Bravo, bel exposé.
Mais il y a dedans une phrase en conclusion qui "m'interpelle" :
« Bientôt viendra le moment où plus aucune image simplement découpée dans le Monde ne pourra lui (photographe) donner satisfaction. Parce qu'il n'est aucun monde qui puisse jamais être la représentation de sa propre histoire et de sa propre sensibilité de photographe. »
Prophétie terrible ou souhait ?
Les « anciens » Photographes se sont ils trompés ?
Depuis plusieurs années déjà les plasticiens utilisant la photographie ont déserté le réel. Pire, ils en ont horreur.
Le photojournalisme n'est plus à la mode. Le « people » l'a remplacé. Le mode virtuel des « stars », des paillettes et des strass captent l'attention des gens ordinaires qui ont une vie ordinaire. « L'être d'exception » ou le sportif de « tous les Temps » nous est matraqué avec insistance, nous faisant « rêver » car il faut nous faire rêver Monsieur ! Et surtout se dépasser, franchir les limites de sa personnalité, de son corps pour être « quelqu'un », conceptualisé bien entendu par d'autres et leurs Mondes. Sublimer le réel pour nous en écarter.
Ras le bol du Monde des autres, et surtout des religieux (arrières mondes), des dominants économiques, des publicitaires, des camelots et de leurs jeux vidéo, de la soi-disant télé réalité qui n'en est pas...
Le floutage des personnages est devenu « réalité », on a peur.
La confrontation du terrain, du vécu, ne fait plus recette. Même en politique on nous fabrique une biographie du candidat très éloignée du quotidien des électeurs, juste histoire de leurs raconter des « histoires »(Storytelling).
Cauchemar...
Le monde réel est-il devenu si ennuyeux ? Pourquoi nous effraie t-il à ce point ?
Personnellement, je suis encore satisfait de « découper le Monde » à la façon de H.C.B. ou d'autres photographes illustres même si cela peut paraît désuet ou passé de mode.
Mon univers est le Monde où j'habite, au risque de paraître vieux jeu ou utopiste.
Mon imaginaire n'est pas toujours celui des autres. Même si je peux m'en inspirer fortement.
Mon apparent manque d'imagination a ses limites et je m'en accommode.
A la terrible question : a t-on quelque chose à dire ? Et comment le dire ?
Le monde bouillonnant et infini qui m'entoure m'apporte les réponses.
Crewdson, Philip-Lorca Dicorcia, Georges Rousse, sont passionnants, ils nous montrent leurs perceptions, questionnements, sensibilités, réflexions et interrogations. Très riches en références culturelles ou visuelles mais difficilement compréhensibles pour un non-initié.Voilà la grande question, doit on être abordable par le plus grand nombre ou par les seuls « experts ». Les moyens mis en œuvre s'apparentent au cinéma avec des imaginaires de plus en plus sophistiqués, à des années lumière du photographe « ordinaire », de tous les jours.
Alors, on peut se poser la question : Est-ce que la création d'autres Mondes passerait par l'argent ?
Non certainement pas, Gilbert Garcin avec quelques découpages nous prouve le contraire.
A mon humble avis, je pense que les deux conceptions ou orientations esthétiques cohabiterons toujours, s'enrichissant mutuellement.
Ps : Je peux conseiller un livre de Parick Boucheron « Conjurer la peur. Essai sur la force politique des images » Nous sommes à Sienne en 1338.
Deux Mondes...
Modifié 1 fois. Dernière modification le 06/03/14 12:00 par le nono.