La photographie de famille
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La photographie de famille

Envoyé par Paul M;CAGLIARI 
La photographie de famille
mardi 16 mai 2017 22:05:51
Bonsoir,

Réflexion sur l'album photo de famille de nos jours.
Numérique aujourd'hui, argentique autrefois et souvent en moyen format.
Comment assurer la pérennité des clichés ?
Autant de questions.

[www.erudit.org]

"La passion est encore ce qui aide le mieux à vivre."
(Émile Zola / 1840-1902)
Re: La photographie de famille
mardi 16 mai 2017 23:13:54
La sociologie c'est mieux que les devinettes, mais nettement moins bien que l'esthétique. Au siècle dernier le photographe qui se piquait de sociologie était de facto en situation d'échec : il s'était trompé d'orientation. Aujourd'hui les sociologues se mêlent de tout, ils prétendent apporter un regard depuis un surplomb quand ils ne font que du survol.
La socio est pourtant un domaine intéressant quand elle s'e donne cette " fonction : éclairer les citoyens sur le fonctionnement de leur société. Un fonctionnement dont l'obscurité est logiquement destinée à masquer les mécanismes des dominations, des inégalités, des captations de richesses."
La sociologie est donc en vacances c'est pourquoi ses innombrables représentants surgissent de partout pour nous éclairer sur n'importe quoi.
Dépassons le texte proposé par ce fil.
En l'absence d'orientation, le sociologue devient à l'occasion (et fatalement) un "artiste" qui "utilise" le "médium" à des fins "sociologique". Il y a une petite contradiction interne à cela facile à identifier.
;)
Re: La photographie de famille
mercredi 17 mai 2017 09:02:47
Un article qui a 10 ans, dans le monde "numérique" c'est vertigineux !!!
Re: La photographie de famille
mercredi 17 mai 2017 22:15:54
Bonjour à tous,

Les disciplines ne sont que des étiquettes.... des étiquettes très larges.

Autant dire que réfléchir à partir d'une étiquette ne nous amène pas bien loin.
Ça me fait penser à la tarte à la crème des années 1990-2000: l'interdisciplinarité. Comme si on pensait uniquement au travers d'une ou plusieurs disciplines!

Laissons un peu les catégories et étiquettes disciplinaires de côté. Mieux vaut penser au travers des idées supportées par des auteurs, peu importe leur rattachement disciplinaire.

Bonne soirée

Romain
Re: La photographie de famille
mercredi 17 mai 2017 23:25:11
romain écrivait:
-------------------------------------------------------

> Les disciplines ne sont que des étiquettes....
> des étiquettes très larges.

Les disciplines ne sont pas des étiquettes mais des domaines de réflexion, où la pensée s'investit de façon spécialisée.

> Autant dire que réfléchir à partir d'une
> étiquette ne nous amène pas bien loin.
> Ça me fait penser à la tarte à la crème des
> années 1990-2000: l'interdisciplinarité. Comme
> si on pensait uniquement au travers d'une ou
> plusieurs disciplines!

L'interdisciplinarité est une formule ou un slogan, comme "transversalité". Mais ce n'est pas un objet de réflexion comme l'esthétique ou la sociologie.

> Laissons un peu les catégories et étiquettes
> disciplinaires de côté. Mieux vaut penser au
> travers des idées supportées par des auteurs,
> peu importe leur rattachement disciplinaire.

Faites comme bon vous semble, dispensez vos leçons si ça vous chante, cela renseigne plus sur vous que sur le sujet dont vous parlez. Il y a des méthodes, des savoirs spécifiques, on peut l'ignorer mais alors le risque est de produire cette soupe moyenne assez au goût du jour avec laquelle on ne peut pas faire grand chose. Flatter inutilement l'esprit est un marché illimité pour ce type d'approche sociologique, il y a un public pour ça qui garantit son succès. Mais je note qu'on commence doucement à en revenir, la critique pointe à nouveau son nez.

