Que voir en Arles ?
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Que voir en Arles ?

Envoyé par henri peyre 
Re: Que voir en Arles ?
jeudi 27 août 2015 16:41:16
Romain,
Comme j'ai parlé ici du mythe en question, je devrais donc me sentir visé par vos amabilités auxquelles je ne vais pas répondre, c'est votre point de vue et il ne me touche pas.
Plus intéressant est le fait historique qui aujourd'hui exclurait les travaux de Baldus et de Le Gray non seulement du World Press, d'un bon nombre de publications d'information mais aussi de prix, exemples concrets parmi d'autres.
La règle est simple : dans le champs du documentaire, la photographie (ou autre) sert à la production de discours sur l'objet ou la situation qu'il reporte, en cas de manipulation du document, le discours est considéré comme tronqué. C'est le couple indissociable document/discours qui fonctionne selon cette éthique aujourd'hui.
Je constate que les rapprochements du type de ceux de T Girard sont l'exception dans la tentative de réflexion sur la question, les enquêtes sur le soldat espagnol de Capa, ont eu pour conséquences le blocage de l'archive chez magnum et une campagne de dénigrement où l'auteur de l'enquête s'est fait traîner dans la boue.
Je me demande ce qui arriverait à celui qui sortirait une photo massivement retouchée d'HCB, publiée de sont vivant, mettons vers 1985, avec les remerciements de l'éditeur envers l'illustre photographe intransigeant ...
Bonne fin de journée !



Modifié 1 fois. Dernière modification le 27/08/15 17:19 par Zoran.
Re: Que voir en Arles ?
jeudi 27 août 2015 17:15:55
Bonjour à tous,

Zoran,
Je ne sais pas si ma critique vous est complètement adressée en tout cas c'est à partir de votre point de vue que j'ai répondu pour faire référence à une position que je lis régulièrement.

J'ai beaucoup de mal à suivre les argumentaires basés sur des anachronismes historiques... donc je passe la main sur Baldus et le WPP.

Effectivement telle que vous la donnez ici, la règle peut paraitre simple :
"La règle est simple : dans le champs du documentaire, la photographie (ou autre) sert à la production de discours sur l'objet ou la situation qu'il reporte, en cas de manipulation du document, le discours est considéré comme tronqué. C'est le couple indissociable document/discours qui fonctionne selon cette éthique aujourd'hui."

mais toute la complexité se situe justement dans la "manipulation du document". C'est là dessus qu'a essayé de plancher , en comprennant la limite de l'exercice, le NPPA au sujet de l'arrivée du numérique début des années 1990. Car manipulation il y a tout le temps. Comment définir celle qui sont acceptables et celles qui ne le sont pas mais quand on regarde dans le détail on se rend compte que la règle n'est pas simple et traçable. Donnons quelques exemples:
- choix de la focale
- choix du film (couleur, n&B)
- prise de vue (exposition, vitesse...)
- développement
- tirage (masquage, contraste...)
- retouche sur tirage, repique
- recadrage

Je ne vous apprends rien de cette liste non exhaustive, comment allez-vous définir des critères pour chacun des points pour dire que vous êtes ou non dans la manipulation du document ou du réel donc par conséquent que vous êtes dans la photographie documentaire ou pas?
On se rend compte que accorder le qualificatif de documentaire à une pratique en se basant sur une question de manipulation ne permet pas de résoudre la question dans bien des cas.
La manipulation est interprétée par chacun des acteurs. On se trouve dans la même problématique entre le droit et la justice.

Par ailleurs, pour aller dans ce que vous dites, regardez le discours de certains photographes du WPP (vidéos présentent sur le site même du WWP) qui revendiquent de produire un récit, un discours tout en se revendiquant dans la photo documentaire.

"Je me demande ce qui arriverait à celui qui sortirait une photo massivement retouchée d'HCB, publiée de sont vivant, mettons vers 1985, avec les remerciements de l'éditeur envers l'illustre photographe intransigeant ..." ça sera drôle et on s'en délectera! Mais je ne mets pas au même niveau le mythe que souhaite entretenir HCB, c'est son droit le plus légitime en tant que créateur; et le mythe que des commentateurs/chercheurs entretiennent sur la production des autres!

Bonne journée à tous

Romain



Modifié 5 fois. Dernière modification le 27/08/15 17:30 par romain.
Re: Que voir en Arles ?
jeudi 27 août 2015 17:49:24
Romain,

Dans la vie les choses ne se passent pas comme dans un colloque de chercheurs ;-). Au bout d'une règle il y a éventuellement des licenciements de photographes, des exclusions de prix etc, c'est autre affaire que de savoir si l'avis de machin ou celui de truc apporte quelque chose.

"J'ai beaucoup de mal à suivre les argumentaires basés sur des anachronismes historiques... donc je passe la main sur Baldus et le WPP."

Le Cloître de Saint-Trophime de Baldus est une photographie obtenue par un assemblage de 12 négatifs, c'est une image qui en 2015 serait inéligible pour un certain nombre de prix.

"Comment définir les manipulations qui sont acceptables et celles qui ne le sont pas ?"

C'est ça le piège, la voie royale pour aller directement dans l'impasse, en soi il n'y a pas de geste technique coupable éthiquement, affirmer le contraire est absurde et idiot. Dans le champs de la photographie documentaire et d'information il faudrait éviter de parler en termes généraux sur cette question, on devrait réfléchir au cas par cas, en s'intéressant au sens que produit une intervention sur une image dans le contexte de son utilisation.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 27/08/15 18:01 par Zoran.
Re: Que voir en Arles ?
jeudi 27 août 2015 18:03:45
Bonjour à tous,

J'ai l'impression que nous sommes d'accord. La règle n'est pas simple et elle ne peut être basée uniquement sur une description normative de manipulation pour définir si j'ai un document photographique ou s'i ne l'est pas!

