Une adresse à Besançon pour recoller des doublets et re-traiter des lentilles
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Une adresse à Besançon pour recoller des doublets et re-traiter des lentilles

Envoyé par Emmanuel Bigler 
Une adresse à Besançon pour recoller des doublets et re-traiter des lentilles
vendredi 11 octobre 2013 12:23:47
En discutant avec mon opticien-lunetier de Besançon, M. Colletta, qui est aussi grand amateur d'appareils photo et d'optiques, j'avais évoqué avec lui notre forum de galerie-photo.

Il se trouve que la question de la réfection de doublets qui se décollent ou du dépôt d'un nouveau traitement anti-reflet sur des lentilles est posée ici de temps en temps.

M. Colletta est régulièrement sollicité par ses clients pour la réparation d'optiques anciennes, et il m'indique qu'il peut s'occuper de ces questions de doublets décollés et de faire refaire un traitement anti-reflet.
Le contacter directement pour toute question,
"Contact Optique", Philippe COLLETTA, 22 place de la Révolution 25000 BESANÇON
TÉL. 03 81 83 00 45

P.S. pour ceux qui se demanderaient où se trouve la place de la Révolution à B'zançon, ne cherchez pas trop loin, ce n'est que la place du marché.

E.B.
Re: Une adresse à Besançon pour recoller des doublets et re-traiter des lentilles
vendredi 11 octobre 2013 15:19:06
Bonjour Emmanuel,
que signifie "doublets décollés" ?
deux lentilles se séparant dans un montage optique ?
" contact Optique " effectue donc après collage et traitement un recentrage des lentilles ,
ou pas ?
désolé des ces questions de débutant , je n'y connais rien à la science optique .
Patrick JJ
Re: Une adresse à Besançon pour recoller des doublets et re-traiter des lentilles
samedi 12 octobre 2013 22:11:35
Bonsoir Emmanuel !

Alors ça veut dire que si un jour je trouve un Aero Ektar fatigué, ce msieur de Bzançon pourra lui redonner une jeunesse ?

Mais c'est une bonne nouvelle ça !!!
Re: Une adresse à Besançon pour recoller des doublets et re-traiter des lentilles
lundi 14 octobre 2013 12:41:29
M. Colletta me précise qu'il est capable de recoller des lentilles selon la méthode du baume du Canada, ce qui lui permet de recentrer avec grand soin le doublet grâce à un appareillage dont il se sert en routine.

Il y a eu par le passé des triplets collés, ils ont la réputation d'être terriblement difficiles à centrer. Doublet, oui, triplet, c'est un défi que de le désassembler et de le recoller en recentant parfaitement les lentilles.
Donc dans les optiques récents, il n'y a plus de triplet collé, trop difficile et trop cher de tenir les tolérances dans une production idustrielle.

Le décollement de doublets est un défaut dont souffrent parfois cetains objectifs pas forcément très anciens.

Avant l'usage généralisé des traitements anti-reflets, donc avant le 2e guerre mondiale, pour augmenter le nombre de lentilles et améliorer la performance des objectifs photographiquues, on avait besoin de lentilles collées pour augmenter le nombre de lentilles nécessaires aux corrections des aberrations sans trop augmenter le nombre de dioptres air<-> verre générateurs de réflexions parasites.
En utilisant un doublet collé, les deux dioptres collés l'un contre l'autre avec le même rayon de courbure et séparés par une très fine couche de colle transparente créent beaucoup moins de réflexions parasites aux interfaces que ne le fait un simple dioptre air<-> verre.
Traditionnellement le pourcentage de lumière réfléchie à chaque dioptre air<-> verre est autour de 4% pour un verre d'indice 1,5. Mais cela augmente vite avec les verres à fort indice qu'on trouvent dans toutes le optiques (y compris dans certaines optiques ophtalmiques, mais à ma connaissance il n'y a pas de lunettes de vue utilisant un doublet collé ;-) ); Par exemple avec un verre d'indice 1,7, le coefficient de réflexion monte à près de 7%.
Il se trouve que ce pourcentage de lumière réfléchie varie très peu avec la longueur d'onde et très peu avec l'angle d'incidence en-dessous de 20-25° (soit 40-50° d'angle de champ total vu par de l'objectif).
Si vous prenez un triplet de Cooke, 3 lentilles, non collées = 6 dioptres, c'est au moins 4% de lumière qui se sauve à chaque dioptre, et qui finit par se retrouver pour partie, après réflexions et diffusions multiples, dans l'image sous forme de lumière parasite diffuse ou sous forme d'images fantômes (pour les sources brillantes visibles dans le champ à contre-jour).

