Le fixateur est stable, car il ne s’oxyde pas. Je le dilue à 1+4 et je le conserve en bouteille pleine pendant plusieurs mois (plus de 6 mois) dans une armoire et après plusieurs utilisations.
Pour tester son efficacité, versez dans un récipient un peu de fixateur et immergez un morceau de film non développé. Par exemple l'amorce qui sera agitée du bout des doigts.
Vous pouvez jeter le fixateur lorsque le test du film donne un temps de fixage supérieur à 30 % du temps recommandé par le fabricant.
Pour surveiller le temps de fixage, utilisez cette méthode lors de l'étape du fixage. Déposez dans la cuve un morceau de film exposé et forcément non développé en surface. Arrêtez le fixage dès que le morceau de film sort transparent.
Inutile de prolonger le temps de fixage. Plus il est augmenté, plus le film devra être rincé à l'eau afin de diminuer le reste du fixateur qui s'est concentré dans la gélatine. Pour le papier, c'est pire, car le fixateur va se déposer conjointement dans la gélatine et le support papier.
L’agitation est un facteur important pour diminuer le temps de fixage, tout comme une température élevée. Mais attention à l’effet de réticulation de la gélatine qui se produit par un changement brusque de la température au passage d’une phase à l’autre du traitement.
La quantité d’argent dissout dépend de la nature de l’halogénure d’Ag (nature de l’émulsion), la température du bain, sa concentration, son agitation et le temps.
Concernant la concentration, la dose habituelle est de 250 g à 400 g d’hyposulfite/litre.
Ne jamais mélanger le fixateur pour papier avec celui dédié au film; même s'ils sont de marque et de dilution identique.
En chimie N/Bl., pour ne pas trop vite user le fixateur, utilisez un bain d’arrêt (bain-stop) après le révélateur. Son mode de conservation est identique au fixateur. Il est constitué d’un acide, généralement de l’acide acétique ou du bisulfite de potassium, qui neutralise l’alcali du révélateur.
Entrecoupez chaque bain par un rinçage à l’eau: révélateur/rinçage/bain-stop/rinçage/fixateur/rinçage final/savon/séchage. Cette action évitera la contamination du bain par le transport du bain précédent.
Un rinçage de 1 minute (remplissage de la cuve suivi de 10 à 15 retournements) est suffisant sauf bien entendu pour le rinçage final. Étape, comme vous le savez, tout aussi importante que celle du fixateur.
Lors du changement de fixateur dans le contenant, nettoyer convenablement (ou jeter) la bouteille. N'hésitez pas à vous en débarrasser dès qu’un dépôt noir apparaît au fond, ce sont les sels d’Ag précipités.
C’est suite à la réaction du rôle du fixateur, celui d’éliminer tous les sels d’argents de la surface sensible (transformation de l’AgBr en Ag(S2O3)2 3-). Après le bain de développement, l’émulsion comporte l’argent métallique formant l’image, mais aussi les sels d’argents non développés et insolubles dans l’eau. Le fixateur transforme ces sels en ions complexes (argentthiosufates) solubles dans l'eau et qui seront éliminés lors du fixage. L’hyposulfite de sodium est le solvant d’halogénure d’argent conventionnel; il est très actif, relativement bon marché et n’attaque pas la gélatine. Les deux autres solvants qui peuvent chimiquement être utilisés sont le sulfocyanure de potassium (onéreux et dissout mal l’iodure d’argent) et le cyanure (de potassium) qui est le plus puissant, mais aussi le plus toxique, d’où son interdiction.
Comme dit par Paul, le fixateur tannant est plus difficile à éliminer de la gélatine. Aussi, il faut être très prudent à ses émanations en particulier au niveau des tissus pulmonaires sans oublier la peau. Mieux vaut utiliser des gants dans un local convenablement aéré. L’agent tannant est généralement de l’alun de potassium. On peut employer de l’alun de chrome ou pire, pour l’homme, du formol. Le tannant est recommandé pour empêcher la réticulation; c’est pour cette raison qu’il est préconisé de l’utiliser dans les pays chauds.
En sachant que les sels les plus lourds s'éliminent difficilement et vont polluer le fixateur frais qui remplacera l’ancien, pour ne pas vous embêter et pour ne pas gaspiller de l'eau -et de l'argent- pour rien, vous pouvez, pour stocker le fixateur, utiliser d'anciennes bouteilles de limonade... Convenablement rincées préalablement; cela va sans dire. Ma préférence est la bouteille transparente qui permet de surveiller l'apparition du dépôt.
J’en profite pour ouvrir une parenthèse, n’achetez jamais (maintenant, vous faites comme vous voulez, c’est juste un simple conseil à prendre ou à laisser) les fameuses bouteilles de type "accordéon". Impossible de les rincer convenablement. Elles sont "préconisées" pour la conservation du révélateur. Pour mettre en réserve ce dernier, préférez les bouteilles en verre teinté récupérées des médicaments ou achetées pour quelques centimes à la pharmacie du coin. Munissez-vous de divers formats afin de transférer le révélateur restant dans un contenant plus petit. Afin d’éviter l’oxydation, remplissez la bouteille avec des billes en verre jusqu’à l’apparition du liquide au ras du goulot.
J’en reviens au sujet et comme cela a été abordé, écologiquement, l'impact du rejet du fixateur usé a son importance en raison de l'argent qui se retrouve à l'égout (je parle ici du fixateur normal. Pour le tannant, c'est pire). Le filtrage des eaux usées ne peut correctement éliminer les dépôts à 100 %. À cela, les sels d'argent restent collés aux parois des tuyaux d'évacuation et se distillent petit à petit provoquant une pollution sur une longue durée. Les sels d’argent en eaux usées vont se retrouver dans les boues résiduelles en augmentant leur contamination par les métaux lourds.
Certains labos pros sont équipés d'un récupérateur d'Ag. Cette solution est apparue au début des années 80 -si je m'abuse- et installée par Kodak qui proposait aussi une collecte des produits chimiques photo. Le but était de récupérer l’argent. À cette époque, l'industrie de la photographie utilisait jusqu'à 70 % de la production mondiale.
Quelques laboratoires photo continuent la collecte. En Belgique, et je pense qu'en France la mesure est identique, car elle émane d'une obligation européenne, vous "devez" déposer vos déchets chimiques à la déchèterie.
Pour terminer, le fixateur maison ne sera pas moins nocif qu'un produit industriel avec le risque d’être plus instable.
Jean-Marc
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