"Dans la vie les choses ne se passent pas comme dans un colloque de chercheurs ;-)" Exactement! Pour donner du corps à sa critique, on entretient un mythe en simplifiant les choses qui se passent dans la vie.

Bonne journée à tous

Romain
Re: Que voir en Arles ?
lundi 31 août 2015 18:49:35
Bonjour à tous,

En lisant un truc, j'ai trouvé un pendant moins anachronique que Baldus:

Ceci [scitechdaily.com] serait inéligible aussi au WPP ;-)

Cela montre que mettre en relation les décisions prises par le jury d'un prix WPP et la question de la valeur documentaire c'est poser une question qui nous amène nulle part.
En effet la photo de Curiosity est considérée probablement par la NASA comme une source fiable d'information , sur laquelle une connaissance peut être construite. Peut être la NASA la considère t elle comme un document. Cependant comme c'est un stiching elle ne peut être présenter au WPP parce que son règlement l'interdit.

Mais le WPP ne s'est pas autoproclamé comme le garant normatif de la photographie documentaire ou du photojournalisme. Il a choisi d'interdire le concours à des photographies qui sont mises en scène et manipulées. Cette stratégie est une manière de tenter de régler la question de la tromperie sans avoir à questionner le sens de l'image. Cependant comme je l'ai souligné plus haut ça reste dans le détail soumis à l'interprétation de chacun pour savoir si telle ou telle manipulation contrevient ou non au règlement.

Quand elle est trop visible c'est facile de trancher sans se poser la question du sens de ces images:
- Giovanni Troilo (mise en scène comme l'avait fait Rothstein pour la FSA)
- Stepan Rudik (Enlever un élément génant dans l'image)
- Paul Hansen (main lourde sur la retouche désaturation des couleurs, contraste..)
- Narciso Contreras (enlever un élément de l'image) perd de prix et viré de l'AP. Publiquement il regrette son geste mais sans expliciter pour quelles raisons il le regrette.

Ce serait intéressant d'avoir le règle ou règlement interne qui lie le photographe à son agence en terme de code éthique. Mais vraissemeblablement AP a agi de la même manière avec Contreras en se basant sur un geste technique et non sur le sens de l'image comme le fait le jury du WPP. La concurrence étant rude entre les agences AP ne prend pas le parti d'argumenter en faveur d'un débat sur le sens de l'image et de soutenir le travail de son photographe mais prèfère virer le fautif qui est sorti des clous du réglement pour ne pas que son buissness puisse en subir d'éventuelles conséquences.

Après nous ne connaissons pas les relations professionnelles entre Contreras et l'AP qui aurait pu utiliser ce prétexte pour d'autres raisons qui ne sont pas connues.

Bonne journé à tous

Romain



Modifié 4 fois. Dernière modification le 31/08/15 19:25 par romain.
Re: Que voir en Arles ?
lundi 31 août 2015 19:05:47
L'anachronisme peut être très productif. Choisir un photographe du XIXe et mettre en relation sa technique avec des exigences d'aujourd'hui, c'est du même style de ce que Daniel Arasse a fait ;-)
[www.amazon.fr]
Re: Que voir en Arles ?
lundi 31 août 2015 19:27:59
Bonjour à tous,

Zoran,
Oui c'est possible... parfois comme image ... mais c'est souvent servi comme argument.
je ne connais pas le bouquin de Arasse donc peux malheureusement pas en dire grand chose...

Bonne journée

Romain
Re: Que voir en Arles ?
mercredi 2 septembre 2015 15:22:00
Re: Que voir en Arles ?
mercredi 2 septembre 2015 20:36:14
Bonjour à tous,

Une approche de ce qu'est la démarche documentaire selon Howard S Becker: trad d'un texte qui date de 1995 .

On voit que la question technique est hors sujet ;-)

"Quelle est censée être la fonction du documentaire ? Pour les réformistes,
il devait aller plus loin, toucher ce que Robert Park (sociologue qui
avait été lui-même journaliste à Minneapolis, Denver, Detroit, Chicago et
New York) appelait les « informations importantes », se préoccuper de ce
qui se passe dans la société, jouer un rôle actif dans le changement social,
avoir le sens de la responsabilité sociale et se soucier des effets de son
travail dans la société où il circulait. Des photographes comme Hine (et
c'est ainsi qu'il est souvent considéré depuis) pensaient que leur travail
avait un effet direct sur le citoyen et le législateur. Une histoire de la photographie
un peu trop chauvine explique d'ailleurs souvent que les lois
contre le travail des enfants ont été votées à la suite des travaux de Hine.
Pour ceux qui n'étaient pas réformistes, le documentaire n'était pas
censé être un domaine en quoi que ce soit spécifique, dès lors que les
images n'avaient pas été faites pour un commanditaire particulier qui
aurait pu leur imposer un tel point de vue. Sander, qui espérait vendre
ses images par souscription, les a, selon les cas, définies comme décrivant
l'« ordre social existant » ou comme « une image physiognomonique des
Allemands » (Sander, 1986). Quant à Atget, plus proche de l'archétype
de l'artiste naïf, il n'a pas décrit son travail ; il se contentait de le faire
et de vendre ses tirages à qui voulait bien les acheter. Nous trouvons,
aujourd'hui, dans son œuvre des qualités d'exploration et d'enquête qui
rappellent les sciences sociales. Les photographes documentaires contemp
orains dont le travail se rapproche plus consciemment des sciences sociales
se sont rendu compte, comme les anthropologues, qu'ils devaient jus
tifier leurs relations avec les sujets photographiés."

Bonne fin de journée

Romain
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