IDA, le film...
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IDA, le film...

Envoyé par Philippe M 
IDA, le film...
vendredi 23 janvier 2015 20:36:47
au lieu de calibrer mon écran (voir fil récent sur "équipements et procédés") je suis allé voir IDA le film de Pawlikowski....
film N&B au format inattendu (16mm???) avec des cadrages millimétrés et une lumière....
j'ai souvent eu l'impression de tourner les pages d'un album de (très) jolies photos...
quelqu'un connait-il les conditions de tournage et le matériel utilisé?
le rôle de Wanda est également superbement interprété....
je ne peux que conseiller....
Re: IDA, le film...
vendredi 23 janvier 2015 22:47:23
Il y avait eu un échange intéressant sur ce film ici :

[www.galerie-photo.info]
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 07:01:20
Philippe M écrivait:
-------------------------------------------------------

> quelqu'un connait-il les conditions de tournage et
> le matériel utilisé?

IDA a été tourné en numérique avec une caméra ARRI Alexa Plus et une série optique Zeiss Ultra Prime
Enregistrement en couleurs au format brut ArriRaw
Post-traitement en n&b sur Nucoda de Digital Vision.

Mais vous trouverez des renseignements passionnants ici :

[www.theasc.com]
[www.theasc.com]

La version française de cet article (+ un entretien avec Lukasz Zal) doit paraitre prochainement dans la revue "Lumières, n° 5" publiée par l'AFC.

Pour la petite histoire, le jeune directeur de la photographie, Lukasz Zal, était d'abord cadreur sur le tournage mais prit la relève rapidement quand le directeur de la photo originel (R. Lenczewski) quitta le tournage pour désaccord avec le réalisateur.
Lukasz Zal est nominé aux Oscars cette année, ce qui est excessivement rare pour un premier film, étranger de surcroit.
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 08:29:05
merci ....
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 09:44:19
Outre la technique, ce film est bien écrit, l'histoire bien faite dans laquelle on apprend pas mal de choses dans la Pologne d'après guerre.
La mise en scène est précise, le jeu des acteurs très juste. Un petit bijou de cinéma.

.
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 12:43:58
Bonjour à tous et merci à Marc42 pour les détails techniques.

Très intéressant, les moyens de prise de vue actuels permettent donc de faire du noir et blanc de haut de gamme propre à satisfaire tout fin amateur de photo N&B comme Philippe M. (que je salue au passage), ou tout fin amateur de films en noir et blanc, comme ceux qui voudraient ne voir le cinéma qu'à travers les modèles que sont « Les enfants du Paradis » ou les Bergman des années 1960.

J'avais vu le film IDA à sa sortie, et je n'avais pas exprimé mon sentiment sur le coup, ici sur le forum, parce que j'avais une appréciation mélangée qui s'était insinuée dans les jours qui ont suivi la projection à laquelle j'avais assisté.
J'étais sorti de la salle absolument enchanté. Sous le coup d'une émotion que je retrouve entièrement dans l'appréciation de Jean D. Sans réserve.
Et puis quelques temps plus tard, j'avais eu quelques doutes sur l'histoire, sur le scénario, sur la fin du film qui me semblait bien moins forte que la première moitié du film.
Je m'étais finalement fait une raison, j'avais pensé à tout ce que les peuples d'Europe centrale et orientale ont enduré entre 1930 et 1980. Face au poids de l'Histoire, le petit jugement du cinéphile dilettante européen de l'ouest de l'an 2013 vis à vis d'une fiction si bien faite et si bien photographiée, ne pèse pas grand chose.

Et puis je me suis posé la question : au fait, dans les films Bergman qui m'avaient tant impressionné lorsque je les avais vus pour la première fois, quelle était l'histoire ? Quel était le scénario ?
Je me suis rendu compte, finalement, que de la plupart de ces Bergman, j'avais complètement oublié le scénario et les prétextes que Bergman employait pour raconter une histoire si admirablement mise en lumière par Sven Nyqvist.
Ne me restent que des images fortes des scènes d'anthologie bergmannienne.
Et le scénario, finalement, compte peu.

