Par une coïncidence très étrange, un ami de galerie-photo qui est probablement un grand timide, me passe à l'instant par mél privé un lien du même genre
(ces petits liens qui font plaisir, je n'insiste pas, on ne peut tout de même pas convoquer la Comtesse dès qu'un belle rubrique se présente ici).Comme j'ai pris bien soin dans ma réponse privée à ne rien mettre de compromettant qui puisse trahir le secret de cette source, je me permets de ré-afficher ici ce que je viens juste de répondre à cet honorable correspondant.
------
Bonjour, ce n'est certainement pas une innovation sur le plan optique puisque l'Hypergon de chez Goerz (~ 1910) est l'exemple parfait d'un objectif grand angulaire « globulaire ». Ce qui est annoncé dans l'article c'est la reprise et l'amélioration de ce genre d'objectif, mais couplé avec un réseau de fibres optiques juste derrière le globe, pour s'affranchir de la courbure de champ. Plus une détection pixellisée par capteur silicium et une usine à gaz électronique. Le projet est soutenu sur crédits militaires, donc en général, aux É-U, on ne mégote pas sur les crédits et les hommes-mois affectés au projet.
Donc pas d'innovation « optique », sinon marginalement, mais le fait que des vieux principes optiques abandonnés pour des raisons la fois scientifiques et techniques (courbure de champ incompatible avec la détection sur un plan), économiques (les ménisques très creux de l'hypergon sont très coûteux à fabriquer et très fragiles), finissent par être remis au gout du jour lorsque qu'un saut technologique rend accessible une technique permettant de s'affranchir des limites rencontrées jusqu'alors.
--
On peut ajouter qu'il est assez facile de faire une simulation de l'Hypergon avec la version éducation du logiciel Oslo
MD-edu. Fabrice, notre concepteur d'optiques sur le forum, nous avait passé les résultats de courbes FTM, qui étaient assez affligeants en bord de champ, entre autres raisons à cause de la courbure de champ de cette optique légendaire (avec son petit ventilateur-filtre-dégradé-concentrique, hélas ce dispositif ingénieux ne peut rien pour contrer la courbure de champ).
Fabrice avait ensuite ajouté que les ménisques très creux étaient fort coûteux à fabriquer.
Néanmoins les utilisateurs du grand angulaire rétrofocus Canon TS-E de 17 mm de focale ont un magnifique exemple d'un tel ménisque fort creux en entrée de leur caillou favori.
Je ne connais pas le détail des optiques globulaires mono-centriques évoquées dans cet article, mais sans une batterie de fibres optiques pour repiquer chaque point-image en sortie du globe, on ne pourrait pas avoir à la fois une résolution très élevée et tout le champ net d'un coup.
Là encore, l'idée n'est pas nouvelle de compenser une courbure de champ par un réseau de fibres optiques ordonnées
(par opposition aux faisceaux de fibres désordonnées utilisés pour l'éclairage des petits objets).Cela existait dès les années 1970 à partir du moment où on a su fabriquer des plaques de fibres optiques (plaques rigides) pour le transport d'image point par point. Dans les intensificateurs d'images du siècle dernier, on forme après conversion visible->électrons dans une photo-cathode, via une optique électronique et passage dans un intensificateur
(certains modèles utilisent des multiplicateur d'électrons à galettes de micro-canaux, souvent sans optique électronique de sortie, c'est un peu différent), une image électronique très fortement affectée de courbure de champ.
Mais si le fond de tube avec la couche de conversion électrons->visible est une plaque à fibres avec un côté creux et un côté plat, le côté creux où se focalisent les électrons compense la courbure de champ de l'optique électronique ; et le plat en sortie, après transport de l'image point par point par la plaque de fibres, peut être reprise par n'importe quelle optique aplanétique classique.
Cette correction géométrique de la courbure de champ par plaques de fibres est donc un principe universel qui n'est pas limité à l'extraction d'une image hors d'un tube à faisceaux d'électrons.
L'idée de capter l'image optique d'un coup sur un très grand champ angulaire sans avoir recours au raccordement d'image par rotation est très enthousiasmante. Au moment où le sport favori d'un grand nombre d'amateurs aujourd'hui est le raccordement multi-images par rotation
(chez Seitz AG (CH- 8512 Lustdorf, Thurgovie ; un village où on ne doit pas s'ennuyer) sont l'un des spécialistes des solutions professionnelles selon ce principe, mais le nombre de fournisseurs de robots-rotateurs-raccordeurs vus à la photokina 2012 est impressionnant !), le retour de l'Hypergon et ses frères, bien appuyés par de belles fibres et de bons pixels bien efficaces, ne peut que nous plaire sans réserve !
La Comtesse a évidemment envie d'ajouter quelque chose, parce qu'elle a entendu parler de globe, mais aujourd'hui elle n'aura pas voix au chapitre (la question est sérieuse et très technique).E.B.Modifié 6 fois. Dernière modification le 28/09/13 12:59 par Emmanuel Bigler.