Construire un savoir spécialisé est un travail ardu, peu populaire. En retour, les destinataires de ces travaux spécialisés sont des gens motivés qui savent ce qu'il veulent.
Alors de grâce, pour ceux-là, épargnez-nous vos leçons sur ce qu'il est "bon" ou pas de "laisser".
Re: La photographie de famille
jeudi 18 mai 2017 14:22:27
Bonjour à tous,

"La sociologie c'est mieux que les devinettes, mais nettement moins bien que l'esthétique. Au siècle dernier le photographe qui se piquait de sociologie était de facto en situation d'échec : il s'était trompé d'orientation. Aujourd'hui les sociologues se mêlent de tout, ils prétendent apporter un regard depuis un surplomb quand ils ne font que du survol.
La socio est pourtant un domaine intéressant quand elle s'e donne cette " fonction : éclairer les citoyens sur le fonctionnement de leur société. Un fonctionnement dont l'obscurité est logiquement destinée à masquer les mécanismes des dominations, des inégalités, des captations de richesses."
La sociologie est donc en vacances c'est pourquoi ses innombrables représentants surgissent de partout pour nous éclairer sur n'importe quoi."

et c'est moi qui dispense des leçons!

Mais je vais à nouveau suivre votre conseil et je vous laisse avec vos jugements et étiquettes disciplinaires.

Bonne journée à tous

Romain
Re: La photographie de famille
jeudi 18 mai 2017 14:46:26
romain écrivait:
-------------------------------------------------------
> Bonjour à tous,
>
> "La sociologie c'est mieux que les devinettes,
> mais nettement moins bien que l'esthétique. Au
> siècle dernier le photographe qui se piquait de
> sociologie était de facto en situation d'échec :
> il s'était trompé d'orientation. Aujourd'hui les
> sociologues se mêlent de tout, ils prétendent
> apporter un regard depuis un surplomb quand ils ne
> font que du survol.
> La socio est pourtant un domaine intéressant
> quand elle s'e donne cette " fonction : éclairer
> les citoyens sur le fonctionnement de leur
> société. Un fonctionnement dont l'obscurité est
> logiquement destinée à masquer les mécanismes
> des dominations, des inégalités, des captations
> de richesses."
> La sociologie est donc en vacances c'est pourquoi
> ses innombrables représentants surgissent de
> partout pour nous éclairer sur n'importe quoi."
>
> et c'est moi qui dispense des leçons!

Romain,

Le fait d'avoir un regard critique sur la sociologie qui envahit et empiète sur les domaines des arts et de l'esthétique ne constitue pas une leçon.

> Mais je vais à nouveau suivre votre conseil et je
> vous laisse avec vos jugements et étiquettes
> disciplinaires.

Je n'ai aucun conseil à vous donner, inutile de dégainer votre petit arsenal réthorique, je ne serai pas votre épouvantail.
Par ailleurs j'exerce un jugement sur ce que je vois, lis et entends quand je suis concerné, peu m'importe si cela vous plaît.
Mon agacement vient de ces gens qui me tapent sur l'épaule en me disant que les expos sociologisantes aux prétentions artistiques de Kessels et autres exhibées dans les musées et festivals ne doivent pas être vues avec un regard esthétique. Il y aurait donc une "bonne" et une "mauvaise" façon de les regarder, qui aboutit à un "bon" et "mauvais" jugement ... à méditer.



Modifié 3 fois. Dernière modification le 18/05/17 14:50 par Zoran.
Re: La photographie de famille
jeudi 18 mai 2017 23:05:54
Bonjour à tous,

Dans ce cas passez votre agacement sur quelqu'un d'autre car je ne crois pas être porteur d'un évangile sur la bonne et mauvais façon de regarder les expos à la Kessels jusqu'à en exclure une approche esthétique.

Et encore une fois, ne croyez pas que je vous juge en tant que personne puisque je ne vous connais pas mais simplement je juge votre pseudo critique de la sociologie. Donc svp n'aller pas sur ce terrain de "savoir qui je suis"

D'autre part, je suis tout à fait ouvert à lire un article de Kessels qui répondrait selon vous aux critères de la sociologie tant au point de vue de la méthode que des concepts utilisés. Pour ma part, je n'ai rien lu de tel.

C'est pas votre agacement que je remets en cause c'est votre jugement à l'emporte pièce (que vous faites dans ce fil) sur la sociologie qui est tout aussi généraliste que d'affirmer quelque chose sur La philosophie.

Croire qu'une discipline est unitaire à cause de ces méthodes et/ou concepts est une erreur. Par exemple, les géographes, psychologues ou zoologues partagent des approches quantitatives pour déterminer l'importance d'un phénomène. ou encore une étude ethnographique peut être conduite tout autant en histoire de l'art, qu'en sociologie.

