Marcel Couturier écrivait:
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> Alors ce brevet ? il y avait une place de libre à
> table, et le tampon était prêt.
Bonsoir Marcel,
Je n'avais pas vu cette invitation à raconter, pas plus que je n'avais imaginer voir des photographes sous la flotte à Montbard.
Voici donc le "petit" compte-rendu traditionnel, légèrement vantard (si peu !) et ici HS, du brevet de 300km organisé par Michel, de Chevigny Saint Sauveur, à l'Est de Dijon.
J'avais repéré la totalité du parcours en deux boucles de plus ou moins 200km, au cours des deux WE précédents, le milieu du tracé en forme de haricot passant près de la gare de Montbard.
En solitaire et souvent la gueule dans le vent, j'avais tenu une moyenne porte à porte de plus ou moins 19km/h. À la suite de ces repérages, je prévoyais un temps de 16h (le maximum autorisé est de 20h), le fait de rouler en groupe pouvant compenser la baisse de ma moyenne, prévisible avec l'allongement de la distance.
Jeudi soir, je faisais le parcours entre mon domicile dijonnais et le point de départ, pour optimiser l'heure du réveil.
Vendredi soir, je préparais au maximum le vélo et la sacoche de guidon pour ne pas perdre de temps là non plus.
Et donc, dans la petite nuit de vendredi à samedi je ne parvenais pas à fermer l'œil avant minuit et demi, pour un réveil à 3h45 !
Autant dire que c'est en mode automatique que je faisais les 9km séparant ma carrée du centre social et culturel Pierre Perret, où j'étais étonné du faible nombre de participants (moins d'une quinzaine, je pense). Deux cyclos partaient avant tous le monde, que je ne reverrai pas.
Café et présentations passés, nous voilà partis en un petit groupe d'une dizaine, parmi lesquels je suis plus ou moins le petit bleu. Arrivé dans Dijon que nous devons traverser, à l'instar d'un certain Serge, je décide de ne pas attendre le groupe qui respecte trop les feux rouges. Serge est aussi "daltonien" que moi et je le suis pour aller à deux rejoindre la piste cyclable le long du canal de Bourgogne.
Un peu avant Plombière, je décide un arrêt pipi en prévision de la toute prochaine côte de 9km qui nous attends. Je me laisse donc rejoindre par le reste du groupe tandis que mon collègue délinquant du code de la route file devant. Je prends le temps de manger et boire, car j'ai pris l'habitude de le faire quelques kilomètres avant chaque difficulté.
Nous attaquons donc la côte de Pasques en groupe, rejoignant vite le camarade qui nous précédait et semble prendre un tout petit petit rythme. Rapidement, je me retrouve loin devant, précédé cependant de Michel, l'organisateur, qui a vraiment beaucoup de couple dans le moteur. À son exemple, je lève le pied ensuite pour favoriser le regroupement, et le même scénario se reproduit dans les 3km de la montée qui suit presque immédiatement. Enfin, nous voilà tous sur le plateau de Bourgogne, débarrassés pour un moment des coupe-pattes. Au bout d'un moment, un certain Fabien, Michel et moi enchainons les relais et nous faisons involontairement une cassure. Notre vitesse de 33 km/h nous convenant, nous continuons à trois. Nous avalons les 80 premiers kilomètres, traversée de la ville et premières côtes comprises, à 25km/h de moyenne.
Hélas, la pluie s'est invitée à notre balade depuis 7h du matin. Rapidement, j'ai les pieds trempés, et les fesses aussi, car mon mulet n'a pas de garde-boue. J'ai un peu peur que cette fondamentale humidité ne provoque quelque irritation. Mais le plus ennuyeux n'est pas là. De nous trois, seul Michel a des garde-boue, donc les relais deviennent quasi impossibles. Et pire encore, tous les bistrots des villages que nous traversons sont fermés ! Nous devons donc attendre Laignes, lieu du premier contrôle, à 111km et vers 9h30 si mes souvenirs sont bons, pour pouvoir avaler un café.
Nous repartons pour rejoindre Chaource. Le café où nous nous sommes arrêtés assez longuement étant un peu à l'écart de la route, nous ne savons pas si les autres sont passés. Mais lorsque je décide une nouvelle fois de m'arrêter seul, pour soulager ma vessie puis m'alimenter en prévision de la prochaine longue difficulté, le groupe suiveur, diminué de moitié, me dépasse. Pourtant, dans la méchante côte qui arrive, je rejoins et passe tout le monde, sauf Michel comme toujours. Nous roulons à deux, puis sommes de nouveau rejoints par Fabien, notre compagnon de tout à l'heure, qui s'avère être un sacré rouleur. Je commence à avoir des douleurs intenses au ventre, dues à des gaz. Ce sont les abricots secs qui me tordent les boyaux. Je vais souffrir encore 200km et retenir la leçon pour les prochaines sorties ! Parfois, mes deux copains me lâchent sur le plat et je rejoins Fabien dans les montées, avec Michel en Point de mire.
