Depardon Encore
Re: Depardon Encore
vendredi 10 janvier 2014 15:17:00
Yves,
La comparaison avec la Datar est intéressante, Depardon y a livré un de ses meilleurs travail, et comme vous le dites : il y est allé de son talent, de son ressenti. Certaines images flirtent avec la mise en scène (la cour de la ferme avec la pile de cageots renversés et la chaise au sol, le beau portrait de sa mère dans sa cuisine etc). Tout est bien dans son projet et ce n'est pas une voiture armée d'un dispositif de capture sphérique qui peut lui enlever quoi que ce soit. Les intentions y sont fortes et le point de vue clairement énoncé.
En parallèle Depardon était le photographe de l'errance capable de transformer un reportage en littérature photographique (Notes, Arfuyen 1979, Les correspondances newyorkaises pour Libération, etc), les choses ont commencé à se gâter avec la commande sur les villes offerte par la fondation Cartier, Depardon y parcourt le monde comme juché sur un tapis volant, séjournant pas plus de 2-3 jours dans chaque ville ... jusqu'à sa "France" où l'errant se mue en photographe en déambulation, écrasé par le poids de la commande, sans point de vue ni propos.
Re: Depardon Encore
vendredi 10 janvier 2014 17:10:46
Son projet n'était-il pas de nous proposer un échantillon (non exhaustif) de la France "laissée pour compte" suite à la mondialisation ; une France qui ne bougera plus, les métropoles régionales "pompant" énergies et flux divers.
Maintenant que le résultat ne soit pas à la hauteur des intentions...
Re: Depardon Encore
vendredi 10 janvier 2014 18:12:24
yves viricel écrivait:
-------------------------------------------------------
> Son projet n'était-il pas de nous proposer un
> échantillon (non exhaustif) de la France
> "laissée pour compte" suite à la
> [url=http://territoires2040.datar.gouv.fr/spip.php
> ?article83]mondialisation[/url] ; une France qui
> ne bougera plus, les métropoles régionales
> "pompant" énergies et flux divers.


Oui, ou "la France des ronds points et des sous-préfectures" comme il disait (phrase malheureuse dans la comparaison avec street view). A l'époque de la mission de l'observatoire du paysage, il vantait les mérites de la photographie à la chambre qui réalise un "inventaire de gendarme". Finalement son côté "understatement", anti auteuriste, pouvait sembler moderne, mais la technologie l'a rattrapé, l' "esthétique" du pur inventaire est du côté des machines maintenant, ce qui oblige le photographe à proposer un point de vue. Un peu paradoxalement, je trouve l'énorme projet de Depardon bien paresseux.
Re: Depardon Encore
vendredi 10 janvier 2014 22:39:43
A la décharge de Depardon on remarquera tout de même que les choix de point de vue dans le travail de Caroline Delieutraz utilisant Google street view restent ceux du photographe : la machine seule n'a pour cette fois ci pu les concevoir elle même, cela reste à l'auteur. Le robot reste battu, en attendant un programme de reconnaissance automatisé des paysages les plus remarquables, quoique à ce jeu les ronds points risquent de lui rester étranger :-)

Sinon le message de Zoran à 15:17:00 résume bien la problématique de ce photographe : quelque chose d'un Depardieu de la photographie ( capable de coups de génies mémorables comme de ratages indignes et pathétiques ) notre brave Raymond ?

TR
Re: Depardon Encore
samedi 11 janvier 2014 01:19:52
Bonjour à tous,

"Refaire ce parcours dans Google Street-View, sur les pas de Depardon, et mettre en parallèle les images prises à la chambre avec des captures d’écran, c’est mettre en perspective deux types d’images, deux intentions opposées, deux visions du monde."

Je dirais que la démarche de Caroline Delieutraz est fallacieuse, ou quelque chose lui a échappé ou quelque chose m'a échappé.