Je me contredis puisque je continue cette discussion. tant pis ....

Bonne soirée

Romain



Modifié 1 fois. Dernière modification le 18/05/17 23:20 par romain.
Re: La photographie de famille
vendredi 19 mai 2017 00:37:21
romain écrivait:
-------------------------------------------------------
> Bonjour à tous,
>
> Dans ce cas passez votre agacement sur quelqu'un
> d'autre car je ne crois pas être porteur d'un
> évangile sur la bonne et mauvais façon de
> regarder les expos à la Kessels jusqu'à en
> exclure une approche esthétique.

Ce n'est pas vous qui êtes visé mais des sociologues qui occupent des tribunes.

> Et encore une fois, ne croyez pas que je vous juge
> en tant que personne puisque je ne vous connais
> pas mais simplement je juge votre pseudo critique
> de la sociologie. Donc svp n'aller pas sur ce
> terrain de "savoir qui je suis"

Ce serait donc une pseudo critique de dire que la fonction de la sociologie est d'éclairer les citoyens sur le fonctionnement de leur société. Un fonctionnement dont l'obscurité est logiquement destinée à masquer les mécanismes des dominations ?
Celle là est formulée par les sociologues Arnaud Saint-Martin et Manuel Quinon contre, entres autres, des gens comme Maffessoli et son jargon boursoufflé. Qu'est-ce que vous croyez, une part des sociologues aussi en ont marre du bullshit.
Dans autre registre, simpliste celui-là, Marc Augé n'est pas mal non plus dans cette "contre sociologie", cette pensée soft pour ne pas dire inconsistante.

> D'autre part, je suis tout à fait ouvert à lire
> un article de Kessels qui répondrait selon vous
> aux critères de la sociologie tant au point de
> vue de la méthode que des concepts utilisés.
> Pour ma part, je n'ai rien lu de tel.

Kessels n'écrit rien, le pauvre ne peut pas tout faire. Il est un des commissaires de "From Here On", le titre le plus prétentieux jamais trouvé pour une exposition. Le type même d'expo qu'il ne faut à aucun prix regarder d'un point de vue esthétique sous peine de "ne rien comprendre". Il n'y aurait pas de point de vue esthétique mais une visée artistique, cherchez l'erreur.

> C'est pas votre agacement que je remets en cause
> c'est votre jugement à l'emporte pièce (que vous
> faites dans ce fil) sur la sociologie qui est tout
> aussi généraliste que d'affirmer quelque chose
> sur La philosophie.

Ben non, la philo est dans son coin, elle n'a pas de prétention équivalente à la sociologie, vous me prêtez n'importe quoi. Je me demande quelle autre discipline vous allez me mettre sur le dos.

> Croire qu'une discipline est unitaire à cause de
> ces méthodes et/ou concepts est une erreur. Par
> exemple, les géographes, psychologues ou
> zoologues partagent des approches quantitatives
> pour déterminer l'importance d'un phénomène. ou
> encore une étude ethnographique peut être
> conduite tout autant en histoire de l'art, qu'en
> sociologie.

C'est vrai tant que la façon de penser reste dans les clous d'une rigueur scientifique. Daniel Arrasse convoque avec succès la psychologie, mais il ne se prend pas pour Lacan.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 19/05/17 00:45 par Zoran.
Re: La photographie de famille
vendredi 19 mai 2017 01:06:59
Zoran écrivait:


> Ce serait donc une pseudo critique de dire que la
> fonction de la sociologie est d'éclairer les
> citoyens sur le fonctionnement de leur société.
> Un fonctionnement dont l'obscurité est
> logiquement destinée à masquer les mécanismes
> des dominations ?
> Celle là est formulée par les sociologues Arnaud
> Saint-Martin et Manuel Quinon contre, entres
> autres, des gens comme Maffessoli et son jargon
> boursoufflé. Qu'est-ce que vous croyez, une part
> des sociologues aussi en ont marre du bullshit.
> Dans autre registre, simpliste celui-là, Marc
> Augé n'est pas mal non plus dans cette "contre
> sociologie", cette pensée soft pour ne pas dire
> inconsistante.