Après un petit arrêt urgent, j'arrive à Chaource 5 minutes après mes deux collègues, kilomètre 152, sous la pluie établie depuis quatre heures et demi. À 11h30, l'Auberge Sans Nom, c'est son nom, n'a pas encore ouvert. Michel, qui veut s'attabler, attendra le service avec nous dans le bistrot d'en face. Fabien mange les deux sandwichs demi-baguette achetés à la boulangerie voisine ("ça bouffe un doberman", me dit-il) pendant que je crois me reconstituer avec un sachet de salade de lentilles bio. Serge (mon collègue resquilleur de feux rouges), arrive à son tour. Il repart juste avant moi, vers midi.
Cette fois, en plus de la pluie, le vent s'est levé et évidemment nous le prenons dans la gueule. Les vingt ou trente kilomètres après Chaource, nous faisons du yoyo, Serge, Fabien et moi. Serge perd du temps à chercher son chemin, Fabien à s'entêter à grimper sur de trop gros braquets, et moi à mesurer les limites de mon foncier. Mais vingt kilomètres avant Montbard, je bloque et ne les retrouverai plus. J'ai horriblement mal au ventre et plus rien dans les jambes. Je sais que je suis en hypo, mais j'ai tellement envie d'un flan pâtissier à Montbard et tellement mal, que je n'ose plus m'alimenter. C'est stupide, car je vais mettre 3h40 pour faire les 62km qui séparent Chaource de Montbard.
Kilomètre 214, arrivé dans cette ville que je connais bien, je m'offre une gougère et le flan de mes rêves, que je vais déguster au chaud et au sec dans la salle d'attente de la gare. Je repars après une heure si je me souviens bien (il faudrait que je revois les tampons sur ma carte de pointage). La pluie cesse, mais le vent hésite entre poses et bourrasques. Cependant, j'apprécie l'arrêt de la douche mesquine et insidieuse.
Me voilà sur la longue montée vers Sombernon. Je passe au pied de Flavigny, kilomètre 235 environ, le ventre me fait de plus en plus mal et je n'ai qu'une idée en tête, trouver des wc. Pas moyen en effet de trouver une bouchure qui ferait mon affaire. Je me traine et par bonheur, à Willy, avant la dernière difficulté de St Mesmin, une épicerie-bar-tabac est miraculeusement ouverte.
La fin est alors une formalité ou presque, puisqu'il ne reste plus qu'une soixantaine de kilomètres. Je préfère passer par Fontette que par St Mesmin. Le dénivelé est le même, de 160m, mais moins violent puisqu'en 3km il n'y a qu'un passage à 12%. Arrivé à Sombernon, je n'ai plus qu'à descendre avec la nuit qui tombe sur Pont de Pany, me payant le luxe de passer les 60km/h au plus fort de la descente et plus de 45 en roue libre et en recherche de vitesse pour le reste.
À Pont de Pany, je rejoins la piste cyclable, où je tiens encore un quasi 30km/h sur le plat, que les 2m de dénivelé de chaque écluse me permettent de relancer. J'appuie sur les manivelles pour traverser Dijon, d'autant qu'il me semble que mon pneu arrière commence à s'affaisser d'une manière inquiétante. J'arrive à Chevigny à 20h30, persuadé d'avoir été doublé pendant ma longue pose à la gare de Montbard et d'être dans les derniers. Mais il n'y a que deux cartes dans la boîte attachée au grillage du Centre Culturel. Fabien a indiqué une arrivée à 18h45, avec un passage à Montbard une demi-heure avant moi, ce qui veut dire qu'il m'a pris plus d'une heure dans le dernier cent. Et sur celle de Serge il n'y a pas d'heure d'arrivée.
Pas de trace des deux qui étaient partis devant au petit matin. J'apprendrai les jours suivants qu'ils sont arrivés avant Michel, qui a lui-même précédé Fabien et pris leurs cartes. Autrement dit et bien qu'il n'y ai pas de classement, j'ai fait 6.
Je prends le temps de faire le ménage dans ma sacoche en utilisant la poubelle voisine, puis prends le chemin inverse pour rentrer à Dijon. Et à mi-chemin je croise quatre ou cinq cyclos qui semblent étonnés de me voir revenir : "t'es rentré ?" Je leur souhaite bon retour sans m'arrêter. Pas envie d'ajouter des bornes pour les accompagner. Avec les deux trajets, j'arriverai chez moi avec 330 kilomètres au compteur, dont 312 pour le brevet, parcourus en 15h30 au total, dont 13h20 de selle.
Dans les leçons que je retiens, celle d'éviter les abricots secs est gravée. Celle aussi de m'alimenter beaucoup plus à l'heure du déjeuner. Et enfin celle de ne pas oublier de passer par l'endroit après ledit déjeuner.
Dimanche matin, mon pneu arrière était à plat. J'ai donc bien été victime d'une crevaison dans les derniers kilomètres, heureusement suffisamment lente pour m'éviter de réparer si près du but, de la douche (chaude) et du lit.
Dans quinze jours, le 400 de Chevigny m'emmènera dans le Jura.
Celui de Montbard sera 3 semaines plus tard.
Les 600 en juin et le Paris-Brest-Paris en Aout.
Ah, j'oubliais. Vue la météo, dans la sacoche et à regrets, j'ai remplacé le Rolleicord par la veste de pluie, donc pas de photos, désolé...