Ansel ADAMS, son '' MOONRISE '' et le ZONE SYSTEM :
Nous voilà de retour au labo avec des plans films à développer et en particulier avec ce seul plan film réalisé du village d'HERNANDEZ et dont le tirage portera comme titre '' MOONRISE ''.
Rappelons-nous, nous sommes au tout début du mois de novembre 1941 : belle période pour un travail en labo....... les températures excessives de l'été sont cassées, le froid hivernal ne s'est pas encore installé. On arrivait donc à maintenir un labo à 22° centigrades pour que les bains de développement soit à 20,3 degrés ; à cette époque le chauffage central avec radiateur à thermostat n'était pas courant et les convecteurs électriques avec thermostat électronique n'existaient point.
LE LABO :
Ansel ADAMS, pionnier dans les agrandisseurs à lumière froide : en 1941 on y songeait pas encore, les têtes '' split '' comme on peut en voir sur certains stands allemands aux Photokinas : trop récent et inventées bien après sa mort. D'ailleurs nous sommes en 1941, la première Photokina avait lieu en 1950 ( Photokina qui ne portait pas encore ce nom là mais PHOTO-und KINO- AUSTELLUNG et qui s'était déroulée en mai 1950).
Nous sommes donc là en face d'agrandisseurs classiques.... ce qui va déterminer aussi la façon de développer le plan film, ..... donc premier paramètre à tenir en compte.
Deuxième paramètre : la scène de prise de vue, avec ce paysage avec un grand écart de luminosité, doublée d'une prise de vue sans cellule ( nota perso : son fils Eric, alors âgé de 8 ans et qui l'accompagnait, n'aurait-il pas fait une farce à son père en lui cachant sa cellule WESTON au fond de la PONTIAC ?....... l'histoire n'en parlera jamais ) Ansel ADAMS, âgé de 39 ans, a-t-il compensé cette absence de cellule grâce à son expérience de photographe déjà aguerri ? bien sûr. Comme nous l'avons vu, Ansel ADAMS comptait faire une deuxième prise de vue mais là à 3 secondes au lieu de 1 secondes car une partie de la scène qui s'offrait à lui était à l'ombre.
Les choix de laboratoire d'ANSEL ADAMS :
a) Le choix du D-23 comme révélateur. Oui, mais dilué.
b) Deuxième décision : ce sera un '' ten-developper-to-water séquence '' . Qu'est-ce ? :
30 secondes dans le révélateur puis 2 minutes dans un bain d'eau ( mais important dans l'eau : sans agitation à chaque séquence) .......... et cela répété 10 fois. En utilisant ce cycle répété 10 fois, disait Ansel ADAMS, j'évitais d'avoir un ciel inégal !!!
c) Conséquence : "" je suis arrivé à atténuer mes hautes lumières, mais sur mes avant-plans à l'ombre, les contrastes étaient faibles, même très faibles. Mon négatif était vraiment difficile à tirer ''.
d) Quelques années plus tard, '' j'ai décidé d'intensifier sur mon négatif l'avant plan de la scène pour en augmenter les contrastes ''.
e) Comment ai-je procédé ? :
J'ai refixé et relavé le négatif, puis j'ai traité les parties basses sans grand contraste avec une solution diluée de KODAK IN-5 qui va ''renforcer '' cette partie basse.....cela avec une séquence de 1 minute puis rinçage à l'eau. J'ai répété cela 12 fois jusqu'à ce que cette partie du négatif prenne la densité correcte et adéquate par rapport à l'ensemble du négatif.
Le MOONRISE se tirait alors plus facilement, un peu seulement précise-t-il !!! Alan ROSS son assistant ( de 1974 à 1979 ) et John SEXTON ( de 1979à 1982 ) ont soufferts. Mais quand à la grande foire d'art à ART BASEL on est devant ce tirage ....... on est émerveillé.
Bernard BIRSINGER Photographe
nota : comment fait-on du ZONE SYSTEM pour ceux qui sont au LEICA ( avec film) ? Impossible me direz vous ? En suivant les cours de photographie avec LEE FRIEDLANDER en 1978, quand nous étions sur les traces d'ATGET à VERSAILLES......... j'ai engrangé sa méthode basée sur celle d'Ansel ADAMS. Je vous en reparlerai.
Mais les ''geek'' de 2014 me répondront : HDR ( high dynamic range ) ... HDR automatique et sur l'appareil photo mon cher Bernard. Ah oui !!!!!!!