Et cette phrase est bien entourée de deux autres qui sont des jugements à l'emporte-pièce généralisatrice : "la sociologie" "les sociologues". Bein oui c'est tous les mêmes (heureusement dans votre dernier message vous semblez alors nuancer votre premier message généralisant par le fait qu'il y aurait des sociologues qui seraient différents et dénonceraient la bullshit de certains de leurs collègues) :

"La sociologie c'est mieux que les devinettes, mais nettement moins bien que l'esthétique. Au siècle dernier le photographe qui se piquait de sociologie était de facto en situation d'échec : il s'était trompé d'orientation. Aujourd'hui les sociologues se mêlent de tout, ils prétendent apporter un regard depuis un surplomb quand ils ne font que du survol."

et

"La sociologie est donc en vacances c'est pourquoi ses innombrables représentants surgissent de partout pour nous éclairer sur n'importe quoi."



> Kessels n'écrit rien, le pauvre ne peut pas tout
> faire. Il est un des commissaires de "From Here
> On", le titre le plus prétentieux jamais trouvé
> pour une exposition. Le type même d'expo qu'il ne
> faut à aucun prix regarder d'un point de vue
> esthétique sous peine de "ne rien comprendre".
> Il n'y aurait pas de point de vue esthétique mais
> une visée artistique, cherchez l'erreur.

Alors si vous êtes d'accord que tout discours sociologique est absent chez Kessels comment pouvez-vous qualifier ces expos de sociologisantes ?

Ou encore je serai intéressé de lire quelques textes de sociologues patentés démontrant que Kessels fait de la sociologie. Je n'en ai pas croisés ...


> Ben non, la philo est dans son coin, elle n'a pas
> de prétention équivalente à la sociologie, vous
> me prêtez n'importe quoi. Je me demande quelle
> autre discipline vous allez me mettre sur le dos.
>

Que voulez vous dire? Dois-je comprendre que la philo ne s'intéresse pas à la photographie comme certains sociologues s'intéressent (d'une autre manière; autre outil conceptuel et méthode) à la photographie ?

> > Croire qu'une discipline est unitaire à cause
> de
> > ces méthodes et/ou concepts est une erreur.
> Par
> > exemple, les géographes, psychologues ou
> > zoologues partagent des approches quantitatives
> > pour déterminer l'importance d'un phénomène.
> ou
> > encore une étude ethnographique peut être
> > conduite tout autant en histoire de l'art,
> qu'en
> > sociologie.
>
> C'est vrai tant que la façon de penser reste dans
> les clous d'une rigueur scientifique. Daniel
> Arrasse convoque avec succès la psychologie, mais
> il ne se prend pas pour Lacan.

Eh bein voilà nous sommes d'accord sur un point.

Bonne soirée



Modifié 2 fois. Dernière modification le 19/05/17 01:35 par romain.
Re: La photographie de famille
vendredi 19 mai 2017 09:32:27
romain écrivait:
-------------------------------------------------------

> Et cette phrase est bien entourée de deux autres
> qui sont des jugements à l'emporte-pièce
> généralisatrice : "la sociologie" "les
> sociologues". Bein oui c'est tous les mêmes
> (heureusement dans votre dernier message vous
> semblez alors nuancer votre premier message
> généralisant par le fait qu'il y aurait des
> sociologues qui seraient différents et
> dénonceraient la bullshit de certains de leurs
> collègues) :

Si je comprends bien, vous commentez ici à longueurs de messages la façon dont je m'exprime : repérant ici un jugement expéditif, là une nuance etc, à ce régime ça peut durer longtemps.

> Alors si vous êtes d'accord que tout discours
> sociologique est absent chez Kessels comment
> pouvez-vous qualifier ces expos de sociologisantes
> ?

Je n'ai aucun problème avec ça puisque j'ai eu la faiblesse de regarder cette exposition et "24 HRS of photos" qui s'en est suivi d'un point de vue esthétique, des universitaires sociologues (2 dans 2 facs différentes dont je ne balancerai pas les noms) m'ont repris en martelant que ce n'était pas la bonne lecture, qu'il fallait la regarder comme des expos aux visées sociologiques où la photographie n'était envisagée que comme une pratique sociale dans le nouvel environnement des réseaux, et que la question esthétique était hors de propos.
Pourquoi pas ? Mais dans ce cas il faudrait ne pas jouer l'ambiguïté artistique en présentant ce type de travail dans des musées et lieux d'art (Foam etc).
"24 HRS of photos" reste pour moi une exposition d'une très grande imbécilité, particulièrement nulle d'un point de vue conceptuel. Il y a eu un fil ici sur cette exposition, je ne vais pas remettre le couvert. En art, je reste attaché à une vision formaliste de l'expérience : c'est uniquement de la forme de ce qui est montré que la compréhension ou l'expérience s'enracine. Les aspects sociaux, comme tout ce qui est en dehors du cadre, n'interviennent pas. Vous avez exprimé une approche différente, où vous défendiez l'idée que l'environnement, la question sociale etc venait interférer dans votre lecture et l'expérience que vous faites en art.
C'est sans doute la raison pour laquelle l'intrusion de la sociologie en photographie ou plus généralement en art doit logiquement avoir une valeur à vos yeux.
Pour ma part je suis en désaccord complet avec cette approche, la sociologie n'apporte rien tant au niveau de la lecture que de l'expérience.