Fallacieux parce qu'elle fait croire que sa comparaison (outre le fait que j'ai montré en quoi elle est fondé sur des présupposés qui sont faux) est celle de deux types d'images > deux intentions > deux visions du monde celle de Depardon et celle de Google Street.
Or dans cette histoire Google street n'est qu'un appareil qu'utilise Delieutraz pour produire des images qu'elle appose à celle de Depardon. Par conséquent ce n'est pas une image de Google street qui est éprouvée mais celle de Delieutrez à partir d'un outil qu'est Google Street! ce qui est une grosse nuance.

Du coup la proposition aurait pu poser davantage la question de l'outil. Ce que n'assume pas Delieutraz en opposant non pas sa vision de photographe à travers un autre outil mais y oppose la soit disante vision de Google Street.

Par ailleurs, comme l'a souligné Zoran, d'autre photographe pose de manière plus claire, assumée, et intéressante la question de l'outil comme Thomas Ruff ou de Corinne Vionnet.

D'ailleurs à la lecture de sa revue de presse tout le monde est tombé dans le panneau de réfléchir sur la comparaison de la vision de Google Street avec Depardon. Ou alors j'ai pas compris le panneau.

Romain
Re: Depardon Encore
samedi 11 janvier 2014 17:02:12
romain écrivait:
-------------------------------------------------------
> Or dans cette histoire Google street n'est qu'un
> appareil qu'utilise Delieutraz pour produire des
> images qu'elle appose à celle de Depardon. Par
> conséquent ce n'est pas une image de Google
> street qui est éprouvée mais celle de Delieutrez
> à partir d'un outil qu'est Google Street! ce qui
> est une grosse nuance.

Oui mais pour être vraiment précis il faut dire que streetview est un outil de déplacement dans une succession d'images. Du coup l'idée de comparaison est aussi une mise en parallèle de moyens avec les résultats. Autrement dit il n'est pas sûr que Depardon soit à l'avenir obligé de travailler depuis la route pour réaliser une image déjà disponible. La distinction des intentions ne suffit plus, en esthétique c'est toujours le résultat qui compte ... les écarts entre les résultats sont trop minces, ce qui est attendu puisque le projet de Depardon est d'adopter le regard de la machine. Caroline Delieutraz joue ici une partie à somme nulle : elle montre que Depardon est capable du regard-machine, et dans streetview on retrouve celui de Depardon.



Modifié 4 fois. Dernière modification le 11/01/14 17:45 par Zoran.
Re: Depardon Encore
samedi 11 janvier 2014 21:44:01
Il n'empêche que le travail de Caroline Delieutraz reste très opportuniste et inséparable de celui de Depardon, quelques réserves que l'on puisse avoir sur la qualité de ce dernier. L'utilisation de Google street view par Jon Rafman me semble beaucoup plus pertinente, il assume sa position d'auteur utilisant Google street view sans détours : [9-eyes.com]

TR
Re: Depardon Encore
samedi 11 janvier 2014 22:47:58
thomas r. écrivait:
-------------------------------------------------------
> Il n'empêche que le travail de Caroline
> Delieutraz reste très opportuniste et
> inséparable de celui de Depardon, quelques
> réserves que l'on puisse avoir sur la qualité de
> ce dernier. L'utilisation de Google street view
> par Jon Rafman me semble beaucoup plus pertinente,
> il assume sa position d'auteur utilisant Google
> street view sans détours : [9-eyes.com]


Jon Rafman (oui, très bon), Doug Rickard, Michael Wolff et quelques autres ont remis en question la photographie de rue, ou de route en explorant streetview, jusqu'ici le débat est resté assez théorique. Cette fois l'approche est frontale et la confrontation directe. Je ne vois pas cet aspect fallacieux ou opportuniste, l'objet de ce travail je le vois comme une façon de montrer à quoi ressemblerai une photo du projet de Depardon sur streetview, elle pose clairement le problème d'un travail photographique en regard d'images accessibles à tous. Peut être en retire t-elle secondairement une publicité, mais cela ne change pas la nature de la question posée.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 11/01/14 23:00 par Zoran.
Re: Depardon Encore
samedi 11 janvier 2014 23:00:10
Bonjour à tous,

Si l'approche n'est pas fallacieuse, elle est très mal montée (en faisant croire, je me répète, que deux visions s'opposent celle de Google et celle de Depardon) et du coup ce travail perd énormément d'intérêt: hormis celui d'avoir succité la discussion ici! C'est déjà ça.