On utilise des doublets collés depuis le XIXe siècle, sinon depuis le XVIIIe !
Le Petzval est un exemple parfait d'utilisation de doublets collés. Un Petzval ancien aura ses deux doublets collés au baume et bien entendu aucun traitement anti-reflet sur les verres. Donc M. Colletta sera parfaitement outillé pour une réfection de cet objectif, il pourra même vous faire ajouter un traitement anti-reflet ultra-moderne ! Ce qui n'est peut-être pas compatible avec ce que recherchent ceux qui bossent avec des Petzval anciens.

En rénovation de mobilier précieux de notre patrimoine, les règles sont très strictes : respect des techniques de collage d'époque (colles de peau d'os), réversibilité exigée à toute réparation (c'est le cas des colles anciennes, évidemment ce n'est pas le cas des epoxy évidemment, et les colles à bois genre vinyliques cristallisent dans le temps et ne sont pas à la hauteur des colles de peaux & d'os !), etc ... Avec le collage des lentilles au baume, on se place dans cette stricte tradition qui est celle des musées ; mais on s'en écarte si on rajoute un traitement anti-reflet , bref, c'est vous qui voyez ;-)

Sur une optique portant un traitement anti-reflet (c'est à dire toutes les optiques photographiques, et les jumelles, les microscopes ... donc pas forcément uniquement les optiques de chambre, depuis 1950 environ), le décollement se manifeste par des zônes mordorées en périphérie de la lentille visible ; on voit les couleurs d'interférences comme dans une bulle de savon à cause de la très fine lame d'air qui s'est insérée entre les deux dioptres décollés.
C'est très impressionnant en réflexion ; mais de fait, en transmission, l'effet dans l'image enregistrée sur le film n'est pas forcément si effroyable que cela, surtout si le décollement est en périphérie des doublets et qu'on fait la prise de vue à diaphragme fermé, donc uniquement avec la partie centrale de l'objectif qui n'est pas affectée.

Rappelons que les espèces de paillettes blanchâtres visibles en périphérie des lentilles de certains objectis, effet connu sous le doux nom de "Schneiderite", n'a absolument rien à voir avec le décollement d'un doublet. C'est une dégradation de la peinture noire qui est parfois utilisée en bordure de lentilles pour piéger un maximum de rayons parasites.

--

Bref, à défaut de pouvoir venir poser votre problème directement face à face avec M. Colletta, qui est un grand amateur d'appareils photo classiques, téléphonez-lui.

J'avais par le passé le plaisir de pouvoir discuter régulièrement d'horlogerie avec un horloger-réparateur que je venais voir de temps en temps pour l'entretien de routine de mes montres de famille. Celui que je connaissais a pris sa retraite, mais il y en a d'autres aujourd'hui qui ont pris le relais ; donc apportez vos montres mécaniques de famille ou vos compteurs Junghans/Silvoz à réviser en même temps que vos objectifs à doublets décollés si vous v'nez à B'zançon exprès pour.

E.B.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 14/10/13 13:08 par Emmanuel Bigler.
Re: Une adresse à Besançon pour recoller des doublets et re-traiter des lentilles
mardi 15 octobre 2013 18:11:14
Bonjour
je profite de ce fil, pour poser une question sur le centrage d'un doublet, quelle est le principe utilisé pour le contrôle ?

J'ai déjà recollé le doublet arrière d'un Aéro Ektar, mais j'ai escamoté la phase du centrage faute des connaissances et de l'équipement nécessaire !
Est ce qu'il y a une méthode à la portée de l'amateur un peu bricoleur, ou est ce que la méthode est réservée à l'usage d'équipements sophistiqués ?
Merci
Re: Une adresse à Besançon pour recoller des doublets et re-traiter des lentilles
mardi 15 octobre 2013 19:29:12
j'ai escamoté la phase du centrage faute des connaissances et de l'équipement nécessaire !
Est ce qu'il y a une méthode à la portée de l'amateur un peu bricoleur, ou est ce que la méthode est réservée à l'usage d'équipements sophistiqués ?