> Ou encore je serai intéressé de lire quelques
> textes de sociologues patentés démontrant que
> Kessels fait de la sociologie. Je n'en ai pas
> croisés ...

C'est vraiment comique de vous voir réduire la pratique sociologique à une pure production écrite et par ailleurs de vous voir pourfendre le cloisonnement des disciplines ;-)))
Je suis donc au regret de vous informer qu'on peut en faire avec de la photo, des films et même des "promenades" (Pinçon-Charlot).

> Que voulez vous dire? Dois-je comprendre que la
> philo ne s'intéresse pas à la photographie comme
> certains sociologues s'intéressent (d'une autre
> manière; autre outil conceptuel et méthode) à
> la photographie ?

J'étais sûr que vous alliez finir par me mettre une de vos projections sur le dos, ça n'a pas loupé.
NON, je n'ai pas dit ça.
La mission de la sociologie qui m'intéresse et dont j'ai repris ici la définition, a été établie par une poignée de sociologues (Saint-Martin et Manuel Quinon entres autres) qui se sont trouvés dans l'obligation de recadrer le champs de leur pratique devant le grand n'importe quoi qu'est devenu majoritairement leur discipline. Les "études" sur tout pullulent et masquent la visibilité que pourrait avoir l'approche défendue par ces auteurs. Et à l'aune de la définition qu'ils défendent, il ne semble pas exagéré d'affirmer que l'écart avec le texte de cette sociologue sur la photo de famille est vertigineux.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 19/05/17 09:47 par Zoran.
Re: La photographie de famille
vendredi 19 mai 2017 11:43:39
Et à part ça, votre avis sur l'album photo de famille ?
Re: La photographie de famille
vendredi 19 mai 2017 13:07:53
Bonjour à tous,

Je pense que la chose la plus intéressante qui pourrait émerger de notre discussion c'est la question de l'expérience de voir des photo:

"Je n'ai aucun problème avec ça puisque j'ai eu la faiblesse de regarder cette exposition et "24 HRS of photos" qui s'en est suivi d'un point de vue esthétique, des universitaires sociologues (2 dans 2 facs différentes dont je ne balancerai pas les noms) m'ont repris en martelant que ce n'était pas la bonne lecture, qu'il fallait la regarder comme des expos aux visées sociologiques où la photographie n'était envisagée que comme une pratique sociale dans le nouvel environnement des réseaux, et que la question esthétique était hors de propos."

"C'est sans doute la raison pour laquelle l'intrusion de la sociologie en photographie ou plus généralement en art doit logiquement avoir une valeur à vos yeux.
Pour ma part je suis en désaccord complet avec cette approche, la sociologie n'apporte rien tant au niveau de la lecture que de l'expérience."

Personnellement j'ai un problème quand on dit qu'une expo est sociologisante ou quelle est historique ou quelle serait artistique. Encore une fois c'est la question des étiquettes qui sont à ce niveau de généralité peu signifiantes.

J'ai vu l'installation 24hrs quand elle était à Arles, je me souviens plus du lieu... à l'ancienne bibliothèque ou l’archevêché. Je n'ai pas fait l'expérience de l'expo au moment où il était possible de rentrer dans l'espace pour marcher et prendre, regarder des images. J'ai souvenir que cela fut possible pendant une journée.
Ce qui serait intéressant c'est de connaître en quoi ce type d'installation pourrait n'avoir qu'une lecture historique, ou sociologique et pas esthétique d'une part et d'autre part quelle est la grille de lecture de vos collègues. Ce point de vue ne se tient pas selon moi.