Romain
Re: Depardon Encore
samedi 11 janvier 2014 23:11:05
romain écrivait:
-------------------------------------------------------
> Bonjour à tous,
>
> Si l'approche n'est pas fallacieuse, elle est
> très mal montée (en faisant croire, je me
> répète, que deux visions s'opposent celle de
> Google et celle de Depardon)

C'est possible, je ne connais pas ses intentions, c'est un peu flou, mais elle a constitué un matériel intéressant qui se prête à la discussion et c'est déjà pas mal, on est d'accord.
Re: Depardon Encore
dimanche 12 janvier 2014 01:31:09
Ah ben zut il a fait une boite de sardine.

[www.lomography.fr]

Qui en a acheté une ?
Re: Depardon Encore
dimanche 12 janvier 2014 09:10:59
avec la sardine, on touche le fond...

Bientôt une poupée Raymond par Mattel ?...
Re: Depardon Encore
dimanche 12 janvier 2014 11:34:50
"Je ne vois pas cet aspect fallacieux ou opportuniste, l'objet de ce travail je le vois comme une façon de montrer à quoi ressemblerai une photo du projet de Depardon sur streetview, elle pose clairement le problème d'un travail photographique en regard d'images accessibles à tous. Peut être en retire t-elle secondairement une publicité, mais cela ne change pas la nature de la question posée"

Je propose une lecture supplémentaire par quelques interrogations :

Si ce travail n'est pas opportuniste, pourrait il exister sans être adossé à celui d'un nom connu ?
La visibilité n'est elle pas ''gagnée'' uniquement par l'aspect polémique, puisque toutes les discussions débattent de sa légitimité plus que de l'intérêt direct des photographies de Ggle ?
Quelle lecture et remarques aurions nous à l'encontre d'un travail similaire, s'il n'était justement présenté seul, non adossé ? Y trouverions nous de l'intérêt ?
Dans le même registre, extraire les individus de passants depuis l'enregistrement continu d'une caméra de vidéo surveillance publique peut-il constituer un travail intéressant sur le thème du portrait ? Si ces mêmes images de personnes sont mise en parallèle du travail d'un Auguste Sander, Irving Penn, Bazin, Avedon, Despatin et Gobelli... celà changerait t-il notre intérêt pour ces portraits mécanisés ?
Et enfin, si Depardon n'avait pas défriché les lieux n'aurait t'il pas été quasiment impossible à un pseudo-auteur de les dénicher dans le magma d'image de streetview. qui sont reprises grâce au travail ''de repérage'' de RD ?
In fine, le travail de Depardon existe très bien sans ce projet de streetview revisité, l'inverse est il possible ?
Imaginons un autre travail extrait de streetview hors des lieux visité par la chambre d'un nom connu, serions nous intéressé par une expo, un livre par des images de basse qualité technique qui n'ont pas d'auteur humain direct ?
De manière certaine le fait que le travail de Caroline Delieutraz repose sur le principe de faire comme Raymond Depardon mais avec d'autres moyens démontre simplement son ascendance. L'apparition en réaction à son projet de travaux de suiveurs (qui accréditent ou critiquent) asseoit d'autant plus la réalisation de Raymond Depardon.