Difficile de répondre, mais M. Colletta utilise un instrument professionnel pour tester son centrage. Tous les verres ophtalmiques modernes, en particulier les verres à foyer variable, doivent être centrés dans la monture avec précision, par exemple. Donc un opticien professionnel sait évidemment faire cela.

Pour une optique ancienne dont le doublet est bien centré dans une monture mécanique avec des bords bien francs qui s'appuient franchement sur la lentille, on pourrait imaginer que cet appui mécanique suffit au centrage. Tout dépend du degré de précision qu'on veut atteindre, mais l'excentrement dégrade assez vite la qualité des images dans une optique performante.
C'est un défi que de centrer correctement les groupes dans un optique grand angulaire de chambre pour prise de vue numérique, ce genre d'objectif est typiquement celui pour lequel l'amateur est incompétent. Mais si c'est un petzval du XIXe siècle, je serais étonné que l'amateur ne puisse pas faire un remontage acceptable.
Pour un bon tessar de rolleiflex de 1955, par exemple, je crois que je ne me hasarderais pas à essayer de re-centrer le doublet arrière, les lentilles ne sont pas très grandes tout de même dans un 75 mm de focale !

Pour l'aéro-ektar, je n'en sais rien, d'autant plus qu'il faut travailler avec un télé-manipulateur derrière des verres plombés comme à La Hague, donc ça facilite pas les opérations ;-)

Je n'en sais pas plus.

E.B.
Re: Une adresse à Besançon pour recoller des doublets et re-traiter des lentilles
mardi 15 octobre 2013 19:46:31
Emmanuel Bigler écrivait:
-------------------------------------------------------

> Pour l'aéro-ektar, je n'en sais rien, d'autant
> plus qu'il faut travailler avec un
> télé-manipulateur derrière des verres plombés
> comme à La Hague, donc ça facilite pas les
> opérations ;-)
>
> Je n'en sais pas plus.

Pour le télé-manipulateur c'est tout de même pas nécessaire heureusement, même si j'ai pratiqué quelques années sur des constituants bien plus critiques !



Modifié 1 fois. Dernière modification le 15/10/13 19:47 par Moskva 4.
Re: Une adresse à Besançon pour recoller des doublets et re-traiter des lentilles
mercredi 16 octobre 2013 08:30:31
Pour ce que j'en sais l'outil le plus courant en termes de centrages simples est le frontofocometre.
Re: Une adresse à Besançon pour recoller des doublets et re-traiter des lentilles
mercredi 16 octobre 2013 08:31:48
Emmanuel,
Pour les triplets, on en revient a l'Éternel problème, actuel. La légende raconte que Abbe le mathematicien qui bossait avec Zeiss au début avait un concept de zoom, mais Zeiss refusait de l'appliquer au microscopes qu'ils fabriquaient alors faute de pouvoir garantir leur qualité a long terme. 40 ans avant le dépôt de brevet de Cuvillier c'est pas mal! Ce même problème ne les aurait pas touché aujourd'hui dans un monde ou toute l'ingénierie est focalisée avant tout sur la réduction des coûts sans vraie recherche de stabilité a long terme. Le peu de matos moderne que je vois passer montre clairement une conception axée sur des marges maximales pour une qualité décente, et non plus comme dans le matériel des années 60 sur une qualité maximale pour laquelle on crée les outils permettant de respecter les marges nécessaires.

Autre point, les règles de restauration différent entre le patrimoine muséal/artistique et le scientifique et technique.

Alors que dans le premier les dogmes de C.Brandi (moindre intervention, respect total de la patte et réversibilité absolue dominent), les artisans qui interviennent sur le pst (peu de restaurateurs titrés faute de titres adaptés a nos cas...) choisissent une approche plus fonctionnelle (axée sur la fonction d'usage) avec remplacement des pièces d'origine endommagées, les originaux sont placés en conditions de conservation et une copie est réalisée dans le mécanisme. La prise de conscience internationale de ces patrimoines a même amené l'emmergence de nouvelles demandes qui complexifient encore la tache de ceux qui font et attribuent les titres. Une des plus impressionnantes est la création de maquettes pour conserver l'objet d'origine et sa fonction de manière séparée.
L'emmergence de ces nouveaux patrimoines dans les milieux museaux crée une grosse agitation (des groupes d'étude comme le GIMME allemand centré sur les problèmes de corrosion du verre induite par les flux employés pour sa fusion au contact de l'environnement en est un très bel exemple, mais il y en a beaucoup d'autres)
De nombreux groupes de travail sont en train de travailler de nouvelles déontologie prenant en compte les critères specifiques qu'ECCO laisse de côté.
Beaucoup de publications mettent a jour les connaissances scientifiques jusqu'à maintenant trop axées sur le monde de l'art.

