galeries ? coté avec quelle grille de lecture ?? celle du concours régional "images projetées" de la Fédé ?) ... ahem .. je m'en contre-tamponne totalement.

Voilà la deuxième impression, en attendant la suite de mes lectures ;-)

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 25/10/14 16:42 par Emmanuel Bigler.
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 17:25:01
"la cote de Capa (quelle cote ? la cote marchande dans les galeries ? coté avec quelle grille de lecture ?? celle du concours régional "images projetées" de la Fédé ?) ... ahem .. je m'en contre-tamponne totalement."

Non, c'est simplement la valeur esthétique de son travail qui ne vaut pas tripette, en particulier en couleur :
[www.hebdo.ch]
Et sinon effectivement Capa en dehors des champs de batailles était un mondain, ça s'accorde bien avec Zermatt.
;-)



Modifié 1 fois. Dernière modification le 25/10/14 17:35 par Zoran.
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 19:51:21
Vous êtes abonné à "l'Hebdo", Zoran ? Félicitations, parce que moi, n'étant pas abonné, je ne peux pas lire l'article que vous pointez ;-) ne me dites pas que vous jugez un travail de plusieurs années sur une seule image !!

Quant à la valeur esthétique des images destinées à être publiées dans les magazines et dans la presse grand public ... disons que les rédac' chefs d'aujourd'hui ont probablement des critères différents des vôtres, et ceux d'il y a 65 ans trouvaient probablement Capa à leur goût. Vaine querelle !

Quelle valeur esthétique donnez vous aux images documentaires des autochromes de la collection Albert Kahn ? Esthétiquement, vous classez cela comment ?

E.B.
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 19:54:16
Bien au delà du mythe et de la valeur ( forcément subjective) de l'oeuvre, qualifier de mondain un type qui a fini comme Capa, après avoir vécu ce que l'on sait, parait bien hasardeux. Les mondains se trouvaient précisément très loin des lieux mortifères où il fit les images qui lui restent liées. A moins de parler d'un cas avéré de schizophrénie, ce que j'ignore et qui ne me regarde pas. Ceci dit sans nourrir une admiration particulière pour les photographes dits ''reporters de guerre'' , l'objet même de leur travail ne m'intéressant pas particulièrement, quelle qu'en soit la qualité. Il va de soi que je n'ai rien à défendre dudit Capa, à fortiori post-mortem . Peut-on en rester à ses photographies, les clefs de son psychisme ne pouvant plus qu'être l'objet d'inutiles suppositions ? YD
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 20:22:33
Capa ou la polémique assurée.
Un personnage de roman, joueur, même avec sa propre vie, mais capable également de tricher au service de la bonne cause et aussi de la sienne.; mondain aussi, on est pas "le plus grand photographe de guerre" sans être un peu arriviste, vantard sympathique, je suis étonné qu'il n'ai jamais fait l'objet d'une fiction cinématographique.
Le personnage me semble plus intéressant et attachant que le photographe.

Gabriel
gabrielramon.com
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 20:23:39
Ce qui est un peu étonnant, mais que la lecture du livre expliquera peut-être, c'est que Capa, fortune faite et notoriété bien affirmée, aurait pu se contenter de rester loin des champs de bataille. Après tout il avait pris sa dose de risque en Espagne et en France en '44-'45, il aurait pu s'appuyer sur sa notoriéte pour un roulement tranquille de commandes façon cocktail et troisième mi-temps à Zermatt.
Non, il a re-plongé avec l'Indochine ; après cela, son destin n'est finalement pas très différents de celui des alpinistes qui passent une partie importante de leur vie en montagne : par le simple jeu des probabilités, ils risquent plus l'accident que le père de famille dans son fauteuil la maison. La mine sur laquelle Capa a sauté, il aurait pu la rencontrer en Espagne ou en France.