"...streetview, elle pose clairement le problème d'un travail photographique en regard d'images accessibles à tous"

Je crois que cette accessibilité 'est un leurre. Les image en question ne sont pas accessible à tous, du moins juste visibles par tous. Elles ne sont pas dans le domaine public et ne sont que le fruit d'un investissement technologique lourd inaccessible ''à tous''. De plus la société qui a capté ces images a du parcourir des milliers de Km.
Les images appartiennent à cette société qui peut aussi bien en retirer l'accès à tout moment et même disparaître lors d'une faillite, rachat, fusion...
Il ne faut pas perdre de vue que si la lecture de ces images reste offerte (en apparence) par son exploitant, leur réutilisation est probablement soumise à des règles juridiques et cela n'est pas une source libre en soit puisque ladite société pourrait très bien faire valoir ses droits de propriété.
Donc je serais tenté de conclure que sans les images d'auteur de Depardon, et sans les images d'entreprise de streetview, il n'y aurait pas de matière.
Re: Depardon Encore
dimanche 12 janvier 2014 12:13:07
Blémia écrivait:
-------------------------------------------------------
> Si ce travail n'est pas opportuniste, pourrait il
> exister sans être adossé à celui d'un nom connu
> ?

Est ce pour vous si problématique qu'elle se saisisse du travail de Depardon ? Les gens comme Jürgend Nefzger ont refait les vues de Paris d'Atget, ils seraient à ranger dans la catégorie "opportunistes" aussi ? Dans le cas contraire, considérez-vous le décalage temporaire comme plus légitimant que le décalage iconographique photo-streetview ?



> La visibilité n'est elle pas ''gagnée''
> uniquement par l'aspect polémique, puisque toutes
> les discussions débattent de sa légitimité plus
> que de l'intérêt direct des photographies de
> Ggle ?

La visibilité, pour ma part, est gagnée par la pertinence de la question, la polémique n'existe qu'ici, sur ce forum et ne concerne qu'une poignée d'intervenants ...

> Quelle lecture et remarques aurions nous à
> l'encontre d'un travail similaire, s'il n'était
> justement présenté seul, non adossé ? Y
> trouverions nous de l'intérêt ?

Jon Rafman, Rickard ont eu beaucoup de succès.

> Dans le même registre, extraire les individus de
> passants depuis l'enregistrement continu d'une
> caméra de vidéo surveillance publique peut-il
> constituer un travail intéressant sur le thème
> du portrait ? Si ces mêmes images de personnes
> sont mise en parallèle du travail d'un Auguste
> Sander, Irving Penn, Bazin, Avedon, Despatin et
> Gobelli... celà changerait t-il notre intérêt
> pour ces portraits mécanisés ?

On a déjà répondu à la question, les intentions fortes, un propos construit ne peuvent êtres aboli par un système de pdv mécanisé.

> Et enfin, si Depardon n'avait pas défriché les
> lieux n'aurait t'il pas été quasiment impossible
> à un pseudo-auteur de les dénicher dans le magma
> d'image de streetview. qui sont reprises grâce au
> travail ''de repérage'' de RD ?

Vous reposez deux fois la même question ( la n°1), le petit succès de C Delieutraz vous travaille !

> In fine, le travail de Depardon existe très bien
> sans ce projet de streetview revisité, l'inverse
> est il possible ?

Ce n'est pas l'objet de ce travail d'être autonome, c'est une comparaison...

> Imaginons un autre travail extrait de streetview
> hors des lieux visité par la chambre d'un nom
> connu, serions nous intéressé par une expo, un
> livre par des images de basse qualité technique
> qui n'ont pas d'auteur humain direct ?

Pas d'auteur humain direct ? Ah bon ?

> De manière certaine le fait que le travail de
> Caroline Delieutraz repose sur le principe de
> faire comme Raymond Depardon mais avec d'autres
> moyens démontre simplement son ascendance.
> L'apparition en réaction à son projet de travaux
> de suiveurs (qui accréditent ou critiquent)
> asseoit d'autant plus la réalisation de Raymond
> Depardon.

Oui, si vous voulez, sauf. Votre préoccupation semble plus du côté de la notoriété et du social que des questions esthétiques que pose ce travail.


> Je crois que cette accessibilité 'est un leurre.
> Les image en question ne sont pas accessible à
> tous, du moins juste visibles par tous.

???