Par exemple il y a l'un des Bergman, « Une passion », en couleurs, donc « forcément » moins bien que les autres ;-), dont je ne me rappelle qu'un seul plan : lorsque le mari trompé joué par Erland Josephson photographie l'amant de sa femme, joué par Max von Sidow, avec un blad qui claque comme le revolver du crime passionnel.
Et pour un autre film, « Les communiants » où il y a des églises austères à foison, je ne me rappelle qu'une seule scène, celle où une paroissienne fait un gringue d'enfer au pasteur en train de perdre la foi, lequel reste absolument de glace & de marbre face à ces avances.
Au moins dans IDA, Wanda ne semble ne pas perdre la foi, c'est moins désespérant que chez Bergman ;-)

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 24/01/15 12:47 par Emmanuel Bigler.
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 13:11:28
pour celles et ceux que ce film intéresse
la BA

Je ne l'ai vu qu'une fois par manque de temps, mais le bluray est sur mon bureau.

Mon souvenir le plus fort, c'est le choix devant lequel Ida (Anna) se trouve, toujours sereine, entre la vie qu'elle a toujours connue et la "vraie vie".

Au fond, la technique cinéma utilisée est bien peu de chose en regard de l'histoire.

Voyez ce film, vous vous demanderez peut-être pourquoi vous ne l'avez pas vu plus tôt.


.
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 13:18:33
Emmanuel Bigler écrivait:
-------------------------------------------------------
> … une histoire si admirablement mise en lumière par Sven Nyqvist. >

Disons plutôt : Sven Nykvist ! :-)
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 13:28:35
Jean écrivait:
-------------------------------------------------------

> Au fond, la technique cinéma utilisée est bien peu de chose en regard de l'histoire. >

La technique mérite d'être relevée quand elle "colle" si bien au propos, ce qui est relativement rare…

Dans un fil précédent, quelqu'un écrivait (Zoran) : " Je trouve au contraire remarquable que l'esthétique soit poussée à fond et qu'elle résiste au scénario. "

Je pense plutôt le contraire, c'est bien le scénario (et l'interprétation) qui résistent aux images, un parti pris rigoureux qui ne verse pas dans le formalisme gratuit.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 24/01/15 13:29 par Marc42.
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 13:50:00
Marc42 écrivait:
-------------------------------------------------------

Je pense plutôt le contraire, c'est bien le scénario (et l'interprétation) qui résistent aux images, un parti pris rigoureux qui ne verse pas dans le formalisme gratuit.


Je nuance mon "bien peu de choses".
Ce film m'a bouleversé, mais en relisant les critiques plus "autorisées", j'avoue avoir un peu zappé la technique. Les plans fixes ont toujours eu ma préférence, les mouvements caméra me semblant parfois excessifs voire inutiles, sauf pour cacher une quelconque indigence de réalisation.
L'histoire est très forte, il fallait des images à la hauteur, à la fois simples et très élaborées. Elles sont là.


.
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 13:51:08
Disons plutôt : Sven Nykvist ! :-)

Merci de la correction !
Damned ! Me voilà bouffé par le numérique au point de faire un mélange avec le théorème d'échantillonnage de Nyquist-Shannon ;-)
Je devrais retourner voir des Bergman plus souvent ;-)

E.B.
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 14:05:05
Jean écrivait:
-------------------------------------------------------
> Marc42 écrivait:
> --------------------------------------------------
> -----
>
> Je pense plutôt le contraire, c'est bien le
> scénario (et l'interprétation) qui résistent
> aux images, un parti pris rigoureux qui ne verse
> pas dans le formalisme gratuit.