Un autre point qui m'intrigue, mais pour cela il faudrait lire les articles ou acheter le bouquin qui avait été publié à l'époque, c'est ce que Steinbeck peut bien raconter de la Russie de '48.
1948, officiellemant, les Russes n'ont pas encore la bombe atomique, il faut encore attendre un an, d'une certaine façon les Etats-Unis sont très temporairement les maîtres du monde. La Guerre Froide n'a pas encore tout à fait commencé, mais on peut déjà lire en France le bouquin de Kravtchenko publié en anglais en '46 et en français en '47 ... j'imagine que cette affaire (retentissant procès en France en '49) intéressait moins les lecteurs des magazines américains que les photos en couleurs de Capa prises en Russie ;-)

E.B.
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 20:50:24
"Quelle valeur esthétique donnez vous aux images documentaires des autochromes de la collection Albert Kahn ? Esthétiquement, vous classez cela comment ?"

La mission Albert Kahn est l'œuvre d'un philanthrope génial, un type inspiré qui s'est donné les moyens de son ambition. Le résultat est un documentaire irremplaçable dont les photographes sont les instruments transparents mais pas invisibles.
Avec Capa s'est une autre partie qui se joue : l'érection d'un mythe qui prend toute la place, et peu importe l'intérêt du résultat. Ce qui compte c'est qu'on b....e encore devant l'érection.
Sans moi !
;-)



Modifié 1 fois. Dernière modification le 25/10/14 20:53 par Zoran.
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 22:43:00
Zoran écrivait:
-------------------------------------------------------
> "Quelle valeur esthétique donnez vous aux images
> documentaires des autochromes de la collection
> Albert Kahn ? Esthétiquement, vous classez cela
> comment ?"
>
> La mission Albert Kahn est l'œuvre d'un
> philanthrope génial, un type inspiré qui s'est
> donné les moyens de son ambition. Le résultat
> est un documentaire irremplaçable dont les
> photographes sont les instruments transparents
> mais pas invisibles.
> Avec Capa s'est une autre partie qui se joue :
> l'érection d'un mythe qui prend toute la place,
> et peu importe l'intérêt du résultat. Ce qui
> compte c'est qu'on b....e encore devant
> l'érection.
> Sans moi !
> ;-)


Je suis assez d'accord avec ce point de vue, même si tout le monde s'en fout.
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 22:54:45
Nestor Burma écrivait:
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> même si tout le monde s'en fout.

C'est certain, le mythe Capa ayant le vit dur, je suppose que c'est ce qui assure sa longévité ;-)
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 22:59:32
"Si la photographie n'est pas bonne c'est que tu n'étais pas assez près."

Je déteste au plus haut point cette formule qui a fait tant de morts sans faire pour autant des photographies intemporelles.
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 23:01:17
Non non on s'en fout pas !

[collodion-humide.com]
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
samedi 25 octobre 2014 23:30:41
Nestor Burma écrivait:
-------------------------------------------------------
> "Si la photographie n'est pas bonne c'est que tu
> n'étais pas assez près."
>
> Je déteste au plus haut point cette formule qui a
> fait tant de morts sans faire pour autant des
> photographies intemporelles.


Oui trop de morts pour une formule, pour rien, mais que peut-on faire contre un mythe ? A coup de masse on n'en vient pas à bout, mais il faut quand même essayer. Les statues sont faites pour être déboulonnées, il nous est à charge de trouver les bons outils.
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
dimanche 26 octobre 2014 09:35:11
Nestor Burma écrivait:
-------------------------------------------------------

Je déteste au plus haut point cette formule qui a fait tant de morts sans faire pour autant des photographies intemporelles.

On en apprend tous les jours.
Je ne savais pas que des "formules" tuaient des photographes :-)
Depuis Capa, les guerres ont changé, les photographes et leur matériel aussi.
Si les photographes de guerre se font tuer, c'est parce qu'ils n'ont pas d'autre choix que d'être au cœur des combats et qu'il leur est difficile d'évaluer minute par minute les risques (terrestres et aériens).

Capa et sa "formule" n'est pas responsable de ces morts faut pas pousser.

Mais Totor Burné, lui, il sait.
Allez, dis-nous ce qu'il faut faire pour être sans risque photographe de guerre intemporel :-)


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Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
dimanche 26 octobre 2014 09:46:18
<<Capa et sa "formule" n'est pas responsable de ces morts faut pas pousser.

Ben si, cette formule est tueuse, pose la question à ceux qui ont vécu ce genre d'évènement et peut-être que tu comprendras, mais ce n'est pas sûr.
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
dimanche 26 octobre 2014 09:46:50
Zoran écrivait:
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mais que peut-on faire contre un mythe ? A coup de masse on n'en vient pas à bout...