Elles ne
> sont pas dans le domaine public et ne sont que le
> fruit d'un investissement technologique lourd
> inaccessible ''à tous''. De plus la société qui
> a capté ces images a du parcourir des milliers de
> Km.
> Les images appartiennent à cette société qui
> peut aussi bien en retirer l'accès à tout moment
> et même disparaître lors d'une faillite, rachat,
> fusion...

Oui, sauf si des gens comme Rafman, Rickard, Delieutraz s'en emparent.

> Il ne faut pas perdre de vue que si la lecture de
> ces images reste offerte (en apparence) par son
> exploitant, leur réutilisation est probablement
> soumise à des règles juridiques et cela n'est
> pas une source libre en soit puisque ladite
> société pourrait très bien faire valoir ses
> droits de propriété.

Depuis les quelques années où expos, livres, tirages de collections ont été vendus, il n'y a pas eu le moindre problème. Google pourrait peut être, je n'en sais rien, revendiquer des droits mais pour l'instant ils ne bougent pas.

> Donc je serais tenté de conclure que sans les
> images d'auteur de Depardon, et sans les images
> d'entreprise de streetview, il n'y aurait pas de
> matière.

Oui, et il n'y aurait pas de discussion ici ;-)



Modifié 2 fois. Dernière modification le 12/01/14 12:20 par Zoran.
Re: Depardon Encore
dimanche 12 janvier 2014 12:40:33
"Blémia écrivait:
-------------------------------------------------------
> Si ce travail n'est pas opportuniste, pourrait il
> exister sans être adossé à celui d'un nom connu
> ?

Est ce pour vous si problématique qu'elle se saisisse du travail de Depardon ? Les gens comme Jürgend Nefzger ont refait les vues de Paris d'Atget, ils seraient à ranger dans la catégorie "opportunistes" aussi ? Dans le cas contraire, considérez-vous le décalage temporaire comme plus légitimant que le décalage iconographique photo-streetview ?"

Ce nest pas moi qui ai qualifié ce travail d'opportuniste, je reprends le propos donné plus haut et interrogge, je n'affirma rien.

"Jürgend Nefzger ont refait les vues de Paris d'Atget" Tout a fait, il les a refait. Et c'est le lot quotidien de beaucoup de créateur, refaire sans copier, repasser sans imiter...
Le travail dont on parle ici, se saisit de deux contennus crées par d'autres, la question n'est elle pas légitime de s'intérogger sur le fait que la mise en perspective de deux contennus, un angle donné pour lire deux contennus déjà existant, constitut t-il un acte d'auteur ?

"> Imaginons un autre travail extrait de streetview
> hors des lieux visité par la chambre d'un nom
> connu, serions nous intéressé par une expo, un
> livre par des images de basse qualité technique
> qui n'ont pas d'auteur humain direct ?

Pas d'auteur humain direct ? Ah bon ?"

Ben c'est pas une machine automatisée la prise de vue de streetview ? ou celle de l'enregistrement automatique d'une caméra ?

"Vous reposez deux fois la même question ( la n°1), le petit succès de C Delieutraz vous travaille !"