Sur le premier point, cela voudrait dire qu'une œuvre d'art ne peut être lu qu'au travers une clef. On en a déjà parlé ici, les lectures sont multiples infinies, certaines sont référentielles à d'autres oeuvres, la photo se réfère à la peinture, à une autre photographie... J'aime bien l'expression de Didi-Hubermann "ces images qui nous regardent" que je comprends comme le fait de regarder une œuvre est un miroir sur ce qu'on est et questionner ce que l'on voit, ce que l'on ressent, comprend face à une œuvre revient à comprendre comment on réagit par rapport à ce que l'on sait et ce qui nous revient à l'esprit au moment de cette expérience.

Laissons tomber les étiquettes disciplinaires pour aller aux auteurs directement.. donc plutôt de parler de sociologie je pense à l'interprétation de l'expérience chez alfred Schutz, la compréhension de ce qu'est l'image chez Hans Belting, ou comme celle de Barthes dans la chambre claire qui parle de son expérience d'images.

Oui dans une ancienne discussion sur Gursky comme exemple, nous étions pas d'accord sur le fait que l'expérience que j'ai face à une œuvre est en partie contigente au contexte.

Par ailleurs, la sociologie de l'art est intéressante comme par exemple l'article de Lugon, Olivier. « Avant la “forme tableau” ». Études photographiques, Français-English, nᵒ 25 (5 mai 2010): 6‑41. est un bon exemple d'analyse d'un phénomène que la photo a connu. Ce type de travail ne dit pas: voici la grille de lecture pour voir les photographies au m² de Gursky ou Burtinsky. Alors j'imagine que vous ne déplorez pas ce type de travaux.

Bonne journée
Re: La photographie de famille
dimanche 28 mai 2017 12:22:11
Olivier Lugon n'est pas un "sociologue de l'art" mais un historien de la photographie, en particulier dans le texte "Avant la forme tableau" où il dresse une chronologie technique et artistique de l'avènement de l'image photographique de grande dimension.
Ici encore vous pliez les dénominations en fonction de vos besoins. La transformation des "disciplines" qui deviennent dans vos intervention des "étiquettes" aurait eu une bonne place dans le catalogue des idées chic de Flaubert ;)

nous étions pas d'accord sur le fait que l'expérience que j'ai face à une œuvre est en partie contigente au contexte.

Le mot clé de cette phrase est "je", l'expérience vous est propre et peu partageable puisqu'elle n'est pas uniquement déterminée par l'œuvre : fluctuante en fonction du contexte, l'œuvre se trouve ballotée en fonction d'alléas auxquels tous les publics se seront pas confrontés.
Esthétiquement, la prise en compte de ces fluctuations est une erreur parce qu'elle brouille la lecture et la compréhension de l'œuvre qui deviennent elles-mêmes aléatoires et fluctuantes. C'est sans doute satisfaisant pour vous puisque vous mettez le "je" au centre de l'expérience, mais hors de ces limites vite atteintes ça ne va pas plus loin.
D'un point de vue stratégique les institutions de l'art contemporain ont valorisé la lecture et l'expérience projective des œuvres, auprès d'un public qui n'en demandait sans doute pas moins. Le deuxième effet stratégique est l'élimination pure et simple de tout discours critique, la place laissée vacante le marché est devenu l'interprète objectif de l'art : si ça se vend, c'est bon.



Modifié 3 fois. Dernière modification le 28/05/17 12:28 par Zoran.
Re: La photographie de famille
dimanche 28 mai 2017 20:13:23
Bonjour à tous,

Je ne reviendrais pas sur la question de la catégorisation disciplinaire car nous tournons en rond.

"Esthétiquement, la prise en compte de ces fluctuations est une erreur parce qu'elle brouille la lecture et la compréhension de l'œuvre qui deviennent elles-mêmes aléatoires et fluctuantes. "

Oui je crois que cette différence de point de vue m'intéresse.

J’ai l’impression que nous sommes d'accord pour dire que l'esthétique n’est pas une réflexion anhistorique.

Serez-vous plus à dire que la subjectivité n’entre pas en compte quand vous dites que je mets le « je » au centre de l’expérience ?
Est-ce que vous signifiez que l’expérience est un élément peu important dans la réflexion esthétique ou que le je doit être minoré dans l’expérience qui est un élément important dans la réflexion esthétique ?