Nietzchéen en diable. Tout cela plairait à Freidrich :-)


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Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
dimanche 26 octobre 2014 09:53:59
Nestor Burma écrivait:
-------------------------------------------------------

Ben si, cette formule est tueuse, pose la question à ceux qui ont vécu ce genre d'évènement et peut-être que tu comprendras...

Je connais un photographe de guerre et ça ne se passe pas du tout comme tu crois.
Les photographes sont accompagnés par des chauffeurs, des guides et ils vont là où on leur dit d'aller s'ils ne veulent pas en prendre une. Les photographes et les journalistes ne font pas ce qu'ils veulent. S'ils faisaient n'importe quoi pour faire l'image qui tue (!), ils prendraient des risques inconsidérés pour eux-mêmes mais surtout ils en feraient prendre à leurs accompagnateurs et au camp qui les protège.

un film à voir sur le sujet


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Modifié 1 fois. Dernière modification le 26/10/14 10:01 par Jean.
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
dimanche 26 octobre 2014 09:57:58
On a pas les mêmes copains
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
dimanche 26 octobre 2014 21:55:59
Un très bon documentaire sur la question :
[www.amazon.fr]
Le film montre la multiplicité des approches de travail, les photographes de guerre n'y sont pas réduits à une seule voix.
(Il ne faut pas s'arrêter à la jaquette flanquée du tampon "grands aventuriers" en caractères façon baroudeur, le contenu est d'un autre tonneau).



Modifié 1 fois. Dernière modification le 26/10/14 21:58 par Zoran.
Re: « Capa in color » (1938 - 1954)
mercredi 29 octobre 2014 20:11:46
Bien.
L'aspect esthétique des photos de Capa ayant été traité de façon efficace par Zoran, nous pouvons donc continuer notre lecture du "Capa in Color" en toute sérénité.

La première chose qui apparaît dans notre butinage c'est que le fonds photographique utilisé pour l'expo et le bouquin sont intimement liés, pour ne pas dire familialement liés à Robert Capa, puisque c'est son frère Cornell qui fonda ladite institution en '74.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_international_de_la_photographie
La probabilité pour que l'ouvrage dise du mal de Capa était donc fort mince, et si déboulonnage il devait y avoir, il fallait s'adresser ailleurs : c'est fait.

Ces années 1945-1950 entre 2e guerre et guerre froide ont quelque chose de fascinant.
Mme Young explique qu'après la fondation de Magnum en '47, Capa s'implique directement pour faire rentrer les fonds dans cette coopérative d'un genre nouveau. J'imagine que ces francs-tireurs n'avaient pas que des amis, et que les magazines qui étaient leurs clients auraient bien préféré en rester à l'ancien régime où les photographes abandonnaient leurs droits.
Capa et ses camarades (dont HCB ...) sont donc obligés à des négociations très serrées avec les clients.
La couleur, explique Mme Young, fait l'objet de toute l'attention de Capa. les magazines de la fin des années 1940 n'ont pas de peine à se fournir en photos N&B, mais ils sont toujours à cours de photos couleur pour faire face à une demande croissante du piblic. Capa répond à cette demande.
Un point technique dont les amateurs de kodachrome se contre-fichaient il y a 30 ans, mais qui était capital pour les photographes de 1945-1950, c'est que le kodachrome ne se développait que par correspondance dans quelques rares labos étazuniens, alors qu'en principe les ektas introduits en '46 peuvent être développés un peu partout. Donc les photographes qui fournissent les magazines sont réticents au kodachrome, les détails de traitement sont trop longs pour le circuit des magazines, indépendamment de la question de l'exploitation du format timbre poste par la photogravure de l'époque.
Capa utilisait 2 rolleis, un chargé en N&B et l'autre en ekta parce que pas de kodachrome en 120 et que Capa finalement aimait sans doute bien le rollei.

Mais les couleurs des ektas ne durent pas.
Donc tous ces ektas de Capa pris au rolleiflex étaient aux archives, inutilisables en photogravure analogique au bout de quelques années d'auto-destruction colorimétrique.
Mais le miracle du post-traitement numérique est là, d'où le bouquin.
(je continue mes lectures, c'est passionnant ;-) )

E.B.
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