Pas du tout, son succès je ne le connaissait même pas avant la lecture de ce sujet sur GP. Je ne critique pas les travaux des autres ni ne les jalouse. L'exemple de cette personne pourait être remplaçé par celui d'une autre, c'est le principe de la méthode dont nous discutons, de même que Depardon pourrait être un autre photographe. Concernant mes deux questions se ressemblent mais n'ont pas le même sens, l'une interpelle sur l'interêt de se coller à un nom déjà médiatisé, et par extenssion je me demande si l'interêt porté à ce travail de comparaison aurait la même dimenssion si la comparaison avait été faite avec le travail d'un personnage non médiatisé. Que la médiatisation de Depardon profite directement à la visibilité de ce travail de comparaison me semble être un fait difficilement contournable. Mais ai-je condamné ce choix judicieux ? De plus, vous l'avez peut-être mal compris dans mon propos, d'être comparé, repris, copié, suivi, réinterpréter comme d'être critiqué augmente l'aura du travail de Depardon, qu'on le veuille ou non, c'est juste un fait constaté également.
Ma seconde question fait apparaître l'aspect prémaché par le travail d'un autre qui donne les pistes techniques de réalisation. Sans se repérage bonjour le travail d'extraction de vue interessante dans strettview. Il faut savoir ce que l'on y cherche, et c'est ce qu'indique le travail de Depardon (reperage). Les travaux de comparaison sont interessants, mais sans celui de Depardon, l'autre ne peut exister, c'est le principe même de la comparaison je suis bien d'accord avec vous.
Re: Depardon Encore
dimanche 12 janvier 2014 12:49:48
D'ailleurs Caroline Delieutraz ne prétend en rien, sur la page indiquée par Nestor Burma, avoir accompli un travail de création ou d'auteur.
De plus combien y a t'il d'images comparées ? Le camion de google street view a peut-il réellement fournir un ensemble cohérent d'images correspondantes à l'ensembles des lieux visités par RD ?
Cette dimension est également importante, savoir si les deux démarches peuvent se superposer en volume et unité de regard, ce qui est peut-être un facteur de différenciation possible entre le travail d'un auteur et de celui d'un robot sur un véhicule qui suit un plan.
La question qu'elle pose est interessante puisque elle succite de la reflexion.
Re: Depardon Encore
dimanche 12 janvier 2014 13:06:47
On parle de choses différentes, vous voyez ce travail comme opportuniste (vos questions sont bien orientées en ce sens), et l'aspect social, la notoriété, les problèmes juridiques etc vous travaillent et servent d'angle d'attaque à vos propos.

La question de savoir si c'est un travail d'auteur ou pas me semble secondaire. Delieutraz voudrait montrer que la vision mécanisée s'oppose à la vision humaine, relisez les échanges avec Romain, vous verrez que streetview n'est pas moins exempt d'intention humaine que n'importe quelle autre photographe :)

Vous avez conclu en é crivant que sans les images de Depardon et de streeview, il n'y aurait pas celles de Delieutraz. Effectivement ;-)
La mienne est tout autre, je verrais cette mise en parallèle comme une invitation faite à Depardon à continuer son travail sur streetview moyennant la perte de valeur ajoutée dont j'ai déjà parlé Je ne sais pas si c'était l'intention de Delieutraz, ce n'est pas clair dans son discours, mais le matériel qu'elle a constitué l'y invite. D'un certain point de vue, je comprends que c'est très menaçant.



Modifié 2 fois. Dernière modification le 12/01/14 13:08 par Zoran.
Re: Depardon Encore
dimanche 12 janvier 2014 13:50:08
" vous voyez ce travail comme opportuniste" Pas du tout, je le répète, je reprend le propos dévellopé plus haut comme point d'entrée à l'interrogation. ce n'est pas moi qui qualifie ce travail d'opportuniste. La question est plutôt de savoir s'il y a eu un travail de fait (au sens d'auteur ou de la photographie). Que la comparaison faite soit considérée comme un travail de reflexion c'est bien sur une évidence, mais en aucun cas c'est un travai d'auteur photographique, ce que l'auteure de cette page ne revendique d'ailleurs pas.Chacun se fera son opinion.

Je ne crois pas qu'il y ai menace de quoi que ce soit, le travail de Depardon a donné lieu à de l'édition, de l'exposition, initié des comparaisons et autres choses...

" Vous avez conclu en écrivant que sans les images de Depardon et de streeview, il n'y aurait pas celles de Delieutraz. Effectivement ;-)"

Mais ce ne sont pas ses images, juste celles de street view...
Re: Depardon Encore
dimanche 12 janvier 2014 14:16:53
"Je ne crois pas qu'il y ai menace de quoi que ce soit, le travail de Depardon a donné lieu à de l'édition, de l'exposition, initié des comparaisons et autres choses..."

A l'aune de remarques particulièrement agressives, mon impression est bien différente.

"Mais ce ne sont pas ses images, juste celles de street view..."