>
>
> Je nuance mon "bien peu de choses".
> Ce film m'a bouleversé, mais en relisant les
> critiques plus "autorisées", j'avoue avoir un peu
> zappé la technique. Les plans fixes ont toujours
> eu ma préférence, les mouvements caméra me
> semblant parfois excessifs voire inutiles, sauf
> pour cacher une quelconque indigence de
> réalisation.
> L'histoire est très forte, il fallait des images
> à la hauteur, à la fois simples et très
> élaborées. Elles sont là.
>
>
Alors nous sommes d'accord ! J'ai même fini par considérer que l'abus des mouvements dans bien des films et téléfilms relève d'une certaine négation du cadre. Dans les écoles de cinéma, les étudiants veulent faire des travelling avant même de savoir mettre en place un plan fixe.
Une anecdote : Arthur Miller, célèbre chef op de la Fox et qui a tourné, entre autres, avec John Ford (Qu'elle était verte ma vallée) déclarait : " J'ai réussi un jour à imposer un panoramique à Ford ! "
Aujourd'hui, on pourrait souvent inverser la formule et dire : "J'ai réussi à imposer un plan fixe !"
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 15:29:56
Marc42 écrivait:
-------------------------------------------------------

... et dire : "J'ai réussi à imposer un plan fixe !"


Je travaille quelquefois avec de jeunes cadreurs qui ne voient que par la grue, le steadicam ou le drone, et maintenant le DJI Ronin...

Cela renvoie aux premières régies vidéo et les multiples possibilités de transitions 2D et 3D pour cacher l'absence de script ou de plan de tournage.

Alors qu'un cut, c'est ce qu'il y a à la fois de plus simple et de plus difficile à faire.

Par ailleurs et pour recoller au fil, enchaîner des plans fixes, c'est tout de même plus facile que de monter des travellings et autres mouvements de cam les uns derrière les autres.
A condition que la composition des plans fixes permette l'enchaînement bien évidemment.

Bon. Il neige. C'est le temps idéal pour revoir Ida.


.
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 15:42:53
Et ne parlons pas de "La jetée", suite de photos avec un seul plan animé (mais fixe) de quelques secondes...

Charles
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 16:34:45
Parfois, les plans fixes sont la volonté expresse du cinéaste.
J'ai en tête « la Chronique d'Anna Magdalena Bach » de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, que des plans fixes avec une lectrice qui égrène en français le texte avec un fort accent censé évoquer le parler de Leipzig, sur un ton monocorde.

Mais le film est très beau, plus intéressant que le texte d'origine qui est parfaitement apocryphe mais néanmoins délectable, c'est l'oeuvre d'une anglaise passionnée par la vie et l'oeuvre du Cantor (Esther Meynel, 1925).
Tout au contraire, le film, nous dit le wiki de service, n'est basé que sur des documents historiques.

Film sorti en 1968 ! On croit rêver, pas de pantalons patte d'éléphant, pas de couleurs psychédéliques, pas de pavés ni de de manifs ;-)

E.B.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 24/01/15 17:29 par Emmanuel Bigler.
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 16:41:52
Il y a un Kurosawa Sanjuro
[fr.wikipedia.org]

La caméra se déplace de sorte que le personnage principal soit toujours au centre.

Plan fixe, le personnage se lève, la caméra suit le mouvement.
On a l'impression de se lever aussi.
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 18:10:15
deux plans m'ont particulièrement "scotché".... pratiquement les mêmes, mais opposés... je m'explique...
ce sont deux portraits en plan assez serré sur chacune des deux actrices.... donc IDA et ANNA...
ces deux portraits sont extrêmement excentrés avec le regard qui colle au bord.... en gros le champ libre est derrière la nuque et le nez se retrouve tout au bord de l'image...
à gauche pour l'une, à droite pour l'autre....
mais ces cadrages confirmaient une non réponse ou non solution à un problème .... enfin, j'ai compris ça comme ça sur le moment ...
j'ai bien aimé aussi le sous titrage qui se promène dans l'image (je ne comprends pas le polonais)
par contre je n'ai pas compris les nombreux cadrages décalés vers le haut...
à regarder une seconde fois au moins....
et la lumière......
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 18:41:59
j'ai bien aimé aussi le sous titrage qui se promène dans l'image (je ne comprends pas le polonais)