Bonne fin de journée.

Romain
Re: La photographie de famille
dimanche 28 mai 2017 22:39:10
romain écrivait:
-------------------------------------------------------

> "Esthétiquement, la prise en compte de ces
> fluctuations est une erreur parce qu'elle brouille
> la lecture et la compréhension de l'œuvre qui
> deviennent elles-mêmes aléatoires et
> fluctuantes. "
>
> Oui je crois que cette différence de point de vue
> m'intéresse.
>
> J’ai l’impression que nous sommes d'accord
> pour dire que l'esthétique n’est pas une
> réflexion anhistorique.

C'est le sens qu'on peut donner au mot "tradition": le regard qui s'exerce dans le temps, la fréquentation répétée ou quotidienne de l'art qui devient une part de la vie.

> Serez-vous plus à dire que la subjectivité
> n’entre pas en compte quand vous dites que je
> mets le « je » au centre de l’expérience ?
>
> Est-ce que vous signifiez que l’expérience est
> un élément peu important dans la réflexion
> esthétique ou que le je doit être minoré dans
> l’expérience qui est un élément important
> dans la réflexion esthétique ?

Je distingue deux choses :
1/ ce qui ne peut vraiment être transmis de l'expérience : les sensations particulières non verbalisables, les insuffisances du regard, ses manques, les intuitions non vérifiées, les moments purement épiphaniques etc.
2/ Ce qui découle de l'effort de ce qui peut être transmis : les observations non projectives, l'analyse et l'interprétation vérifiable, sur le modèle de Fried, Arasse, Chevrier etc ... et Freud le premier d'entre eux qui a tenté de livrer une analyse du Moïse de Michel Ange. Freud restreint, comme les autres, le regard à l'œuvre et c'est ce qui rend son analyse valable aujourd'hui.
1 se confronte à 2 jusqu'à extraire ce qui peut être entendu et compris par d'autres, soit une forme de "je" débarrassé de ses scories qui a la capacité de s'intègrer en un "nous". Dans le contexte de l'art contemporain où l'on encourage le regard projectif, flattant un individualisme forcené (opposé à ce qu'évoque Didi-Huberman de "l'œuvre qui nous regarde", et l'œuvre seule), le critique qui tente d'accorder à l'œuvre un sens et un entendement partageable par le plus grand nombre se trouve logiquement court-circuité.
Fin de la critique qui parle désormais dans le vide, et puissance du marché qui donne la "valeur" objective à l'œuvre.
La subjectivité est une richesse quand elle est mise en concurrence avec ce qu'on peut verbaliser, entendre, comprendre et admettre par d'autres, elle entre alors dans le champs de l'esthétique. En dehors de cela elle reste du domaine de l'individu, de la "jubilation dès qu'elle a retrouvé l'illusion que procure l'idole" (Freud).
Daniel Arasse a puisé dans l'analyse psychanalytique et inversement Lacan dans l'esthétique, les outils et la méthode nécessaires pour repousser les phénomènes de projection. La projection renseigne beaucoup sur celui qui la formule, et rien sur l'objet qui la reçoit. C'est pourquoi le ressenti du contexte, la notoriété de l'artiste ou le prestige dont jouit le lieu où est montrée l'œuvre parasitent le regard dans le champs de l'esthétique et ravira l'idolâtre.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 28/05/17 22:48 par Zoran.
Re: La photographie de famille
lundi 29 mai 2017 18:29:52
BOnjour à tous,

L'analyse est toujours vérifiable si vous en faites une description précise et surtout si vous définissez clairement votre cadre théorique sur lequel vous fondez votre analyse.

On peut ne pas y adhérer parce qu'on choisit un autre cadre.

C'est pour cela que un analyse "sociologique" (pour moi ça veut pas dire grand chose tellement c'est flou) ne remplace pas une analyse esthétique de JF Chevrier d'une photographie car on se situe dans deux paradigmes différents. D'où la remarque incohérente de vos collègues que un paradigme exclusif serait LA bonne lecture d'une photographie.

Romain
Re: La photographie de famille
vendredi 2 juin 2017 22:12:15
Bonjour à tous,

Oui vous avez raison, l'article de Lugon est un travail d'histoire de l'art; j'en avais un mauvais souvenir.

La question d'une exclusivité du cadre d'analyse pour aborder une photographie reste valable.

R
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