Non (ou "oui mais"), c'est un peu plus compliqué que ça. Mais c'est une question qui a déjà été posée dans un ensemble plus vaste sur la réapropriation des images :
[www.theguardian.com]

La comparaison avec des photos existantes soulève des questions différentes, c'est un autre problème dont nous avons essayé de parler ici ...



Modifié 5 fois. Dernière modification le 12/01/14 14:35 par Zoran.
Re: Depardon Encore
dimanche 12 janvier 2014 16:16:28
Si le fait que je pose des interrogations vous agresse, que craignez vous donc ? Il ne me semble pas avoir commis de remarques agressives.

Le fait d'échanger des points de vue ne constitue pas une agression, le fait que les opinions des uns et des autres diffèrent éventuellement ne font pas de leur propos des agressions.
Mais vous avez raison en y réfléchissant bien, le ton employé dans certaines suggestions sur ce que devrait être ou faire RD n'est pas anodin. Comme le fait l'angle d'attaque proposé par cette page de Caroline Delieutraz, dont le propos est assez bien repris par les détracteurs du projet et RD, en leur permettant d'établir un propos cautionnant leur point de vue. Son propos et d'interroger sur la démarche de RD, elle pose la question, nous sommes en droit également de nous poser la même question sur sa propre démarche.
La remise en cause est l'un des fondement de l'appropriation, alors oui, permettez nous de remmettre en cause la démarche d'appropiration également. Cette voie de l'art ne peut être prise comme un juge final dans ce domaine. Lea réciprocité n'est que légitime.

Il me semblait que l'appropriation est une pratique dans l'art, pour peu qu'il y ai un travail de copie ou d'intégration d'un matériaux artistique préexistant dans la création d'une nouvelle oeuvre.
Faire une photocopie d'un livre de Depardon et extraire une image arrêtée d'une vidéo rentre t'il dans ce cadre ? je ne le sais... Assembler les deux ensemble peut-être que oui, mais je ne le sais pas non plus, n'étant pas critique d'art ni historien de l'art je n'ai pas suffisamment d'assise pour tenter d'établir une réponse ou une analyse qui soit opposable à l'opinion et la perception individuelle de chacun.

Quoiqu'il en soit vous n'êtes pas sans ignorer que la copie est la base de l'appropriation, et que Caroline Delieutraz revendique la pratique de la copie. Sachant que la frontière est mince entre l'appropriation ou la copie, et le faux ou le plagiat



Modifié 2 fois. Dernière modification le 12/01/14 16:22 par Blémia.
Re: Depardon Encore
dimanche 12 janvier 2014 16:39:54
Pardon Blémia de le dire aussi directement, mais je pense que vous n'avez rien compris à ce que j'ai pu (sans doute mal) dire ici. Et à ce stade de la conversation je n'ai ni la patience, ni le temps de tout reprendre de A à Z. Toutes mes excuses et bonne continuation.
Re: Depardon Encore
jeudi 16 janvier 2014 18:54:07
personnellement, je trouve que le grand Raymond Depardon c'est l'écrivain: Errance est un grand texte, du moins c'est comme cela que je l'ai ressenti, il a les épaules et la volonté de supporter tout un tas de choses, sa violence (une émission avec laure adler ou il se fait démonter par des écrivains et intellectuels africains "chauvins" qui lui reprochent de misérabiliser l'Afrique), et le fait qu'il est un photographe moyen (il le dit lui même, pas "doué"). Alors malin le bougre, qui reprend pour lui ce qu'on pourrait lui reprocher? Je ne sais pas, mais c'est toute cette audience qui est un peu excessive, et il joue le jeu quand même; libre à nous de ne pas nous en soucier trop. J'adore Plossu comme photographe, mais j'avoue que je suis moins fan de sa mythologie. Enfin c'est un immense photographe, depardon lui il est plus dans le langage je trouve, c'est là ou il ose exprimer sa subjectivité. Je l'aime et je l'aime pas.
Re: Depardon Encore
jeudi 16 janvier 2014 19:41:34
Je ne suis pas historien de l'art non plus, mais et il me semble en effet que la copie est une chose naturelle, nous fonctionnons comme ça par appropriation plus ou moins consciente. Ce qui me gêne c'est la revendication, je ne suis pas à l'aise avec sa, sûrement une affaire de tempérament; je trouve qu'il est tellement plus intéressant de se laisser surprendre tout en exerçant un gros travail d'autocritique et de refonte. Et le silence est aussi une chose importante qui semble nous échapper aujourd'hui. Alors quand Depardon n'arrête pas de parler, je pense qu'il tend vers le silence sans y parvenit et ça doit me toucher. Mais quelquefois c'est vrai que c'est grottesque. La photo du président est vraiment moche, sans élan, c'est ça le problème, il manque l'élan, comme Giacomelli qui court dans les champs en lançant je ne sais quoi qu'il essaye de photographier. C'est juste une image.
Re: Depardon Encore
jeudi 16 janvier 2014 20:23:28
ringuet écrivait:
-------------------------------------------------------
> (une émission avec laure adler ou il se fait démonter
> par des écrivains et intellectuels africains
> "chauvins" qui lui reprochent de misérabiliser
> l'Afrique)...