Je viens d'avoir M.COLLETTA qui m'a donné quelques précisions: traitements bicouche au fluorure de magnesium ou 4 couches mixte avec de l'oxyde de cérium. Le tout dans un labo français. Diamètre minimal d'optique 35 mm. Comme d'habitude ce type de traitements n'est pas sans risques pour une optique un peu abimée (risque de fente pendant la chauffe.).

Nous avons aussi parlé d'une chose qui en intéresse plus d'un: sur le papier il pense être capable de réaliser des correcteurs dioptriques sur mesure. Attention quand même, nous sommes tombés d'accord sur le fait que le collimatage de la visée et du plan du film devaient être parfaits pour se faire...



Modifié 2 fois. Dernière modification le 16/10/13 08:36 par Blanc.
Re: Une adresse à Besançon pour recoller des doublets et re-traiter des lentilles
lundi 13 octobre 2014 19:30:19
Décoller un doublet:
On trempe dans du dichloromethane (Il faut laisser plusieurs jours voir plus)... Si il y a des amorces de décollage, cela sera facile. On pose le doublet (qui trempait dans le dichlo) sur une plaque chauffante (je pose une feuille sur la plaque pour éviter les rayures). Je recouvre le doublet avec un chiffon. Je laisse chauffer un peu. Avec des gants anti-chaleur, je prends le doublet d'une main (je peux garder le chiffon pour protéger un peu). Avec l'autre main et une lame de rasoir, je vais forcer sur la jointure des deux lentilles. Si tout va bien, on va voir les franges apparaitrent. Plus on force, plus elles vont aller loin jusqu'a ce qu'elles envahissent toute la surface et que le doublet se decolle. On peut forces à un autre endroit si les franges ont du mal à avancer. Après il faut nettoyer le doublet. On passe normalement du balzer sur la face coller pour rendre cette face nickel.

Pour coller un doublet.
On utilise plusieurs colle selon la matière (NOA61, NOA65, NOA68)
Bien nettoyer les deux dioptres. Mettre quelques gouttes (si le doublet est petit) ou plus (selon la taille du doublet) sur la premiere lentille. Poser la deuxieme lentille dessus. La colle va s'etaler. Avec un bouchon en liège, je vais appuyer sur le dessus de ma deuxieme lentille pour chasser les impuretés et les bulles. Dès que la lentille semble nickel, je vais nettoyer la colle qui a débordée (avec un kleenex imbibé d'acetone). Normalement, on va centrer les franges sous une lampe à sodium. Une fois les franges centrées, je nettoie parfaitement mon doublet et c'est la que cela se complique si on est pas outillé.
J'utilise un poste laser.
Je pose le doublet sur un listel. Je met la lentille porteuse sur le listel (qui tourne parfaitement). Je met de l'aspiration pour tenir cette lentille. Ensuite je vais centrer ma lentille à l'aide d'un pepitas pour qu'elle tourne parfaitement. J'utilise une baguette en bois pour tapoter sur la lentille et la centrer au fur et à mesure. une fois centrer je vais m'occuper de la seconde lentille. Le laser passe par les deux lentilles. Si les deux lentilles sont centrées, le laser ne bouge pas. Il suffit de faire tourner les deux lentilles et d'observer le laser. On tapote (dans le sens qui va bien) sur la seconde lentille pour immobiliser le laser. Une fois le laser fixe, on envoie les UV (le temps qu'il faut). Le doublet est collé. On peut ensuite mesurer la concentricité, le battement, le centrage des franges, les formes... Mais la, vous travaillé deja dans une usine d'optique.
Ensuite il suffit de nettoyer les eventuelles traces de colle et de vernir la tranche si besoin pour eviter les lumières parasites...
Un jeu d'enfant... Si vous êtes un pro, c'est 15 minutes par doublet et pour décoller 15 minutes
cordialement
nitrate
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