Je suis heureux de voir, même c'est c'est rare, des films en VO sous-titrée dans une langue autre que les deux que je connais un peu (l'hégémonique anglais, que je comprends, et l'allemand, que je ne peux pas suivre sans sous-titres).
Sur ce point, j'ai trouvé que l'ambiance d'IDA était bergmanienne en diable, avec ces deux femmes qui s'affrontent dans une langue européenne inconnue de moi. Soit dit en passant, dans IDA, comme souvent chez Bergman, les femmes ont le premier rôle, les hommes étant soit des faire-valoir gentils mais souvent insignifiants, soit de vrais salopards.
Lorsque j'ai vu « Cris et Chuchotements » en couleurs et en version doublée, j'ai eu l'impression qu'une partie de la magie s'était évaporée et qu'on retombait un peu dans une de ces productions internationales où l'on ne sait même plus quelle langue parlent les actrices et les acteurs.
Sur ce point, je n'envisagerais pas de revoir « Winter Sleep » autrement que la première fois, c'est à dire en turc avec les sous-titres. Mais là on s'éloigne du film en N&B avec des beaux plans fixes;-)

E.B.
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 18:51:02
Philippe M écrivait:
-------------------------------------------------------


donc IDA et ANNA...

C'est une seule et même personne.
Tu veux sans doute parler de Wanda


.
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 19:17:10
yes......
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 20:01:40
yes......
ou plutôt : tak :-)

E.B.
Re: IDA, le film...
samedi 24 janvier 2015 23:03:25
Emmanuel Bigler écrivait:
-------------------------------------------------------
> Soit dit en passant, dans IDA, comme souvent chez Bergman, les femmes ont le premier rôle, les hommes étant soit des faire-valoir gentils mais souvent insignifiants, soit de vrais salopards.

Marrant, c'est exactement la même chose chez Russ Meyer, qui a aussi sa propre version du plan fixe, en contre-plongée, et qui assurait pas mal aussi sur le noir et blanc ;-)

Il ne saurait y avoir de beau cinéma sans du moche cinéma fait par des incompétents ou des fumistes, ou les deux, j'ai en tête deux scènes de deux nanards américains récents (oui j'aime bien les nanards, en général ça détend) qui illustrent parfaitement le fait :

Dans l'un, la dernière scène montre en contre-plongée de face un Hercule juché sur un rempart, regardant au loin par delà la caméra, il fait nuit et la lune luit derrière lui, mais il n'est pas en contre-jour. Contre-champ, la caméra est derrière le héro et embrase la mer au loin, sur laquelle on voit une grosse trainée blanche des reflets de la lune comme si elle était toujours en face ! Et sans doute l'explication du non-contrejour, on ne nous avait pas dit que ce péplum mythologique était en fait un film de SF se déroulant sur une planète avec deux lunes…

Dans le second, encore un champ-contre-champ foireux : le héro discute avec le shérif, on le voit de face éclairé de la gauche de l'écran, puis le contre-champ montre le shérif qui lui fait face, également éclairé par la gauche de l'écran.

Quand c'est Ed Wood on se marre car l'intégralité de chacun de ses films est aussi mal filmée, là il y en a juste assez pour n'être qu'accablant.

Pour revenir aux beaux plans fixes, j'ai souvenir chez Ozu (en couleur) de plans fonctionnant un peu comme l'axe du balancier d'un métronome, permettant au rythme de s'exprimer, tout s'articulant autour de cet axe central de caméra, un peu aussi comme dans certains courts-métrages de Greenaway (désolé mes souvenirs sont flous, je n'ai pas les titres en tête).

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Re: IDA, le film...
dimanche 25 janvier 2015 12:25:42
Parmi les derniers films américains que j'ai vus, j"avais bien apprécié la façon utile de filmer de Kathryn Bigelow dans "Démineurs" et "Zero Dark Thirty ", style reportage à l'épaule qui fait du spectateur un acteur du film.
Cette façon de filmer crédibilise le sujet et fait monter l'adrénaline. Tu partages la trouille des personnages comme si tu étais sur le point de mourir avec eux.

Je voudrais aussi dire tout le bien que j'ai pensé de "la famille Bélier" avec un François Damiens égal à lui-même dans les rôles d'abruti tendre et touchant qu'il joue à la perfection.
Mais c'est une autre histoire.


.
Re: IDA, le film...
vendredi 27 février 2015 14:39:57
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