Il s'agissait, entre autres, d'Abderrahmane Sissako et d'Adama Drabo (excusez du peu, si vous ne connaissez pas le cinéma africain, renseignez vous...)
Il avait déjà été fait le même reproche à Jean Rouch, d'observer les africains comme le ferait un entomologiste.
Voilà ce qu'écrivait d'ailleurs Olivier Barlet, fin connaisseur du cinéma africain à propos de “Un homme sans l'Occident” de RD :

"Un soir sur France 2, au "Cercle de minuit" de Laure Adler, Depardon s'était violemment emporté lorsque des cinéastes africains (et non des moindres : le Mauritanien Abderrahmane Sissako et le Malien Adama Drabo) prenaient distance avec le regard développé dans son précédent long métrage tourné sur le Continent, "Afriques, comment ça va avec la douleur ?" Ses mots avaient été rudes et sans nuance, déniant la qualité de leur propre travail. Le voilà qui nous montre dans "Un homme sans l'Occident" combien son propre regard peut à nouveau épouser la position coloniale."
Re: Depardon Encore
jeudi 16 janvier 2014 20:56:19
Oui, et il y avait aussi l'écrivain(e) Calixte Beyala: instinctivement je me suis mis de son côté parce qu'ils étaient tous ligués contre lui, même si sa position est discutable. Mais du coup en face il n'y avait que le côté pile, surtout dans les propos de la romancière. Enfin c'est souvent le cas, c'est trop sensible. Je me suis sûrement, en bien ou en mal, identifié à Depardon à ce moment là, ça m'a marqué. Quoi qu'il en soit il a une aura particulière, et quoi qu'on dise et pense de lui, il cristallise quelquechose, ça doit être pour ça qu'il a du succès.
Re: Depardon Encore
lundi 20 janvier 2014 11:31:41
Que cristallise Depardon ? la banalité dans cette dernière publication ! Mais il peut faire beaucoup mieux , cette banalité est probablement un choix pour avoir la productivité . Ce qui me recycle dans mon passé d'usinier : à quoi bon faire des tonnes de riblons , sinon pour faire plaisir à un examinateur superficiel donc abusé !!
Re: Depardon Encore
dimanche 6 avril 2014 08:31:53
C'est qui Delieutraz ? Raymond je connais mais elle ? :)
Re: Depardon Encore
dimanche 6 avril 2014 09:43:58
Re: Depardon Encore
dimanche 6 avril 2014 10:16:29
Re: Depardon Encore
dimanche 6 avril 2014 20:49:48
"à quoi bon faire des tonnes de riblons" pour ajouter à la fonte pour produire de l'acier au four Martin.
Mais pas sur que les riblons de RD puissent êtres ajoutés à quelque chose pour enrichir.
marcel couturier
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